Contre-reviews

Lily Anna : Tu as posté ta review juste après que j'aie posté mon chapitre; du coup je voulais t'envoyer un MP mais apparemment tu viens en tant que guest sur FF; ce serait cool si tu t'inscrivais, histoire que je puisse te MP ^^. Ton sujet d'études est super intéressant en tout cas. Tu as l'intention de travailler dans le domaine de l'environnement par après si je comprends bien ? Pour en revenir aux chapitres, en effet, Gwen comprend le fonctionnement d'Arthur et Merlin mieux que personne et je pense qu'elle est celle qui a le plus de doigté pour veiller à conserver l'équilibre dans leur triade familiale (comme c'était déjà le cas à Camelot). Quand Arthur et Merlin ont tendance à se laisser déborder par leurs émotions ou par leurs problèmes elle est aussi celle qui sait faire preuve de perspicacité pour dénouer les difficultés avec maturité. Quant à nos deux compères je pense qu'ils sont enfin arrivés à trouver le point de leur relation où ils vont pouvoir s'épanouir joyeusement, ils méritaient bien ça ! J'ai dévoilé une petite partie du secret d'Aithusa. Je dirais qu'Adrinial est un savant mélange entre Aithusa et Kilgarrah, il a un côté plus accessible qu'Aithusa qui a un sacré caractère tout en ayant les mêmes pouvoirs qu'elle. Et, oui, il va avoir une relation très forte avec Mordred, assez similaire au fonctionnement Aithusa-Morgane (même s'il serait plus juste de dire que le triangle Galaad-Mordred-Adrinial va avoir une relation très forte).

FeeEli : Je pense que Gauvain en tant que barman en chef de la Taverne est l'oreille idéale pour écouter les problèmes des gens et les réconforter, c'était le rôle parfait pour lui :). Et puis au-delà de son côté pitre il a toujours été l'ami chaleureux qui sait prendre soin des autres ^^. Arthur a mûri en effet. Je pense qu'il est dans des relations plus adultes avec les personnes qui l'entourent et qu'il est donc au-delà des réactions premières comme la jalousie ou la possessivité quand il est confronté à une situation déstabilisante. Du moins s'il en ressent il est capable de prendre du recul par rapport à ça pour se recentrer sur l'essentiel. Ca marque une différence avec sa personnalité d'autrefois mais je pense que le fait d'avoir banni Gwen si violemment après son aventure avec Lancelot, et Merlin suite à sa révélation magique (avec des répercussions très négatives à chaque fois), lui ont appris à ne plus se laisser déborder par son impulsivité. Merlin aussi a mûri, il est devenu plus audacieux et plus confiant, ce qui se rapproche de son ancienne personnalité, avant le traumatisme de Camlann. Je suis content que tu aies apprécié ce slash te sachant anti-slash au départ ;). Sinon, oui, j'ai expliqué un peu plus la relation Aithusa-Morgane dont la relation Adrinial-Mordred sera un peu un miroir, mais il va encore falloir attendre pour connaître la menace qui pèse sur l'avenir ^^

Vinie65 : d'astreinte de mur ^^ c'est tellement bien dit ^^ Adrinial va avoir du pain sur la planche ;)

Laure Marez : Content qu'il t'ait plu !

Julie : Je pense en effet qu'ils pourraient nous replanter quelques arbres en Amérique du Sud ^^

Colinou : Oui, là c'est vive la liberté ;).

Karolyn3 : maintenant que j'ai terminé leur arc de progression, je ne vais plus faire de chapitre comme celui-ci pendant un bon moment; pour le problème auquel ils vont faire face, il y aura un bond dans le temps à la fin de cet épisode. Les enfants auront donc une dizaine d'années ;).

Tomoe-Chi : Gauvain n'est pas toujours aussi crétin qu'il y paraît; il voit plus de choses qu'on ne pourrait le croire :p.

CHAPITRE 53

Allez, on repart en voyage ! Je vous emmène faire un petit tour en Nouvelle Zélande !

Les vingt-quatre heures de vol Londres-Auckland étaient interrompus par une étape à Hong Kong; à peine le temps, pour Gwen et Mithian, d'avoir un bref aperçu d'une des villes les plus futuristes du monde, et d'être aveuglées par ses lumières éclatantes, avant de s'endormir pour quelques heures dans leur chambre d'hôtel avant de reprendre l'avion.

Au réveil, Gwen nota le message que lui avait envoyé Gauvain : "Mission accomplie. Il y a des fleurs au plafond." Elle trouva aussi deux MMS : un double selfie d'Arthur et Merlin souriant jusqu'aux oreilles (ce qui prouvait qu'ils s'étaient réconciliés) annoté : "On pense très fort à toi pour ton premier jour de travail !", et une photo de Galaad, dans les bras de Morgane, sous laquelle figurait le texte : "Bonjour Maman ! Tout va bien à Londres, bonne chance pour le tournage !". Ces nouvelles lui mirent du baume au coeur pour entamer la deuxième étape du trajet aux côtés d'une Mithian impatiente qui avait hâte tout autant qu'elle de découvrir leur destination finale.

Les deux jeunes femmes passèrent le plus gros du voyage le nez dans les scripts, à disséquer ensemble les séquences d'action sur lesquelles elles allaient travailler. L'idée de tourner ensemble les galvanisait d'autant plus que leurs rôles étaient excitants : les deux personnages qu'elles doublaient étaient des reines ennemies. Elles avaient toutes deux perdu un être cher : le frère de la première, que la seconde avait épousé; et s'accusaient l'une l'autre de son meurtre, ce qui les conduisait à s'affronter impitoyablement sur le champ de bataille avant de s'allier contre un danger commun bien plus effrayant encore.

Le scénario faisait la part belle aux chevauchées sauvages et aux combats épiques, que les actrices ne pouvaient pas tourner étant donné la condition physique que réclamaient les cascades. Elles allaient donc passer du temps sous les feux des projecteurs, ce qui signifiait des journées bien remplies en perspective.

A l'aéroport d'Auckland, Gwen ne put s'empêcher de sourire en voyant le panneau "Welcome to Middle Earth passport stamp". La Nouvelle Zélande était devenue une destination très prisée par les fans de fantasy en tout genres depuis que Peter Jackson avait tourné le Seigneur des Anneaux dans ses paysages magnifiques dans les années 2000. Gwen se souvenait d'avoir vu les films de la célèbre trilogie avec son père, quand elle n'était encore qu'une enfant. Gaïus et elle était très complices et ces moments d'évasion devant le grand écran représentaient pour Gwen de tendres souvenirs. Le Seigneur des Anneaux l'avait faite rêver et frissonner; c'était un des déclencheurs qui lui avaient donné envie d'apprendre à monter à cheval et à manier le fleuret. Elle s'était identifiée de tout coeur à Eowyn, qui refusait en arrière quand son oncle et son frère menaient leurs cavaliers au combat, quitte à se travestir en homme pour pouvoir chevaucher en secret à leurs côtés. La scène où la jeune princesse du Rohan affrontait le roi des nazgûls pour sauver Theoden l'avait profondément remuée à cette époque, sans qu'elle comprenne vraiment pourquoi. Aujourd'hui, elle savait qu'à travers cette séquence, elle revivait inconsciemment ses derniers moments à Camlann, quand traversant le champ de bataille inondé par la magie noire des sorciers de Saxe elle s'était précipitée au secours d'Arthur afin de le défendre. Arthur qui l'avait enfermée à l'intérieur de leur chambre pour mieux la "protéger", comme si il croyait réellement qu'elle allait rester là, tranquillement, à attendre que la guerre soit finie pour sortir de sa cachette...

-Camelot me manque, dit-elle à Mithian, figée devant le panneau.

-Ca..., murmura son amie.

Cela faisait longtemps que Gwen n'avait pas eu une bouffée de nostalgie aussi forte. Mais subitement, tout lui manquait : les réveils enchantés provoqués par Merlin, les courses-poursuites autour du château au cours desquelles la magie pouvait se donner en spectacle, ses chevauchées avec Arthur, les dragons qui volaient librement dans le ciel, ses responsabilités de Reine, les petit tracas et les grandes batailles, les gens du peuple dont les sourires chaleureux étaient la plus belle récompense à ses efforts quotidiens.

-T'arrive-t-il de penser à Nemeth parfois ? demanda-t-elle en jetant un regard à Mithian. Si tu avais la possibilité de repartir en arrière, y retournerais-tu ?

-Je ne sais pas, reconnut la princesse, troublée. Une part de moi aime vivre dans cette époque. Les femmes y sont plus libres. Le monde y est plus grand. Nous n'aurions pas eu l'occasion de faire un voyage comme celui-ci dans le temps. Les avions n'existaient pas à Camelot...

-Mais il y avait des dragons, nota Gwen.

-Et la magie pouvait s'épanouir au grand jour, approuva Mithian, avec un petit sourire.

Elle soupira, puis hocha la tête.

-Je crois que si j'avais le choix, je rentrerais à Nemeth. Histoire d'enseigner à mes conseillers ce qu'est vraiment le féminisme. Je ferais de Thomas mon grand sorcier en chef. Je reconnaîtrais même Gauvain en tant que consort. Sans l'épouser, bien sûr. Histoire de défrayer la chronique et de rentrer dans l'histoire.

-Ca te ressemblerait bien, dit Gwen, avec les yeux pétillants. Pour ma part, c'est un monde où j'aimerais, plus que tout, emmener Galaad afin qu'il puisse grandir loin de toute la pollution publicitaire qui vient marquer les esprits des enfants de cette époque. Mais malheureusement, il n'aura que nos souvenirs pour le découvrir...

(oooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo)

D'Auckland, les deux jeunes femmes reprirent un vol interne jusqu'à l'aéroport de Blenheim, situé sur l'Ile du Sud. Après avoir fait tamponner leurs visas et avoir récupéré leurs bagages, elles découvrirent que l'équipe de production leur avait envoyé un minibus à l'aéroport. Le conducteur, un grand homme au teint de bronze, avec des yeux sombres, des traits impressionnants, et des cheveux noirs, soigneusement lissés en arrière, les attendait avec un panneau dans le hall d'arrivée bondé; à en juger par sa carrure (il dépassait d'une tête la plupart des gens qui se trouvaient autour de lui) il aurait pu être l'un des joueurs de l'équipe des All Blacks; et cependant ce fut avec une grande chaleur et beaucoup de gentillesse qu'il les accueillit.

-Soyez les bienvenues en Nouvelle Zélande ! Je m'appelle Amura. Je suis votre assistant et votre chauffeur. C'est à moi qu'il revient de vous escorter jusqu'au site du tournage et de veiller à ce que vous ayez tout ce dont vous aurez besoin tout au long de votre séjour. Je suis enchanté de faire votre connaissance...

-Je suis Gwen Smith, dit la Reine en lui serrant la main.

-Et moi Mithian Nemeth, enchaîna la princesse en l'imitant.

-J'espère que vous avez fait bon voyage, dit Amura, avec un regard soucieux. Le vol depuis Londres est long et fatiguant. Le décalage horaire n'est pas évident à supporter.

-Nous aurons besoin d'une bonne nuit de sommeil pour récupérer, mais nous sommes des coriaces, alors tout devrait bien se passer, répondit Mithian avec un sourire.

Amura les aida à porter leurs bagages jusqu'au véhicule qui les attendait garé devant la sortie pendant qu'ils discutaient cascades. Il était très impressionné par leur métier. Il leur apprit qu'Angel Coulby et Janet Montgomery étaient des personnes charmantes, leur parla de Peter Jackson qui était tellement passionné par les univers qu'il portait à l'écran. Il leur expliqua ensuite que le site du tournage se trouvait dans la région du bassin de MacKenzie, où Peter Jackson avait tourné les scènes du Rohan dans sa trilogie du Seigneur des Anneaux, et leur parla du trajet qui les attendait pour s'y rendre.

Blenheim était une petite ville verdoyante située à la pointe Nord de l'Ile du Sud, connue pour ses parcs nationaux aux paysages d'une beauté à couper le souffle. Sous l'égide d'Amura, ils eurent tôt fait de quitter la civilisation du bord de mer, empruntant la route 63 vers l'intérieur des terres, qui longeait Mount Richmound Forest Park, afin de traverser l'île en direction d'Est en Ouest. La nostalgie n'était plus de rigueur face à la découverte de cette terre nouvelle qui s'offrait aux regards des deux jeunes Londoniennes émerveillées. Ils rejoignirent la route 6, qui longeait la mer le long de la côte Est, et Amura les invita à déjeuner dans la ville de Greymouth, la plus grande des cité de l'Ile du Sud, qui avait jadis abrité des chercheurs d'or.

-Dans la langue de mes ancêtres, nous appelons cet endroit Mahori Pa Mawera, la grande bouche de la rivière, leur apprit Amura, en les conduisant, après le déjeuner, à un point de vue qui surplombait la ville, répartie de part et d'autres du bras de rivière qui se jetait dans la mer d'un bleu indigo.

-Amura... c'est un nom Maori, n'est-ce pas ? demanda Gwen, en faisant subitement le rapprochement.

-En effet, répondit l'intéressé en hochant la tête. Nos prénoms sont toujours très poétiques. Le mien signifie "Celui qui porte le monde".Comme vous le savez peut-être, les Maoris ont été les premiers habitants de la Nouvelle-Zélande. Nos ancêtres sont venus des Iles Fidji et Samoa, après avoir voyagé en pirogue sur des milliers de kilomètres à travers l'Océan Pacifique. Notre culture est très ancienne, mais la plupart des touristes n'en connaissent que le Haka si célèbre de nos matchs de rugby, qui s'exporte si facilement à l'étranger.

-Je serais ravie que vous m'en parliez davantage, dit Gwen.

Amura eut un sourire mystérieux et répondit :

-Cela viendra certainement avec le temps.

Ils reprirent la route 6 après leur pause déjeuner, pour descendre en direction du Parc National Aroaki, où se trouvait le plus haut sommet de l'île, le Mont Cook. Ils ne traversaient que très peu de villages, se dirigeant vers les régions les moins peuplées de l'île, et le panorama devenait de plus en plus spectaculaire au fur et à mesure qu'il rejoignaient la région des Alpes du Sud. Les scènes du film à venir défilaient sans difficulté dans les esprits de Gwen et Mithian alors qu'elles s'immergeaient dans la beauté du panorama qui les entourait. La Nouvelle Zélande qui se déployait sous leurs yeux tenait toutes ses promesses, ravivant en elles le goût de la découverte et de l'aventure. Les montagnes enneigées dont les pics déchiquetés crevaient ciel de printemps, propice à l'arrivée d'un orage, surplombaient les lacets de la route scénique qui les laissait sans voix. La lumière qui se répandait sur les grands espaces herbeux avait des éclats dorés, fantastiques, comme si elle avait été créée pour être capturée sur grand écran, diffusant autour d'elle une incroyable sensation de liberté, comme si elle permettait à ceux qui la rejoignaient d'entrer dans un nouveau monde à ressentir, à toucher, à découvrir, à conquérir.

Gwen avait toujours aimé les grands espaces. Ils lui rappelaient ses voyages d'antan, l'épopée "sans fer, ni magie" qu'elle avait partagée avec Morgane, les pierres de la Source d'Edel Terek où elle avait pour la première fois plongé son regard dans les grands yeux de son fils, l'aventure d'Edimbourg qui avait réveillé dans sa mémoire les souvenirs des temps passés. Elle aimait déjà cette terre sauvage et somptueuse qui éveillait ses sens à l'envie de vivre plus fort.

(oooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo)

Ils ne rejoignirent le site du tournage qu'à la tombée du soir, après qu'Amura les ait entraînées sur ce qui était sans doute la plus belle route de l'île, descendant le long d'Aroaki National Park par la route numéro 6 avant de remonter par la route numéro 8 en direction du lac Pukaki qui était le principal site de tournage, avec ses eaux d'un bleu cristallin, et les montagnes enneigées qui le surplombaient. Les caravanes de l'équipe se trouvaient stationnées en rase campagne à une quarantaine de kilomètres de Lake Tepako village, entre le lac Pukaki et le lac Tepako, la nature, les entourant à perte de vue. On aurait dit qu'une cité nomade avait émergé de nulle part pour s'implanter au milieu du panorama spectaculaire; une cité peuplée de caravanes, entourée par les chevaux qui faisaient figuration pour les grandes scènes de bataille du film, une cité éphémère qui prêtait à penser que les gens du spectacle étaient des gens du voyage, ce qui n'était pas tout à fait faux...puisque leur propos étaient de faire voyager par le rêve, en pensée.

Quand Gwen sortit de la voiture, elle tomba instantanément amoureuse de l'endroit, et songea qu'elle aurait aimé y vivre, bien plus qu'à Londres. Le ciel de Nouvelle Zélande était si vaste et si pur qu'il lui faisait l'effet d'un retour aux sources, la remplissant d'une incroyable énergie. Le lac était d'une beauté remplie de mystère et les hautes montagnes enneigées qui le surplombaient ressemblaient à des déesses endormies veillant sur la nature sauvage.

Après toutes ces heures de route, Gwen aurait du être épuisée, mais il n'en était rien, et elle pouvait voir son enthousiasme se refléter dans les pupilles de Mithian comme en écho.

Amura les conduisit à la caravane qu'elles partageraient pour le temps de leur séjour, qui était pourvue de tout le confort moderne, y compris d'une excellente connexion internet qui leur permettrait de rester en contact avec leurs proches. Elles y déposèrent leurs affaires avant qu'il ne les escorte à la cantine du staff, qui se trouvait en-dessous d'un grand chapiteau. Les tables étaient montées sur tréteaux, entourées de bancs en bois. Il y avait un buffet à disposition.

Alors que Gwen et Mithian se restauraient, de nombreux collègues, alertés par leur arrivée, vinrent se présenter à elles et les saluer, si bien que leur table se retrouva bientôt zone d'encombrement numéro un sous le chapiteau-cantine. Les principaux comédiens ne constituaient qu'une petite partie de l'équipe. La foule des assistants metteurs en scène, des caméramans, des infographistes, des décorateurs, des éclairagistes, des maquettistes, des figurants, des cuisiniers, tous ces gens qui travaillaient à l'arrière-plan pour créer le film à partir de la somme de leurs talents, constituaient le squelette de la communauté. Tous semblaient ravis d'accueillir les deux principales cascadeuses du film. Gwen et Mithian découvrirent rapidement que de nombreux figurants à cheval étaient Maoris, comme Amura, choisis pour représenter les guerriers de l'une des deux armées. Il y avait parmi eux une majorité de jeunes gens enchantés d'avoir été choisis pour participer au film, qui avaient entendu parler de leurs prouesses aux Jeux Olympiques et qui semblaient impatients de tourner avec elles; ils étaient trop nombreux pour qu'elles puissent retenir tous leurs prénoms.

Elles terminaient de manger quand Peter Jackson arriva pour les accueillir en personne, avec ses longs cheveux bruns en désordre, ses lunettes et son regard éclatant de passion. Il ressemblait à un grand enfant enthousiaste réalisant le rêve de toute une vie.

-Soyez les bienvenues toutes les deux, dit-il en leur donnant chaleureusement l'accolade. Nous vous attendions avec impatience. Nous avons un petit changement de programme, avec une scène à tourner ce soir, si vous êtes d'attaque. Il s'agit de la cinquante-deux; la première confrontation entre Iréis et Saya après la mort de Ramkin. Les conditions météo s'y prêtent, nous avons un orage de prévu pour dix-neuf heures. J'espère que vous êtes partantes ?

Gwen et Mithian échangèrent un regard complice : cette scène était une de leurs préférées. Après s'être assuré qu'elles étaient suffisamment reposées et restaurées, le réalisateur les entraîna sous la tente où l'équipe était en train de préparer la scène du soir. Un grand "bonne arrivée" les y accueillit, suivi de nouvelles présentations.

-Je tenais particulièrement à vous présenter Angel Coulby, et Janet Montgomery, dont vous êtes les doublures, reprit Peter Jackson.

Gwen et Mithian clignèrent des yeux face à leurs alters egos souriantes, qui se tenaient derrière le réalisateur. La rencontre était, en effet, saisissante. Et aussi, un peu déstabilisante. Au moment de se serrer la main, les deux jeunes femmes eurent l'impression de saluer leurs jumelles perdues plus que leurs collègues de travail. Angel et Janet paraissaient tout autant troublées par la situation, mais prirent le parti de s'en amuser.

-Extraordinaire, murmura l'assistante du réalisateur, enthousiaste, en les regardant toutes les quatre. La ressemblance est encore plus frappante que je ne le croyais ! Ca va produire un excellent effet à l'écran avec un minimum de retouches.

L'ambiance était légère et électrique à la fois. Ils reçurent les scripts révisés et ils écoutèrent tous les indications majeures concernant la scène, puis actrices et cascadeuses furent embarquées par les costumiers et les maquilleurs pour être préparées au tournage.

-Nous n'avions pas besoin de tout ça à l'époque, marmonna Mithian à Gwen, alors qu'elle se faisait poudrer le nez.

-A l'époque... ? demanda Janet, avec curiosité.

-Des Jeux Olympiques, lui répondit Mithian, avec un sourire, tandis que Gwen se mettait à rire en se souvenant de leur véritable équipement de combat, au temps de Camelot, dont le maquillage ne faisait assurément pas partie.

(oooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo)

Le dresseur en chef s'appelait Kith. C'était un jeune homme aux cheveux bruns et au sourire splendide, doté d'une bonne humeur rayonnante.

-Voici Myria et Jezabel, dit-il, en présentant leurs montures à Gwen et Mithian. Elles sortent toutes les deux de haute école de dressage et sont capables de faire de véritables miracles pour la caméra si elles sont manoeuvrées par des cavalières expérimentées. Angel et Janet montent Kira et Medley, qui leur ressemblent beaucoup, mais qui ont une nature un peu moins énergique.

-Bonjour, Jezabel, dit Gwen, en caressant la magnifique jument Andalouse qui la regardait avec de grands yeux bruns, frangés de longs cils. Je suis certaine que nous allons devenir les meilleures amies du monde toutes les deux...

L'animal tendit la tête vers elle, les naseaux dilatés. Gwen posa la main sur son chanfrein, en se souvenant des écuries de Camelot, et du frisson qu'elle ressentait jadis avant de se mettre en route pour une longue chevauchée... L'armure qu'elle portait aujourd'hui était factice, et incroyablement légère en comparaison de celle qu'elle avait arborée jadis. Son épée n'était pas affûtée, son bouclier était en carton pâte. Mais les ressemblances avec le passé l'électrisaient néanmoins, si bien qu'elle n'avait qu'une envie : monter en selle pour montrer de quoi elle était capable. Ce qu'elle fit, alors que Kith partait aider Janet et Angel. Non loin d'elle, Mithian avait de l'allure, métamorphosée en princesse guerrière sur sa monture noire. Le soir tombait, et le long des marquages réalisés pour les besoins de la scène, les éclairages artificiels prenaient le relais sur la lumière du soleil, tandis que les techniciens terminaient d'installer le matériel qui permettrait à la caméra de les suivre en travelling. Il ne manquait plus que l'orage pour ajouter à l'ambiance, mais à en juger par les éclairs mauves qui zébraient le ciel à l'horizon, celui-ci promettait d'être de la partie.

Les figurants des deux armées, qui devaient être présents pour le début de la scène, étaient également en train de monter en selle.

Le plus impressionnant d'entre eux était un Maori dans la force de l'âge, taillé comme une sculpture. Il portait une armure sombre, il avait une épée à deux mains fixée dans son dos, ses cheveux étaient attachés en une longue queue de cheval qui tombait jusqu'à ses reins, et il émanait de lui une force et une tranquillité qui la frappèrent.

-Qui est-il ? demanda Gwen à Amura, qui se tenait non loin d'elle.

-Trall Torgas, le capitaine de votre armée, répondit celui-ci avec un petit sourire.

-Et dans la vie ? demanda-t-elle.

-Il s'appelle Ariihau, dit Amura. Il est cascadeur, comme vous. Mais il est aussi comédien sur ce tournage. D'après le script, vous devriez avoir un certain nombre de scènes ensemble.

Ariihau, voyant qu'elle le regardait, lui adressa un signe de tête solennel. Gwen lui rendit son salut. Il ne sourit pas, mais elle sentit sur elle son regard sombre, rempli de sagesse et de profondeur. Cet homme avait quelque chose de magnétique, qui accrocherait certainement le spectateur à l'écran. Trall Torgas n'aurait pas pu être mieux incarné.

-Je te rappelle que tu es mariée, lui souffla Mithian, amusée, qui n'avait rien raté l'échange de regards qui venait de se produire.

-Tout de suite, se moqua gentiment Gwen.

-Tu avoueras qu'il est plutôt bel homme, nota la princesse.

-Mithian !

-Quoi, tu sais ce que dit toujours Gauvain : les yeux sont faits pour voir..., s'exclama la Française en riant.

Gwen secoua la tête, amusée.

-Tout le monde en position pour la répétition ! s'exclama Peter Jackson dans son porte-voix.

Gwen talonna Jezabel pour prendre la tête de ses troupes. Ariihau la suivit du regard quand elle le rejoignit, au petit galop. Ils étaient côte à côte pour la première partie de la scène, pendant la chevauchée. "Bonne chance", lui dit-il, d'une voix grave. "A vous aussi", répondit-elle, en rabattant son casque sur son visage.

Dans le ciel chargé, les nuages s'entrechoquèrent, et les premières gouttes de pluie se mirent à tomber.

(oooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo)

La scène nécessitait plusieurs prises, et des remplacements entre les parties jouées par Angel et Janet et les parties actées par Gwen et Mithian.

Ce n'était, de loin pas, comme une vraie bataille, entre les coupures, la nécessité de s'exposer aux caméras, les marquages à respecter...

Mais bon sang ! Gwen s'amusait. Sentir la pluie battre son visage et le vent souffler autour d'elle, voir les éclairs zébrer les montagnes de leur lumière mauve, éclairant le paysage spectaculaire par intermittence, ne faire qu'une avec la puissante Jézabel, et croiser le fer avec son amie comme au bon vieux temps... C'était tellement prenant qu'elle aurait pu travailler toute la nuit.

La première charge à cheval était suivie par une confrontation à l'épée, avec une cascade quand Gwen et Mithian se désarçonnaient l'une l'autre, puis un duel à terre de plusieurs minutes, qui leur permettait d'utiliser le terrain accidenté pour jouer leurs frappes. C'était une séquence particulièrement exaltante à jouer. Et visiblement, leur énergie avait de quoi séduire l'équipe. Dès le premier essai, Peter Jackson décida de laisser tomber la chorégraphie d'origine pour leur donner le champ libre; les combats qui devaient être répétés au ralentis seraient filmés à la vitesse réelle, et les deux cascadeuses se virent accorder le droit à une marge de manoeuvre en matière d'improvisation. Après ça, chaque tentative fut plus impressionnante que la précédente. Combattre Mithian, c'était comme une danse, comme un jeu; elles étaient adversaires, mais elles étaient aussi partenaires; leurs forces étaient étroitement ajustées; alors que les ondes de choc remontaient le long de son bras, Gwen revivait les combats de jadis, quand chaque frappe devait être parfaitement portée, quand chaque coup reçu, ou évité, pouvait signifier la vie ou la mort. Elle sentait ses sens s'aiguiser, son esprit s'apaiser, ses muscles se contracter instinctivement, et elle avait l'impression d'être plus vivante...

Des tonnerres d'applaudissements suivaient chaque clap de fin de prise. Et regarder leurs combats permettait à Angel et Janet de monter en intensité dans leurs dialogues quand elles prenaient leurs places, tenant toute l'équipe en haleine dans leurs échanges. La synergie de l'équipe ne fit que monter alors que la soirée avançait.

-Vous êtes incroyables, dit Peter Jackson après le clap de fin de la cinquième prise. On croirait que vous avez fait ça toute votre vie ! Si vous bossez comme ça sur toutes les scènes, nous allons vraiment pouvoir réduire les effets spéciaux au minimum et donner aux combats une impression de réalisme sans précédent...

(oooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo)

Une fois le matériel assuré pour la nuit, et les chevaux dessellés, toute l'équipe se retrouva en-dessous du chapiteau pour boire un coup.

L'ambiance était effervescente, les deux nouvelles recrues étaient à l'honneur.

-Je suis impressionnée par votre prestation d'aujourd'hui, dit Angel à Gwen, avec un sourire. Vous êtes la preuve vivante que les femmes peuvent être aussi remarquables que les hommes dans le cadre d'une bataille, même si je doute que nos ancêtres pensaient de cette manière.

-Ce n'est pas parce que les combattantes d'autrefois ont été effacées par l'histoire qu'elles n'ont pas existé, dit Gwen à l'actrice qui lui ressemblait tellement.

-Peut-être avez-vous eu une ancêtre comme celle-là, qui sait ? lui répondit Angel.

Gwen leva les yeux, et vit Ariihau qui l'observait, depuis l'autre côté du chapiteau. Amura était à côté de lui. Tous deux étaient en train de parler à voix basse.

-Encore le plaisir des yeux ? demanda Mithian, en se glissant aux côtés de son amie.

-C'est un autre plaisir que j'ai envie de retrouver, maintenant, répondit Gwen, en se détournant d'eux. Ca fait deux jours que je n'ai pas vu mon fils, et il me tarde de le serrer dans mes bras. Tu me rejoins d'ici cinq minutes ?

La princesse hocha la tête.

Gwen quitta le chapiteau-cantine pour se diriger vers la caravane. Elle avait sorti son téléphone portable pour texter à Merlin qu'elle était prête à rentrer. Il allait pouvoir la localiser, et ouvrir le couloir qui les ramènerait toutes les deux au 22 Bayswater Road pour la nuit. Evidemment, ce n'était pas la nuit à Londres; mais elle devrait s'habituer au décalage horaire dans les prochaines semaines... C'était ennuyeux, mais à bien y regarder, c'était aussi un bien faible prix à payer pour pouvoir profiter de sa famille tout en faisant ce travail, qui allait certainement s'avérer le plus passionnant auquel elle ait jamais participé.

Elle entra dans la caravane, et s'occupa de tirer tous les rideaux pour masquer la lumière qui serait générée par le portail. Merlin allait devoir cibler le passage sur la caravane, ce qui nécessitait un calcul de précision. Mais il avait les coordonnées satellites précises des lieux pour l'aider et Gwen avait foi dans ses capacités magiques (d'autant plus qu'Emrys devait être régénérée par sa récente réconciliation avec Arthur).

-Je serais bien restée un peu plus longtemps faire la fête avec les autres, dit Mithian, avec une grimace, en pénétrant à l'intérieur de la caravane.

-Un autre soir, promis, lui répondit Gwen. En attendant, ferme la porte à clé derrière toi.

La princesse s'exécuta. Merlin confirma l'ouverture du portail par texto, d'ici dix secondes. Avec une finesse mathématique, la fenêtre de déplacement se matérialisa à l'intérieur de la caravane, et les deux jeunes femmes s'engouffrèrent ensemble à l'intérieur.

(oooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooo)

Un instant de vertige, un sentiment de déstabilisation fugitif, et Gwen reprit pied dans le salon du 22 Bayswater Road, où Gauvain, Arthur et Merlin les attendaient tous les trois. Elle entendit le chevalier saluer sa Mithian d'une grande exclamation enthousiaste avant que celle-ci ne lui saute au cou sans autre forme de procès. Puis Arthur s'avança vers elle, et elle oublia Mithian et Gauvain, parce que retrouver son mari la faisait toujours autant frissonner, même après toutes ces années. Ses cheveux d'or étaient décoiffés et ses yeux brillaient comme des joyeux. Il lui murmura : "J'espère que tu as fait bon voyage" avant de l'embrasser tendrement, et elle pensa que si le voyage avait été bon, le retour l'était plus encore avec un baiser comme celui-là. Arthur avait un goût de fleurs sauvages, et quand il la serra dans ses bras, elle l'étreignit de toutes ses forces en retour, fermant les yeux pour mieux savourer cet instant où il la tenait étroitement contre lui.

Puis elle se retourna vers Merlin, pour le prendre dans ses bras à son tour, avec affection, et ils se retrouvèrent tous les trois dans les bras les uns des autres.

Quand, faisant un pas en arrière, Gwen prit le temps de les regarder Merlin et Arthur d'un peu plus près, elle eut un petit sourire en affirmant: "Vous avez l'air en pleine forme", juste pour le plaisir de les voir s'empourprer. "Nous n'avons fait que suivre tes consignes, mon général", lui répondit Arthur, d'un ton faussement innocent. Qui la fit rire, bien sûr. Et eu le don de faire monter un rouge encore plus insistant aux joues de Merlin, qui coupa court à la discussion en lui présentant Galaad.

"Mon amour", s'exclama Gwen, en le soulevant à hauteur de son visage pour le couvrir de baisers, respirant son odeur, caressant ses cheveux noirs et soyeux. "Tu m'as tellement manqué !". Le petit prince accueillit sa mère en gazouillant généreusement. Son regard était rempli de joie et de lumiè voulait s'endormir en le tenant contre elle, le plus près possible,pour profiter de lui autant qu'elle le pourrait avant de repartir au loin. Ils n'avaient pas plus de quelques heures pour rattraper le temps perdu...

Mais elle était reconnaissante à la magie, sans qui rien n'aurait été possible, d'avoir déjà ces quelques heures-là.