Chapitre 29 :

Si seulement les choses pouvaient être aussi simples qu'avant…

C'était une des pensées qui traversa l'esprit d'Harry alors qu'il était assis au milieu de ses amis, dans la chaleureuse maison de Molly et d'Arthur Weasley.

Chaque fois qu'il se retrouvait en compagnie de ses proches, le sentiment d'être indigne de leur présence lui sautait à la gorge, comme une brûlure empoisonnante, étouffante.

Bien sûr, il n'avait jamais parlé de ce qui s'était passé entre lui et Voldemort sur cette île.

Comment pourrait-il ? Il ne voulait pas voir leurs déceptions, leurs visages ancrés de dégoût et de colère. L'amitié que lui portaient toutes ses personnes réunies aujourd'hui était la chose la plus précieuse qu'il possédait. Il ne voulait pas prendre ce risque de la perdre à jamais.

Même si cela signifiait qu'il devait le leur cacher. Qu'il devait garder des secrets…

La grande table sur laquelle il était assis était déjà occupée au trois quart. Bill et Fleur étaient assis sur la rangée de droite et discutaient avec Ginny des futures qualifications pour jouer chez les Harpies de Holyhead. La jeune fille avait décidé de passer professionnel dans le Quidditch. Elle était plus motivée que jamais et ses talents sur un balai en avaient impressionné plus d'un. Harry ne doutait pas qu'elle réussirait, c'était une battante.

Percy et Charlie, présents eux aussi, étaient assis au tout début sur la rangée de gauche. Apparemment, Charlie était en train d'expliquer à son frère sa dernière découverte en matière de Dragons. Harry, qui ne portait pas grand intérêt sur le sujet, avait préféré s'installer près de Ron et son père tandis qu'Hermione et Ginny aidaient Molly en cuisine.

« Alors Harry, est-ce que les travaux au Square Grimmaurd avancent bien ? » Demanda Arthur.

« Oui, la cuisine et le hall d'entrée sont pratiquement achevés. La prochaine pièce que je compte attaquer c'est le salon »

« Tu as bien du courage de rénover cette bâtisse. Chaque fois qu'on y mettait les pieds moi j'avais toujours des frissons ! » S'exclama Ron, en faisant la grimace. « D'ailleurs, je me demande comment tu as fait pour décrocher le portrait de Walburga dans l'entrée ? Je croyais qu'il était fixé avec un sort de glu perpétuelle »

« C'est exact » Répondit Harry. « Alors, j'ai tout simplement fait abattre le mur »

Ron écarquilla les yeux.

« Tu…tu as abattu le mur ? » Répéta-t-il, incrédule.

« Oui, et crois-moi, on y voit beaucoup plus clair » Dit Harry, pas le moins du monde affecté.

« Mais et le portrait ? Qu'est-il devenu ? » Demanda le père Weasley.

« Eh bien, comme Kreattur y tenait, je lui ai dit qu'il pouvait le garder. Il l'a installé dans la chambre du rez-de-chaussée. Je lui ai dit que ce serait la sienne à présent et qu'il pouvait l'agencer comme il le voulait. Vous auriez dû voir l'expression de son visage. J'ai cru que je venais de lui donner un millier de gallions ! »

« Ce n'est pas très étonnant » Fit tout à coup Hermione derrière eux en agitant sa baguette pour que nappes, assiettes et couverts se dressent sur la table. « Donner une chambre à un elfe de maison est un privilège immense. Tu es vraiment un bon sorcier, Harry. Si seulement, tous pouvaient être comme toi, les conditions de vie des elfes ne seraient pas un problème à l'heure qu'il est »

Harry ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire. Hermione n'avait pas abandonné l'idée de défendre la cause de ces créatures qui, pour la plupart, n'avaient pas de maîtres qui les traitaient avec dignité. Avec l'appui de Kingsley, elle comptait bien faire changer les mentalités des sorciers vis-à-vis de leurs serviteurs. Le jeune homme savait déjà qu'elle avait exposé plusieurs idées dans ce sens au ministère. Le combat qu'elle menait serait sans nul doute difficile, mais si on voulait faire changer les choses, il fallait bien commencer quelque part non ?

« Etant donné que je n'ai pas besoin perpétuellement de Kreattur, j'ai demandé au professeur Mcgonagall si elle avait besoin d'elfes supplémentaires pour servir à Poudlard. Elle m'a dit que de l'aide serait toujours la bienvenue au château »

« Elle n'est plus professeur maintenant Harry. Il faut dire directeur Mcgonagall » Corrigea Hermione, en prenant finalement place à ses côtés.

« Tu as raison. Seulement, je l'ai appelée professeur pendant sept ans alors il va me falloir un peu de temps pour m'habituer à son nouveau statut »

Tout le monde était maintenant assis autour de la grande table rectangulaire excepté Molly qui s'affairait en cuisine et George qu'il avait croisé dans le jardin en venant. Pourtant, Harry remarqua trois places vides et chaque fois, une assiette et des couverts étaient dressés.

Il se pencha vers Ron et lui demanda discrètement :

« Est-ce que tu sais qui doit encore arriver ? »

« Regardez un peu qui j'ai trouvé dehors ! » S'exclama George qui venait de faire éruption dans la maison.

« Excusez-moi du retard… » S'éleva une autre voix.

Harry se figea sur place. Il connaissait cette voix. Il l'avait entendu durant des années à Poudlard et chaque fois qu'elle sonnait à ses oreilles, elle avait le don de l'agacer au plus haut point. Ses soupçons se confirmèrent au moment où il tourna la tête pour apercevoir le visage de Drago Malefoy.

« Je vous ai apporté une bouteille de vin rouge et bouquet d'Hellébore, madame Weasley » Dit le blond en tendant les deux objets à la maitresse de maison. « J'espère que les fleurs vous plairont. C'est ma mère qui les a choisies »

« Oh, elles sont magnifiques ! Mais il ne fallait pas » Sourit Molly chaleureusement.

Un instant, Harry cru rêver. Il se tourna une nouvelle fois vers Ron qui anticipa sa prochaine question.

« C'est ma mère qui a voulu qu'on l'invite » Chuchota-t-il. « Moi, je m'en serais bien passé… »

« Ron » L'avertit Hermione, en lui faisant les gros yeux. « N'oublie pas qu'il nous a donné accès à la bibliothèque que cachait Voldemort à son manoir pour qu'on puisse rechercher un moyen de te rendre ta magie » Chuchota-t-elle le plus discrètement possible.

« Oui, mais pour le moment on a rien trouvé qui puisse nous aider ! Alors je ne me sens redevable de rien » Répliqua le rouquin.

Hermione lui lança un regard consterné.

« Donne-moi ta cape, je vais aller l'accrocher » Fit Molly en s'emparant du vêtement de Malefoy. « Tu peux aller t'assoir, je vais servir le repas »

Le regard de Drago passa sur le visage de toutes les personnes présentes qu'il salua d'un léger mouvement. L'air peu assuré, Harry le vit prendre place entre Ginny et George. La scène semblait tellement étrange et pourtant bien réelle.

Drago Malefoy allait manger en compagnie de personnes dont il avait autrefois méprisé et dénigré le nom. Il y aurait sans doute eu de quoi se montrer un peu railleur face à une situation aussi comique. Mais Harry n'avait aucun désir de faire des sarcasmes comme Malefoy avait su si bien le faire durant toute leur scolarité.

D'ailleurs, ce n'était pas comme s'il était en position de reprocher au blond sa déloyauté quand lui-même avait entretenu avec son pire ennemi, une relation intime.

« Attention, c'est très chaud » Avertit Molly, en faisant léviter deux grosses marmites fumantes ainsi qu'un grand plat contenant une purée de pommes de terre maison.

« Qu'est-ce que tu nous a préparé de bon ? » Demanda Percy.

« Un bœuf braisé ! » S'exclama Molly avec enthousiasme.

La bonne odeur de viande et de légumes mijotés sembla mettre en appétit tout le monde. Molly fit léviter les assiettes à l'aide de sa baguette pour les remplir généreusement avant qu'elles ne regagnent leur place initiale. De son côté, Arthur ouvrit la bouteille de vin que le jeune Malefoy avait amené et qui se prêterait parfaitement à ce repas.

« Qui en veut ? » Proposa-t-il.

Percy, Bill et Fleur levèrent leur verre.

« Moi aussi, je veux bien » Fit Harry en les imitant.

Tout à coup, tout le monde ou presque se figea pour regarder le jeune homme.

« Pourquoi vous me regardez comme ça ? Je suis majeur je vous rappelle » Se défendit Harry.

« Depuis quand est-ce que tu bois du vin ? » Lui demanda Ron.

« Eh bien, disons que j'ai eu récemment l'occasion d'en goûter et que cela ne m'a pas déplu »

Sans plus s'égarer sur le sujet, Arthur versa le liquide bordeaux dans la coupe du jeune homme tandis que la dernière assiette fut posée sur la table.

Durant plusieurs secondes, seuls les couverts résonnèrent et aucune voix ne s'éleva. Chacun s'évertua à déguster ce mets qui avait pris à Molly une bonne partie de la matinée. N'ayant que peu d'occasion de réunir toute sa famille et ses proches, elle avait tenu à leur offrir un repas digne de ce nom !

« C'est vraiment délicieux, maman. Tu t'es surpassée cette fois ! » Déclara Ginny.

« Oui, c'est vrai » Approuva plusieurs voix. « C'est excellent »

Gênée par tant de compliments, Molly sourit tandis qu'une lueur rougeâtre apparaissait sur ses pommettes.

Les discutions commencèrent alors à reprendre autour de la table. Pourtant, Harry écoutait d'une oreille peu attentive. Le regard rivé sur son verre de vin, il lui revint en mémoire la dernière fois qu'il en avait bu avec Voldemort.

Il s'en rappelait bien. Ce soir-là, ils avaient joué un jeu. Deux vérités, un mensonge.

Le principe était très simple. Trois affirmations devaient être prononcées, mais l'une d'entre elle se devait d'être fausse. Si on devinait laquelle, on ne buvait pas, si on se trompait, on buvait une gorgée.

Harry s'était beaucoup trompé et en avait payé les conséquences.

« A ton tour »

« D'accord. Mon dessert préféré est la tarte à la mélasse, lors de ma dernière année à Poudlard nous avons gagné le match parce que j'ai attrapé le vif d'or en l'avalant et je suis déjà parvenu à chevaucher un hippocriffe. Alors, laquelle de mes phrases est un mensonge ? » Avait-il demandé.

« La deuxième »

« Quoi ? Ce n'est pas possible ! Je suis certain que tu triches et que tu regardes dans mes pensées ! »

Voldemort lui avait simplement souri.

« Je n'ai pas besoin de mes capacités de Légilimens pour savoir quand tu mens. Ton visage et les traits qui le composent m'en disent bien plus que tu ne sembles le croire » Lui avait dit Voldemort.

« Je n'ai pas complétement menti tu sais. J'ai vraiment avalé le vif d'or et fait gagner mon équipe »

« Mais ce n'était pas durant ta dernière année à Poudlard, n'est-ce pas ? Alors soit tu bois, soit tu déclares forfait »

« Est-ce que tu chercherais à me soûler pour mieux pouvoir abuser de moi ? » Avait-il dit, faussement suspicieux en attrapant son verre de vin.

« Oh, Harry. Comme si j'avais besoin que tu sois ivre pour profiter de toi… »

« Harry ? Harry ? »

« Quoi ? » Sursauta ce dernier en regardant Hermione, l'air perdu.

« Je te demandais si tu voulais qu'on aille rendre visite à Teddy et Andromeda demain ? »

Il fallut quelques secondes à Harry pour assimiler la question de son amie.

« Euh, eh bien demain j'avais déjà quelque chose de prévu. Mais on peut y aller le jour suivant si tu veux »

« D'accord, je vais envoyer un hibou à Andromeda pour lui demander si on peut passer chez elle. Je t'appellerai par le réseau de cheminette pour te donner sa réponse »

« D'accord »

Le repas terminé, Molly agita sa baguette pour débarrasser la table et laver la vaisselle.

« Il y a un si beau soleil aujourd'hui, si on allait prendre un peu l'air pour digérer tout ça ! » Proposa Arthur, en se levant de sa chaise.

« Attention Arthur, n'oublie pas que j'ai préparé un dessert » Dit Molly.

« Ne t'inquiète pas, nous n'irons pas pu loin que le jardin » Promit son mari.

Et sur ses paroles, tout le monde se leva, revêtit cape et manteau et regagna la porte d'entrée. En cours de chemin, Arthur s'approcha d'Harry et lui dit :

« J'aimerai que tu viennes un moment avec moi, Harry »

Et sans plus d'explications, il entraîna le jeune homme à l'extérieur, derrière la maison ou se trouvait une cabane en bois clair. Lorsqu'il entra dans celle-ci, Harry découvrit des objets plus étranges les uns que les autres. Une caisse remplie d'ampoules, un arrosoir, un appareil pour moudre le café, un vélo, ainsi que des outils de travail posés ici et là…

Harry connaissait le penchant d'Arthur Weasley pour tout ce qui se rapportait aux moldus et à leur façon de vivre.

Il était un peu près certain que ce dernier allait lui présenter une de ces dernières trouvailles et lui demander sa fonctionnalité. A mesure qu'il avançait vers le fond, son regard tomba tout à coup sur une grande couverture marron. Cette dernière semblait reposée sur quelque chose qu'il ne parvenait pas à identifier.

Il tourna la tête en direction du père Weasley qui l'invita à retirer l'immense morceau de tissu pour découvrir ce qu'il s'y cachait dessous.

Aussitôt, la main du jeune homme agrippa l'étoffe qu'il tira d'un coup sec.

L'espace d'un moment, Harry retint sa respiration tandis que son cœur se mit à battre plus fort dans sa poitrine.

Elle semblait comme neuve ou presque.

La moto de Sirius, de son parrain.

« Comment, comment avez-vous fait pour la réparer ? » Parvînt-il à articuler.

« Eh bien, cela n'a pas été facile. Une bonne partie de cette machine est issue de mécanique moldue et au début, j'ai eu beaucoup de mal à trouver les pièces qui avaient été détruites durant l'attaque au 4 privet Drive. Et puis, en allant dans un garage moldu, je suis tombé sur un homme qui s'appelle Lary. C'est étrange, mais depuis que le secret de notre existence a été révélé au monde, j'ai remarqué qu'il y avait deux catégories de moldus. Ceux qui nous trouvent fascinants et ceux qui nous craignent et qui par là même nous détestent »

« Je suppose que ce Lary entre dans la première catégorie » Dit Harry, en s'approchant de la moto pour toucher du bout des doigts le métal froid.

« Je lui ai expliqué en détail mon projet et il a tout de suite accepté de m'aider. Sans lui, j'aurai mis beaucoup plus de temps pour la remettre en état »

Harry se tourna tout à coup vers Arthur, la lueur qui baignait dans ses yeux était remplie d'une immense reconnaissance.

« Merci. Merci infiniment d'avoir fait ça pour moi. Je n'oublierai jamais »

« Je suis certain que Sirius aurait voulu qu'elle te revienne, il y tenait beaucoup. Je suis heureux d'avoir pu réaliser un de ses souhaits »

Le visage du jeune homme se tourna de nouveau vers la machine volante.

Le souvenir de Sirius était toujours douloureux pour Harry. Pourtant, il vivait continuellement dedans en habitant dans le manoir des Black et en dormant dans la chambre qui avait autrefois appartenu à son parrain. Il ne savait même pas s'il aurait la force de modifier quoique ce soit dans cette pièce, tellement il craignait d'effacer sa présence, de gommer son existence.

Arthur posa une main rassurante sur son épaule et lui indiqua qu'il pourrait prendre la moto en repartant s'il le souhaitait.

Harry acquiesça et ils sortirent tous deux de la cabane pour rejoindre les autres dans le jardin.

Il y avait effectivement un beau soleil dehors. Un doux parfum de fleurs et d'herbe tournoyait dans les airs. Le printemps était installé depuis plus de deux mois, mais la nature avait repris ses couleurs que depuis peu. Harry se demanda si Voldemort pouvait les voir depuis sa geôle ? Ou si seul la noirceur l'entourait de jour comme de nuit ?

Sa main glissa dans la poche de sa veste tandis que ses doigts s'enroulèrent autour d'un petit parchemin comme s'il s'agissait d'un pilier auquel se raccrocher

Demain, demain…

« Potter »

Il se tourna vers la voix qui venait de sa droite pour entrevoir la silhouette de Drago Malefoy s'approchait pas à pas.

« Est-ce qu'on pourrait parler tous les deux ? » Demanda le blond.

« Bien sûr. Je t'écoute » Répondit Harry, visiblement surpris.

A en juger par l'expression du jeune Malefoy, ce qu'il s'apprêtait à dire n'allait pas être facile.

« J'aurai dû venir te voir avant, mais pour être honnête je craignais un peu ta réaction, surtout après notre dernière rencontre…»

« Oh, tu veux dire quand tu m'as torturé ? » Fit Harry, d'un ton qui se voulait dénuer de toute émotion.

Drago plissa les yeux et se tut un instant.

« Je regrette vraiment ce que j'ai dû faire dans les jardin du manoir. Il fallait désarmer le seigneur des ténèbres et tu étais… »

« Le seul moyen de l'atteindre » Acheva le brun, en se remémorant ce que lui avait dit Ron à son réveille de sainte Mangouste. « C'est drôle, je n'aurais jamais cru que finalement tu te serais retourné contre Voldemort. Même si je n'ai pas pu apprécier la manière de procéder, j'ai admiré ton courage et Merlin sait qu'il en faut pour se dresser face à lui »

Le regard de Drago se teinta d'une lueur d'incompréhension tandis qu'il croisa une fois de plus le regard vert émeraude du jeune homme.

« Je croyais que tous les mangemorts vivaient dans la crainte de déplaire à leur cher maître. Du coup, je me demande…ce qui t'a poussé à le trahir ? » Questionna, Harry sincèrement curieux.

On ne pouvait pas dire que Voldemort faisait preuve de tendresse avec ses mangemorts et particulièrement les Malefoy qu'il avait pris plaisir à punir pour leurs succès infructueux. Drago avait sans doute mille raisons de le trahir, mais la question était pourquoi maintenant ?

Il avait déjà eu l'occasion de se soustraire de l'emprise de Voldemort par le passé. Il se souvenait ce soir-là près de la tour d'astronomie, avoir assisté à une discussion entre lui et Dumbledore. L'ancien directeur de Poudlard avait presque réussi à le convaincre de baisser les armes et de se ranger de son côté. Mais Drago avait finalement choisi de suivre le seigneur des ténèbres dans ses sombres desseins…

« C'est toi »

Harry crut un instant avoir mal entendu.

« Quoi ? » Demanda-t-il, effaré.

« C'est toi qui m'a fait comprendre à quel point je m'étais trompé » Dit Drago.

Cette fois ci, ce fut au tour d'Harry d'afficher une expression pour le moins troublée.

« Je…je ne comprends pas » Souffla-t-il.

« C'est pourtant simple. Toi et moi on n'a jamais été amis. Pire que ça, nous étions dans des camps diamétralement opposés et je n'ai jamais caché mon mépris à ton égard. Alors comment expliques-tu que durant la bataille de Poudlard, quand la salle sur demande s'est embrasée, tu es venu me sauver au péril de ta propre vie alors que j'étais venu te chercher pour te livrer au seigneur des ténèbres ? Comment expliques-tu que l'homme pour qui je me battais à ce moment n'avait aucune considération pour ma piètre existence alors que mon ennemi ne pouvait pas se résoudre à me voir mourir, consumé par les flammes ? »

Harry demeura silencieux et écouta avec la plus grande attention les paroles de Drago. Il n'aurait jamais cru que ce qui s'était passé dans la salle sur demande ce jour-là, l'avait profondément affecté.

« Contrairement à toi, le seigneur des ténèbres ne se soucie pas des gens qui se battent pour lui. Peu lui importe combien de serviteurs il doit perdre si cela lui assure la victoire et peu importe qui il doit tuer pour y parvenir. Je ne veux pas être comme tous ses mangemorts qui attendent désespérément de la reconnaissance et de la gratitude de sa part. Je ne veux pas être un pion de plus sur l'échiquier »

« Alors qu'est-ce que tu veux Malefoy ? »

Ce dernier n'eut pas à réfléchir bien longtemps pour donner sa réponse.

« Je veux que mon existence ait de la valeur. Si je meurs pour une personne, je voudrais voir apparaître sur le visage de celui ou celle pour qui j'ai donné ma vie de la considération mais aussi de la fierté. Je sais que je ne serais jamais un leader, alors quitte à défendre et me battre pour quelqu'un, autant que cette personne en vaille la peine. J'ai une dette envers toi, Potter. J'espère qu'un jour je pourrais m'en acquitter. Mais avant ça, je pense qu'il faudrait enterrer nos vieilles querelles. Je te l'avais proposé durant notre première rencontre, ne me la refuse pas cette fois »

Lentement, le jeune homme tendit sa main vers le brun.

Une bourrasque de vent s'éleva apportant avec elle une douce odeur de muguet qui fleurissait à quelques pas de là.

Devant l'immobilité du Gryffondor, Drago baissa la tête, sentant la déception grandir en lui. Est-ce qu'il avait eu tort de penser que Potter lui pardonnerait et lui donnerait une nouvelle chance ? Peut-être que les blessures du passé ne pouvait pas être aussi aisément balayées.

C'est alors qu'une source de chaleur envahit sa paume. Le contact d'une autre main contre la sienne.

En relevant la tête, il aperçut le sourire de Potter.

« Il t'en aura fallu du temps. J'ai toujours dit que tu étais un peu long à la détente, ça doit venir de ta couleur de cheveux »

Drago ricana.

« Attention, Potter. Ce n'est pas parce qu'on est du même côté que je n'ai plus le droit de te jeter de sorts »

« Tu peux toujours essayer. J'ai fait beaucoup de progrès en duel depuis l'année dernière, tu serais surpris. Oh et soit dit en passant, mes amis m'appellent Harry tu sais, pas Potter»

« Le dessert est servi. A table ! » Cria Molly depuis la maison.

« Merlin, après ce qu'on vient de manger, je ne sais pas comment je vais pouvoir encore avaler quelque chose » se plaignit Drago. « Mon estomac va exploser »

Harry ne put cacher son sourire face à la mine déconfite du blond.

« Et encore, tu n'as pas vu ce qu'elle prépare aux anniversaires et à Noël »

« Je n'ose même pas imaginer »

Harry pouffa de rire et Drago le suivit. En prenant conscience qu'il marchait à côté du blond pour se diriger vers la maison d'Arthur et Molly Weasley, une idée qu'avait eu plus tôt Harry se conforta dans son esprit.

Les choses ne seront définitivement plus comme avant…

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Quatre mois plus tôt

Ministère de la magie…

« Niveau 1, bureau du ministre » Retentit la voix dans l'ascenseur.

Les grilles s'ouvrirent et Harry s'extirpa de la cage d'ascenseur pour longer un large couloir débouchant sur une porte à double battant. Il avisa rapidement ce qui était écrit sur cette dernière :

KINGSLEY SHACKLEBOLT

MINISTRE DE LA MAGIE

Il frappa deux coups contre la surface en bois et attendit. Seulement, personne ne vînt lui ouvrir. Il s'apprêta à réitérer son geste quand une voix l'interpella.

« Monsieur Potter »

Harry posa son regard sur une silhouette féminine qui s'avança gracieusement vers lui. Son visage au teint pâle était fin et gracieux. Elle portait une longue robe couleur argentée et Harry remarqua que ses longs cheveux blonds ondulés, lui tombaient jusqu'à la base de ses hanches.

Elle lui adressa un charmant sourire avant de lui demander :

« Vous êtes venu voir le ministre ? »

« Euh…oui, j'ai reçu un courrier de sa part » Répondit le jeune homme.

« Il a dû s'absenter quelques minutes, mais ne vous inquiétez pas, il sera bientôt de retour »

« D'accord, alors je vais attendre »

« Nous n'avons jamais eu l'opportunité de nous rencontrer auparavant, monsieur Potter, bien que j'ai eu l'occasion de vous apercevoir de loin il y a quelques temps au manoir Malefoy » Fit-elle.

« Au manoir Malefoy ? » Répéta Harry, en fronçant les sourcils.

« Oui. Je m'appelle Victoria Hunter. Jusqu'à récemment j'étais directrice du département des accidents et catastrophes magiques. Il y a plusieurs mois, j'ai accepté d'espionner pour le compte de Kingsley Shackebolt. J'ai ainsi pu lui donner toutes sortes d'informations et activer le portoloin qui a permis à vos amis et à l'ordre du Phoenix de pénétrer au sein du manoir Malefoy »

Le regard du jeune homme se posa sur les poignets apparents de la jeune femme.

« Vous ne portez pas la marque des ténèbres ? » Remarqua-t-il.

« Non, en effet. J'étais employée au ministère, pas un mangemort qui combattait dans l'armée de Voldemort »

Harry remarqua qu'elle n'avait pas hésité un seul instant à prononcer le nom du mage noir. Il est vrai que depuis la parution des articles de Rita Skeeter, l'image de Lord Voldemort avait sérieusement été bafouée. Pourtant, nombre de sorciers étaient encore réticents à utiliser le nom qu'ils avaient tant craint durant des années. Il semblerait que Victoria Hunter ne faisait pas partie de ceux-là.

« Et maintenant ? Etes-vous toujours à la tête du département des accidents et catastrophes magique ? » Questionna-t-il.

« Non, j'ai été promue. Je suis devenue l'adjointe du ministre. Ah tiens d'ailleurs, le voici qui arrive » Dit-elle, en regardant au-dessus de l'épaule du jeune homme pour voir Kingsley Shackebolt au bout du corridor. « Je vous laisse à ses soins, Harry Potter. Je pense que nous nous reverrons très bientôt. J'ai entendu dire que vous souhaitiez rejoindre les Aurors »

« A dire vrai, mes projets ont quelques peu changé de ce côté-là »

« Quel dommage. J'aurais été ravie d'avoir quelqu'un comme vous servir le ministère »

Sur ses dernières paroles, elle s'en alla, saluant Kingsley au passage d'une légère révérence. Ce dernier s'avança et le salua.

« J'espère ne pas t'avoir fait attendre trop longtemps, Harry ? »

« Non, ne vous inquiétez pas, je suis arrivé il a quelques secondes à peine »

« Très bien. Je t'en prie, entre » Fit le ministre en faisant un geste de la main qui contribua à ouvrir les portes de son bureau. Harry pénétra dans une pièce circulaire plutôt simple. Il y avait une vieille armoire sur la droite, une étagère sur la gauche et un bureau qui trônait au centre.

« Installe-toi » Dit Kinsley en désignant un siège face au bureau qu'il occupait. « Veux-tu quelque chose à boire ? Du thé peut-être ? »

« Non merci, ça ira»

« Comme tu veux. Je vais être direct avec toi. Si je t'ai demandé de venir, c'est avant tout pour parler de Voldemort » Fit Kingsley, en prenant lui-même place derrière le bureau d'acajou. « Nous avons tenté de le questionner, d'ouvrir un dialogue avec lui mais il a refusé d'émettre le moindre mot »

Harry ne répondit pas. Que Voldemort ne veuille pas parler aux Aurors ne l'étonnait pas, c'était même à prévoir.

« Nous avons eu recours au Véritasérum pour le faire parler. Malheureusement, les résultats que nous escomptions n'ont pas été à la hauteur de nos espérances, je le crains»

Harry fronça les sourcils.

« Je croyais que personne ne pouvait résister aux effets du Véritasérum ? »

« C'est vrai. Hélas, le sorcier qui répond aux questions qu'on lui pose n'est pas obligé de le faire dans la langue que nous parlons le plus communément. En fait, tant qu'il y répond, le Véritasérum remplit pleinement ses fonctions »

L'espace de quelques instants, Harry s'interrogea. Et puis, tout coup, la lumière se fit dans son esprit.

« Vous voulez dire qu'il vous a répondu dans une autre langue, c'est ça ? Et pour être certain que vous ne comprendriez pas, il a choisi le fourchelangue »

« Ingénieux de sa part, il faut l'admettre. Dommage que ses capacités à s'exprimer dans ce langage n'aient pas disparu en même temps que ses pouvoirs » Déclara le ministre, quelque peu contrarié. « Pour ne rien te cacher, n'ayant pas obtenu la coopération qu'ils attendaient de Voldemort, certains membres du conseil ont exprimé le souhait que nous soyons plus virulents dans notre façon de mener nos futurs interrogatoires »

Plus virulent. Harry sut immédiatement ce que cela signifiait.

« Et que leur avez-vous répondu, monsieur ? » Demanda d'emblée le jeune homme.

« Que sous ma direction, aucun sorcier, pas même le seigneur des ténèbres en personne ne sera torturé. Quelle image donnerions-nous donc si nous utilisions les mêmes méthodes que nos ennemis ? J'ai été élu pour apporter la paix et la sécurité, et non pour apporter davantage de violence » Lui dit Kingsley, d'un ton apaisant.

« Est-ce que vos conseillers ont été satisfaits de cette réponse ? »

Un petit sourire naquit sur les lèvres du ministre.

« Non, pas vraiment. C'est pourquoi, j'avais espéré que tu pourrais m'éclaircir sur certains points, Harry »

« Bien sûr. Que voulez savoir ? » Demanda-t-il.

« Eh bien, je sais que Voldemort t'avait emmené sur une île. Sais-tu où elle se trouve ? »

Harry secoua la tête.

« Non, il ne me l'a jamais dit. La seule chose que je sais c'est qu'il ait mentionné une fois qu'elle se situait dans un endroit que les Moldus prénomment le triangle des Bermudes »

« Je vois. Et Voldemort, y vivait-il également ? »

« Il y avait installé une petite maison en bois, seulement, on ne peut pas vraiment dire qu'il y vivait. Il passait beaucoup de temps à l'extérieur, probablement au ministère où il donnait ses directives »

« Que faisais-tu de tout ton temps quand il n'était pas présent ? »

« Diverses choses. Je lisais, j'étudiais, parfois j'allais nager ou marcher. J'ai appris à faire convenablement des potions et je me suis trouvé un passe-temps pour le tir à l'arc »

Cette dernière phrase sembla surprendre le ministre. Il ne fit cependant aucun commentaire et continua sur sa lancée.

« Quand Voldemort était présent, as-tu déjà eu l'occasion de percevoir son serpent, Nagini ? »

Harry savait que cette question n'avait rien d'anodine et il savait précisément pourquoi Kingsley la lui posait.

« Parfois, elle l'accompagnait et d'autres fois il la laissait errer comme bon lui semblait au sein de l'île»

« Etait-elle là le jour où toi et Voldemort êtes venus au manoir Malefoy ? »

« Je l'avais perçu au matin, donc c'est bien possible »

Kingsley devait certainement réunir toutes les informations qu'il pouvait afin de la localiser. Harry omettait seulement de lui préciser qu'il avait demandé il y a quelques temps déjà à Leina de la ramener au Square Grimmaurd. Personne ne connaissait l'existence de l'elfe à part Kreattur qui ne trahirait jamais la demande de son maître de garder tout ce qu'il savait pour lui-même.

Harry n'aurait jamais cru qu'un jour il serait amené à avoir des secrets pour les gens qu'ils aimaient.

Si seulement les choses pouvaient être aussi simples qu'avant…Se répéta-t-il.

« Même si vous retrouvez Nagini, et que vous l'éliminez, cela ne rendra pas Voldemort mortel. J'aurai toujours une parcelle de son âme en moi et sans vouloir m'avancer, je doute que ses désirs de mort à mon encontre soient encore d'actualité, pas plus que celui de me suicider sachez-le »

« Personne ne te demande une chose pareille, Harry » S'offusqua Kingsley.

« Vraiment ? Ce n'est pourtant pas l'impression que j'ai eu quand Dumbledore et Severus Rogue traçaient dans le plus grand secret ma destinée, ou devrais-je dire ma mort »

« Tu ne dois pas en vouloir à Albus Dumbledore, Harry. Il ne voulait que ton bien. Il t'a protégé… »

« Pour mieux me sacrifier le moment opportun » Coupa le jeune homme, d'un ton toujours aussi calme. « Je connais les raisons pour lesquelles il a dû faire ce choix. Je ne suis pas en colère pour ça, mais parce qu'il n'a pas eu suffisamment confiance en moi pour être honnête, pour me dire ce qui me reliait vraiment à Voldemort. J'aurais volontiers donné ma vie pour en sauver des centaines d'autres. Je l'aurais fait sans hésiter »

« Je suis sûr que nous pouvons trouver un autre moyen de te libérer de ce fardeau. Ton amie Hermione Granger a découvert certaines choses à propos des Horcruxes. D'après un homme du nom de Vladimir Vosokov, un fragment d'âme peut être ôté de son enveloppe à condition que l'action soit réalisée par le sorcier même dont l'âme a été mutilée. Nous pourrions à titre tout à fait exceptionnel, avoir recours à l'impérium pour tenter d'obliger Voldemort à récupérer le fragment qui est en toi » Expliqua le ministre.

« Seulement, on peut résister à l'impérium. J'en sais quelque chose et cela n'a rien avoir avec la magie. C'est une force mentale, une volonté indéfectible. Même sans ses pouvoirs, Voldemort ne se laissera pas convaincre, il résistera, j'en suis persuadé. D'ailleurs, vous ne pensez pas que s'il était possible d'extraire son fragment d'âme, il n'aurait pas déjà remédié à cette situation ? » Interrogea Harry.

« En effet. Mais il se peut également qu'il y a vu là une opportunité. N'oublions pas que tu es le garçon qui a survécu, tu représentes beaucoup pour certains sorciers qui ont fondé d'immenses espoirs en toi. Et ça, Voldemort le sait bien. Je suis certain qu'il voulait te rallier à lui et je t'avoue qu'un moment j'ai même pensé qu'il y était parvenu »

« Quoi ? Comment ça ? » S'ébahit Harry.

Le ministre se pencha un peu plus sur son bureau et croisa les mains avant de le regarder à nouveau.

« Au manoir Malefoy, il était difficile de savoir si tu pouvais agir à ta guise ou si c'était sous la contrainte. Quand nous nous sommes retrouvés dans les jardins, tu as une réaction pour le moins surprenante en te mettant entre les Aurors et Voldemort. Nous avons eu l'impression que tu voulais le défendre et c'est pour cette raison que j'ai dû t'immobiliser. J'espère que tu le comprends »

Harry plissa un instant les yeux. Il se doutait que son apparition au Manoir Malefoy ainsi que sa réaction face aux attaques contre Voldemort dans les jardins susciterait quelques interrogations.

« J'ai fait un pari avec Voldemort dans lequel j'ai perdu » Commença le jeune homme. « Il m'a demandé de l'accompagner chez les Malefoy et comme je n'ai qu'une parole, j'ai accepté. De toute façon avec ou sans mon consentement, il aurait trouvé un moyen de me persuader, alors je n'ai pas cherché à le contrarier »

« D'accord, Harry. Mais pourquoi as-tu cherché à t'interposer quand les Aurors sont intervenus pour le neutraliser ? »

Un petit sourire sans joie étira les lèvres d'Harry.

« Le neutraliser vous dites ? Je suis désolé, monsieur le ministre, ce n'est pas ce que j'ai vu ce soir-là. Je partage un fragment d'âme avec Voldemort, ce qui signifie que je ressens sa haine, sa colère mais aussi sa souffrance. Je peux noter la différence entre un sortilège de désarmement et un sort utilisé pour insuffler de la douleur. Tous ces sorciers qui visaient Voldemort, c'est comme s'ils me prenaient moi pour cible. Je ressentais les effets de chaque maléfique qu'ils lui infligeaient, comme une lame acérée qu'on planterait dans la chair. Est-ce que j'aurais vraiment dû rester là, muet, les bras croisés ? » Dit-il, d'une voix assurée.

En pénétrant le regard de Kingsley, Harry perçut une pointe de culpabilité émerger sur le visage de l'homme.

Il savait qu'il venait de révéler qu'une part de vérité dans ses propos et qu'il valait mieux passer sous silence l'autre raison.

Car comment aurait-il pu expliquer que voir Voldemort impuissant, le visage accablé par la peine et la souffrance l'avait profondément affecté et qu'il avait agi par instinct de protection envers le mage noir et non pour lui-même ?

« Je suis vraiment désolé, Harry » Déclara finalement le ministre. « Quand nous sommes intervenus, il était impossible de savoir si Voldemort possédait encore sa magie. Nous devions frapper les premiers si nous voulions avoir une chance de pouvoir le séparer de sa baguette. Je ne savais pas que tu pouvais percevoir ses émotions avec un tel degré d'intensité »

« Je ne vous en veux pas. Je tente d'expliquer, c'est tout »

Un léger silence s'installa dans la pièce, pas pour longtemps cependant.

« Qu'allez-vous faire de lui maintenant? » Demanda-t-il finalement.

« Eh bien, en temps normal. Etant donné le nombre de crimes et d'atrocités commis, un procès le condamnerait au baiser du Détraqueur. Cependant, ces derniers ne semblent pas intéressés. J'imagine que son âme mutilé doit y être pour quelque chose. Par ailleurs, le soumettre à l'Avada Kedavra reviendrait à lui offrir un autre moyen de s'échapper à travers ses autres Horcruxes et qui sait s'il ne retrouverait pas ses pouvoirs. Je crains donc que pour le moment et jusqu'à ce qu'on mette la main sur ce serpent, il devra demeurer prisonnier »

« Vous pensez réellement pouvoir la retrouver ? »

« Sans ton aide, nous n'avons pratiquement aucune chance, Harry » Déclara Kingsley, posément. « Je vais prochainement soumettre une requête au conseil qui ne plaira guère mais qui me semble nécessaire. Si Voldemort perdure dans son refus de coopérer avec le ministère, je veux que ce soit toi qui l'interroge. Tu es le seul qui puisse comprendre le Fourchelangue »

Harry considéra quelques instants les propos du ministre.

« J'accepte mais à une seule condition »

Cette requête sembla intriguer Kingsley.

« Laquelle est-ce ? »

« Je veux être seul avec lui, sans Aurors, sans gardes, sans escorte et sans ministre » Prit soin d'ajouter le jeune homme. « Cette requête sera non négociable »

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Aujourd'hui…

Un bruit, semblable à un coup de tonnerre, éclata dans le ciel nuageux.

Rapidement, quelque chose en émergea. Au début, il était impossible d'identifier ce que c'était mais l'objet se rapprocha à grande vitesse, aussi vite qu'un balai si ce n'est plus rapide encore.

L'engin se posa sur la terre ferme avec un brondissement sourd avant de s'étouffer dans un silence apaisant.

Harry regarda autour de lui. L'endroit semblait désert à vue d'œil, mais le jeune homme en savait davantage. Une bourrasque de vent s'éleva au nord tandis que le ciel se dégagea quelque peu, permettant aux rayons du soleil de percer ici et là.

Calant la moto, Harry s'en extirpa lentement et projeta son regard sur une grande arcade en pierre qui se trouvait un peu plus loin. Le jeune homme s'en approcha avec prudence, à mesure qu'il progressait vers elle, il pouvait sentir la magie émaner en son sein.

Il s'arrêta à quelques centimètres, observant le monument avec intention. Puis, prenant une grande inspiration, il fit un autre pas en avant et disparut.

Ce n'était ni plus, ni moins qu'un passage.

L'autre côté était beaucoup plus sombre, comme si la nuit était sur le point de tomber.

Ses yeux se posèrent au loin sur une immense bâtisse, ressemblant à un ancien château délabré. En examinant de plus près la route qui l'y conduisait, Harry s'aperçut qu'il n'avait d'autres choix que de traverser un long chemin serpentueux taillé dans la pierre qui surplombait à plusieurs mètres de haut une eau tumultueuse et glacée.

Sans regarder en arrière, le jeune homme s'y aventura. Il lui fallut plusieurs minutes pour rejoindre l'autre côté de la terre et gravir l'immense escalier qui menait à l'entrée principale. De là, il s'approcha de ce qui devait être deux gardes, et avant même qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, l'un d'entre eux s'exclama à son encontre :

« Personne n'a le droit d'entrer dans cette zone »

« J'ai une autorisation du ministère »

Pour appuyer ses dires, Harry extirpa de sous son manteau un papier enroulé à la manière d'un parchemin et le présenta à l'homme qui l'étudia minutieusement.

« Très bien, vous pouvez passer. Mais avant, vous devez me remettre votre baguette »

Le garçon la lui donna sans rechigner. L'homme jeta un regard entendu à son collègue et décréta d'un ton solennel.

« Tu l'accompagnes »

« C'est inutile, j'y vais seul » Fit Harry.

« Je ne pense pas que cela soit raisonnable »

« Raisonnable vous dites ? Allons, le fait que je sois déjà venu jusqu'ici pour le voir n'a rien à voir avec une décision sage et réfléchie. Mais il se trouve que j'en ai le droit, alors je compte bien y aller et seul de préférence. Rassurez-vous, ce n'est pas comme si c'était la première fois que nous nous retrouvions face à face »

Considérant les propos du jeune homme, le garde abdiqua et fit tomber les barrières magiques derrière lui.

« Vous avez vingt minutes » Précisa-t-il.

Harry ne répondit pas et dépassa les deux gardes pour s'aventurer dans ce nouvel espace qui ne dégageait que froideur et noirceur. A mesure qu'il avança dans ce couloir de pierre, seules les torches accrochées aux murs lui permettaient d'y voir clair.

Bientôt, ses pas le guidèrent jusqu'à la seule cellule existante et habitable de cette bâtisse.

Au début, Harry ne vit que les barreaux, d'immenses barreaux jaillir du sol et atteindre le haut plafond.

Puis, il perçut une table et une chaise sur la droite. Ces dernières semblaient fixées au sol. De l'autre côté, sur la gauche, on pouvait distinguer une vieille couchette sur laquelle un corps était étendu. Bien que dos à lui, Harry pouvait deviner sans peine que Voldemort était parfaitement conscient de sa présence.

Cette supposition se vérifia à l'instant même où l'homme remua les lèvres.

« Je commençais à croire qu'il ne te laisserait jamais venir »

La silhouette se redressa lentement et quitta complétement le lit de fortune sur lequel elle était allongée.

A cet instant, Harry retînt brièvement sa respiration tandis que son regard croisa celui que l'on considérait il y a peu encore, comme le plus grand mage noir de tous les temps.

Harry ne put s'empêcher de l'observer avec insistance. Le visage de Voldemort n'avait jamais paru aussi pâle depuis qu'il avait retrouvé sa beauté d'antan. Ses joues étaient creusées, ses cheveux qui lui arrivaient jusqu'aux épaules semblaient avoir perdu tout l'éclat et la douceur qu'ils avaient pu autrefois porter. Ses vêtements étaient horribles. Il était vêtu d'une robe grise usée, chiffonnée, qui avait l'air de haillons comme ceux qu'il avait déjà vus sur les elfes de maison.

Pourtant et de façon étrange, ce ne sont pas ces détails qui frappèrent le jeune sorcier. Non, ce qui le déconcerta c'était la couleur de ces yeux. La lueur rubis qui les animait avait complétement disparu. Désormais ils n'étaient plus que…bleus.

« J'imagine qu'on ne t'a pas laissé te frayer un chemin jusqu'à moi dans le seul but de me tenir compagnie ? »

« Non, en effet » Dit Harry en sortant de ses pensées. « Je n'ai pas beaucoup de temps, ils m'ont donné seulement vingt minutes »

Il plongea la main dans sa poche, qui avait subi un sort d'extension indétectable de la part d'Hermione et en retira une petit fiole qu'il présenta au mage noir. Ce dernier devina immédiatement son contenu.

« Véritasérum » Souffla-t-il. « Si je me souviens bien, le ministère a déjà essayé de l'utiliser en sa faveur, mais j'ai bien peur qu'ils n'ont pas apprécié les réponses que j'ai pu leur fournir »

Malgré lui, Harry esquissa un sourire.

« Ils étaient quelque peu chagrinés, oui. C'est pourquoi, ils m'ont demandé de venir »

« Oh, et tu as obéi, brave comme tu es »

« Uniquement parce que je voulais te voir »

Cette réponse sembla satisfaire Voldemort dont le visage se détendit. Il posa de nouveau les yeux sur la fiole et demanda calmement.

« Alors, quelle information espèrent-ils me soutirer ? »

« Ils veulent connaitre l'emplacement de l'île » Répondit Harry, sans ambages. « Si je veux être crédible auprès du ministère, tu dois me dire où elle se trouve »

Il retira de sa poche une carte magique qu'il tendit à l'homme.

« Et qu'espèrent-ils trouver là-bas au juste ? » Questionna Voldemort en plissant les yeux sur cette dernière.

« Ils cherchent Nagini »

Les mains du mage noir vinrent agripper fermement les barreaux de sa cellule. Il les serra si fort qu'Harry était presque certain de voir les jointures de ses mains blanchir.

« Pourquoi de tous les endroits, le ministère chercherait-il précisément là-bas ? » Siffla la voix de l'homme.

« J'ai dit à Kingsley que je l'avais vu le jour même où nous sommes allés au manoir Malefoy. Il doit penser qu'elle doit toujours y être puisqu'elle n'est pas venue avec nous… Mais ce qu'il ignore c'est qu'il y a trois mois, j'ai demandé à Leina d'aller récupérer Hope et Nagini. Ils sont tous deux chez moi en sécurité, au 12 Square Grimmaurd »

Voldemort ôta ses mains des barres en acier et regarda longuement le jeune homme.

« Qui d'autre sait ? »

« Personne à part Kreattur »

Devant le regard réprobateur du mage noir, Harry prit soin d'ajouter.

« Il est mon elfe de maison. Mes secrets ne craignent rien avec lui. Crois-moi, il préférerait se repasser les mains plutôt que de dévoiler la moindre information à ce sujet»

Le mage noir leva un sourcil.

« Voilà une idée bien étrange »

« J'ai connu un elfe qui faisait ça pour se punir » Expliqua Harry.

Voldemort se contenta de le regarder sans rien ajouter avant de reporter son attention sur la carte que lui tendait toujours le jeune sorcier. Il la saisit délicatement, son index caressant au passage celui de son Horcruxe humain.

A travers la pénombre de la pièce, il la déplia. Ses yeux parcoururent une représentation de l'océan atlantique et plus précisément un point géographique bien précis. En touchant simplement le papier du bout des doigts, il fit agrandir la zone jusqu'à obtenir l'emplacement exact où il avait retenu Harry durant plusieurs mois. A son tour, il tendit la carte au jeune homme en et pointa l'endroit de son index en déclarant :

« J'espère que cela satisfera l'appétit de ce cher Kingsley. Cependant, avant de lui donner cette précieuse information, tu devrais demander à Leina de t'emmener là-bas et de mettre en ordre certaines affaires…Tu ne souhaites sans doute pas que le ministère puisse tomber sur quelque chose qui puisse porter préjudice à ton image »

Même s'il prit le parti de ne pas répondre, Harry sut immédiatement ce que signifiait le sens de ses mots. Il serait en effet, très déroutant pour le ministère de trouver des vêtements ou des biens lui appartenant dans la chambre qu'avait occupé le seigneur des ténèbres.

Il sentit tout à coup une main venir frôler sa joue. Le bras du mage noir était passé à travers les barreaux afin de toucher la peau délicate de son Horcruxe humain. Harry sursauta légèrement au contact des doigts glacials, mais cette désagréable sensation fut très vite éclipsée par ce sentiment électrisant qui s'empara de lui.

« J'imagine que tu n'as rien dit à tes amis ? » Souffla Voldemort d'une voix doucereuse.

Harry ferma les yeux, juste un instant. Même sans sa magie, l'homme avait un pouvoir d'attraction qu'il ne saurait décrire avec des mots. Son cœur battait à toute allure, comme s'il venait de s'éveiller d'un long sommeil. Il réalisa soudain que ce simple geste lui avait terriblement manqué.

« Non » Finit-il par dire, en rouvrant les paupières.

« Est-ce que tu regrettes ce qui s'est passé entre nous ? »

Sans prendre le temps de la réflexion, le jeune homme répondit de la même façon que précédemment.

« Non. Ce qui est arrivé est arrivé »

J'y pense même tous les jours. Songea le jeune sorcier.

Les doigts de Voldemort continuèrent à courir le long de sa mâchoire. Il y avait quelque chose d'hypnotisant dans ses mouvements.

« J'apprécie beaucoup que tu ais mis Nagini à l'abri du danger. Si je n'étais pas dans une telle position, je trouverais certainement un moyen de te témoigner toute ma reconnaissance » dit-il, d'un ton plein de sous-entendus.

Harry espérait que la pénombre de la pièce dissimulait la soudaine rougeur qu'il sentait monter vers ses pommettes. C'était toujours inopiné quand le mage noir décidait de faire ce genre d'allusion.

« Je dois admettre que tes amis se sont montrés particulièrement ingénieux et sournois. Je n'aurais jamais cru qu'ils seraient capables de concevoir une potion d'une telle dextérité. Cependant, je suis un peu près certain qu'ils n'ont pas agi seul, est-ce que je me trompe ? »

Les lèvres du jeune homme ne bougèrent pas. Il se contenta de regarder le mage noir qui prit son silence comme une affirmation.

« Finalement, ce n'est pas très important. Ce qui compte, c'est le résultat. Je me demande si ton ami Ronald Weasley a finalement pu récupérer ses pouvoirs ? »

Harry recula d'un pas de façon à se dégager du mage noir qui laissa retomber son bras.

« Comment sais-tu qu'il les a perdus ? » Questionna-t-il, à son tour.

« Les gardiens ont pris grand soin de me faire parvenir chaque article publié par Rita Skeeter. Cela les réjouissait de voir cette femme me salir et m'humilier comme elle l'a fait. C'est ainsi que j'ai appris que ton ami avait lui-même testé les effets de cette délicieuse potion qu'on m'a gentiment offerte. J'ai aussi appris qu'il n'avait pas pu inverser ses effets et que le ministère était à la recherche d'un remède. Voilà ce qui arrive quand on joue avec des forces qui nous dépassent. Alors dis-moi, ont-ils trouvé une solution ? »

Le visage du jeune sorcier se crispa.

« Non, pas encore »

« Oh, mais je suis certain que le ministère fait tout ce qui est en son pouvoir pour aider ton ami » Se moqua Voldemort.

Harry n'aimait pas le ton ironique du mage noir. Surtout qu'il avait lui-même quelques doutes quant à la pleine investigation du ministère concernant le cas de Ron. Il ne doutait pas de la bonne foi de Kingsley, mais il était évident qu'avec toutes les affaires dont il avait déjà la responsabilité, le ministre ne pouvait faire de Ron sa priorité absolue. C'est donc que d'autres personnes en avaient la charge. Et qui sait de quelle manière les recherches étaient menées ? Prenait-on vraiment le problème de son ami avec le plus grand sérieux ? Ou faisait-on simplement semblant de s'y intéresser ?

Ce qui amena une autre question de la part du jeune sorcier.

« Tu sais comment inverser les effets de cette potion ? »

Voldemort esquissa un sourire.

« Peut-être. Disons que contrairement à d'autres, je sais où chercher… »

Le jeune homme se pinça les lèvres avant de les humecter.

« Je suis sûr que le ministère va finir par découvrir un moyen »

« Oui, mais au bout de combien temps ? Huit mois ? Un an ? Dix ans ? Ton ami aura-t-il la patience d'attendre aussi longtemps ? Se plaira-t-il en tant que cracmol ? »

Les yeux verts du jeune homme se plissèrent vers le sol tandis qu'une discussion en privé avec Hermione lui revînt en mémoire.

« Comment Ron supporte-t-il son état ? »

« Eh bien, il ne dit rien et reste souriant, il ne veut inquiéter personne et surtout pas sa famille, mais je sens qu'il n'est pas comme d'habitude. Il ne quitte jamais le déluminateur. Parfois, je le surprends en train de le regarder durant de longues minutes. Il a l'air… tellement triste. C'est…c'est moi qui ai eu l'idée de ce tirage au sort tu sais… »

« Hermione » Avait-il coupé. « Tu n'y es pour rien »

« Je me sens complétement inutile et dépassée par tout ça. J'en suis encore à essayer de comprendre la fabrication de la potion qui a ôté les pouvoirs de Ron »

« Je croyais que le portrait de Rogue vous avait aidé à la construire. Il ne peut pas également nous aider à inverser ses effets ? »

« Il n'avait pas étudié cet aspect-là de la potion. Le portrait contient uniquement des informations qu'il possédait avant sa mort. Je suppose qu'il avait eu l'intention de la tester sur lui en premier lui et peu importe les conséquences »

« On va trouver une solution, Hermione. Je ne sais pas encore comment, mais on trouvera »

Il sentit tout à coup une légère pression sous son menton et réalisa que Voldemort lui avait relevé le visage. Ses yeux bleus le fixèrent un moment avant qu'il ne bouge les lèvres. Sa voix sonnant comme du velours.

« Je pourrais tout arranger, Harry. Ton ami n'a pas besoin d'attendre indéfiniment que ces incompétents du ministère daignent trouver une solution. Moi, j'en trouverai une »

« Et comment feras-tu ? Tu es enfermé ici et je te rappelle que toi non plus tu n'as plus de pouvoir »

« Eh bien moi non, mais toi oui »

Harry se figea et se dégagea une fois de plus de la main du mage noir sachant pertinemment ce qu'il avait en tête.

« Il est hors de question que je fasse ça »

« Tu n'as rien à craindre. Je te dirais précisément ce que tu dois faire. Je te guiderai »

« Et après ? Une fois que tu seras libre, qu'est-ce qui se passera ? » Demanda le jeune homme.

« Je récupérerai tout ce que j'ai perdu, à commencer par ma magie » Fit Voldemort, avec une conviction profonde. « Je ferai payer tous ceux qui m'ont tourné le dos et qui m'ont humilié. J'entrevois déjà mille façons de les punir, de leur infliger un sort que tu qualifierais sans doute de pire que la mort. Ensuite, je reprendrai ma place là elle doit être et j'écraserai quiconque qui tentera de m'en empêcher »

Le visage du mage noir était déformé par la haine et la colère. C'était un moment qu'Harry avait redouté car il savait qu'il allait s'aventurer sur un chemin tortueux.

« Non »

La voix sembla sortir de nulle part. Voldemort posa un regard incertain sur le jeune homme devant lui.

« Non ? » répéta-t-il, avec une pointe d'interrogation.

« Il y a un an, c'est moi qui était derrière ses barreaux et toi qui imposait tes conditions. Aujourd'hui, c'est à mon tour de t'exposer les miennes »

Une lueur d'amusement brilla dans les yeux du mage noir.

« Ah oui, et comment comptes tu faire ? La dernière fois pour sceller notre marché nous avons fait un serment inviolable qui, je te le rappelle, relie deux sorciers par leur magie. Or, je n'ai plus aucun pouvoir. Je serais donc curieux de savoir comment tu comptes t'y prendre pour que les engagements de chacun soient respectés ? »

En réponse à sa question, Harry plongea une fois de plus la main dans sa poche extensible et en retira un petit poignard argenté ainsi qu'un pendentif très particulier. En réalité, il y avait deux chaines très fines reliées à un symbole ressemblant à une spirale.

« Un pacte de sang » Souffla-t-il.

Voldemort le regarda, suspicieusement.

« Depuis quand connais-tu les pactes de sang ? »

« J'ai étudié. Un des livres que tu avais dans ta bibliothèque y faisait mention. J'ai seulement approfondi le sujet et j'ai découvert des choses très intéressantes »

Le silence s'installa temporairement entre eux. La silhouette du mage noir commença à marcher à travers l'espace que lui offrait sa cellule, tel un lion en cage.

« Très bien, je t'écoute. Quelles sont tes revendications ? » Demanda –t-il.

« Avant tout, si je t'aide à sortir d'ici, il n'y aura pas de représailles. Tu ne feras aucun mal à mes amis ni à leurs proches et j'inclus également les Malefoy »

Un son dédaigneux s'échappa de la bouche de Voldemort.

« As-tu déjà oublié que l'un de ses membres t'a torturé ? » Vociféra-t-il. « As-tu oublié à quel point tu as souffert par sa faute ? »

« Non, je n'ai pas oublié. Mais j'ai compris les motivations de Drago Malefoy »

« Oui, il t'a utilisé…contre moi »

« C'est vrai que toi tu n'utilises jamais les gens. Tu n'emploies jamais des moyens douteux pour arriver à tes fins »

Voldemort ne répondit pas. Il savait qu'il ne gagnerait pas cette manche. Aussi, Harry reprit la parole.

« Aucune représailles et je veux que tu raies tous les projets que tu avais pour les moldus sur le long terme et notamment celui de les asservir. Malgré tout ce que j'ai pu endurer dans mon enfance, je reste persuadé que les sorciers et les moldus peuvent vivre en harmonie. Je ne dis pas que se sera facile, il y aura toujours des gens pour dénigrer la différence. Pourtant, je veux y croire et ce dont je suis certain c'est que le fait que nous soyons capables de maîtriser la magie ne fait en rien de nous des êtres supérieurs. Tout comme nous ne devrions pas juger les nôtres sur les origines de leur naissance. Les enfants nés de parents moldus ne valent pas moins que des sangs mêlés ou des sangs purs. C'est encore une fois discriminatoire. Kingsley a mis en place un système de droit équivalent pour chaque sorcier et j'estime que c'est la décision la plus juste qui soit, c'est pourquoi je veux qu'elle perdure et que tu t'y engages une fois sorti de ces murs »

Voldemort demeura silencieux. Il était impossible de déterminer quelles pensées pouvaient bien traverser son esprit à cet instant.

Harry savait qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps. Est-ce que les gardes guettaient chaque minute qui passait ? Viendraient-ils le trouver s'il tardait à remonter ?

« Pour terminer » Continua-t-il. « Je veux que tu t'engages à ne plus tuer personne, que ce soient des sorciers, des moldus ou des créatures magiques comme les elfes de maison »

La main du mage noir passa sur la petite table qu'on lui avait installée. Ses ongles grattèrent légèrement la surface boisée tandis qu'il regardait droit devant lui.

« Tu vois Harry, pour négocier il faut que les deux parties s'entendent sur un accord, qu'ils fassent tous deux certaines…concessions » Dit Voldemort en marchant toujours à allure constante. « Pour le moment, tu me demandes de sacrifier beaucoup mais tu ne me donnes pas grand-chose en retour »

Le jeune homme se pinça à nouveau les lèvres, considérant les propos du seigneur des ténèbres.

« D'accord. Qu'est-ce que tu veux ? »

« Dans un premier temps, la certitude que quoique je fasse et où que j'aille, tu ne me quitteras jamais »

Cette requête n'étonna pas Harry. S'il y avait une chose que Voldemort n'avait pas perdu c'était son caractère possessif.

« Et je veux également que tu fasses un Horcruxe » Continua le mage noir.

Pour Harry, c'était comme s'il venait de recevoir un coup de poing en plein ventre. Il regarda Voldemort qui s'était de nouveau immobilisé.

« Jamais. Jamais je ne commettrai un meurtre »

« Je te demande pas de tuer n'importe qui. Cela pourrait être une personne que tu hais particulièrement. Tu pourrais prendre un membre de ta famille moldue ou même Bellatrix Lestrange. Tu vois je suis prêt à te donner un de mes meilleurs mangemorts »

« Me donner ? Sa vie ne t'appartient pas »

Un sourire mesquin étira les lèvres de Voldemort.

« Oh que si. Chaque sorcier que j'ai marqué est à moi. Je dispose de leur existence comme je veux »

Apparemment, la mage noir n'avait pas non plus perdu son extrême arrogance. Harry n'avait aucune envie de s'étendre sur ce sujet, il n'avait vraiment plus le temps.

« Peu importe. Je ne prendrai pas une vie, quand bien même il s'agit d'une personne que je déteste. Je ne suis pas un tueur ! »

« Dans ce cas, tu n'as rien à m'offrir de valeur ! » Vociféra Voldemort en se tournant tout à coup vers lui, son regard transperçant celui du jeune homme.

Cette tirade contraria particulièrement Harry qui s'approcha de la limite des barreaux.

« Rien de valeur ? Rien de valeur ? » Répéta-t-il, rageur. « Tu seras libre bon sang ! Tes pouvoirs tu les récupéreras et je serais là, à tes cotés. Tu dis que je ne te donne pas beaucoup en échange, mais est-ce que tu as songé un instant à tout ce moi je sacrifie en venant ici ? Pour toi j'ai menti, pour toi je trahis la confiance de mes amis en protégeant Nagini de ceux qui veulent la détruire. J'envisage même de te faire sortir d'ici, ce qui ferait de moi un traitre aux yeux de tous ! Est-ce que tu as pensé une seule minute à ça ? »

Le visage de Voldemort demeura imperturbable et quand il prononça les mots suivants, Harry se sentit défaillir.

« Tu as fait un choix, Harry, et je ne t'ai jamais forcé à rien dans les décisions que tu as précédemment évoquées. A quoi donc me servirait la liberté si je suis tenu en chaîne par des engagements et des principes moraux à la fois faibles et ridicules ? A quoi me serviront mes pouvoirs si je dois renoncer à tout ce que j'ai construit depuis des années ? Que me restera-t-il ? »

Harry avait du mal à respirer. Il sentit sa gorge se nouer alors qu'il murmura les mots suivants.

« Moi. Tu m'aurais moi. Est-ce que ça ne suffit pas ? »

Le froid dans la pièce paraissait encore plus mordant que tout à l'heure. Voldemort observa Harry dont le regard brillait à la recherche d'une lumière d'espoir ou n'importe quoi auquel il pourrait encore s'accrocher.

« Tu veux parler d'affection et de sentiments c'est bien ça ? Tu sais pourtant pertinemment ce que j'en pense. D'ailleurs, ton cher et défunt directeur ne t'a-t-il pas expliqué que j'étais incapable d'aimer ? Je ne sais pas ce qui t'a fait croire le contraire mais si tu as cru que j'allais tout abandonner pour ces niaiseries, alors tu es un idiot »

Les mots atteignirent Harry comme un coup de poignard en pleine poitrine. Il n'avait jamais su ce que c'était que d'avoir le cœur brisé en mille morceaux, maintenant c'était chose faite et le monde autour de lui semblait s'effondrer complétement.

Quel imbécile.

Pourquoi s'était-il mis dans la tête qu'il pourrait changer le mage noir ? Pourquoi s'était-il laissé convaincre par Tom que c'était seulement possible ?

Il n'avait jamais vraiment compté pour Voldemort. Il était juste un Horcruxe. Un outil, un passe-temps sexuel au mieux, mais rien de plus.

Comment avait-il pu se tromper à ce point ?

« Monsieur Potter. Le temps est écoulé » Cria le gardien à l'autre bout du couloir.

Harry n'avait envie que d'une chose, que le sol s'ouvre sous ses pieds et l'engloutisse tout entier. Il se sentait tellement dévasté qu'il se demandait comment il parvenait à tenir debout ? Des larmes menaçaient de jaillir à chaque seconde, mais le garçon refusa de les laisser couler sur ses joues. Il était hors de question qu'il pleure pour une personne qui ne tenait visiblement pas à lui.

Il ne savait pas où il puisa la force de relever son visage et de faire face une fois de plus au mage noir pour lui faire part d'une dernière pensée.

« C'est amusant tu sais, c'est la première fois que je t'entends dire que Dumbledore avait raison sur quelque chose. J'aurais préféré que tu me prouves qu'il avait tort pour une fois. Tu vois, partageant un fragment de ton âme, je suis sans doute la personne la mieux placée pour comprendre ce que tu éprouves. Alors, tu as beau me dire que le pouvoir et la grandeur suffisent à te rendre heureux, ce n'est pourtant pas ce que j'ai pu ressentir quand nous étions ensemble toi et moi sur l'île » Dit-il, en défiant le mage noir du regard qui demeura dans un mutisme complet.

« Il y a longtemps, quand ton âme s'est séparée pour venir se raccrocher à la mienne tu m'as donné la capacité de parler fourchelangue. Et quand tu as pris mon sang ce jour-là au cimetière pour bénéficier de la protection de ma mère, je t'ai moi aussi donné quelque chose dont tu étais jusque-là dépourvu. Ce n'est pas parce que tu n'as jamais utilisé ce potentiel qu'il n'est pas là. En fait, je pense simplement que tu en a trop peur et c'est pourquoi tu mets tant d'ardeur à le rejeter»

La bouche de Voldemort se contractait alors qu'il s'apprêta à répliquer quelque chose, mais Harry le devança, plus déterminé que jamais.

« Mon offre tient toujours si toutefois tu changes d'avis ou peut-être réussiras-tu à sortir d'ici par tes propres moyens qui sait. En attendant, j'en ai terminé. Alors au revoir, Tom »

Et sur ses dernières paroles, Harry tourna les talons et sans un regard en arrière il s'éloigna, laissant derrière lui les sentiments les plus profonds et les plus inavoués qu'il avait pour cet homme.

Et là il se souvînt.

Je me demande…depuis quand as-tu oublié de me haïr, Harry ?

La réponse, il l'avait toujours su.

Depuis que je t'aime…

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« ... l'ennui, c'est que les humains ont un don pour désirer ce qui leur fait le plus de mal » Dumbledore extrait d'Harry Potter à l'école des sorciers.


Bonjour à tous !

Alors voilà, ceci était le dernier chapitre. J'ai eu beaucoup de difficultés à le rédiger, d'où mon petit retard de publication...désolé.

J'ai reçu un incroyable coup de main de Liliume qui a gentiment corriger chacune de mes fautes. Un grand merci à elle pour son super travail !

Je sais que vous étiez nombreux à me demander si se serait un happy end et je peux maintenant expliquer pourquoi j'ai toujours refusé de répondre. Quand j'ai commencé cette histoire, dans ma tête il était question de deux parties. J'avais d'ailleurs imaginé plusieurs idées pour la suite, ce que je n'avais pas prévu en revanche, c'est le temps que je mettrais à publier chaque chapitre. Du coup, je ne sais pas si je me lance dans une autre aventure où si je m'arrête là...

En tout cas, quoique je fasse, je tiens à tous vous remercier pour m'avoir suivi jusqu'ici (oui, le chemin était long !). Pouvoir partager mes idées, lire vos encouragements et vos commentaires au fur et à mesure que j'avançais dans cette histoire c'était pour moi une fabuleuse expérience que je ne regrette absolument pas.

J'ai hâte de savoir ce que vous penserez et j'espère ne pas avoir trop déçu ceux qui espéraient quelque chose de plus joyeux.

Je vous fais plein de bisous et vous dis à très bientôt.

Delicate Doll.