Pairing Drago Malefoy / Hermione Granger. _ Et oui, enfin... :P _ et y'a toujours quelques couples qui tentent de passer faire coucou d'temps en temps.

Genre Romance/Famille.

Rating T. -non, mais je vous jure, rien ne va plus... D'accord, je l'admets, ça finira par se changer en M.

Disclaimer Le monde & les personnages adultes appartiennent à J.K. Rowling. Je ne prends pas en compte l'épilogue du Tome 7.

Note de l'auteure Bonjour à tous !

J'en parlais depuis longtemps de ce retour avec du Dramione bien romantique, bien niais, avec des gamins à la fois attachants & agaçants -faut que j'arrête d'inventer des enfants intelligents & manipulateurs !- du mâmûr, de la magie & tout & tout... Et bah voilà, c'est fait !

Si vous cherchez une histoire profonde avec du sang & des larmes, passez votre chemin [quoi que... Des larmes, y'en aura. Du sang... Et bien... disons que la vie de Drago ne sera pas toujours de tout repos avec une cinglée de Gryffondor dans le coin xD]. Mais pas d'histoires d'horcruxes & de quêtes comme dans Inexistence & Résistance, pas de meurtres comme dans Schizophénia, pas d'étranges magies venues d'ailleurs [sous entendu, de moi] comme dans BJ... Juste une longue histoire de famille, d'amis, d'amours & d'emmerdes qui devrait -je l'espère- vous offrir quelques sourires, quelques fou-rires, quelques larmichettes, quelques "Non, mais pourquoi sont-ils aussi cons ces personnages ?" & autres réactions du style.

J'ai fini de l'écrire il y a plus de deux mois maintenant & j'aurai mis autant de temps à la poster, parce que... Et bien soyons réalistes, j'ai beau la trouver plutôt sympa, ce n'est pas l'histoire du siècle xD Mais, si elle peut amuser & remonter le moral à certains, ça vaut la peine ! :D Je posterais... à un rythme BewitchTalien, ce qui signifie que je vais vous dire "Je posterais toutes les semaines". Mais que je vais ne pas être à l'heure de temps en temps, ou que ma bêta aura du retard [parce qu'elle bosse & qu'elle écrit aussi & tout & tout :P] ou tout simplement que je vais vous oublier parce que j'ai une mémoire sélective xD Mais je vous jure promis craché que je ferai -que nous ferons- de notre mieux.

Merci à mes deux premières lectrices : Lenou qui m'aura soutenue tout du long & poussée à écrire pour qu'elle ait sa dose d'Ana&Ky par jour- & à Yagaëlle qui -alors que le dernier chapitre & l'épilogue tardaient à être écrits par flemme- m'a motivée à finir cette histoire :D Et un Enorme MERCI en plus à Loufoca qui corrige/corrigera cette fiction en ajoutant pour moi des petits commentaires hilarants sur les activités des personnages [et vous aura accessoirement permis de ne pas avoir le mot "baisé" mais "baissé" dans ce chapitre suite à une tragique faute de frappe de ma part u_u' No coment !] Et merci à tous ceux qui m'ont demandée -ou harcelée selon les cas xD- où j'en étais de mes écrits... :)

Et même si je sais que vous adorez mes blablas -ou pas xD- je vous laisse maintenant... bonne lecture ! :D


Un Air de Famille

Chapitre 1


Un réveil se mit à sonner, violent, cruelle machine destinée à la torture des êtres humains assoupis. Pourtant, cette fois, il n'éveilla personne, n'accomplissant ainsi pas son devoir de réveil, puisque la petite Londonienne à qui il appartenait était déjà debout, à l'observer pendant que les secondes défilaient –pas assez vite à son goût. Elle sauta de son lit dès la première sonnerie, l'assomma férocement –alors qu'il n'était coupable d'aucun crime en fin de compte- et tourbillonna dans la chambre avec l'agitation d'une tornade.

Anaïa Weasley avait dix ans et onze mois –elle répétait sa date de naissance à qui voulait l'entendre parce qu'elle trouvait cela « absolument épatant » d'être née le 1er Septembre. Selon elle, cela la destinait à accomplir de grandes choses à Poudlard… Du moins, quand elle y entrerait enfin, un mois plus tard.

Sans aucune douceur, elle se glissa hors de son pyjama marron –en accord parfait avec ses iris– et arracha des vêtements de leur penderie. Elle avait déjà bien réfléchi la veille, à ce qu'elle devrait porter pour cette formidable journée, à la manière dont elle devrait relever la cascade de cheveux blonds qui tombaient sur ses épaules. Elle y avait réfléchi, mais hésita tout de même avant de s'emparer de ses plus beaux atours.

Ana –puisque c'était ainsi que tous l'appelait– n'était pas une enfant coquette en général. Elle grimpait aux arbres, avait des éraflures plein les doigts, et détestait se brosser les dents. Pourtant, ce jour là, elle était bien décidée à faire un effort pour être présentable.

A ses yeux, c'était aujourd'hui que se jouait tout son avenir dans le monde des sorciers. Elle avait déjà visité le Chemin de Traverse avec sa mère, évidemment, et y retrouvait constamment ses cousins et cousines lorsqu'ils voulaient dévorer une glace de chez Florian Fortarôme mais pour la première fois, elle y allait en tant qu'acheteuse. Une avec une longue liste d'emplettes à faire, liste qu'elle avait lue environ un millier de fois.

Un sourire démesuré se glissa sur ses lèvres lorsqu'elle s'observa dans le miroir.

« Très joli. » commenta son reflet, beaucoup sûr qu'elle.

Et pour une fois, la fillette le crut. Elle avait choisi sa plus jolie robe de sorcière, la verte, celle qui lui faisait comme un sorte de poncho et s'arrêtait aux genoux, et son jean –cadeau de ses grands-parents maternels– lui donnait l'air tellement cool qu'elle avait du mal à y croire. Elle glissa ses orteils dans ses bottes –celles qui la grandissaient d'un centimètre, très important ce centimètre– puis noua un ruban autour de ses cheveux. Un sublime ruban émeraude qui lui rappelait toujours les yeux son oncle Harry et la maison à laquelle –en secret– elle souhaitait appartenir.

Elle tourna sur elle-même une fois, puis une deuxième, avant de sourire à son reflet qui le lui rendit bien. Fin prête à affronter cette importante journée, elle s'empara de son sac en bandoulière et le glissa sur son épaule sans vérifier ce qu'il contenait. Elle l'avait vidé et rempli tant de fois qu'il était impossible qu'elle ait oublié quoi que ce soit.

Sauf peut-être la liste qui était restée sous son oreiller après qu'elle l'ait survolée une dernière fois la veille…

Sa mère était déjà installée devant les fourneaux, sa spatule en main, tournant et retournant des pancakes à la myrtille avec une intense concentration, comme si cela pouvait rendre son repas meilleur. Anaïa se laissa tomber sur une chaise sans se départir de son sourire et adressa un salut peu conventionnel à la cuisinière :

« Bonjour, Hermione. »

Sa mère se figea et un pancake se retrouva par terre, bientôt agressé par le museau fouineur de Pattenrond. Hermione se tourna lentement pour faire face à sa fille et haussa un sourcil, prudente quant à la réaction à adopter. Ana avait ses lubies, comme tous les enfants de son âge, mais il n'était pas question qu'elle laisse passer celle-ci.

« Hermione ? répéta-t-elle avec une nuance de désapprobation dans la voix.

- Je suis grande, maintenant. Je crois que ce serait bien qu'on se comporte comme des adultes toi et moi, d'égale à égale. Je vais bientôt avoir onze ans, tu sais ?! »

Hermione fut prise d'une furieuse envie de rire, mais savait que cela ne ferait qu'envenimer la situation. Aux yeux d'Ana, fêter son onzième anniversaire tenait presque du miracle, comme si cette date la transformait irrémédiablement en adulte –alors que les jeunes sorciers attendaient au moins leur dix-septième anniversaire pour oser le croire.

Avec un petit sourire, Hermione lâcha donc sa spatule et s'avança vers sa fille qui la dévisageait avec ce petit sourire narquois qui lui venait de Merlin-sait-où.

« Très bien, mon ange, mais tant que tu vivras sous mon toit, que je laverais ton linge et te préparerais tes repas… Tu m'appelleras « maman ». Tu as onze ans, tu vas bientôt vivre sans moi pendant les deux tiers de l'année, mais je ne te laisserais pas grandir aussi facilement, petite demoiselle. »

Anaïa fit la moue. Alors elle en avait encore pour un bon nombre d'années à être traitée comme une enfant ! Elle poussa un soupir à fendre l'âme avant d'hausser les épaules, vaincue. D'ordinaire, elle se serait battue un peu plus, au moins jusqu'à ce que sa mère perde patience, mais aujourd'hui, elle se devait d'être la plus agréable des petites filles au monde. Fine manipulatrice, elle voulait obtenir quelque chose sur le Chemin de Traverse, et seule une bonne dose de gentillesse lui permettrait d'arriver à ses fins.

Cependant, elle devait s'assurer que tout se passerait selon son plan. Seule sa mère pourrait céder à son caprice. Personne d'autre.

« Papa vient avec nous, aujourd'hui ? s'enquit-elle d'une petite voix alors qu'Hermione lui servait un verre de jus d'orange-citrouille.

- Non, Ana… Il est très occupé avec Gabrielle et le bébé. Il ne va pas pouvoir se libérer. »

Elle évita soigneusement le regard de sa fille pour ne pas que celle-ci devine que les raisons de l'absence de son père étaient toutes autres mais Ana n'eut pas besoin de la voir pour comprendre. Elle avait appris à s'en moquer.

Plus petite, elle tâchait toujours d'être la parfaite fille de son père, mais avec le temps –et l'expérience lui apprenant qu'il était impossible de forcer quelqu'un à l'aimer– elle avait cessé d'espérer. Elle n'était plus cette fillette de six ans qui dessinait au feutre des tâches de rousseurs sur son visage. Elle n'était plus l'enfant qui pleurait lorsque son père oubliait mystérieusement la date de son anniversaire.

Elle n'était que la Anaïa de dix ans et onze mois qui s'était fait à l'idée que jamais son père ne l'aimerait aussi fort qu'il aimait son nouvel enfant. La Anaïa qui avait compris qu'il avait peut-être raison finalement… Elle n'était pas sa fille. Elle ne le serait jamais.


A l'autre bout de l'Angleterre, dans un village du nom de Bethesda, un enfant né lui aussi un 1er Septembre, s'éveilla. Lui avait dormi cette nuit-là, d'un sommeil sans rêves ni cauchemars, bien au chaud sous ses épaisses couvertures, que son père était venu réinstaller autour de son corps au milieu de la nuit. Il s'étira maladroitement, frotta ses yeux de ses doigts engourdis à force d'être restés coincés sous son oreiller, et bailla à s'en décrocher la mâchoire. Il détestait le matin et plus encore le froid qui l'attendait dès la sortie du lit.

Les yeux encore à moitié clos, il observa le plafond de sa chambre, sur lequel des dragons et des chevaliers en armures combattaient des animaux hybrides, presque démoniaques. Plus petit, il s'inventait toutes leurs aventures, imaginant des scénarii de plus en plus complexes… Mais il avait désormais presque onze ans, et il se demandait s'il n'était pas un peu trop vieux pour ce genre de jeux.

Il s'arracha à la contemplation des dessins pour regarder l'heure et sursauta presque. Avec un grognement, il repoussa les couvertures d'un geste ample de la main et sauta par terre. Le parquet était glacé, comme imprégné par l'atmosphère des landes qui entouraient le manoir à cinq kilomètres à la ronde. Et dire que le mois d'août était à peine entamé… Quelques jurons franchirent ses lèvres d'enfant, mais il n'eut pas le temps de maudire le mauvais temps qu'une petite créature apparut à ses côtés. L'elfe de maison se prosterna avant d'annoncer, d'une petite voix singulière qui rappelait au garçonnet une radio qui ne capterait pas bien les ondes :

« Le petit-déjeuner est servi, Monsieur Malefoy.

- Merci, Dondre. Vous voulez bien prévenir mon père que je serai là dans quelques minutes avant de retourner à vos occupations ? »

L'héritier des Malefoy avait pris l'habitude de s'adresser à ce domestique comme s'il était humain, comme s'il était son égal. Cette manie agaçait prodigieusement ses grands-parents, mais son père avait fini par adopter ce comportement –même s'il refusait toujours de payer ses elfes de maison, malgré l'insistance de son fils. Il s'était ainsi rendu compte que la créature le servait bien plus patiemment, que ses repas avaient un meilleur goût et qu'il ne craignait plus de le voir rejoindre le Parti des Elfes Libres.

L'elfe acquiesça, son nez touchant presque le sol, et disparut comme il était apparu. L'enfant se déshabilla alors à la vitesse de l'éclair, soucieux de ne pas faire attendre son père trop longtemps. Il enfila sa chemise la plus blanche, son pantalon le mieux repassé, parvint à faire un nœud de cravate correct et même à trouver deux chaussettes identiques. Tout ça en un temps record.

Puis il capta son regard dans le miroir sur pied de sa chambre et s'assombrit ostensiblement. L'image que lui renvoyait son reflet lui déplaisait tous les jours un peu plus, sans qu'il parvienne à comprendre pourquoi. Peut-être était-ce ses boucles d'un roux assombri par des mèches brunes éparpillées. Ou ses yeux bleus qui n'étaient pas les mêmes que ceux de son père, plus argentés. Ou encore ce sourire un peu nigaud qui ne réussissait jamais à former le fameux rictus railleur tant apprécié des Malefoy. C'était un mélange de tout ça à la fois, qui provoquait toujours une angoisse latente qui s'éveillait à chaque fois qu'il se voyait. Il ne ressemblait pas à ce qu'il aurait dû être et cette constatation ne cessait de le rendre triste.

Il aperçu les larmes qui brillaient aux coins de ses paupières avant même de les sentir et les essuya d'un geste rageur, refusant d'accepter cette faiblesse qui n'avait rien de Malefoyenne.

Un petit bruit à sa porte le tira de sa propre contemplation et il réalisa qu'il avait passé trop de temps à se préparer. Quelqu'un frappait. Seul son père agissait ainsi et il réussit à lui dire d'entrer en dissimulant les sanglots de sa voix.

Il attrapa ses chaussures alors que la silhouette de son père lui apparaissait, carrure svelte drapée d'une cape noire qui tranchait avec le reste de sa personne. Drago Malefoy. Il aurait pu être impressionnant avec son regard qui dégageait une antipathie dérangeante et sa tenue monochrome… Si tout cela n'était pas gâché par le petit sourire qui flottait sur ses lèvres, réchauffant son être tout entier.

Ses yeux englobèrent la pièce, comme pour en aspirer chaque détail, et s'arrêtèrent sur son fils qui –assis au coin de son lit– nouait ses lacets, tête baissée. Il s'avança dès qu'il perçut la tension qui se dégageait de ce petit corps. Il s'agenouilla face à lui, posa ses doigts sous son menton et l'obligea à relever les yeux. Son sourire s'évanouit.

« Qu'y a-t-il, Ky ?

- Rien. J'ai juste froid, mentit le dit Ky en s'essuyant les yeux.

- Et le froid te fait pleurer ? répliqua sournoisement Drago, un rictus déformant légèrement sa bouche.

- Mes yeux me brûlent, mais je ne pleure pas. »

Son regard découragea Drago à démontrer le contraire et il se remit à sourire –de ce sourire si précieux qu'il n'offrait qu'à son unique fils. Il ébouriffa ses cheveux, tendrement, avant de se redresser, dépliant ses muscles avec une grâce que lui enviait continuellement Ky. Il n'aurait jamais été capable de faire ça. Il était si maladroit.

« Nous devons être sur le Chemin de Traverse dans une heure maximum. Tu as envie d'avaler quelque chose avant de partir ?

- Je croyais qu'on devait retrouver grand-père et grand-mère à midi ? s'étonna Ky en récupérant sa lettre de Poudlard qui trainait sur sa table de nuit, avant de la fourrer dans sa poche.

- C'est le cas. C'est pour ça qu'on doit y aller plus tôt, afin d'en faire le maximum sans eux pour ne pas avoir à les supporter tout l'après-midi ! »

Ky esquissa un sourire, amusé par les mille contentieux qui divisaient sa famille. Il accepta néanmoins la proposition de son père, trop heureux de pouvoir éviter au maximum le grand Lucius Malefoy qui lui donnait toujours la chair de poule. Narcissa, elle, était légèrement plus agréable et ne cessait de lui offrir des gallions pour qu'il s'achète des bonbons. Il dépensait toujours tout à la librairie du coin, lorsqu'il réussissait à échapper à la surveillance paternelle –un Malefoy aimant les livres moldus, même son père n'aurait pas accepté ça.

Il avait commencé à enfreindre la règle anti-moldus des Malefoy après son septième anniversaire et s'était lié d'amitié avec un gobelin qui vivait à trois kilomètres de là. Ce dernier lui échangeait ses gallions contre la monnaie anglaise –tout en en profitant pour se faire une petite marge. Son système était particulièrement bien rodé, mais il ne s'en était guère servi durant les mois passés.

Cette année-là, il avait économisé toutes les pièces qu'il pouvait afin de les dépenser sur le Chemin de Traverse, à Fleury & Bott. Il lui suffirait de bien choisir les sujets des œuvres qu'il s'offrirait pour ne pas trop attirer l'attention sur sa passion cachée.

Il pleurait souvent, détestait attirer l'attention sur lui, ne possédait pas le charisme des autres membres de sa famille… Il s'attendait toujours à ce qu'un jour quelqu'un vienne lui annoncer qu'il avait atterri au mauvais endroit et qu'il n'était pas qui il croyait être.

Mieux valait donc ne pas trop se faire remarquer.

Il tenait trop à sa vie telle qu'elle était.


Le Chemin de Traverse n'était guère rempli en ce début de mois d'août, les autres familles attendant sans doute que la chaleur se fasse moins étouffante avant d'attaquer les emplettes de rentrée. Mais Hermione Granger –elle avait récupéré son nom de famille avec une certaine sérénité– travaillait bien trop pour se permettre de prendre un congé en plein mois d'août. Elle préférait profiter de son samedi matin de libre sans prendre le risque d'être ensuite dépassée par le temps qui filait à toute vitesse.

Elle quitta l'âtre fumant de la cheminée par laquelle elle avait voyagé et plissa un instant les yeux pour ne pas être rendue aveugle à cause du soleil. Elle épousseta sa robe de sorcière rougeâtre alors qu'Anaïa apparaissait brusquement à son tour, dans un nuage de fumée verte. La fillette fit une grimace, appréciant peu ce moyen de transport, puis s'épousseta à son tour avec la sensation déplaisante d'être couverte de poudre de Cheminette.

« On commence par quoi ? s'enquit-elle avec un immense sourire impatient, une fois débarrassée de la suie qui marquait son nez.

- Il faut que je passe à Gringotts pour récupérer quelques gallions, mais ensuite tu pourras prendre les commandes. »

Elle adressa un petit clin d'œil à sa fille, comme pour dire « Je te fais confiance, tu es grande ! » et lui tendit la main. Ana hésita une nanoseconde, jeta un coup d'œil à la grande rue où quelques rares badauds commençaient leurs courses, puis accepta de prendre la main de sa mère.

Le contact rassurant de sa paume brûlante fit naitre un sentiment de sécurité apaisant dans la poitrine de l'enfant. Elles commencèrent à avancer sur le Chemin de Traverse et Hermione resta silencieuse pendant qu'Ana dévorait les lieux du regard. Tout semblait différent aujourd'hui. Les couleurs plus vives, les parfums plus puissants…

En passant devant la boutique d'accessoires de Quidditch, elle décrocha à sa mère un grand sourire et battit des cils. Vainement. Hermione se contenta de secouer la tête en marmonnant que les Premières Années n'avaient pas le droit de posséder leur propre balai.

« Harry en a eu un, lui !

- Mesures exceptionnelles…

- Pour quelqu'un d'exceptionnel, conclut Ana en roulant des yeux dans ses orbites. C'est trop injuste ! »

Hermione faillit éclater de rire, mais se contint, serrant juste les doigts de sa fille plus fort alors que celle-ci se mettait à bouder. Au bout de quelques pas, Ana se laissa à nouveau absorber par les environs, brûlant de pouvoir enfin obtenir chaudrons et potions, comme ses cousins et cousines. Elle regretta d'ailleurs qu'ils ne soient pas avec elle. Pas Freddie ou Charlotte, bien entendu, mais au moins l'un des Potter. Cameron… Elle aurait voulu que Cameron soit là.

Cameron Potter avait son âge, à quelques mois près, et elle se sentait tellement proche de lui que cela l'étouffait. Contrairement à Freddie ou aux faux jumeaux de Bill et Fleur Weasley, il ne passait pas son temps à lui rappeler qu'elle était le vilain petit canard de la famille, qu'elle ne leur ressemblait ni physiquement, ni mentalement, et qu'elle n'avait rien à faire parmi eux. Non, Cam lui tenait la main quand ça n'allait pas, fusillait son père du regard quand il y avait des disputes et lui construisait une tente dans sa chambre lorsqu'elle voulait être seule.

Oui, elle aurait bien voulu que Cameron l'accompagne. Hélas, il était quelque part en Egypte, avec ses parents, et son frère et sa sœur plus âgés et il ne rentrerait qu'à la fin du mois. Parfois, elle en voulait réellement à Harry de lui arracher son meilleur ami –son seul ami- pour les vacances. Elle ne partait jamais nulle part, sauf quand ses grands-parents l'emmenaient avec eux. Son père ne s'intéressait pas assez à elle pour passer plus d'une journée en sa compagnie et sa mère travaillait mille fois trop pour réussir à se libérer plus d'un week-end.

Ana réalisa brutalement que ses longues pérégrinations mentales lui avaient fait relâcher sa vigilance et qu'elle n'avait même pas observé toutes les boutiques où elle comptait ruiner ses parents.

Elle poussa un soupir dépité en suivant sa mère sur les marches de Gringotts, priant pour que ça ne dure pas trop longtemps. En effet, Hermione devrait probablement retourner au Ministère de la Magie –au département de la Justice Magique où elle travaillait– dès le début de l'après-midi. Il fallait absolument qu'elle ait toutes ses affaires d'ici là, sans quoi elle serait la risée de tout Poudlard. Anaïa avait quelques tendances à l'exagération…

Mère et fille entrèrent dans la Banque Sorcière et Ana se colla un peu plus à Hermione, redoutant les gobelins qui travaillaient là. Elle détestait les gobelins, avec leur teint sombre et leurs immenses oreilles, et craignait que l'un d'eux ne lui adresse la parole. Hermione finit par s'arrêter devant un comptoir et l'une des créatures leva les yeux vers elle.

Pendant qu'elle discutait pour accéder à son coffre, Ana surveilla les alentours avec la sensation d'être au centre du monde. Elle entortillait nerveusement ses cheveux autour de son majeur lorsqu'elle aperçut une carrure sombre dans un coin de l'immense hall. Un homme. Il semblait en pleine dispute avec un des gobelins, et même si leurs voix restaient faibles, Ana sentit qu'ils étaient tous les deux très en colère.

Alors seulement, elle remarqua un enfant d'à peu près son âge qui –dissimulé derrière la silhouette de l'Homme-en-Noir- paraissait particulièrement gêné. Elle essaya de capter son regard pour lui envoyer un sourire complice –du genre « Oh les parents… » – mais il garda les yeux résolument baissés sur le sol.

« Ana, on y va, l'interpela sa mère en suivant le petit gobelin trapu qui l'avait conseillée.

- J'arrive, maman. »

Elle jeta un dernier coup d'œil en arrière, là où l'enfant –qui serait probablement avec elle à Poudlard– suivait les craquelures du marbre au sol du bout de sa chaussure, plongé dans un malaise grandissant. Elle ne put s'empêcher de faire la moue. Si elle avait été à sa place, elle aurait pris la main de son père pour lui dire de se calmer, qu'il se donnait en spectacle et qu'il était ridicule.

Oui, si Ana avait été la place de ce petit garçon, c'est ce qu'elle aurait fait.


Ky avançait, ses poings crispés résolument enfoncés dans les poches de sa robe noire, identique à celle de son père. Il aurait bien voulu lui dire ce qu'il pensait de la scène qu'il venait de lui faire subir, en plein Gringotts, devant tout un tas de gens, mais ravala sa colère.

Drago était comme ça, impulsif et colérique, refusant tout bonnement le « non » comme réponse. Alors quand cet « imbécile de gobelin » avait refusé de lui donner accès au coffre familial parce qu'il en avait oublié la clé, la situation avait failli lui échapper. Ky aimait son père, plus que tout au monde, mais parfois il aurait voulu que ce dernier soit capable d'un peu plus de patience. Il avait fallu que l'un de leurs Elfes de Maison transplane, retrouve ladite clé, et la leur ramène. Ils avaient perdu un bon quart d'heure. Et Drago Malefoy détestait perdre du temps.

En remarquant enfin la moue maussade de son fils, il regretta de s'être emporté. Mais il ne supportait pas que les créatures inférieures osent le reprendre. Il les payait pour garder son argent, ils auraient au moins pu être polis. Drago expira profondément, évacuant la rage qui lui nouait l'estomac, puis passa tendrement sa main dans la tignasse de son fils.

« Par quoi commence-t-on ? »

Ky leva les yeux vers lui et sortit la liste de sa poche en souriant. Il préférait oublier la crise de son père avant de lui en vouloir de s'en être pris à un Gobelin. Il ne supportait pas que les sorciers se sentent supérieurs aux autres créatures qui peuplaient leur monde.

Maladroitement, il déplia sa liste d'effets scolaires et une pointe d'excitation se déploya dans sa poitrine. Poudlard. Il en avait rêvé durant toute sa vie –certes courte pour le moment, mais tout de même…– et maintenant, il pouvait presque s'imaginer là-bas. Il songea à son voyage en train, espéra qu'il s'y ferait des amis, puis lorsqu'il vint à penser à la cérémonie de répartition, il se figea.

Drago se stoppa face à la vitrine de Madame Guipure et se tourna vers son fils qui s'était arrêté au beau milieu de la rue, plus blême que jamais. Sans hésiter, Drago rejeta sa cape en arrière avant de poser un genou au sol pour que son regard soit à la hauteur de celui de Ky.

« Puis-je savoir ce qui te trotte dans la tête depuis ce matin, ou serai-je obligé d'employer des méthodes plus drastiques telle que la légilimencie pour le savoir ?

- Tu n'oserais pas, répliqua Ky en fronçant les sourcils, un peu de doute éclairant néanmoins ses pupilles claires.

- Non, probablement pas, admit Drago en un sourire. Je voulais juste te faire peur. Mais dis-moi ce qu'il se passe avant que je m'imagine le pire. »

Ky hésita et comme toujours, se balança d'un pied sur l'autre, son regard rivé à l'allée pavée. Il craignait tant la réaction de son père. Drago n'avait jamais été violent ou foncièrement méchant, mais Ky détestait voir une nuance de répréhension ou de déception envahir ses yeux gris lorsqu'il ne correspondait pas à ses attentes. Il ne doutait pas que son entrée à Poudlard pourrait être le point culminant à ces nombreuses désillusions qu'il avait infligées à son père durant toutes ces années.

« Et si je n'allais pas Serpentard ? finit-il par demander du bout des lèvres.

- Je te déshérite et t'emploie comme Elfe de Maison. »

La réponse fusa. Ky écarquilla les yeux en dévisageant son père. Drago avait posé sur son visage un masque de sérieux presque grotesque et Ky sentit un sanglot enfler dans sa poitrine. Puis, aussi brusquement qu'il était apparu, le masque s'effilocha, jusqu'à disparaitre sous un éclat de rire.

« Que veux-tu que je te dise, Ky ? s'esclaffa Drago en secouant la tête. Tous les Malefoy vont à Serpentard et ce depuis la nuit des temps. Tu iras donc à Serpentard, ne serait-ce que parce que le vieux choixpeau sénile se fiera au nom qu'il entendra. Malefoy : Serpentard. C'est aussi simple que ça.

- Mais… Mais s'il voyait en moi des choses qui… Qui ne conviennent pas à la maison Serpentard ? Si j'étais une sorte d'exception qui confirme la règle ? Est-ce que tu serais… en colère ? »

Drago plissa le front, formant des rides jurant sur sa peau d'albâtre. Apparemment, il n'avait jamais envisagé cette possibilité et eut du mal à imaginer sérieusement que cette idée soit possible. Les Malefoy étaient à Serpentard ce que les Weasley étaient à Gryffondor. Il n'y avait pas d'exception possible.

Sauf si…

Drago dévisagea son fils, presque péniblement, conscient de tous ces petits détails qui ne coïncidaient pas avec ce qu'aurait dû être un héritier Malefoy. Ky n'était ni cruel, ni narquois, ni narcissique –bref, tout ce qui faisait le charme de Drago était totalement inexistant chez son fils. Alors il réfléchit, examinant pour la première fois l'éventualité que son fils puisse en effet atterrir dans une autre maison. Un fin sourire ourla sa bouche lorsqu'il finit par dire :

« Tu n'auras peut-être pas ta place chez les Serpentard, mais tu seras toujours un Malefoy. Ton appartenance à notre famille est définitive, irrévocable. Tu es un Malefoy. Que tu sois à Serpentard ou à… Gryffondor.

- Vraiment ? s'étonna Ky avec la sensation que pour la première fois depuis son réveil, ses craintes pouvaient s'envoler et disparaître.

- Vraiment. Mais si tu pouvais éviter Gryffondor quand même… Je déteste le rouge. Et puis ces gamins sont des brutes et des idiots. Serdaigle. Serdaigle, tu peux. Et puis, avec un peu de chance, ton grand-père ne verra pas la différence entre le vert et le bleu de ta cravate. »

Drago haussa les épaules pour conclure sa tirade et Ky n'y tint plus. Avec soulagement, il passa ses bras autour du cou de son père en une étreinte qu'il n'osait jamais lui offrir en public habituellement. Drago esquissa un sourire, fier d'être parvenu à effacer le chagrin qui défigurait son fils, et le serra contre son torse puissant avec l'impression d'être capable de le briser.

Lorsque Ky se détacha de lui, Drago posa un baiser sur son front avec une étonnante douceur –pour ceux qui ne le connaissaient pas en tant que père. Puis, taquin, il arracha la liste de la main de Ky et se mit debout, la tendant au-dessus de sa tête.

« La baguette en premier, d'accord ? La baguette, c'est… Essentiel ! »

Ky acquiesça vigoureusement, impatient de pouvoir obtenir cet objet qui le transformerait définitivement en sorcier, un vrai sorcier avec de vrais pouvoirs magiques… Des pouvoirs dont il pourrait enfin se servir d'ici un mois.


Ana paniquait. Vraiment. Sa main tâtonnait l'intérieur de son sac, à la recherche du petit bout de parchemin auquel elle accordait tant d'importance. Elle résistait difficilement à l'envie de jeter tout son contenu par terre pour avoir une meilleure visibilité, ce pendant que sa mère s'impatientait. Ana fouilla chaque poche, chaque recoin constellé de grains de sables –souvenir de son voyage avec ses grands-parents en Bretagne l'été passé– mais rien…

Des larmes lui montèrent aux yeux mais elle les ravala courageusement, refusant de céder à l'affolement qui menaçait de la submerger. Ses doigts s'entortillèrent et ses ongles s'enfoncèrent dans la chair de sa paume, mais la douleur distilla son attention. Elle chercha le regard de sa mère qui lui adressa un sourire désolé.

« Tu l'as oubliée ?

- Oui, sur mon lit. On peut… Je la connais presque par cœur, tu sais.

- Ana, tu sais très bien qu'on ne peut pas acheter n'importe quoi. La liste des effets à apporter est très précise.

- Mais…

- On va faire notre possible. Ta baguette par exemple. Et on pourra revenir plus tard.

- Tu travailleras plus tard, riposta Ana en baissant les yeux vers le sol, furieuse.

- Ton père t'accompagnera alors. Ne t'inquiètes pas. Il prendra un après-midi pour venir ici avec toi… Ce sera sympa, non ? »

Ana grommela quelques mots inintelligibles. Non, ce ne serait pas sympa. Ce serait tout sauf sympa. Ses rares sorties avec son père se finissaient toujours dans un silence gêné où ils évitaient de se regarder dans les yeux, conscients qu'il s'était passé trop de choses pour qu'ils puissent encore agir normalement. Elle imagina un après-midi entier en sa compagnie, dans cette même rue, et sentit l'angoisse lui tordre les entrailles. Non, elle ne pouvait pas préparer sa vie à Poudlard avec lui, ce serait ingérable !

« On pourrait peut-être rentrer à la maison et revenir ensuite… » proposa-t-elle d'une petite voix.

Hermione jeta un coup d'œil à sa montre, puis poussa un soupir dépité. Elle n'avait que quelques heures de libre devant elle avant de devoir retourner au Ministère pour un procès extrêmement important. Elle savait pertinemment que son travail empiétait sur sa vie de famille, mais elle ne parvenait pas toujours à bien répartir son temps entre les deux rôles de sa vie. Cependant, les gens comptaient sur elle, et elle ne pouvait annuler un rendez-vous aussi important pour acheter les affaires de sa fille. Elle avait déjà pris trop de journées de congés cette année là en voulant profiter des derniers instants d'enfance d'Ana avant Poudlard. Le regard de sa fille la dissuada pourtant de refuser. Elle était Hermione Granger, par Merlin. Elle pouvait bien provoquer un petit miracle.

« Je peux tenter le coup, soupira-t-elle presque malgré elle, consciente qu'autrement, Ana serait extrêmement déçue.

- C'est vrai ? s'enthousiasma la fillette en reprenant la main de sa mère dans la sienne, balançant son sac sur son épaule avec nonchalance.

- Je vais te déposer chez Ollivander's et j'irai récupérer ta liste pendant que tu choisiras ta baguette, d'accord ? »

Ana acquiesça avec fougue avant de tirer sa mère par le bras, pressée d'atteindre la boutique de ses rêves. La baguette magique… Rien que l'idée d'en avoir une la faisait frémir de plaisir. Elle espérait qu'elle serait jolie, avec des motifs dans le bois comme sur celle de sa mère. Une baguette un peu féminine pour quand elle serait plus grande, mais puissante, avec un cœur poétique –pas un nerf de Dragon, parce qu'elle trouvait l'idée immonde !

Lorsqu'elles atteignirent la devanture d'Ollivander's, Hermione embrassa son front et lui fit promettre de l'attendre là –même si elle prenait un peu de temps. Ana hocha vigoureusement la tête, pressée d'entrer dans la boutique, et Hermione s'en alla avec un petit sourire, définitivement amusée par le comportement de sa fille.

Ana inspira profondément, laissant l'air boisé envahir ses poumons, puis poussa la porte. Une petite clochette teinta à son oreille et elle se sentit toute légère. Elle jeta un coup d'œil à l'intérieur avant d'oser avancer et remarqua qu'elle n'était pas la seule à vouloir obtenir une baguette magique à ce moment précis. En effet, un homme était déjà là, avec son fils, et un vieillard se tenait derrière le comptoir. Elle soupçonna qu'il s'agisse du célèbre Ollivander's quand il lui fit un petit signe pour qu'elle s'installe dans un coin en attendant son tour.

Elle obéit et s'appuya contre un mur en observant les lieux. Des milliers de baguettes reposaient derrière le comptoir en un équilibre précaire. Avec un sourire sadique, Ana imagina que la sienne puisse être tout dessous, écrasée par des centaines d'autres et que le vieil homme soit obligé de se lancer dans une recherche presque archéologique pour la récupérer.

Son attention se porta ensuite sur les clients et elle finit par reconnaître les gens qu'elle avait vus à Gringotts. Apparemment, l'homme s'était calmé et son fils paraissait beaucoup plus à l'aise. Ana l'épia activement, parce qu'elle devinait qu'il serait dans la même année qu'elle à Poudlard et qu'il s'agissait –en dehors de Cameron– du seul autre condisciple qu'elle croisait. Il avait des cheveux d'un roux étrange, presque auburn, et les yeux les plus bleus qu'elle ait jamais vu sur un autre visage que celui de son père. Son nez mutin se fronçait à chaque fois qu'il s'emparait d'une baguette, signe apparent d'une intense réflexion, et il ne cessait de passer sa main dans ses boucles, les repoussant en arrière comme pour dégager son visage.

Ana lui trouva un air de Weasley –et elle en savait pas mal sur le sujet !– mais se rasséréna : elle connaissait tous ses cousins et ce garçon n'en faisait pas partie.

Elle contempla ensuite le père du garçon qui l'intriguait sérieusement. Il se dégageait de cet homme là une sorte d'onde de mystère associée à un charisme indéniable. Elle le jaugea de haut en bas, puis de bas en haut, avant de décider qu'il était vraiment beau.

En sentant son regard sur sa nuque, il se retourna pour lui adresser un petit sourire, et ses joues s'enflammèrent. Elle détourna les yeux et se concentra sur ses bottes, bouleversée par les iris d'un gris acier qui s'étaient posés sur elle.

Elle avait décidé de se faire toute petite quand une explosion se fit entendre. Elle leva les yeux pour voir ce qu'il s'était passé et comprit que son futur camarade de classe avait essayé une baguette… qui ne lui convenait pas. Elle croisa les doigts pour ne pas provoquer la moindre étincelle, craignant que le vieux bougre lui en veuille, mais apparemment, il avait l'habitude de ce genre de situation. Il marmonna un « Non, pas celle-ci » parfaitement compréhensible avant d'aller choisir une autre boite.

Ana scruta leur manège durant de longues minutes, voyant apparaître et disparaître près d'une dizaine de baguettes magiques plus différentes les unes que les autres. Puis, soudainement, ce fut la bonne ! Monsieur Ollivander se fendit d'un large sourire un peu tordu et énonça, telle une machine rouillée :

« Bois de vigne, 28,5 centimètres et contenant un crin de licorne. Elle est relativement souple… Parfaite pour vous, mon garçon. »

L'enfant dodelina de la tête en serrant sa baguette, prêt à ne plus la lâcher vu le mal qu'elle lui avait donné, mais Ollivander ne l'entendait pas de cette oreille et s'en empara pour la ranger dans un écrin de velours rouge et argenté. Il la tendit ensuite au garçonnet avant de se tourner vers son père. L'homme-en-noir-et-au-regard-d'acier –Ana adorait les surnoms à rallonge– fit signe à son fils en sortant sa bourse pleine de gallions.

L'enfant s'éloigna un peu, serrant la boite de sa baguette magique contre son torse, puis croisa le regard d'Ana et –comme s'il voyait un autre enfant pour la première fois– la toisa. Puis il eut un petit sourire qu'Ana lui renvoya sans hésiter. Quand il ne fut plus qu'à un mètre d'elle, elle osa enfin ouvrir la bouche pour dire :

« Bonjour, je m'appelle Anaïa.

- Moi, c'est Kylian, répondit l'autre avant de tendre une main, sérieux au possible ce qui lui donna une furieuse envie de pouffer, mais elle la lui serra quand même, polie. Tu viens chercher ta baguette ? (Elle acquiesça.) Tu vas être en Première Année à Poudlard, toi aussi ? (Nouvel hochement de tête.) Alors, peut-être qu'on s'y verra… »

Il sourit un peu plus, comme fier de lui, et elle comprit ce qu'il ressentait. Vraiment. Il était probablement aussi impatient qu'elle évidemment, mais aussi particulièrement angoissé par l'inconnu dans lequel ils allaient bientôt plonger tête baissée. Rencontrer une autre personne qui se trouvait dans la même situation et être capable d'engager la conversation lui demandait un effort quasi-surhumain. Effort rapidement brisé par la présence de l'Homme-en-Noir qui décrocha un nouveau sourire à Ana avant de plaisanter :

« Et bien alors, Ky, déjà une petite-amie ?

- Papa ! siffla le garçonnet en fusillant son père du regard, une douce chaleur lui brûlant soudainement les joues.

- Quoi ? » rétorqua l'homme, une lueur de malice au fond des yeux.

Un rire semblait prêt à déborder de ses lèvres, mais au lieu de ça, il se pencha vers Ana qui –accolée au mur– se sentit aspirée par la puissance d'un tel regard.

« Bonjour, mademoiselle. »

Il tendit la main vers elle avec une courtoisie désuète, et Anaïa eut la sensation de devoir absolument saisir cette main. Sa vie en dépendait. Elle voulait sentir la peau de cet homme, comprendre pourquoi il l'interpellait tant, pourquoi son cerveau semblait tout prêt à s'enflammer en sa présence. Elle n'eut pas l'occasion de le faire.

La clochette accrochée à la porte teinta, brisant la quiétude du moment, et sa mère apparut, des éclairs de fureur pure vibrants dans ses yeux. Ses cheveux crépitaient autour d'elle comme des tentacules et Ana eut envie de se tasser sur elle-même pour disparaître. Elle se demanda ce qu'elle avait bien pu faire pour plonger sa mère dans un tel état, mais finit par comprendre qu'elle n'était en rien coupable.

Le regard de l'ancienne Gryffondor s'était figé sur l'Homme-en-Noir, comme si elle s'apprêtait à lui sauter dessus et à lui arracher la gorge. Mais lui ne semblait pas du tout impressionné. Un rictus étrange déforma sa bouche, comme un mélange de plaisir et d'autre chose que ni Ana, ni Ky, ne purent clairement définir. Quelque chose de… Cruel.

« Granger. » , se contenta-t-il d'articuler, comme à la chute d'une plaisanterie toute personnelle.

Personne n'appelait jamais sa mère « Granger ». « Mademoiselle Granger » ou « Hermione », ou « mon petit lapin » pendant les séances de nostalgie de son grand-père, mais ce « Granger » là sonnait comme une effroyable insulte. Ana comprit qu'ils se connaissaient… Mais elle n'avait jamais vu cet homme auparavant, elle en était persuadée.

Il fallut que sa mère réplique à cette drôle d'attaque pour qu'elle comprenne qui il était et pourquoi l'air s'enflammait autour d'eux, comme en réponse à cette guerre latente qui menaçait d'éclater.

« Bonjour, Malefoy. »


Note _ Avouez que ça vous avez manqué les fins en mode "Euh... pourquoi elle a coupé pile à ce moment-là ?" -soit dit en passant, la réponse est facile, c'est pour être sadique. Et ouais. Et pis aussi un peu pour que vous vous disiez "Roh, je veux trop le suivant." -Ou pas... xD Uhm...

Petites questions pour reprendre nos bonnes vieilles habitudes _ 1. Pensez-vous qu'Anaïa & Kylian vont réussir à faire abstraction du flot d'amour -xD- que s'envoient leurs parents respectifs ? _ 2. Appréciez-vous les deux ptits mioches ? Que pensez-vous d'eux ? Ah & à Poudlard, pour le moment, dans quelle maison les imaginez-vous ? -je vous poserais souvent la question :P _ 3. Que vont se dire Drago & Hermione après ce charmant salut hyper poli ? -non, toute idée de violence physique sera refusée d'office. _ 4. Et pis... la dernière, mais pas des moindres, la question banale, toute simple : est-ce que ça vous a plu & viendrez-vous découvrir la suite avec plaisir ? :)

Des bisous en l'échange de reviews/MP/chocolats/Tom-Felton-en-boite. ... bon, des bisous bisous tout court ! :)

A la semaine prochaine :P

Bewitch_Tales