Note : Traduction de Harry Potter and the Enemy Within, de Theowyn of HPG. Bonne lecture à tous !


Prologue

En plein été, Poudlard, l'École de Sorcellerie était quasiment déserte.

Minerva McGonagall arpentait les couloirs vides, se dirigeant vers les cachots, la seule partie du château qui accomplissait l'exploit d'être aussi froids et humides dans la chaleur de l'été qu'ils ne l'étaient au plein cœur de l'hiver. McGonagall frissonna légèrement et tira ses robes près d'elle. Ses pas résonnaient dans le silence oppressant. Le reste du château était peut-être inhabité, mais les donjons, quant à eux, paraissaient même complètement abandonnés. Même les fantômes semblaient les éviter durant l'été. Néanmoins, McGonagall savait qu'il y restait un homme, toujours présent ; quelqu'un qui ne prêtait aucune attention à la solitude de l'endroit. Elle s'arrêta devant une porte en bois et frappa vivement.

— Entrez, répondit une voix étouffée.

McGonagall poussa la porte et trouva Severus Rogue, les sourcils froncés, concentré sur une potion qui mijotait sur sa paillasse.

— Severus, j'étais en train de parcourir la liste des classes pour l'année prochaine. Je ne vois pas le nom de Mr Potter dans la liste de vos élèves de sixième année.

— C'est exact, dit Rogue en griffonnant quelque chose dans le carnet à côté de lui et ne prenant même pas la peine de regarder sa collègue.

— Puis-je savoir pourquoi ? demanda McGonagall sèchement.

Rogue baissa le feu sous son chaudron puis se retourna pour lui faire face.

— Je n'accepte que les meilleurs élèves dans ma classe d'ASPIC, dit-il calmement, Mr Potter n'en fait pas partie.

— Il a eu un Optimal en Potions à ses BUSE.

— Quoi qu'il en soit, il ne sera pas dans ma classe.

Les deux professeurs se regardèrent et un bras de fer silencieux s'engagea. Enfin, McGonagall reprit la parole d'une voix étroitement contrôlée.

— Severus, je vous laisse malmener mes élèves, mais si vous pensez que je vais rester sans rien faire alors que vous ruinez l'avenir de Mr Potter, et ce, uniquement par rancune, vous allez découvrir à quel point vous vous trompez.

— Je vois que le célèbre charme de Potter a eu son petit effet, répliqua Rogue avec dérision.

— Ne soyez pas insultant, cassa McGonagall. Le garçon a gagné le droit d'être dans votre classe. Vous n'avez aucune raison de l'exclure.

— Je suis étonné qu'il veuille même continuer à suivre mes cours, étant donné la médiocrité de ses performances habituelles, dit Rogue avec mépris.

— Il veut devenir Auror et vous savez pertinemment qu'un niveau ASPIC en Potions est exigé.

— Auror, ricana Rogue. Naturellement. On aurait pu croire qu'il finirait par en avoir assez d'affronter des mages noirs, mais j'imagine que l'attrait de la célébrité et de la gloire est irrésistible. Rendez un service à tout le monde, Minerva : conseillez plutôt au garçon de postuler pour une carrière de joueur de Quidditch professionnel. Cela devrait lui donner un bon nombre d'admirateurs et ainsi satisfaire son égo, vous ne croyez pas ?

— Vous pensez vraiment que c'est de ceci qu'il s'agit Severus ? D'ego ? Il ne vous est pas venu à l'esprit que Potter a peut-être décidé, assez raisonnablement, que la seule chose qu'il puisse faire pour être susceptible de survivre est de devenir Auror ?

— Cela n'a pas aidé son père.

McGonagall, les yeux brillants, pressa ses lèvres en une ligne mince.

— J'ai donné ma parole à Mr Potter que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour l'aider à devenir un Auror et j'ai l'intention de tenir cette promesse.

— Malheureusement, vous n'avez pas l'autorité de m'imposer vos élèves dans mon cours, répondit Rogue.

McGonagall sourit légèrement.

— Non, mais en tant que directrice adjointe, je peux vous rendre la vie assez difficile, vous savez. Vous aurez Potter pendant encore deux ans, puis il s'en ira. Moi, je serai encore là. Voulez-vous vraiment faire de moi votre ennemie ?

Rogue plissa ses yeux tandis qu'il considérait la femme face à lui.

— Très bien, dit-il. Je vais accepter Mr Potter dans ma classe d'ASPIC. Mais s'il n'est pas à la hauteur de mes attentes, je le renverrai.

McGonagall soupira, sachant qu'elle n'obtiendrait jamais mieux de la part de Rogue.

— Très bien, dit-elle.

McGonagall se retourna pour partir, mais s'arrêta à la porte.

— Vous savez, Severus, dit-elle en jetant un regard à Rogue, j'aurais pensé que vous le connaîtriez mieux désormais.

Elle sortit rapidement de la salle, laissant le Maître des Potions grimacer derrière son dos.


Chapitre 1: L'été

Harry pointa sa baguette sur le jeune homme au visage pâle recroquevillé à ses pieds.

Endoloris ! siffla-t-il.

Le jeune homme poussa un cri strident et se tordit de douleur sur le sol. Harry sentit sa lèvre se courber en un sourire cruel, puis il se résigna à libérer sa victime.

Peut-être que maintenant, tu seras plus enclin à me fournir les informations que je te demande, dit-il tout bas, d'un ton menaçant.

S'il vous plaît, sanglota le jeune homme. Je ne sais pas où il est, je le jure, je vous le dirais si je le savais. S'il vous plaît ! Je dis la vérité !

Harry regarda le jeune homme dans les yeux et il sut que c'était vrai. L'imbécile ne savait rien.

Très bien, dit Harry. Je te crois.

Il pointa sa baguette une fois de plus sur l'homme tremblant à ses pieds.

Avada Kedavra !

Un flash vert jaillit de l'extrémité de la baguette d'Harry et frappa le jeune homme à la poitrine. Il tomba en arrière et resta immobile, ses yeux vides toujours emplis de choc et de terreur.


Harry se redressa dans son lit, le souffle coupé. Il n'avait aucune idée de qui était le jeune homme qu'il venait de voir être torturé, mais il savait que quelque part, Voldemort venait de le tuer. Harry alluma sa lampe de chevet et se leva pour arpenter sa chambre.

Cela faisait seulement trois semaines que les cours étaient finis, mais cet été promettait déjà d'être le pire de la vie d'Harry. Il avait été frustré l'été précédent par l'absence totale d'informations sur Voldemort. Il ne se rendait compte que maintenant de la chance qu'il avait eu alors. Fais attention à ce que tu veux. Tu vas finir par l'obtenir ! pensa Harry amèrement.

Depuis que le retour de Voldemort avait été dévoilé au grand public, l'activité des Mangemorts avait explosé. La Gazette du Sorcier rendait compte quasi quotidiennement de cas de torture, d'assassinats et de disparitions. Il se passait rarement une nuit sans que la Marque des Ténèbres ne figurât dans le ciel. Mais Harry n'avait pas besoin de la Gazette du Sorcier. Sa connexion mentale avec Voldemort lui offrait un siège au tout premier rang pour assister à toutes ces horreurs.

Harry s'en voulait plus que jamais de n'avoir pas travaillé plus dur pendant ses leçons d'Occlumancie l'année précédente. Il avait alors voulu si désespérément obtenir des informations, qu'il n'avait pas voulu bloquer sa seule source. Après avoir assisté à la renaissance des Mangemorts, cependant, il avait compris pourquoi Dumbledore pensait que c'était une mauvaise idée de permettre à ces visions de continuer. Harry était sûr d'être en train de perdre la tête.

Je ne peux pas continuer ainsi. Je dois faire quelque chose, pensa Harry, désespéré. Il pouvait écrire à Dumbledore, mais à quoi bon ? Le directeur ne pouvait rien faire pour lui ici à Privet Drive. Tout comme Ron, Hermione ou Lupin – les seules autres personnes à qui il pensait pouvoir demander de l'aide – ne pourraient rien faire non plus. Il pensa à Sirius et sentit une douleur familière naître dans sa poitrine. Son parrain n'aurait pas pu l'aider non plus, Harry le savait, mais rien que le fait de savoir que Sirius n'était pas loin aurait été un réconfort.

La mort de Sirius avait laissé un vide énorme dans la vie d'Harry, et il ne savait pas comment le combler. Sirius avait été la seule vraie famille qu'Harry n'avait jamais eue, certainement la seule famille qui se souciait de lui. Bien sûr, Harry avait beaucoup d'amis proches, mais ce n'était pas tout à fait la même chose, bien qu'il ne pouvait pas vraiment expliquer pourquoi. La vérité était qu'aucun autre adulte que Sirius ne lui avait jamais témoigné cette même sorte d'attention sans limite, de soutien inconditionnel. Personne d'autre n'avait jamais agi comme un père pour lui. A presque seize ans, Harry était agacé de constater à quel point il en avait encore besoin.

Harry secoua la tête pour chasser ces pensées. Il était inutile de se morfondre. Ses parents et Sirius étaient morts, il devrait donc se débrouiller seul. Pour le moment, il devait trouver un moyen de contrôler ses visions. Il avait passé trois mois à étudier l'Occlumancie avec Rogue. Il avait sûrement dû apprendre quelque chose d'utile pendant tout ce temps. Il repensa alors aux paroles de son professeur. Videz votre esprit. Contrôlez vos émotions. Au cours de ses leçons avec Rogue, il avait découvert que c'était bien plus facile à dire qu'à faire, mais il devait essayer.

Harry s'assit sur le bord de son lit, ferma les yeux et essaya de se détendre. Il prit de grandes respirations lentes et essaya de ne penser à rien. Concentre-toi sur ta respiration. Inspire. Expire. Inspire. Expire. Après plusieurs minutes, Harry ouvrit les yeux. Il se sentait définitivement plus calme, mais il n'était pas sûr que cela l'aiderait à bloquer ses visions. Malheureusement, pour l'instant, c'était tout ce qu'il pouvait faire. Il se remit au lit, éteignit la lumière et se concentra une fois de plus sur sa respiration. Il s'endormit, et ne fut heureusement dérangé ni par des visions ni par des cauchemars.


Le matin suivant, Harry se leva à 5h30 comme à son habitude, et se mit à faire les corvées que sa tante lui avait prévues. A midi, il avait fini le désherbage du jardin et le nettoyage des fenêtres. Il se prépara rapidement un sandwich et se retira dans sa chambre pour travailler sur ses devoirs, ou plutôt sur les devoirs parascolaires qu'il s'était lui-même donnés.

Une fois le choc initial de la découverte de la prophétie passé, du fait qu'il devrait tuer Voldemort ou mourir de sa main, il était devenu presque obsédé par le perfectionnement de ses compétences de défense. Il était toujours très fier de tout ce que lui et ses camarades avaient accompli au cours des réunions de l'A.D lors de l'année précédente, mais il s'était rendu compte que ce qu'il leur avait enseigné ne serait jamais suffisant pour battre Voldemort. Harry savait qu'il n'avait échappé à la mort que par pur hasard lors de toutes ses précédentes rencontres avec le sorcier maléfique. S'il allait devoir le défier et l'affronter en duel, il aurait besoin de plus que de simple chance pour gagner.

En conséquence, il avait écrit à Lupin au cours de la première semaine des vacances d'été et avait demandé à son ancien professeur de Défense de lui envoyer quelques livres sur les techniques avancées de défense. Lupin avait répondu presque immédiatement en envoyant un énorme tome, intitulé : Le Livre complet des sorts et contre-sorts par Beatrice Arronby.

Harry avait été atterré de découvrir combien de sorts différents existaient, surtout au niveau des plus avancés. Il aurait souhaité en avoir déjà connu la plupart un mois auparavant lors de la lutte avec les Mangemorts au Ministère de la Magie. D'autres, étaient si clairement de la Magie Noire qu'ils lui donnaient la chair de poule. Luttant contre la répulsion que lui inspiraient certaines des illustrations du livre volumineux de Lupin, il s'était mis à mémoriser tous les sorts qu'il trouvait utiles, avec leurs contre-sorts. Il s'était également entraîné à la pratique.

Harry savait que la simple lecture des sorts ne serait pas suffisante et il était déterminé à parfaire ses réflexes afin d'être capable de lancer un large éventail de sorts et de contre-sorts sans réfléchir. Il ne jetait pas réellement les sorts, bien entendu. Après être passé près de se faire expulser l'été précédent, il faisait très attention à ne pas effectuer de magie. Dans cet esprit, il avait récupéré une petite branche lors de son travail dans le jardin des Dursley et l'avait taillée en une sorte de baguette dont il se servait durant des heures de duels imaginaires contre Voldemort et ses Mangemorts. Il avait dû néanmoins passer trop de temps à s'attarder sur Voldemort, parce que ce soir-là, malgré la répétition des exercices d'Occlumancie, ses visions étaient de retour.


Harry rampait silencieusement sur le sol alors que les braises d'une maison engloutie par les flammes s'envolaient dans un ciel nocturne. De nombreuses silhouettes portant des robes noires et des masques étaient regroupées autour d'un vieil homme et d'une femme qui arboraient un air défiant, même s'ils venaient clairement d'être torturés. Il s'avança vers eux, fit claquer sa langue et sentit le goût du sang dans l'air.

Vous ne retournerez pas auprès des Aurors, dit l'un des personnages vêtus de noir. Lorsque nous en aurons terminé, il n'y aura plus un seul Auror en vie.

Le vieux couple lança un regard furieux au Mangemort, mais Harry percevait clairement leur peur et elle était enivrante. Il se dirigea droit sur eux et sentit leur angoisse redoubler en le voyant approcher. Puis il recula et frappa.


Harry se réveilla après trop peu de sommeil, les horreurs de la nuit encore fraîches dans son esprit. L'arrivée de la Gazette du Sorcier n'améliora pas son humeur. Sur la première page, on pouvait lire : « Evasion Mangemort d'Azkaban ! » et l'article racontait en détail la fuite de Mangemorts qui avaient été capturés à peine un mois plus tôt au Ministère de la Magie.

Harry jura. Ce n'était pas comme s'il ne s'y attendait pas, bien sûr, mais ça lui faisait toujours mal au cœur, en particulier à l'idée de voir Lucius Malfoy se promener librement. Il avait adoré que Malfoy soit enfermé à Azkaban. Pire que tout, cette évasion signifierait sans doute une nouvelle série d'attaques, auxquelles il serait contraint d'assister dans son sommeil, tout en étant incapable de faire quoi que ce soit. Harry frissonna et ouvrit le journal dans l'espoir de trouver quelque chose pour se distraire de ses visions.

Il parcourut les pages jusqu'à arriver à la page éditoriale. C'était presque aussi déprimant que les nouvelles de la fuite des Mangemorts. La plupart des colonnes présentaient des débats entre des personnes qui, directement ou indirectement, pensaient qu'Harry était leur sauveur.

« Le garçon qui a survécu, qui a échappé à Vous-Savez-Qui non pas une, mais quatre fois... » « Le jeune homme qui insuffle l'espoir à lui seul... » « Il a déjà vaincu Vous-Savez-Qui une fois. Il peut le faire à nouveau ! »

La seule voix dissidente était celle d'Averill Pembroke. C'était le rédacteur en chef de la Gazette du Sorcier et il ne semblait éprouver que du mépris envers Harry.
«Tout sorcier qui croit qu'un gamin peut vaincre Celui-Dont-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom a besoin d'un petit séjour à Ste Mangouste ! »

Harry, jetant le journal à la poubelle, ne savait pas lequel de ces points de vue diamétralement opposés était le plus inquiétant. Soudain, il se sentit à l'étroit dans sa chambre. Il enfila un T-shirt et un jeans et descendit les escaliers. Tante Pétunia tenta de l'arrêter avec une nouvelle liste de corvées, mais il passa rapidement devant elle, sans un regard, et quitta la maison. C'était une belle matinée, mais Harry ne le remarqua pas. Il n'avait pas de destination particulière en tête, il continuait donc à avancer, comme si en mettant de la distance entre lui et le quatre Privet Drive, il parviendrait à diminuer les visions qui lui rongeaient l'esprit.

C'était déjà la fin de l'après-midi quand Harry rentra chez lui et il n'ouvrit même pas son livre de sorts. A la place, il consacra son temps à la pratique de l'Occlumancie. Il arrivait de mieux en mieux à calmer son esprit, mais il était sceptique quant au fait que cela pourrait réellement l'aider à garder ses visions à distance. Il ne faisait pas vraiment confiance à Rogue pour lui apprendre quoique ce soit d'utile. Quoi qu'il en soit, ces exercices ne pourraient pas faire de mal et il n'avait pas d'autre idée pour bloquer sa connexion avec l'esprit de Voldemort. Il resta éveillé tard et finalement se glissa dans son lit avec une sorte de fatalisme. Il s'endormit presque aussitôt et ne fut confronté à aucune vision, mais il fit un cauchemar terrible de Sirius tombant à travers le voile du Département des Mystères, qui, tout bien considéré, n'était pas beaucoup mieux.


Ce fut trois semaines plus tard qu'une jolie petite enveloppe bleue arriva. L'oncle Vernon triait le courrier et l'ouvrit alors qu'Harry s'asseyait à la table du petit déjeuner.

— Regarde Pétunia, dit-il en remettant la note à sa femme. Nous avons gagné à une de tes loteries.

La tante Pétunia fronça légèrement les sourcils.

— Je ne me souviens pas d'avoir joué.

— Eh bien, visiblement si, répliqua l'oncle Vernon, la bouche pleine de saucisses. Nous avons gagné un dîner pour trois ce soir à "Chez Vous". C'est bien le restaurant français de Romney Circus ?

— Oui. Les yeux de la tante Pétunia pétillèrent à la perspective de bonne cuisine. C'est très sympa de ce que j'ai entendu.

Ils se retournèrent tous les deux vers Harry qui avait suivi l'échange sans grand intérêt.

— Maintenant, écoute-moi, mon garçon, l'avertit l'oncle Vernon, en brandissant sa fourchette vers lui. Nous ne serons partis que pour quelques heures et je ne veux pas d'affaire louche pendant ce temps-là. C'est clair ?

— Je ne vais pas détruire la maison pendant que vous serez partis, dit Harry en mordant dans un morceau de pain grillé.

— Je ne veux pas voir de gens de ta sorte traîner par ici, grogna l'Oncle Vernon, ses joues tremblant d'une manière menaçante.

— Ne t'inquiète pas. Je ne connais personne qui voudrait venir ici. Harry ne prit pas la peine de cacher son dédain.

— Tu devrais être reconnaissant de pouvoir être là ! répliqua l'Oncle Vernon, devenu cramoisi. Tu as du culot de te moquer d'honnêtes gens comme nous !

— Désolé, dit Harry sans aucune sincérité.

Il avala la dernière bouchée de son toast, se leva et partit, laissant l'oncle Vernon fulminer silencieusement derrière lui.

De retour dans sa chambre, Harry rumina, incapable de savoir s'il ferait mieux d'étudier ses sortilèges ou l'Occlumancie. Il soupira, il n'était pas sûr que quoi que ce soit puisse lui faire du bien. Hedwige, venue se percher à côté de lui, hulula doucement. Il la caressa gentiment, mais cela n'atténua que très peu sa mélancolie.

Il était allongé sur son lit et regardait tristement le plafond, lorsqu'un petit hibou entra par la fenêtre laissée ouverte et se mit à faire le tour de la salle. Harry ne put s'empêcher de sourire à la vue du hibou de Ron, Coquecigrue, même si Hedwige ne semblait pas partager le même enthousiasme. Elle vola jusqu'à son perchoir lorsqu'Harry bondit brusquement pour attraper le petit oiseau et son paquet trop gros pour lui. Harry ouvrit d'abord la lettre qui s'avéra être une carte d'anniversaire.

Joyeux anniversaire Harry !

J'espère que les Moldus ne sont pas trop chiants ! C'est calme ici au Terrier avec Fred et George absents la plupart du temps. Mais ils s'en sortent tellement bien avec leur boutique au Chemin de Traverse que même maman a changé d'avis et dit que c'était la meilleure chose pour eux. Ils t'ont envoyé leur dernière invention comme cadeau d'anniversaire. Peut-être que tu pourrais l'utiliser sur Dudley. Ginny t'a envoyé un cadeau aussi, mais elle ne veut pas me dire ce que c'est. Ah les filles !

Je suis sûr que tu as suivi les journaux, donc je n'ai pas besoin de te dire à quel point les choses sont tendues. Tout est exagéré bien sûr. Tu-Sais Voldemort effraie tout le monde. C'est vraiment stupide ! Nous allons tous bien, ne t'inquiète pas. Prends soin de toi plutôt.

Ron

Harry laissa échapper un soupir lent. Ron pouvait en parler comme si ce n'était rien de plus qu'un petit désagrément, mais Harry ne connaissait que trop bien la gravité des attaques de Mangemorts. Il était à l'abri des ravages causés par Voldemort ici, dans le monde Moldu, en particulier à Privet Drive où Voldemort ne pouvait pas le toucher. Il devait être terrible pour Ron et sa famille d'être au milieu de tout cela, d'autant plus que les Weasley étaient connus pour leur sympathie envers les Moldus et les nés-Moldus. Harry, inquiet, sentit son estomac se nouer et saisit étroitement la lettre de Ron, conscient que, pour une fois, son meilleur ami était probablement plus en danger que lui.

Coq hulula et pinça l'oreille d'Harry. Harry donna à manger au petit hibou surexcité puis reporta son attention sur le colis. Le cadeau de Ron était, sans surprise, un livre sur le Quidditch. Les jumeaux lui avaient envoyé un sac de Bonbons Colorés Weasley, des bonbons multicolores qui teignent les cheveux de celui qui s'aventure à en manger de la même couleur que la friandise, et ce pour une durée indéterminée. Harry sourit à l'idée d'en glisser un vert à Dudley.

Le cadeau de Ginny était une petite boîte enveloppée dans un papier d'emballage. Harry l'ouvrit et y trouva un pendentif d'étain sur une chaîne. Le pendentif avait la forme d'une tête de chien qui lui sembla étrangement familière. Une courte note écrite de la main de Ginny disait :

Il sera toujours avec toi.

Harry fixa les mots de Ginny puis regarda à nouveau le pendentif. Il le sortit de la boîte et le prit délicatement dans la paume de sa main, traçant le dessin finement gravé avec son index. Après un moment, Harry prit une profonde inspiration et passa sa manche sur ses yeux. Il glissa la chaîne autour de son cou et déposa le pendentif à l'intérieur de sa chemise.

Harry planqua le reste de ses cadeaux sous la lame du plancher avec le livre d'ancienne magie qu'Hermione lui avait envoyé quelques jours plus tôt. Ensuite, il griffonna des notes de remerciements séparés pour Ron, Ginny et les jumeaux qu'il confia à Coq. Enfin, il s'assit pour écrire une lettre à Hermione. Ce n'était pas facile, il ne voulait pas laisser transparaître son inquiétude au sujet de Ron, mais il voulait savoir si elle avait entendu quelque chose de plus que lui.

Salut Hermione,

Merci encore pour mon cadeau d'anniversaire. Coq est venu du Terrier. Ron dit que les choses sont assez calmes, mais je me demandais si les Weasley t'avaient parlé de Voldemort. Ron ne dit pas grand-chose et je me sens un peu à l'écart,

Harry

C'est parfait, pensa-t-il, lui faire croire qu'il se sentait juste exclus. Il donna la lettre à Hedwige qui disparut par la fenêtre.

Les Dursley partirent pour dîner à six heures, avertissant Harry qu'il « avait intérêt à ne pas faire quoique ce soit » pendant qu'ils étaient partis. Harry considéra brièvement l'idée de coller du chewing-gum tout le long de la porte pour la verrouiller, comme il avait une fois vu Peeves le faire, mais décida que cela n'en valait pas la peine. Il s'installa pour étudier ses sortilèges sur le canapé dans le salon, puis se plongea dans ses exercices d'Occlumancie avant de se coucher.

Aucune horreur ne l'agressa, pas même les cauchemars de la mort de Sirius. Il rêva en fait de son quartier, des rues qui étaient devenues un paysage familier pendant ses étés.

Il faisait sombre et froid. Les lampadaires illuminaient les rues vides et les façades blanches des maisons. Il marcha sur Magnolia Crescent, passa l'aire de jeux et s'arrêta au coin de Privet Drive. Il traversa la rue jusqu'au numéro quatre, mais un mouvement sur sa gauche attira son attention. Une personne sortit de l'ombre. Elle était enveloppée dans des robes sombres et s'approchait de lui silencieusement. Aussi inquiétante qu'était cette apparition, Harry ne ressentit aucune peur et quand l'homme prit la parole, Harry le reconnut aussitôt et sentit son excitation redoubler.

Tout est prêt, mon Seigneur, déclara Lucius Malfoy sereinement. La maison est encerclée. L'enfant ne s'échappera pas cette fois.

Harry se sentit sourire.

Bien Lucius, répondit-il dans un sifflement à la fois doux et froid. Très bien. Il est temps de nous débarrasser d'Harry Potter.


Harry ouvrit les yeux, il était trop terrifié pour crier. Il était sûr et certain que ce qu'il venait de voir n'était pas un rêve. Voldemort venait pour lui. Harry se leva du lit et attrapa ses lunettes et sa baguette. Sa cicatrice palpitait douloureusement. Il courut hors de sa chambre puis dans le couloir.

— Réveille-toi ! cria-t-il en martelant frénétiquement la porte de la chambre Dudley.

Il continua jusqu'à la chambre de sa tante et de son oncle et répéta son tapage.

— Réveillez-vous ! Vous devez sortir de la maison !

Il n'y eut aucune réponse, alors Harry ouvrit la porte. La pièce était vide, le lit n'avait visiblement pas été défait : personne n'y avait dormi cette nuit. Harry fronça les sourcils et courut vers la chambre de Dudley, qui s'avéra également vide. Où étaient-ils ? Ils étaient sortis dîner, mais ils auraient dû être rentrés à la maison depuis.

Quel que soit l'endroit où ils étaient, ils n'étaient manifestement pas dans la maison, Harry s'en rendit compte en arrivant au rez-de-chaussée, après avoir vérifié toutes les pièces sur son chemin. Il s'appuya contre le mur du couloir, soulagé que les Dursley ne se trouveraient pas face à Voldemort.

Une ombre passa à travers la fenêtre du salon et Harry saisit sa baguette et la serra dans sa paume, la bouche sèche. Il marcha sur la pointe des pieds jusqu'à la fenêtre et lança un coup d'œil furtif à travers le trou dans les rideaux. Il réussit tout juste à discerner deux silhouettes masquées se cachant dans les ombres de chaque côté du jardin. Il s'éloigna de la fenêtre, respirant à peine, et se dirigea vers la cuisine. Aussi discrètement que possible, il regarda par la fenêtre et repéra trois autres silhouettes. Harry laissa échapper un souffle tremblant et se retira dans le couloir où il s'appuya une fois de plus contre le mur. C'était donc vrai. Ils étaient là et il était pris au piège.

Mais comment cela était-il possible ? Voldemort n'était pas censé être en mesure de le toucher lorsqu'il était avec sa famille. Visiblement, il a dû trouver un moyen de contourner le problème, pensa Harry amèrement. Pourtant, Harry savait que la maison était surveillée par l'Ordre du Phénix. Il y a sûrement quelqu'un qui a vu Voldemort et ses Mangemorts arriver et qui est parti chercher de l'aide. Sauf si Voldemort l'a tué avant qu'il ne puisse donner l'alerte, retentit une voix pessimiste dans la tête d'Harry. Ni Lucius Malfoy ni Voldemort n'avait semblé inquiet d'être pris sur le fait.

« Et l'un devra mourir de la main de l'autre... » Harry se rappela des paroles de la prophétie. Si son destin était effectivement de tuer Voldemort ou de mourir de sa main, Harry savait sur lequel des deux il aurait parié à cet instant précis. Voldemort et les Mangemorts l'avaient encerclé alors qu'il était debout là, tout seul, pieds nus, et encore en pyjama.

Quoiqu'il arrive, il ne voulait pas mourir sans combattre. Harry se déplaça dans le couloir de sorte qu'il ait une vue dégagée sur la porte d'entrée, mais puisse encore entendre toute personne tentant d'entrer par la cuisine. Il poussa tous ses sens à leurs limites en essayant de percevoir le moindre bruit ou mouvement à l'extérieur de la maison. Puis il l'entendit : un bruit de pas mesurés, lents, en haut des marches, sur le perron. Le cœur d'Harry battait sauvagement. Il y eut une pause. Puis, sans avertissement et à la surprise d'Harry, la porte d'entrée fut projetée hors de ses gonds. Harry, luttant contre la panique, s'enfuit vers la cuisine lorsqu'un homme anormalement grand et mince franchit le seuil du numéro quatre Privet Drive. Dans l'obscurité, Harry trébucha contre la table et renversa une chaise.

— Harry. La voix de Voldemort lui donnait froid dans le dos. Il est inutile de courir. Tu ferais mieux de venir à moi et de mourir comme un homme.

Harry entendit Voldemort passer dans le couloir. Il donna un coup de pied pour ouvrir la porte de derrière donnant sur le jardin, puis retourna rapidement et discrètement en arrière, traversant la salle à manger puis le salon. Il regarda à nouveau dans le couloir et entendit par la porte arrière Voldemort s'adresser à ses Mangemorts dans la cuisine. Harry se glissa silencieusement devant les restes de la porte d'entrée et les escaliers. Il avait atteint sa chambre quand il entendit Voldemort revenir dans la salle.

— Je sais que tu es là-haut, Harry. Tu n'as nulle part où aller.

Il n'y avait plus aucune utilité à rester discret. Harry ouvrit violemment sa fenêtre et grimpa sur le rebord. Il entendait des pas monter les escaliers à vive allure et regarda désespérément à gauche et à droite à la recherche d'une échappatoire. Le toit montait en une pente raide au-dessus de lui et il n'y avait aucun point d'appui, juste une gouttière et il ne savait pas si elle soutiendrait son poids. Il chercha des prises sur le toit quand il sentit, plutôt qu'il n'entendit, la présence derrière lui. Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et vit Voldemort debout devant la porte de sa chambre avec une baguette pontée sur lui.
Son instinct prit le relais. Harry se balança par la fenêtre vers la gauche et se plaqua contre le toit alors qu'un jet de lumière verte passa devant lui. Il grimpa sur le pignon au-dessus de sa fenêtre et attendit. Un instant plus tard, la tête difforme de Voldemort passa par la fenêtre en dessous de lui.

— Stupéfix ! hurla Harry, mais Voldemort anticipa et sauta de nouveau à l'intérieur de la pièce.

Le sort avait manqué sa cible et Harry entendit alors le rire froid et cassant de Voldemort.

— C'est bien Harry ! Très bien même ! Mais tu ne peux pas gagner.

Soudain, le toit explosa juste à côté de l'endroit où Harry était perché. Harry perdit l'équilibre et tomba, glissant le long du toit. Il tomba sur le bord et sans réfléchir, attrapa la gouttière pour amortir sa chute. Ses pieds pendaient dans les airs et le tranchant de la gouttière lui coupait les paumes. Sa baguette était quelque part en dessous de lui dans les buissons d'hortensias. Il pouvait entendre des personnes courir, convergeant en dessous de lui. Des Mangemorts. Harry ferma les yeux avec résignation un instant puis leva les yeux pour affronter le monstre qui lui souriait. Voldemort leva sa baguette, mais à ce moment précis, deux traînées grises arrivèrent à pleine vitesse sur le toit, et tout en griffant et crachant, se lancèrent à son visage. Voldemort jura et frappa les chats.

— Harry ! l'appela une voix en bas.

Harry regarda en bas et fut étonné de voir Remus Lupin debout en dessous de lui.

— Harry, descends de là ! Laisse-toi glisser !

Harry tomba du toit et atterrit dans un tas de buissons. Lupin essaya de le tirer par les pieds, mais Harry résista, s'accrochant au sol avec force.

— Je dois trouver ma baguette ! Je l'ai laissée tomber !

Voldemort avait réussi à repousser l'attaque des félins, mais désormais, il y avait du renfort dans la cour et ils commencèrent à lui lancer des sorts. Des étincelles rouges et vertes sifflèrent au-dessus de la tête d'Harry alors que lui et Lupin cherchaient sa baguette dans l'obscurité.

— C'est ridicule, dit Lupin. Accio baguette magique !

La baguette d'Harry s'envola immédiatement d'un buisson à proximité et Harry, reconnaissant, la saisit.

— Allez, dit Lupin, poussant Harry devant lui.

Ils couraient pliés en deux, en restant le long de la façade de la maison. Ils se faufilèrent dans un coin, à l'abri de la bataille qui faisait rage dans la cour de devant. Lupin s'arrêta et ramassa un pot de peinture rouillé.

— C'est un Portoloin, dit Lupin. Accroche-toi !

Harry saisit la poignée d'un air hébété, alors que Lupin s'emparait fermement du fond de la boîte.

— Aardvark, s'exclama Lupin et Harry ressentit la secousse désagréable juste derrière son nombril qui lui fit savoir que le Portoloin venait d'être activé.

Un instant plus tard, il se trouvait sur la place mal entretenue du numéro 12 Square Grimmaurd.

— Vite Harry, il faut qu'on te mette en sécurité à l'intérieur, dit Lupin.

Harry hésita. Il n'était pas retourné à Square Grimmaurd depuis la mort de Sirius et il n'était pas sûr de pouvoirs gérer ses souvenirs le moment venu. Lupin sembla comprendre et il posa sa main sur l'épaule d'Harry.

— Allez Harry, dit-il doucement. Sirius aurait voulu te savoir en sécurité ici. D'ailleurs, je pense qu'il est clair que tu ne peux pas retourner à Little Whinging.

Harry hocha la tête et suivit Lupin dans la maison. Elle était comme il s'en souvenait. Le portrait de Mrs Black était toujours accroché dans le hall près de la porte d'entrée et Harry prit soin de ne pas la réveiller en suivant Lupin jusqu'à la cuisine. Les souvenirs de la dernière fois où il avait été dans la maison lui nouèrent la gorge mais il les repoussa.

— L'Ordre l'utilise toujours comme quartier général, alors ? demanda-t-il.

— Oui, répondit Lupin. Sirius m'a laissé la maison, alors nous avons continué à l'utiliser. C'est encore incartable et certainement le lieu le plus sûr que l'on puisse trouver.

Lupin hésita, incertain.

— Il te l'aurait laissée, mais il ne pensait pas que tu voulais de quelque chose du patrimoine de la famille Black.

Harry acquiesça mollement.

— Je suis content qu'il te l'ait donnée. Il avait raison. Je n'aurais pas su quoi en faire.

Harry se tut et Lupin fronça les sourcils avec inquiétude.

— Puis-je t'offrir quelque chose Harry ? Du thé ?

— Non merci, Professeur.

— Je ne suis plus ton professeur, Harry. Appelle-moi Remus.

— Très bien, Remus, dit Harry, souriant légèrement. Écoute, je dois trouver ma tante et mon oncle. Ils sont sortis dîner, mais ils auraient dû être rentrés depuis des heures et je ne sais pas où ils sont.

— Ne t'inquiète pas, Harry, ils sont en sécurité, affirma Remus.

— Comment le sais-tu ? demanda Harry en fronçant les sourcils.

— Nous, euh, nous sommes arrangés pour qu'ils se tiennent à l'écart, répondit Remus, l'air coupable.

— Quoi ?

— C'est nous qui avons organisé leur dîner de ce soir, Harry, dit Remus. Puis nous avons mis un sortilège de Confusion sur leur voiture afin qu'ils ne soient pas en mesure de retrouver le chemin du retour.

Remus ne put contenir un sourire.

— Ils seront sur la route toute la nuit, à la recherche de leur maison.

Harry regarda son ancien professeur et sentit ses cheveux se dresser sur sa nuque.

— Donc, vous vous y attendiez ?

— Oui, acquiesça Remus. Nous avions entendu que Voldemort allait s'en prendre à toi ce soir.

— ET VOUS NE M'AVEZ PAS AVERTI ! explosa Harry.

— Nous ne pouvions pas, Harry.

— Pourquoi ? Vous avez pourtant eu assez de temps pour dégager ma tante, mon oncle et Dudley !

— Ça aurait paru trop suspect ! Voldemort devait penser qu'il te prenait au dépourvu, sinon notre source aurait été compromise.

— J'ai failli mourir ! dit Harry furieusement.

Remus grimaça.

— C'était de ma faute. Nous nous attendions à ce que tu sois endormi quand Voldemort arriverait, pas debout dans le hall d'entrée. J'ai transplané dans ta chambre juste avant que Voldemort ne défonce la porte d'entrée. Mon cœur a failli s'arrêter quand j'ai réalisé que tu étais déjà en bas. Lorsque je t'ai entendu ouvrir la porte arrière, je pensais que tu avais couru pour sortir par-là, j'ai donc transplané dans l'arrière-cour.

Remus secoua la tête, déçu de lui-même.

— J'aurais dû rester où j'étais et laisser le reste de l'équipe qui était déjà dehors s'en occuper. Au moment où j'ai réalisé ce qui s'était passé, je suis revenu devant la maison et tu étais suspendu au toit. Dieu merci, Minerva était là-bas.

— Tu veux parler du Professeur McGonagall ?

Remus sourit.

— Oui, elle et le chat d'Arabella Figg, Mr Tibbles, ont gardé Voldemort occupé assez longtemps pour que nous te sortions de là. Je parie qu'elle a aussi laissé quelques profondes traces de griffes.

Harry resta sans voix en réalisant que la furieuse boule de fourrure qui avait attaqué Voldemort était en fait sa directrice de maison, mais il chassa rapidement cette pensée.

— Comment saviez-vous qu'ils viendraient ce soir ? demanda Harry, pensant déjà connaître la réponse.

— Je suis sûr que tu sais d'où nous obtenons nos informations sur Voldemort et les Mangemorts, Harry.

— Rogue, dit Harry avec mépris. Dans ce cas je ne suis pas surpris d'avoir failli être tué. Ça m'étonne même qu'il se soit dérangé pour vous prévenir !

— Harry !

Remus était clairement choqué, mais Harry s'en fichait.

— Il me déteste Remus, et il ne manque jamais une occasion de le montrer ! C'est de sa faute si Sirius est mort et je suis sûr qu'il n'en a pas été attristé plus que ça ! Crois-moi, si ça ne tenait qu'à lui, il aurait préféré que je meure aussi !

Remus devint blanc, mais avant qu'il ne puisse parler, il fut interrompu par une voix traînante et monotone qui semblait familière.

— Votre gratitude est accablante, Potter, dit Rogue de la porte, sa voix pleine de sarcasme. Étant donné que j'ai risqué ma vie pour sauver la vôtre, vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela me touche.

Harry se retourna lentement pour faire face au Maître des Potions.

— Quel que soit le risque que vous avez pris, ce n'était pas pour moi, ne prétendez pas m'avoir fait une faveur, dit-il. Je sais que c'est faux.

— Vous ne savez rien ! Vous êtes juste trop arrogant pour le reconnaître.

— J'ai failli être tué ce soir dans une maison où votre Seigneur des Ténèbres n'était pas censé être en mesure de me toucher. Si vous savez tant de choses, dites-moi comment il s'y est pris.

— Votre sang, Potter, dit Rogue. C'était la base de la magie qui vous protégeait dans la maison de la sœur de votre mère. Aucun de ceux qui ne partageaient pas votre sang ne pouvait y entrer pour vous nuire. Mais le Seigneur des Ténèbres partage votre sang, vous devriez vous en souvenir.

Il se remémora le cimetière où il avait été ligoté à une pierre tombale pour être utilisé dans la résurrection de Voldemort. Queudver avait alors pris un poignard et entaillé son bras.

— C'était il y a un an, affirma Harry. Pourquoi lui a-t-il fallu si longtemps pour s'en prendre à moi ?

— Vous avez quitté votre oncle et votre tante en août dernier, à peine deux mois après son retour. Il était encore faible, encore en train de retrouver son pouvoir et il savait que vous étiez surveillé par l'Ordre. Il a attendu jusqu'à être sûr que sa victoire soit assurée.

— Et vous n'avez pas pris la peine de me le dire ? dit Harry en serrant les dents.

Rogue hésita brièvement puis il dit :

— Il n'est apparu que très récemment qu'il avait déterminé la façon de contourner la protection de votre maison.

— Vraiment ? Vous êtes sûr que vous ne vouliez pas plutôt que je ne le sache pas ?

— Si je voulais vous tuer, Potter, vous ne seriez pas là en ce moment.

— Ça suffit, vous deux, interrompit Remus, s'intercalant entre eux. Harry, il est tard. Monte te coucher. Tu n'as visiblement pas les idées claires, après ce que tu as traversé ce soir.

Harry s'apprêta à riposter, mais le regard de Remus le stoppa dans son élan.

— J'ai dit vas-y, dit Remus à voix basse, et Harry se rendit compte que ce serait une erreur de discuter.

— Très bien, dit Harry et il sortit de la cuisine et monta les escaliers.

Il trouva la chambre dans laquelle il s'était installé l'année précédente et se jeta sur le lit. Il ne fallut pas longtemps avant qu'il entende des murmures dans le hall en bas et la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer. Quelques instants plus tard, quelqu'un frappa à sa porte.

Harry eut envie de faire semblant de dormir, mais réalisa que ce serait lâche.

— Entrez, cria-t-il.

Remus entra dans la pièce comme un père s'apprêtant à réprimander un enfant capricieux. Mais ce n'était pas la colère dans ses yeux qui serra la gorge d'Harry. C'était la déception.

— Eh bien, commença Remus. Tu veux bien t'expliquer ?

— Qu'est-ce que tu veux que j'explique ?

Remus soupira et s'assit sur l'autre lit.

— Harry, je sais que Severus Rogue n'est pas ton meilleur ami. Ce n'est pas le mien non plus. Mais qu'est-ce que tu as à le provoquer ? Ça te tuerait d'être poli ? Il a vraiment pris un gros risque pour te sauver la vie ce soir.

— Il a fait ça pour Dumbledore et l'Ordre, pas pour moi.

— Quelle différence ? Tu es toujours vivant et il ne mérite pas tes insultes.

— Il ne se prive jamais d'insulter les autres. Il adore ça.

— Et donc tu vas te rabaisser à son niveau ?

— C'est de sa faute si Sirius est mort.

— Nous sommes en guerre, Harry. Des gens meurent. Ce n'est la faute de personne.

— Peut-être que tu le pardonnes, mais pas moi !

Il y eut une longue pause, Remus considérant Harry tristement.

— Je sais que je ne peux pas te faire changer d'avis, Harry, dit Remus. Je n'ai jamais réussi à faire changer Sirius d'avis et Dieu sait que j'ai essayé. Mais j'avais espéré que sa mort t'aurait appris quelque chose. Tu dois réfléchir sérieusement au nombre de vies que tu es prêt à sacrifier à cette haine.

Remus se leva et partit en fermant la porte doucement derrière lui.

Harry se recoucha, mais ne parvint pas à se détendre. Il se tourna et se retourna jusqu'à tomber dans un sommeil agité, rempli de rêves de figures masquées bercées d'un rire suraigu.


Le soleil était haut dans un ciel dégagé quand Harry se réveilla le lendemain. Il était allongé dans son lit, à repasser tous les événements de la nuit précédente dans sa tête. Il se demandait si sa tante Pétunia et son oncle Vernon avaient fini par rentrer à la maison et si oui ou non il devrait jamais les revoir. Il serait parfaitement content de ne pas y retourner, et dans tous les cas, il ne voyait pas comment il pourrait lui être possible d'habiter à Privet Drive à nouveau.

La rêverie d'Harry fut interrompue par un fort grognement de son estomac, il se leva alors et descendit en quête d'un petit déjeuner. La maison était très calme. Personne d'autre ne semblait être éveillé. Harry se rendit compte qu'il ne savait même pas si quelqu'un d'autre se trouvait dans la maison à part lui-même et Remus.

Quand il arriva à la cuisine, Harry découvrit Remus supervisant une poêle sur le feu. L'odeur rendit le grondement de l'estomac d'Harry encore plus insistant.

— Ah, Harry, je me demandais si tu allais dormir pendant le déjeuner aussi.

— Quelle heure est-il ?

— Près de midi. As-tu bien dormi ?

— Oui, répondit honnêtement Harry.

Il soupçonnait que Remus n'avait, quant à lui, pas passé une bonne nuit. Son ancien professeur avait l'air hagard, mais au moins la dispute d'Harry avec Rogue de la nuit dernière semblait avoir été pardonnée.

— Assieds-toi, tu dois être affamé, invita Remus.

Il apporta à Harry un grand bol de ce qui paraissait être une soupe maison accompagné d'une assiette de sandwichs.

— C'est délicieux ! dit Harry, dévorant son repas. Je ne savais pas que tu savais cuisiner.

— C'est incroyable ce que des années à vivre seul peuvent nous apprendre, dit Remus en le rejoignant à table. Sirius disait que c'était ma plus grande contribution à l'Ordre.

Il sourit puis se figea et lança à Harry un regard inquiet.

— Ça va, dit Harry. Ça ne me dérange pas que tu parles de lui. Ça aide, en fait.

— S'il y a quoique ce soit que je puisse faire pour aider, Harry, tu sais qu'il te suffit de demander.

— Je sais, dit Harry. Il avala la boule dans sa gorge et changea de sujet. Y a-t-il quelqu'un d'autre ici ?

— Pas pour le moment. Ding était là plus tôt et il a rapporté toutes tes affaires. Le ministère des Catastrophes Magiques a fait du bon travail d'ailleurs, ils ont réparé ta maison, remplacé la porte d'entrée et supprimé les souvenirs de tous les voisins. Ta tante et ton oncle ne sauront jamais qu'il s'est passé quelque chose. Nous leur avons laissé une note disant que tu étais parti pour l'année, mais que vous resterez en contact.

— Ouais sûrement, dit Harry. Est-ce que Ron et Hermione vont venir ici pour quelque temps ?

— Plus tard, vers la rentrée scolaire. Mais ici tout le monde va et vient, donc ne t'inquiète pas, tu ne seras pas coincé en ma compagnie.

— Ta compagnie est beaucoup mieux que celle des Dursley, dit Harry. Bien que je suppose que ça ne veut pas dire grand-chose.

Remus rit.

— Tonks sera ici pour le dîner d'ailleurs. Elle va passer la nuit ici, donc si tu as besoin de quoi que ce soit, demande-lui. Elle n'est pas aussi bonne cuisinière que moi, mais je suis sûr que vous vous débrouillerez tous les deux.

— Tu ne seras pas là ? demanda Harry.

Remus hésita très légèrement, puis sourit.

— C'est la pleine lune ce soir, Harry.

Harry rougit d'embarras.

— Je suis désolé Remus. Je ne savais pas.

— Il n'y a aucune raison que tu le saches, répondit Remus en souriant légèrement. La plupart des gens ne suivent pas les phases de la lune aussi bien que moi. Je serai dans mon bureau pendant la nuit.

— Tu prends la potion Tue-Loup, alors ?

— Oui. Au vu de l'activité Mangemorts des deux derniers mois, Dumbledore pense que ce serait trop gênant pour moi d'être souffrant pendant plusieurs jours de suite.

— Qui la prépare ?

— Ton Maître des Potions préféré, bien sûr, dit Remus en souriant malicieusement.

— Rogue ?

— Tu n'as pas besoin de faire cette tête, Harry. C'est l'un des meilleurs préparateurs de potions des alentours. En plus, il est membre de l'Ordre, ce qui évite un grand nombre de questions embarrassantes.

— Tu lui fais confiance ?

— Bien sûr que je lui fais confiance. Pourquoi ne devrais-je pas ? répondit Remus avec dédain.

Il se leva de table.

— Maintenant, écoute. Tu n'as pas à faire quoi que ce soit de particulier aujourd'hui, détends-toi et installe tes affaires. J'ai du travail à faire pendant quelques heures, mais si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi.

Harry n'était pas ravi que Remus ait à compter sur Rogue pour la potion Tue-Loup, mais il était clair que Remus n'allait pas en discuter davantage. Il regarda son ancien professeur se diriger vers la bibliothèque et s'occupa ensuite de récupérer ses affaires dans le hall d'entrée.

Harry était heureux de découvrir que Mondingus Fletcher avait tout apporté, y compris ses cadeaux d'anniversaire qui avaient été cachés sous le plancher de sa chambre chez les Dursley. Il traîna tout dans sa chambre et passa l'heure suivante à tout déballer. Il passa le reste de l'après-midi à étudier jusqu'à ce que Remus vienne frapper à sa porte.

— Harry, je serai dans mon bureau pour le reste de la nuit.

— Est-ce que tu as besoin de quelque chose ? demanda Harry.

— Non, c'est bon. Je te verrai demain matin.

Harry étudia un peu plus longtemps, jusqu'à ce qu'il entende des bruits en bas. Il suivit les bruits de claquements de poêles et de casseroles et trouva Tonks à quatre pattes, la tête enfouie dans un placard de la cuisine.

— Salut Tonks, dit Harry.

— Salut Harry ! As-tu une idée d'où Remus range les grandes poêles ?

— Euh, pas vraiment.

— Je devais faire des spaghettis, mais tout ce que j'arrive à trouver, c'est les casseroles.

A ce moment, la sonnette d'entrée retentit.

— On attend quelqu'un d'autre ? demanda Harry.

Tonks haussa les épaules.

— Peut-être. On ne sait jamais qui peut se présenter ici.

Elle retourna fouiller dans le placard tandis qu'Harry monta répondre à la porte. À sa grande et agréable surprise, c'était Mrs Weasley.

— Harry, mon chéri, comment vas-tu ? dit-elle en lui donnant une accolade et un baiser sur la joue.

— Je vais bien, dit Harry. Nous ne vous attendions pas, cependant. Tout va bien ?

— Oh oui, tout va bien. Je ne resterai pas longtemps. C'est juste qu'avec la pleine lune et l'angoisse que tu as vécu hier soir, je voulais juste m'assurer que tu n'avais besoin de rien.

— Vous ne sauriez pas où Remus garde les grandes poêles ?

Harry expliqua que Tonks essayait de faire le dîner pendant que Mrs Weasley le suivait jusqu'à la cuisine. Elle jeta un regard rapide au désordre qui y régnait et se porta immédiatement volontaire pour cuisiner. Harry et Tonks mirent la table et bavardèrent, laissant Mrs Weasley préparer le dîner. La radio magique était allumée et l'attention d'Harry fut soudain attirée par la mention de son nom.

— Alors, Mr Pembroke, commença l'annonceur de la RITM, vous ne croyez pas que Harry Potter soit la solution au retour de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ?

— Bien sûr que non, déclara Pembroke, paraissant aussi arrogant qu'Harry l'avait toujours imaginé être.

— Les plus grands sorciers de notre âge ont été incapables de vaincre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. C'est ridicule de penser qu'un garçon puisse le faire.

— Mais Harry Potter n'est pas n'importe quel garçon. C'est le garçon qui a survécu et il a échappé à Vous-Savez-Qui à plusieurs reprises au cours des dernières années.

— Il a eu de la chance et il a bénéficié sans aucun doute de beaucoup d'aide. Mais maintenant que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom est de retour au pouvoir, ce n'est qu'une question de temps avant que–.

Mrs Weasley éteignit la radio.

— Quelles bêtises ! Ils n'ont rien de mieux à faire que de s'asseoir et débattre de quelque chose dont ils ne savent rien ! Ne fais pas attention à eux, Harry, mon chéri.

Harry hocha la tête, mais il réussit seulement un faible sourire et l'ambiance dans la cuisine devint beaucoup plus réservée. Peu après, cependant, le dîner fut prêt. Harry et Tonks s'assirent pour manger, mais Mrs Weasley ne se joignit pas à eux.

— J'ai fait cuire des biscuits pour plus tard, leur dit-elle, ramassant ses affaires. Ils sont juste à côté de la cuisinière.

— Vous ne partez pas déjà ? demanda Harry.

— Je crains qu'il faille que je rentre à la maison pour Arthur et les enfants. Nous allons tous nous revoir très bientôt, j'en suis sûre. Pour l'instant, repose-toi, Harry. Tu es en sécurité ici.

Avec un dernier sourire et une étreinte, Mrs Weasley disparut et Harry se sentit inexplicablement seul.

Il ignora ce sentiment et Tonks et lui commencèrent à dîner. Pendant qu'ils mangeaient, Tonks le mit au courant des derniers exploits de l'Ordre, ou du moins ceux qui n'étaient pas confidentiels. Ce n'était pas aussi impressionnant qu'Harry l'aurait espéré. Le plus gros du boulot consistait à identifier les Mangemorts et leurs sympathisants. C'était un travail nécessaire, mais pas du genre à sauver des vies dans l'immédiat.

Harry écouta poliment, mais alors que l'été dernier, il aurait absorbé tous les détails et aurait voulu être impliqué de quelle que manière que ce soit, il se rendait maintenant compte qu'il ne s'en souciait plus vraiment. Il alla se coucher tôt, pas tellement fatigué physiquement mais épuisé émotionnellement.


Harry se réveilla pour une nouvelle belle journée, le soleil brillant à flots par la fenêtre. Cela ne suffit pas à lui remonter le moral. Allongé dans son lit, il entendait encore la voix d'Averill Pembroke résonner dans sa tête. « Les plus grands sorciers de notre âge ont été incapables de vaincre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. C'est ridicule de penser qu'un garçon puisse le faire. »

Pembroke était odieux, mais il avait raison. C'était ridicule. Si des gens comme Dumbledore ne pouvaient pas vaincre Voldemort, quelle chance Harry avait-il ? Spontanément, les souvenirs de l'attaque de Privet Drive lui vinrent à l'esprit avec le sentiment désespéré qu'il finirait par mourir aux mains de Voldemort et qu'il n'y avait rien qu'il pourrait faire pour l'empêcher.

Harry se leva du lit et descendit, en espérant que le mouvement lui permettrait de garder ses pensées à distance. Il trouva Remus dans la cuisine, sirotant une tasse de thé. Il était pâle et fatigué, mais autrement sain et sauf.

— Bonjour, Harry. Joyeux anniversaire.

Harry resta bouche bée une fraction de seconde. Il avait oublié que c'était son anniversaire.

— Merci, Remus. Comment ça va ?

— Mieux que ce dont j'ai l'air. Assieds-toi, je vais te préparer ton petit déjeuner.

— Je peux le faire.

— C'est absurde ! C'est ton anniversaire.

Remus se mit à préparer le petit déjeuner pendant qu'Harry mettait la table. Bien qu'il fût visiblement raide, Remus semblait globalement en bonne santé, remarqua Harry.

— Mange, puis habille-toi, Harry, dit Remus alors qu'ils s'assirent pour manger. Nous allons au Chemin de Traverse, aujourd'hui. Ta liste de livres pour cette année est arrivée avec le courrier de ce matin.

Remus lui tendit une feuille de papier. Il n'y avait que deux nouveaux manuels : celui de Charmes, de sixième année bien entendu, et un texte avancé de Métamorphose.

— Quelque chose d'autre est arrivé pour toi, dit Remus en tendant une lettre à l'allure officielle venant du Ministère de l'Éducation Magique.

Le cœur d'Harry rata un battement. Ce devait être les résultats de ces BUSE. Il attrapa la lettre, prit une profonde inspiration et l'ouvrit.

Monsieur Potter,

Nous sommes heureux de vous informer que vous avez reçu la note de passage pour les BUSE suivantes:

Astronomie Acceptable

Soins aux Créatures Magiques Acceptable

Charmes Effort Exceptionnel

Défense contre les Forces du Mal Optimal

Botanique Acceptable

Histoire de la Magie Acceptable

Potions Optimal

Métamorphose Effort Exceptionnel

Cordialement,

Addlebert Cancre
Ministère de l'Éducation

Harry poussa un soupir de soulagement. Les deux derniers étaient les seuls pour lesquels il avait réellement été inquiet. Il avait besoin de poursuivre les cours de Métamorphose et de Potions s'il voulait avoir un quelconque espoir de devenir un Auror, et les deux professeurs McGonagall et Rogue exigeaient des notes élevées aux BUSE. Il avait été particulièrement inquiet en Potions, mais sans Rogue autour de lui pour le distraire, il avait manifestement assez bien réussi.

— Bonnes nouvelles ? demanda Remus.

Harry sourit et lui montra la lettre.

— Fantastique, Harry ! Bien joué ! Je dirais que cela exige une double célébration. Après avoir acheté tes fournitures scolaires, qu'est-ce que tu dis de nous arrêter chez Florian Fortarôme pour savourer la plus grande crème glacée qu'il a en stock ?

— Ce serait formidable, dit Harry avec enthousiasme.

Sortir de la maison était exactement ce dont il avait besoin.

Il avala le reste de son petit déjeuner, s'habilla, puis accompagna Remus à un salon de thé à proximité, où ils se servirent la cheminée pour se rendre au Chemin de Traverse.

Il ne fallut pas longtemps à Harry pour acheter la totalité de ses fournitures. Il avait fait cela pendant des années et savait exactement ce qu'il voulait et où tout se trouvait. Il sourit à des enfants plus jeunes, des premières années sans doute, qui faisaient visiblement leur shopping au Chemin de Traverse pour la première fois. Ils s'arrêtaient à chaque vitrine, regardant avec des yeux écarquillés les merveilles à l'intérieur pendant que leurs parents essayaient en vain de les dépêcher.

De toute évidence, pensa Harry avec un sourire en coin, Remus était presque aussi gamin qu'eux. Il s'était demandé au début si son ancien professeur serait en forme pour ce voyage si tôt après la pleine lune. Il craignait également que Remus se soit ennuyé à acheter des fournitures aussi banales que des plumes et des parchemins, mais Remus semblait ravi de suivre Harry d'un magasin à l'autre, examinant toutes les curiosités et discutant de Quidditch et de la prochaine année scolaire.

Il doit être trop solitaire, Harry réalisa. Sirius lui manque probablement encore plus qu'à moi.

— Je pense que c'est tout, dit Harry à Remus alors qu'ils sortaient de Fleury et Bott.

— Et tes ingrédients de potions ?

— Je n'ai pas eu de liste pour ça.

Remus fronça les sourcils un instant.

— Eh bien, je suppose que tu pourras acheter tout ce dont tu auras besoin à Pré au Lard. Pour le moment, je pense qu'il est temps d'aller rendre visite à nos amis récemment installés sur le Chemin de Traverse.

Harry sourit. Il savait exactement de qui Remus parlait.

Weasley, Farces pour Sorcier Facétieux, Numéro Quatre-vingt-trois, Chemin de Traverse, était un spectacle à ne pas manquer. Le bâtiment lui-même ne cessait de changer de couleurs, de l'orange au violet en passant par une teinte vraiment hideuse de vert, et pratiquement toute autre couleur qu'Harry pouvait nommer, et même certaines dont il n'en était pas capable. Il y avait une immense langue pendant d'une fenêtre à l'étage, qui parfois bavait sur les passants. Il y avait également des bruits métalliques, des détonations et des explosions imprévisibles venant de l'intérieur. Harry et Remus échangèrent des sourires et entrèrent.

Fred et George Weasley étaient debout au milieu d'une demi-douzaine d'enfants enthousiastes qu'Harry reconnut vaguement comme des élèves de Poudlard, mais ils étaient plus jeunes que lui et n'étaient pas à Gryffondor.

— Maintenant, voici ce dont vous avez besoin pour fouiner dans les recoins non autorisés du château, dit Fred en désignant ce qui ressemblait à une barre de chocolat que George tenait dans ses mains. Le Crunch Caméléon, une de nos dernières inventions. George, si tu veux bien faire une démonstration ?

George sourit et prit une petite bouchée de la barre. Il sembla immédiatement disparaître, se fondant dans les étagères derrière lui.

— Comme vous pouvez le voir, cela fonctionne comme un sortilège de désillusion. Une barre vous garantit vingt minutes de quasi-invisibilité. Bien sûr, vous n'êtes pas obligé de tout manger à la fois. Un simple quart sera suffisant pour vous débarrasser de quelqu'un dans les couloirs.

Deux garçons à l'arrière du groupe échangèrent un rapide coup d'œil.

— Nous allons en prendre une douzaine, dit un des garçons qui commençaient déjà tout deux à chercher de l'argent dans leurs poches.

— Et une boîte de ces « Thés absents », ajouta son ami, visiblement complice.

— Excellents choix, messieurs ! Par ici, déclara George qui était redevenu visible. Toute personne souhaitant faire un achat, s'il vous plaît rendez-vous au comptoir. Et n'oubliez pas que nous avons aussi des catalogues à votre disposition.

L'ensemble du groupe d'étudiants suivit George vers le comptoir.

— Harry ! appela Fred, qui avait repéré Harry et Remus. Bienvenue à Weasley, Farces pour Sorciers ! On se demandait quand tu allais nous honorer de ta présence. Remus, comment vas-tu ?

— Je vais bien, dit Remus en serrant la main de Fred. Harry vient d'arriver pour le reste de l'été, alors j'ai pensé que je l'emmènerais par ici.

— Fred, c'est génial ! dit Harry.

— En fait, on te doit tout mon pote.

— Non, vous ne me devez rien du tout !

— Nous n'aurions rien pu faire sans toi. Tu es notre financeur.

— C'est vrai, dit Remus avec une lueur d'amusement dans les yeux. Je me souviens avoir entendu quelque chose à ce sujet. Je dois dire que tu sais reconnaître un bon investissement quand tu en vois un, Harry.

— J'ai juste donné de l'argent, dit Harry, se sentant un peu gêné. Ce sont Fred et George les génies qui ont eu toutes les bonnes idées !

— Génies ? demanda George, se joignant à eux après avoir accompagné tous les élèves et leurs achats considérables à la sortie de la boutique. Ai-je bien entendu quelqu'un parler de nous comme des génies, Fred ?

— Oui il me semble, George ! Bien sûr, Harry a toujours été exceptionnellement perspicace, contrairement à nos professeurs de Poudlard. Ne le prends pas mal Remus !

— Ne t'inquiète pas, répondit Remus avec un petit rire.

La porte de la boutique s'ouvrit et un homme de l'âge de Remus entra en essuyant une grande tache de bave de l'épaule de ses robes onéreuses.

— Puis-je vous aider, monsieur ? demanda George.

— Non, non, merci, dit l'homme en regardant à peine George.

Il s'approchait plutôt d'Harry et Remus.

— Mr Potter n'est-ce pas ? Harry Potter ? Averill Pembroke de la Gazette du Sorcier.

Harry fronça les sourcils. La dernière chose qu'il voulait faire était de parler à un journaliste, encore moins à Pembroke.

— Depuis votre participation aux événements dramatiques qui ont annoncé le retour de Vous-Savez-Qui, tout le monde parle de vous, Mr Potter, poursuivit Pembroke. Pourtant, vous êtes resté très secret. J'espérais obtenir votre réaction sur le fait que l'ensemble du monde des sorciers semble se tourner vers vous pour des conseils.

— Je pense que tout le monde a peur, c'est tout. Si quelqu'un veut des conseils, il devrait se tourner vers le professeur Dumbledore à Poudlard. Je n'ai rien à offrir.

— Alors les rumeurs qui disent que vous êtes personnellement opposé à Vous-Savez-Qui sont infondées ?

— Presque tout le monde est opposé à Voldemort, dit Harry.

Il sentit une lueur de satisfaction en voyant Pembroke pâlir au son du nom de Voldemort. Néanmoins, le journaliste ne sembla pas découragé.

— Donc, vous n'avez pas peur de lui ?

— Non, je n'ai pas peur de lui.

— Cela vous rend soit très courageux soit très stupide, Mr Potter, en particulier après les récents événements.

Le sourire poli de Pembroke n'atteignait pas ses yeux et en les regardant, Harry frissonna. Il n'aurait pas pu dire comment il le savait, mais il en était certain. Pembroke était un Mangemort.

— Je suis encore en vie, dit Harry avec soin. Et, vous pouvez dire à ceux... Harry hésita pendant une fraction de seconde en regardant le bras gauche de Pembroke, ...à qui vous rendez compte, que j'ai l'intention de le rester.

L'expression de Pembroke ne changea pas, mais il se raidit juste assez pour qu'Harry sache que son message était passé.

Remus s'avança:

— C'est assez de questions pour le moment, je pense.

— Et vous êtes ? demanda Pembroke, sans prendre la peine de cacher son mépris.

— Un ami, dit Harry avant que Remus ne puisse répondre.

— Tout comme nous, ajouta George, posant aimablement un bras sur l'épaule de Pembroke.

— Et il se trouve que c'est notre boutique, dit Fred en copiant le mouvement de son frère de l'autre côté de Pembroke.

— Et, autant que nous considérons que le client est roi... dit George, alors qu'ils emmenaient le journaliste loin d'Harry, en direction de la porte.

— ...Vous n'avez rien acheté, et nous pensons vraiment qu'il est temps pour vous de partir, termina Fred.

Ils arrivèrent à la porte et poussèrent violemment Pembroke qui ne réussit que de justesse à ne pas s'étaler dans la rue.

— Et ne revenez pas, dit George agréablement, fermant la porte sur l'homme furieux.

— Quel connard ! dit Fred.

— Papa nous a raconté ce qui est arrivé chez ton oncle et ta tante, Harry, dit George avec une gravité inhabituelle. Nous savons que tout ira bien avec Remus.

— Mais si tu as besoin de quelque chose– continua Fred sur le même ton.

— Quoique ce soit– dit George.

— Tu nous le dis, on saura quoi faire, termina Fred.

Harry sourit aux jumeaux.

— Prenez soin de vous, ça suffira.

Fred et George sourirent à leur tour.

— Ne t'inquiète pas pour nous, Harry, dit Fred.

— Ouais. On est des experts en la matière, conclut George.


Harry et Remus retournèrent au Square Grimmaurd en début d'après-midi. Fidèle à sa parole, après avoir quitté Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux, Remus avait acheté les plus grandes coupes de glace de Florian Fortarôme et Harry se sentait légèrement nauséeux, même s'il avait seulement réussi à manger la moitié de la sienne. Il monta et venait de terminer de déposer ses fournitures scolaires dans sa valise quand Remus l'appela.

— Harry, tu veux bien me donner un coup de main dans la bibliothèque une minute ?

— J'arrive ! répondit Harry. Il descendit et ouvrit la porte de la bibliothèque. Qu'est-ce que tu veux que je fasse, Remus ?

— Surprise !

Harry sursauta. La pièce était pleine de gens, tout le monde applaudissait et souriait. Mr et Mrs Weasley étaient là avec Ron et Ginny. Il vit Fred et George debout à côté d'Hermione. Puis il y avait Maugrey et Tonks ainsi qu'un certain nombre de membres de l'Ordre, dont certains qu'il connaissait à peine. Hermione et Ron se détachèrent de la foule et vinrent vers lui.

— Joyeux anniversaire, Harry ! s'exclama Hermione, le serrant violemment.

— C'est quoi tout ça ? demanda Harry, enfin capable de retrouver sa voix.

— C'est une fête surprise, idiot ! Qu'en penses-tu ? lui demanda Ron en lui tapant sur l'épaule. Viens, on a des cadeaux et des gâteaux et plein d'autres choses à manger.

Harry se laissa entraîner dans la salle. Ron avait raison. Il y avait une montagne de nourriture et un beau gâteau, fait par Mrs Weasley. Et il y avait plus de cadeaux qu'Harry n'avait jamais reçus en une seule fois dans sa vie. Mais surtout, il était entouré de ses amis. C'était, sans aucun doute, le meilleur anniversaire qu'Harry n'avait jamais passé.