Alors voilà, je m'excuse de ces longs mois d'absence pendant lesquels j'ai eu un trou indescriptible vis-à-vis de cette fiction que j'affectionne pourtant énormément mais l'encouragement (la menace en fait) d'une amie m'a poussé à écrire cet ultime chapitre qui signe la fin de cette jolie aventure. Je ne me sens pas de prolonger cette fic : d'une part parce que j'ai peur de reproduire cette attente et d'autre part parce que je n'arrive pas à mettre en place de nouvelles péripéties correctes. Malgré l'idée de cette amie si menaçante - que je n'ai d'ailleurs pas suivie dans ce dernier chapitre - je préfère m'arrêter là. De toute manière, je ne pense pas qu'il me reste encore énormément de lecteurs !
Pour ceux que ça intéresserait, j'ai écrit un épilogue de cette fic, qui s'appelle 'An end with you' que j'ai écrit en même temps que ce dernier chapitre. Je vais le poster en même temps que celui-là, mais dans un OS à part puisque cela se passe juste avant que Pettigrow les trahisse et donc des années après cette fic.
Voilà, je m'excuse encore de cette longue attente et j'espère vous faire plaisir par ce dernier chapitre !
DISCLAIMER : tout est à J.K. Rowling sauf ce scénario qui est bien sûr de moi.
RATING : T.
Bonne lecture !
Remus se roula en boule dans ses draps tandis que sa mâchoire se décrochait longuement et que ses membres s'étiraient avec une lenteur paresseuse. Il sentit une étrange masse chaude collée à son dos et encercler son ventre, la panique le gagnant petit à petit, avant qu'il ne se souvienne que Sirius s'était invité dans son lit et qu'ils s'étaient bécotés. Ce qui n'avait pas vraiment été désagréable, il fallait l'admettre.
Il resta donc ainsi, à profiter de la proximité de l'Animagus, avant de se tortiller un peu, engourdi par le manque d'activité ; il se retourna lentement pour ne pas le réveiller et contempla son visage endormi avec un certain amusement : sa bouche était entrouverte et un filet de bave dégoulinait sur l'oreiller tandis que ses narines frémissaient au fur et à mesure qu'il ronflait. Remus réprima un rire et se détacha avec précaution de lui, fixant le sol pour se donner du courage. Il mit tout de même plusieurs minutes à se convaincre qu'il fallait qu'il sorte de son lit mais il parvint tout de même - au bout d'une demi-heure - à mettre les pieds sur le sol froid, ce qui le fit frissonner ; à tâtons, il chercha son haut de pyjama dont il se vêtit avant de se diriger d'un pas malhabile vers la salle des douches, et de se trouver une cabine inoccupée, pressant la poignée et déversant un jet d'eau qui chauffa progressivement tandis qu'il se déshabillait et disposait son gel douche sur le sol dallé.
D'une main, il ébouriffa ses cheveux en bataille et glissa timidement l'autre sous le jet, observant ce dernier tomber dans un concert de clapotis sur le sol. Puis progressivement, il se laissa aller sous l'eau, fermant les yeux et profitant de cette chaleur bienvenue. L'avantage d'être samedi, c'était qu'il pouvait profiter de chaque minute sans avoir à se presser.
Il se prélassa donc sous la douche pendant de longues minutes, avant de finalement saisir son gel douche et de se l'étaler sur le corps, repensant aux récents événements et aux difficultés que cela allait engendrer. Ils allaient devoir se cacher pour être ensemble. Remus était déjà las rien qu'à cette idée. Il poussa un soupir et se frotta mollement le cuir chevelu de l'autre main, tandis qu'il continuait de laver son corps de l'autre.
Et soudainement, il se figea, les joues rouge cramoisi.
Sirius l'observait sans la moindre gêne, planté en plein milieu du couloir scindant les deux rangées de douches communes.
- Voilà qui est intéressant, sourit-il.
- C'est pas ce que tu crois ! s'écria Remus d'une voix aiguë en retirant sa main d'une partie sensible de son anatomie. Je me savonnais, tu es arrivé au mauvais moment !
- Et ce petit soupir, juste avant ?
- Mais ça n'a rien à voir !
- Mais oui, mais oui.
- Et dégage, par Merlin, arrête de me reluquer !
- Si tu savais comme j'ai longtemps maté ton joli postérieur quand tu te douchais, soupira Patmol d'un air rêveur. Tu as un cul magnifique.
- Fous-le-camp espèce d'enfoiré vicieux !
- Ça va, ça va, obtempéra Sirius en se détournant, un immense sourire fiché aux lèvres.
Remus cessa de se tortiller pour cacher ses parties génitales et éteignit la douche avant d'enrouler vivement une serviette autour de sa taille nue, fixant le dos de Sirius avec un mélange de colère et d'embarras.
- C'est bon, je peux me retourner ? s'impatienta le chien.
- Qu'est-ce que tu fous là, au juste ?
- Ben, me doucher tiens. Et comme j'ai entendu une douche couler et que tu n'étais plus dans le lit, je n'ai pas résisté à l'appel de ton joli corps.
- Bon, maintenant que ton regard de pervers dégoûtant est rassasié, je peux sortir sans risque ?
- Tu veux dire sans risque de te faire violer sauvagement dans la cabine ?
Remus grimaça pour s'empêcher d'acquiescer.
- Eh bien ça c'est négatif, sourit sournoisement l'Animagus.
Le lycanthrope soupira.
- Laisse-moi passer.
- Pour quoi faire ?
Une nouvelle fois, un soupir franchit les lèvres du châtain et il tenta de forcer le passage mais Sirius attrapa férocement son bras en se retournant avec vivacité et le repoussa en arrière tandis que Remus bégayait faiblement ; il était hors de question que Sirius le revoit encore une seule fois nu. Il se débattit du mieux qu'il pu, mais il il lui fallut rapidement admettre que son exaspérant ami était plus costaud que lui. Il glissa alors son genoux dans l'entrejambe de Sirius, qui poussa un drôle de son, à mi-chemin entre le gémissement et l'exclamation de surprise. L'Animagus l'observa avec un air surpris et Remus profita de ces secondes d'inattention pour se dégager et s'enfuir d'un pas soutenu là où il avait posé ses habits. Il entendit vaguement le grognement frustré du brun mais n'en tint pas compte et utilisa le sort de lévitation pour maintenir la serviette comme un écran entre son corps nu qu'il vêtissait progressivement et le regard concupiscent de Sirius qui observait la serviette comme s'il avait eu le pouvoir de voir à travers.
- T'es pas drôle, Mumus, soupira Sirius.
Remus leva les yeux au ciel et se retourna, une fois habillé, avant de pousser à son tour une exclamation de surprise lorsque le corps nu de son petit ami entra accidentellement en contact avec le sien.
- Alors ? s'amusa Black avec un sourire mutin, le visage penché au-dessus de celui de son compagnon.
- QU'EST-CE QUE... ? rugit la voix déformée de Pettigrow.
Pour toute réponse, Remus n'eut que le réflexe de le stupéfixer, haletant et les yeux écarquillés. Sirius avait fait la moue et s'était dirigé vers les cabines de douche d'un pas dédaigneux, frustré de s'être fait éconduire par deux fois dont l'une interrompue. Remus rajusta sa chemise en se passant une main nerveuse dans ses cheveux châtains et ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil aux fesses de Sirius que ce dernier ne manquait pas d'agiter sous la douche ; il s'arracha à contre-coeur à cette vision ô combien fantasmatique et dirigea sa baguette vers Peter à qui il rendit sa liberté. Ce dernier poussa une exclamation de stupeur, regardant alternativement Lupin et les cabines.
- Q-q-q-qu'est-ce que... vous..., bégaya-t-il.
- Moi et les cabines de douche ? Eh bien je dois t'avouer que nous avons une relation particulièrement intime. Je viens me laver tous les matins ici.
Peter lui lança un regard accusateur. Remus soupira, perdant de sa superbe ironique en redevenant nerveux.
- On... on...
- On est ensemble, acheva la voix parfaitement sereine de Sirius.
- QU-
Remus le stupéfixa à nouveau d'un geste agacé.
- Arrête de hurler, dit-il simplement.
Et il lui jeta le contre-sort comme s'il s'était agit d'un coup de chiffon sur une commode un peu sale.
- M-mais..., balbutia Peter, tentant de discerner une quelconque plaisanterie.
- Tu hurles encore et cette fois je te pétrifie, le menaça Lupin.
- Je... c'est... une blague ?
- Non. Je... je suis amoureux de lui. Et lui de moi.
- Mais...
L'information semblait avoir un mal fou à trouver les neurones de Peter pour établir une connexion correcte avec ses capacités à s'exprimer. Ou bien était-ce cela qui les entravait. Sirius sortit négligemment de la douche, se sécha et se rhabilla tandis que Remus rangeait sa baguette et observait avec un soudain intérêt l'expression vide du visage de Queudver. Sirius les rejoignit d'un pas nonchalant et enlaça la taille de Remus, qui vira brusquement au rouge pivoine.
- Euh...
- Écoute Peter, on est gay. Si tu n'acceptes pas ça, tu nous le dis et on te démolis la cervelle.
- Quelle diplomatie..., marmonna Remus en tentant de se dégager du bras négligent de son compagnon.
- Je... non... ce... ça fait un choc, réussit finalement à articuler Peter en leur lançant un regard oblique, mêlé d'un certain dégoût qui blessa profondément Remus.
Il ne pensait pas que ça pourrait faire aussi mal de sentir un tel regard sur lui. Surtout venant de l'un de ses quatre meilleurs amis - enfin, dont l'un était un peu plus que son meilleur ami, certes.
- Ma langue est liée, ajouta-t-il avec plus de douceur, l'air craintif.
Remus se contenta de hocher la tête et se dégagea de l'étreinte possessive de Sirius pour passer la porte d'un pas pressant ; Sirius observa son dos disparaître derrière la porte, les lèvres retroussées.
xXx
Remus se laissa tomber sur le lit, prenant son sac d'un geste mécanique et en sortit son livre d'Étude des Runes, le regard vide. Ce qu'il avait vu dans le regard de Peter était ce qu'il avait toujours le plus craint au monde. Être rejeté. Dégoûter les gens. Les sentir s'éloigner. Parce qu'ils avaient découvert sa véritable nature. Et ça faisait mal. Vraiment très mal.
Il ravala ses larmes et chassa avec fureur les pensées qui lui chuchotaient de rompre avec Sirius pour ne plus jamais voir cette lueur dans le regard de quiconque. Il savait qu'il était égoïste et qu'il voulait être accepté, mais Sirius était la personne la plus importante à ses yeux, à présent. N'est-ce pas... ?
Il essuya avec rage ses pommettes humides et referma dans un claquement sec son livre runique, puis le rangea dans son sac d'un geste si brusque qu'il faillit renverser son chandelier enduit d'une cire fraîche sur les quelques parchemins posés sur sa table de nuit ; il se leva raidement et dévala les escaliers menant à la salle commune de Gryffondor, la traversant sans accorder un seul regard à quiconque et passa le tableau sans même saluer ceux qui lui disaient bonjour. Il n'avait qu'une seule envie : descendre dans la Grande Salle et plonger son nez dans un livre ; manger le révulsait. Il attendrait midi.
Il s'assit avec brutalité sur le banc des rouge et or, et posa son sac à côté de lui avant d'en sortir son livre et de l'ouvrir à la page correspondante au dernier chapitre étudié, plongeant le nez avec obstination entre les lignes noires du livre. C'était comme si ses pensées l'écrasaient. Sa poitrine était presque autant étreinte que le jour où il avait craqué dans ce couloir désert, où Lily l'avait réconforté.
D'un côté, il ne voulait plus revoir cette lueur dans les yeux de quiconque, mais d'un autre côté, il ne pourrait pas se résoudre à laisser Sirius ; il l'avait accepté, il l'aimait et il avait retrouvé son entrain et ses taquineries habituelles, même en tant que petit ami ! Comment pourrait-il jamais lui faire du mal ?
Ses mains tremblaient de rage contre lui-même et du dégoût qu'il s'inspirait.
Comment pouvait-il songer à lui faire du mal ? A le décevoir pour son amour propre ? Il était si lâche. Mais alors pourquoi le Choixpeau l'aurait-il envoyé à Gryffondor ? Ou plutôt, avait-il réellement mérité sa place, ici, à la table des lions ? Avait-il mérité ces amis qui l'aimaient tant ?
Il sursauta lorsque sa voisine d'Étude des Runes tapota timidement son livre.
- Euh... est-ce que ça va ? demanda-t-elle.
- O-oui oui ! Je... je suis juste un peu stressé par les cours, marmonna-t-il sans vraiment essayer d'avoir l'air convaincu.
Elle lui jeta un regard étrange et il pinça les lèvres, scrutant ses iris bleutés. Elle avait de beaux yeux et d'épais cils, ainsi que de longs et souples cheveux clairs qui retombaient en torsade sur ses épaules, telle une cascade ambrée. Quelques tâches de rousseur enfantines parsemaient ses joues et elle avait des fossettes qui lui donnaient un certain air juvénile. Même si son menton était un peu carré et son visage un peu trop fin, elle était plutôt jolie. Remus songea que Sirius aurait tout de suite catalogué la miss 'hors-course' puisqu'il ne s'intéressait qu'aux grosses poitrines et qu'elle n'en possédait presque pas. Enfin, Sirius s'était-il jamais vraiment intéressé aux seins des filles ? Sirius...
Il réprima un sanglot inopiné et fit mine d'avoir le hoquet.
- Oh, tu révises les runes ? Tu sais qu'il paraît que Babling nous a préparé une traduction surprise ? s'exaspéra-t-elle en soupirant bruyamment.
Remus fronça le nez en humant son odeur musquée.
- Une traduction surprise ? répéta-t-il lentement. Bof, je devrais m'en sortir, grommela-t-il avec une certaine mauvaise humeur.
- Moi je ne sais pas...
- Eh bien révise ! s'exclama Remus, exaspéré.
La jeune fille soupira légèrement mais ne releva pas et se rapprocha légèrement de lui pour réviser par-dessus son épaule. Remus s'agita sur son siège, soudainement gêné par cette proximité troublante.
- En tout cas, si c'est une technique de drague, elle est aussi nulle que Barnabas le Follet apprenant la danse à des trolls , fit remarquer la voix rauque de Sirius tandis qu'il se glissait entre elle Remus avec un air grognon sur le visage.
Il ne sut pourquoi, mais Remus sentit sa poitrine diffuser une très agréable chaleur dans tout son corps. Peut-être était-ce le fait qu'il aimait voir Sirius jaloux ?
La voisine d'Étude des Runes sembla sur le point de fondre en larmes avant de partir d'un pas précipité.
- Ce n'était pas très gentil, Sirius, fit doucement remarquer Remus.
- En tout cas, t'as plutôt l'air content de me voir, nan ? argua le brun avec son sourire de séducteur aguerri.
Remus hocha silencieusement la tête et observa les mets disposés sur la table ; il n'avait toujours pas faim. La présence de Sirius n'avait peut-être finalement pas dissipé tout ses doutes et toutes ses hésitations. Il frissonna violemment lorsque la main de Sirius se posa comme si de rien n'était sur la sienne, sous la table.
- S-Sirius... ne joue pas avec le feu..., chuchota précipitamment Lupin, inquiet.
- Alors les amoureux, on roucoule ? rigola James en s'asseyant à ses côtés, suivi de Lily.
- Je vous retourne la question, sourit Sirius.
Lily lui lança un regard courroucé et il laissa échapper son rire canin.
- Fais pas cette tête, madame la préfète. J'aurais presque peur si tu n'avais pas cette tronche !
Evans fronça un peu plus les sourcils.
- Quelle tête ?
- Ta tête habituelle, quoi.
Une claque siffla non loin de la joue de Remus et il poussa une exclamation outrée tandis que James et Sirius riaient aux éclats et que Lily s'excusait en bougonnant. Peter ne tarda pas à les retrouver à leur table et il y eut soudainement un silence gêné. Il ne regardait ni Sirius ni Remus. Ce dernier sentit son cœur se serrer douloureusement et il baissa la tête, dégageant sa main de celle de Sirius sous la table ; il sentit Sirius remuer sur le banc et lui jeter un regard blessé mais il fit comme s'il n'avait pas vu la tête de chien battu de son compagnon et promena son regard sur la Grande Salle. James perçut la gêne présente entre ses quatre camarades mais il ne pouvait décemment pas demander à Peter de se comporter correctement envers l'orientation sexuelle différente de ses amis devant tout ce monde.
A peine le petit déjeuner terminé, Sirius saisit fermement le bras de Remus et l'entraîna dans un coin légèrement reculé ; ils se trouvaient à présent dans les couloirs déserts - personne ne s'y aventuraient de si bon matin, et encore moins pendant le week-end. Il obligea Remus à le regarder droit dans les yeux.
- C'est Peter qui te gêne comme ça ?
Remus se mordit la lèvre et baissa les yeux. Sirius sentit son estomac se tordre douloureusement alors qu'il comprenait enfin, à travers ce regard, ce qui agitait et perturbait tant Remus.
- C'est... tu as honte de moi..., articula le brun, sentant ses yeux devenir humides malgré lui.
Remus ne releva pas la tête, les lèvres pincées. Jamais il ne s'était senti aussi coupable de lui qu'en cet instant ; comment pouvait-il être aussi cruel avec lui ? Lui qui lui retournait ses sentiments ? Qui l'avait accepté sans jamais douter ? Qui l'aimait... ?
- Je... je suis tellement désolé Sirius... tu comprends, je...
- Oui. Tu veux toujours être accepté par les autres. Être aimé.
Son ton tranchant glaça les entrailles de Remus et il sentit lui aussi les larmes lui monter aux yeux. Il tendit une main tremblante vers le visage rageur de Sirius, les lèvres tremblantes.
- Je t'en prie... je...
- C'est bon. J'ai compris.
Il se dégagea avec une brutalité qui ne lui était pas coutumière - du moins envers le jeune Lupin - et s'éloigna d'un pas raide. Remus étouffait. Sa poitrine ne lui permettait même plus de respirer correctement. Il refoula ses larmes et resta immobile, transpercé par le ton glacial qu'avait employé son compagnon. Non... ça ne pouvait pas être possible. Il ne pouvait pas l'avoir rejeté comme ça. Il n'avait pas le droit de faire autant de mal à Sirius. Il l'aimait bon sang ! Mais d'un amour tellement ignoble...
Il se prit la tête entre les mains et sentit brusquement une présence en face de lui.
- On pleure, Lupin ? ricana Rogue.
Remus serra les poings et ne releva pas la tête ; il était hors de question que Rogue le voit pleurer. Il se sentait suffisamment mal sans en rajouter une couche.
- Laisse-le tranquille, Servilus, cracha Lily, ses yeux lançant des éclairs furieux.
Rogue eut un tic nerveux et se détourna d'un pas aussi raide que celui de Sirius. Lily s'approcha doucement de lui et posa une main timide sur son épaule.
- Ça va aller... ?
- L-Lily..., réussit à articuler Remus. J-je suis si... si... monstrueux !
- Ah, tu ne vas pas recommencer ! s'écria-t-elle, les sourcils froncés.
- J-je... j'ai honte de lui ! s'exclama-t-il, le cœur au bord des lèvres.
Je me dégoûte. Je suis quelqu'un d'ignoble.
Visiblement, Lily ne s'était pas attendue à une telle déclaration car elle en resta bouche bée ; ce qui était plutôt inquiétant en soi. Elle retira sa main de l'épaule de Remus et l'observa avec une expression qu'il ne lui connaissait pas.
- Remus. Je ne te suis plus, avoua-t-elle.
- Je... c'est...
- Un jour tu souffres de la peur qu'il te rejette et qu'il ne t'aime pas par-dessus le marché, et là maintenant, tu souffres qu'il t'aime et qu'il t'accepte ?
- C-c'est Peter ! I-il...
- Et c'est ça qui va t'arrêter ? gronda Lily, la colère largement visible sur son beau visage. Je croyais que tu étais quelqu'un qui savait se battre pour l'amitié et l'amour ! Mais visiblement, tu es aussi lâche que tu le prétends, lâcha-t-elle.
Ces paroles l'électrisèrent ; elles résonnèrent en lui comme jamais des mots ne l'avaient autant marqué. N'était-ce pas ce qu'il se disait depuis des années ? N'était-ce pas l'opinion qu'il avait de lui-même ? Un lâche qui cherche sans cesse son propre bonheur ?
Remus aurait voulu s'enfuir. Loin, très loin. Très loin de tout ce qui le torturait ainsi ; pourquoi fallait-il toujours qu'il se pose autant de questions ? Pourquoi fallait-il toujours qu'il prenne peur et recule brusquement alors qu'il touchait le bonheur du bout des doigts ? Etait-il masochiste ou tout simplement stupide ?
De quoi avait-il peur au juste ? De regretter ? Mais regretter d'être heureux était tout bonnement quelque chose de rigoureusement et incroyablement stupide !
Il perdit le fil de ses pensées lorsque les doigts de Lily essuyèrent ses joues.
- Remus... je ne voulais pas te blesser autant, excuse-moi. Mais il fallait que tu réagisses, tu comprends ? dit-elle doucement.
Lupin ne s'était même pas rendu compte qu'il s'était recroquevillé et qu'il sanglotait ; comme lors de cette fameuse journée où il avait commencé à se haïr d'être si marginal. Où il s'était torturé mentalement pendant deux longues heures. Il ne savait même pas ce qu'il en serait si Lily n'était pas intervenue.
- Je... t-tu... tu as raison, réussit à articuler le lycanthrope. Je suis lâche et stupide...
- Écoute, Remus, ça suffit ! s'écria avec colère James qui était lui aussi venu le réconforter. Le Choixpeau ne commet pas d'erreur ! Tu n'es pas à Gryffondor pour rien ! Va lui rouler une pelle et qu'on en finisse !
- A qui, au Choixpeau ? Je suis rigoureusement contre, fit la voix de Sirius.
Le cœur de Remus fit un bond dans sa poitrine et il observa son compagnon, qui se tenait à l'écart mais avait néanmoins les yeux rivés sur lui. Aux côtés du brun se tenait Peter, qui le regardait avec peine.
- Je suis désolé, Remus, s'excusa platement ce dernier. C'est juste que ça m'a fait un choc, quoi...
- Allez, poussez vos derrières de troll puant de ma boule de poil préférée, grogna Sirius en les écartant sans ménagement pour s'accroupir près de Remus. Pas étonnant qu'il soit dans un tel état, avec vos encouragements à deux Noises !
- Excuse-nous, nous n'aurions pas dû essayer de remonter le moral au pauvre maître dépressif ! Après tout, le toutou sait lécher les plaies à vif et d'autres endroits sensibles, ricana James.
Sirius lui donna une bourrade.
- D'entre nous deux, tu tiens plus du toutou à son maî-maître à être collé au basques de Lily et à lui obéir comme un elfe de maison !
- Dis donc, qui c'est qui revient sur ses pas pour venir consoler son pauvre petit copain ?
- Ah ! Mais ça, ça s'appelle l'amour et la compassion : tu dois pas connaître.
- L'intelligence non plus, vous devez pas connaître, soupira Lily.
Sirius et James lui jetèrent des regards offensés.
- Dîtes, ça vous dérangerait de laisser un pauvre suicidaire mettre fin à ses jours devant tant de connerie ? lança Remus.
- Dis, ça te dérangerait de te rappeler que tu es un crétin lâche ? grogna Sirius.
Lupin piqua un fard.
- 'scuse, marmonna Sirius. C'est juste que je commence à en avoir ras-la-baguette de me prendre le chapeau pour des trucs aussi débiles. Donc : tu m'aimes ou pas ?
- B-bien sûr que oui ! s'écria Remus, reprenant de vives couleurs.
- Donc, tu arrêtes de tergiverser ET tu me roules une pelle !
- D-devant tout ce monde ? déglutit Lupin.
- Oui bien sûr, et à Azkaban, je demanderais à ce qu'on mette une pancarte devant notre cellule : "Bienvenue au pays des gays".
Remus se mordit la lèvre et Sirius saisit son bras pour le relever, l'entraînant derrière lui sous le regard amusé de James et Lily et celui mi-inquiet mi-interrogateur de Peter.
L'Animagus le traîna jusque dans leur dortoir et le poussa avec sa délicatesse habituelle contre le lit de Lupin ; ce dernier émit une sorte de couinement lorsque Sirius s'assit sur lui à califourchon et l'embrassa avec fougue. Et lorsque Remus manqua de finir asphyxier, Sirius se releva légèrement et planta son regard hautain et froid dans le sien.
- Je veux bien blaguer, revenir en arrière, te récupérer, te foutre un pain pour que tu te rappelles qui tu es vraiment mais te perdre, ça jamais. Pigé, bouse de dragon ?
Remus poussa un léger soupir et caressa timidement la joue mal rasée de Sirius.
- Je t'aime, Si-
- Epargne-moi ça ! Tu connais quelqu'un qui ne soit pas raide dingue de moi ? Bon, alors pour te faire pardonner, il va falloir trouver autre chose !
- Euh... des fleurs ?
- Des fleurs ? répéta Sirius. J'ai une tête à me balader avec des pâquerettes ?
- Je sais pas moi ! Je n'ai aucune idée de ce que deux hommes peuvent s'offrir...
Un sourire pervers apparut soudainement sur les lèvres de Sirius.
- Euh, un problème ?
- Je crois que j'ai une idée.
Merci de m'avoir suivie jusqu'au bout et j'espère vous retrouver dans les reviews !
