Regardez moi ce corps... Des jambes longilignes, des fesses rondes et rebondies, des hanches dessinée à la perfection comme si un calligraphe s'y était attardé, un dos droit, des bras fins sur lesquels on ne voit pas une seule imperfection, des épaules étroites, un cou long et fin, un visage d'angelot, des cheveux châtain clair légers et doux qui brillent comme des étoiles, des yeux d'un bleu paon si profond que le regard si perd, des lèvres fines... Oh, je devrais préciser : c'est la description d'un garçon. Et ce garçon, c'est moi ! Oui. Moi. Là. Dans la cours de ce nouveau lycée, dans un mini-short en jean. Un t-shirt blanc serré caché par une veste noire ample, trop grande pour moi. Un foulard blanc autour du coup. Les cheveux attachés en queue de cheval. Les barrettes blanches tenant une mèche rebelle. Ouais, je suis un garçon carrément effémine, un problème ?su
Dans la société, on me considère comme Androgyne : je dis non. Je ne suis pas androgyne. Je suis normal, avec certes quelques caractéristiques féminin mais normal. Tant que je n'ai ni poitrine ni trou entre les jambes je vois pas en quoi je suis différent des autres mecs ! Mince alors ! Bon, y a aussi le gros cliché de l'androgyne qui est forcément homosexuel et tout ça. Je dis une nouvelle fois n... heu... Bon, je ne suis pas une preuve vivante, oui, et alors ?
Laissez moi vous raconter mon histoire. Mon passé. Ce qui fait que je suis aujourd'hui dans ce nouveau lycée. Ce qui fait que je me retrouves dans un autre lycée, dans une autre rue, dans un autre quartier, dans une autre ville, dans un autre pays. Non je déconnes, pour l'autre pays du moins : mon père déteste voyager ! Vous ne voulez pas savoir ce qui s'est passé... ? Pauvres amis, mais j'en ai rien à battre, de votre avis. Vous lisez, vous lisez pas : c'est votre problème mais vu que là vous n'arrivez pas à lâcher des yeux ce que j'ai écrit, autant vous divertir !
Donc, l'année dernière j'entrais en seconde dans un lycée plutôt banal. La seule chose gênante que l'on pouvait y trouver résiderait dans le talent des lycéens présents à mettre mal à l'aise et ridiculiser les nouveaux. Comme prévu, à mon arrivée je fus pris pour une fille et je n'eus aucun problème. Non, la difficulté commença quand ils comprirent que je n'étais pas une fille mais bel et bien un garçon, ça empira évidement quand ils apprirent mon homosexualité. Vous n'êtes pas sans savoir le débat qui fait rage à ce propos et ça a déclenché chez certains une envie de m'humilier toute particulière...
Seulement deux jours après mon arrivée, le garçon que j'avais repéré dès le début vint me voir en souriant, poussé par ses amis. Sur le coup, je me suis dit « allez, ça va être ma fête ! » mais au final... Il m'a demandé de sortir avec lui. J'étais fou de joie à ce moment, vous n'imaginez même pas... Mon cœur a du rater une centaine de battements avec cette simple phrase. Je me suis vite repris, j'ai accepté, je rougissais, je souriais, il devait jubiler. C'est vrai, ça doit être jouissif de voir le piège se refermer sur une victime trop naïve pour se méfier.
Avec lui, il ne fallut que quelques jours pour que je sois infiniment heureux et infiniment amoureux. Mais par dessus tout, il n'aura fallut que quelques jours pour qu'il me plaque. Pour quelle raison ? J'en ai relevée trois principales :
Il ne m'aimait pas, il n'était même pas gay
Le pari avec ses amis stipulait qu'il devait coucher avec moi or je me suis refusé à lui
Il en avait assez d'être regardé de travers lorsqu'il était en ma compagnie
Autant dire que ça n'aide pas une relation à progresser, hein ? Quand il m'a plaqué, il ne l'a pas fait tendrement. Tous le monde était là, tous le monde regardait., tous le monde m'a vu fondre en larme et bien évidemment, tous le monde a rit. Connard de tous le monde ! Ah franchement... Je les détestes tout ceux là. Ils regretteront un jour ça ne fait aucun doute... Enfin bref.
Donc, il m'a plaqué, sans m'avoir jamais aimé, et cetera, et cetera. Après ça, évidemment, la ville entière fut au courant et là, d'un seule coup : voilà que l'honneur de la famille est compromis et que je suis un fils indigne, et que je ferais mieux de mourir, et que par ma faute on va être obligé de déménager, et qu'il ne me pardonnera jamais et là, bam, dans le métro pour aller à la gare ! On a donc changé de ville, de vie. Juste pour fuir le fait que tous le monde savait que son fils au combien pitoyable est gay. C'est vrai, quelle honte, un fils gay ! Sérieux, il m'a bien énervé...
Une fois arrivée, la recherche de l'appartement à été relativement brève : après tout, papa avait assez d'argent à débourser pour n'importe laquelle de ces maisons hors de prix (si maman ne l'avait pas arrêté on se serait retrouver avec toute une résidence...). Nous revoilà donc à mon premier jour de lycée. Je suis inscrit à Sweet Amoris, j'ai 17 ans, je m'appelle Aoimaru, j'ai un nom et un physique efféminé, je ne suis plus capable d'admettre que je suis un garçon homosexuel et en prime ? Et bien en prime, vous allez suivre toute mon histoire...
Bon, je ne vous assommerais pas trop de détails, disons que je vous ferais seulement les grandes lignes. Me voilà donc au lycée pour mon premier jour, en mini-short, en t-shirt, etc on en a déjà parlé ! Ce que je vais vous dire de plus pourra peut-être vous étonnez... Un garçon me fixe. A vrai dire, plusieurs garçons. Tous plus craquant les uns que les autre ! De gauche à droite : Armin, Alexy, Castiel, Lysandre, Kentin et Nathaniel. Comment je le sais ? Heum, relativement simple... Ils me fixent de très près. Ils m'entourent même en me demandant mon nom, mon numéro et évidement le célèbre « tu veux aller boire un verre ? » Je vous l'avoue, je me sens encore assez mal à propos de ce qui s'est passé la dernière fois alors... Ma réaction ?
« Allez boire une verre ? Avec vous tous ? Heeeeee nan. »
Ce après quoi je tourne les talons et entre dans le bâtiment. Ils me regardent encore, j'imagine qu'ils matent mes jolies petites fesses rebondies et ils ont bien raison ! Donc, je me rends dans le bureau du délégué comme me l'a demandé la directrice que j'ai croisé sur le chemin : personne. Cool, le lycée le plus organisé du monde ! Vive ma vie. Je m'assoie devant la porte et attend donc jusqu'à ce que, Halleluja, le blond qui répond au nom de Nathaniel se ramène enfin.
« Tu as besoin de quelques choses jolie fleur des prés ? »
Je le regarde un long moment. Très long moment. Il me sort une phrase plus niaise que tout ce que j'ai entendu... Avec un sourire qui montre qu'il est bien trop sur de lui. Bon... OK ? Vas pour la jolie fleur des prés...
« Ouais. Mon inscription que je dois finaliser.
-Ah oui, bien sur ! Dit-il en m'ouvrant la porte. Entres donc. »
A ces mots, je rentre dans la pièce, il allume la lumière derrière moi puis referme la porte avant de me poser toutes sortes de question ayant plus ou moins de rapport avec le dossier. Du genre... Mon adresse. Mon numéro. Ma couleur préférée. Il doute de rien le mec ! Bon, tant pis, je réponds quand même. Je réponds avec des trucs véridiques, en plus ! Sérieux je ferais tout aussi bien de me menotter et de sauter à pieds joints dans un bar gay SM ! Ce malade peut venir chez moi quand il veut... Brrr que ça fait peur !
Bien, donc l'inscription, c'est fini. Prochaine étape ? Et bien prochaine étape mes chers amis... On va aller faire connaissance avec les filles. C'est vrai quoi, pourquoi me précipitez sur les mecs alors qu'ils se précipitent sur moi ? Fait savoir se faire désirer, hein... J'ai eu du mal à trouver une nana dans ce lycée, j'ai l'impression qu'il y en a pas des masses, mais j'ai quand même fini par tomber au sens littéral du terme sur une certaine Violette aux cheveux... Violets. Oui, oui, des cheveux violets tout ce qu'il y a de plus naturels chers amis. Après m'être soigneusement étalé de tout mon long en prenant soin de ne laisser aucune chose à mon jean d'en réchappé, je me suis retourné sur le dos et ai fini par m'asseoir pour la regarder. Son regard s'est plongé dans le mien l'espace d'une micro-seconde puis elle a retourné la tête vers une feuille et à commencer à y tracer des traits rapides.
« Qu'est ce que tu fiches ? Lui ai-je alors gentiment demandé.
-A... Ah pardon... Je... J'ai voulu essayer de te dessiner... mais c'est raté... »
Piqué dans le vif de ma curiosité, je me suis relevé pour regarder son dessin : en l'espace de quelques secondes elle avait à la perfection esquissé une version manga de moi et j'aurais été absolument flatté si elle ne m'avait pas fait des yeux énormes de nana ! Merde alors, je suis donc si peu masculin que ça ?! Plates comme une limande qu'ils me disent : évidemment puisque je suis un mec ! Ils m'énervent sérieux. J'en ai assez d'être le mec hyper plat. Vivement le soutien-gorge rembourré. Parce que oui, je compte bien me travestir jusqu'au bout mes chers amis. Et quand je dis jusqu'au bout... C'est jusqu'au bout.
