Note : Et voilà le dernier chapitre, j'espère que ça vous a plu. J'imagine que vous vous joignez à moi pour remercier l'auteur Theowyn of HPG à qui revient tout le mérite. Il y a une suite, de 31 chapitres, qui couvrent la dernière année d'Harry à Poudlard. J'ai commencé à la traduire, donc pour ceux qui veulent, direction Harry Potter et les Âmes enchaînées !
Merci encore aux reviewers et enjoy !
Chapitre 19: The End
C'était déjà la fin de l'après-midi quand Harry commença à regagner la Tour de Gryffondor, traînant lentement dans les couloirs. Il dépassa un groupe d'élèves discutant de l'attaque à Pré-Au-Lard, ce qui le surprit au début. La bataille semblait s'être déroulée une éternité auparavant. Il avait l'impression d'être une personne différente de celle qu'il avait été seulement quelques heures plus tôt. Il avait trouvé en lui la haine qu'il craignait, qui lui donnerait le pouvoir de tuer. Mais il avait trouvé autre chose de beaucoup plus puissant.
Avec le recul, cela paraissait logique. Il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore… Harry avait toujours été déprimé par cette phrase de la prophétie : Voldemort était le mage noir le plus puissant qui avait jamais vécu. Mais il ignorait tout de la compassion ou du pardon et Harry était certain que ce serait la clé pour le battre. Là, dans le bureau de Dumbledore, confronté à cette douleur, à cette tragédie que la haine avait causées, Harry avait soudainement su, et ce avec une certitude absolue, qu'elle était allée trop loin. Qu'il vive ou qu'il meure, il savait au moins qu'il n'aurait pas à devenir un monstre pour battre Voldemort. Sachant cela, il pouvait faire face à tout ce qui l'attendait.
Harry arriva à la Tour de Gryffondor et alla directement dans son dortoir. Il ouvrit la porte et fut surpris d'y trouver Ron, Hermione, Neville et Ginny.
— Harry ! s'exclama Neville, sautant sur ses pieds.
— Où diable étais-tu parti ? demanda Ron, bondissant également de son lit. On t'a cherché partout.
— Que s'est-il passé ? demanda Hermione. La façon dont tu t'es dépêché de….
Neville l'interrompit.
— Ça avait quelque chose à voir avec Bellatrix Lestrange, n'est-ce pas ?
— Le Professeur Rogue t'a trouvé ? demanda Ginny. Ou le Professeur Dumbledore ? Ils étaient tous les deux partis à ta recherche.
Harry scruta les visages qui l'observaient et hésita. Il venait de voir ce que quinze ans de secret avaient fait à Rogue et il voulait être honnête avec ses amis, mais ce n'était pas à lui de partager ce secret. Peut-être un jour, mais pas maintenant : la blessure avait besoin de temps pour guérir. Harry inspira profondément et choisit ses mots avec précaution.
— Je suis désolé, je ne voulais pas vous inquiéter. J'étais juste un peu anxieux, c'est tout. Bellatrix Lestrange m'a dit certaines choses et j'aurais dû savoir que je ne devais pas l'écouter. Je l'ai laissée m'atteindre, c'était stupide. Si tu ne l'avais pas stupéfixiée quand tu l'as fait, Neville, je ne veux même pas penser à ce qui serait arrivé.
Neville rougit devant l'éloge d'Harry et Harry fut soulagé de voir la sympathie et la compréhension prendre la place de l'inquiétude dans les yeux de ses amis.
— Les Aurors l'ont sous leur garde maintenant, dit Hermione avec satisfaction. Le Ministère est censé avoir de nouvelles mesures de sécurité en place à Azkaban, donc on peut espérer ne plus jamais la revoir.
— Que s'est-il passé en ville ? demanda Harry, pressé de changer de sujet, mais également curieux.
Ginny répondit.
— Tout d'abord, c'est à Jeremy et Walter que l'on doit la diversion dans la rue. Ils ont fait exploser une des Bombes Percussion de Zonko. Très ingénieux, ajouta-t-elle avec un regard insistant dirigé à son frère.
Ron grimaça.
— J'ai déjà dit qu'ils s'en sont bien sortis. Pourquoi tu as toujours besoin de remettre le sujet sur la table ?
Hermione continua l'histoire avant que Ron ou Ginny puisse en dire davantage sur ce qui semblait être une dispute récurrente.
— C'était un complet chaos. Tout le monde criait et courait. La moitié des Mangemorts sont partis après toi, mais il en restait encore pas mal et Voldemort était toujours là. Il ne vaut mieux pas imaginer ce qui serait arrivé si Dumbledore n'était pas venu.
— Je ne l'ai jamais vu autant en colère, dit Ron avec un respect mêlé de crainte et d'admiration. Voldemort n'a pas traîné dans le coin non plus, je te le dis. Il a aperçu Dumbledore et a pris la fuite.
— Bien sûr, ça a laissé ses Mangemorts dans une situation assez délicate, dit Ginny avec un sourire ravi.
Hermione reprit une nouvelle fois le fil de la narration.
— A ce moment, les Professeurs et les Aurors sont arrivés et il y a eu une grande bataille, mais le Professeur McGonagall a fait mettre les élèves à couvert dans les magasins, on en a donc manqué la plus grande partie.
— J'ai pu voir Ryan en action cependant, dit Ron avec enthousiasme. C'est un duelliste hors pair ! Il s'est retrouvé à prendre trois Mangemorts en même temps et à lui tout seul.
Hermione continua.
— Quand les choses se sont calmées, on est retournés dehors et c'est à ce moment que le Professeur Rogue nous a arrêtés et nous a demandé où tu étais. Il nous a envoyés te trouver et tu connais la suite.
— Et personne n'a été blessé ? demanda Harry, ne croyant pas complètement en leur bonne étoile.
— Quelques élèves ont été touchés par des sorts qui traînaient, dit Neville. Mais personne n'est mort.
— Je ne comprends pas pourquoi Voldemort a attaqué Pré-Au-Lard, cependant, dit Hermione, se mordillant la lèvre d'un air pensif.
— Il essayait juste encore de semer la terreur, dit Ginny, mais Hermione secoua la tête.
— C'est une chose de cambrioler Gringotts au milieu de la nuit, ou de faire lancer Morsmordre à Drago Malfoy à l'école. C'était sans danger pour Voldemort. Mais amener autant de ses Mangemorts à Pré-Au-Lard en plein jour, alors qu'il devait savoir que Dumbledore et les Aurors finiraient par arriver – c'était un gros risque et ça n'a servi à rien.
— Tout ce qui semblait l'intéresser c'était de te tuer, Harry, dit Neville.
— Mais pourquoi ? demanda Ginny.
Quatre paires d'yeux fixèrent Harry et il se sentit mal à l'aise.
— Par le passé, il avait toujours une raison pour s'en prendre à toi, dit Hermione. Sais-tu ce qu'il voulait cette fois ?
Harry déglutit. On en venait à son secret le plus sombre, secret qu'il avait gardé pendant un an. Il pouvait sentir son pouls s'accélérer, mais il savait que le moment était venu de dire la vérité.
— Oui, je sais pourquoi il s'en est pris à moi, dit Harry. Il y a quelque chose que je dois vous dire à tous mais je pense que vous feriez mieux de vous asseoir.
Ses amis échangèrent des regards anxieux, mais s'assirent quand Harry se remit à parler.
— Vous vous souvenez de la prophétie après laquelle Voldemort courait l'an dernier, celle que tu as brisée Neville ?
— On ne pourrait pas vraiment oublier ça, dit Ron et les autres hochèrent la tête.
— Dumbledore sait ce que dit la prophétie, continua Harry. Il me l'a dite juste après la mort de Sirius.
— Tu veux dire que tu la connais depuis tout ce temps ? demanda Hermione, surprise.
Harry hocha la tête.
— Pourquoi tu ne nous l'as pas dit ? demanda Ginny.
Harry haussa les épaules.
— Ça n'a jamais semblé être le bon moment.
— Donc, qu'est-ce qu'elle dit ? demanda Neville.
— Elle dit : Celui qui aura le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche… Né de ceux qui l'ont par trois fois défié, né à la fin du septième mois… Et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal, mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore… Et l'un devra mourir de la main de l'autre, car aucun ne peut vivre tant que l'autre survit. Celui qui aura le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres naîtra à la fin du septième mois…
Il y eut un moment de silence alors que les autres digéraient ses paroles.
Enfin, Neville brisa le silence avec hésitation.
— Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Ça veut dire qu'Harry est le seul à pouvoir battre Voldemort, répondit Hermione d'une toute petite voix. Elle regarda Harry. Ça veut dire que tu dois le tuer ou alors il te tuera. C'est bien ça, Harry ?
Harry hocha la tête.
— Oui. C'est ce que ça veut dire.
Il y eut un nouveau silence prolongé durant lequel les amis d'Harry ne firent que le dévisager d'un air choqué.
— Et tu n'as pas pris la peine de le mentionner ? demanda finalement Ron d'une voix étranglée.
Harry soupira.
— Je ne pouvais pas vous le dire parce que je ne pouvais pas supporter de vous voir tous me regarder comme vous le faites maintenant, comme si j'étais atteint d'une maladie terminale et qu'il y avait des chances que je tombe raide mort à n'importe quel moment.
Ron, Hermione et Neville détournèrent les yeux, gênés, mais Ginny continua à regarder Harry avec une expression indéchiffrable.
— Donc pourquoi tu nous le dis maintenant ?
— Parce que maintenant je sais que je peux le battre, dit Harry.
— Battre Voldemort ? demanda Ron, ne cachant pas son incrédulité. Comment ?
— Je ne suis pas sûr, admit Harry. Mais je sais que je peux le faire.
Cela ne sembla pas rassurer du tout les amis d'Harry. En fait, ils semblaient même encore plus inquiets que jamais.
— Ecoutez, je sais que ça parait complètement fou, mais c'est dur à expliquer. La connexion mentale que je partage avec Voldemort est la clé. Je ne sais juste pas encore comment l'exploiter pour le moment.
— Comment ça pourrait t'aider ? demanda Neville.
Harry ne savait pas trop comment expliquer, mais l'expression d'Hermione s'était éclaircie, l'inquiétude ayant fait place à une profonde compréhension.
— La Legilimancie n'est pas seulement un moyen de lire les pensées des autres, dit-elle avec enthousiasme. On peut aussi s'en servir comme une forme d'attaque. Un Legilimens très doué pourrait même tuer en utilisant uniquement son esprit.
— Donc, dans ce cas, parce que ton lien avec l'esprit de Voldemort est si fort, tu pourrais être capable de l'attaquer par son esprit, c'est ça ? demanda Ginny à Harry.
— Oui, exactement.
— Si je comprends bien, dit Ron lentement. Tu dois battre le mage noir le plus puissant de tous les temps dans une sorte de duel mental, et même si tu ne sais pas comment faire, tu es certain que tu vas gagner.
Cela semblait absurde, bien sûr, mais Harry réussit à réunir plus de confiance qu'il n'en ressentait et croisa sereinement le regard empli de doutes de Ron.
— Ouais, c'est à peu près ça. Il soutint le regard de Ron jusqu'à ce qu'il finisse par hocher la tête, ayant l'air satisfait.
— Tant que tu en es convaincu. Vu le nombre de fois où tu as été plus malin que lui, j'imagine que tu devrais y arriver.
— Quelle que soit la façon dont tu y arrives, le plus important est que l'on sait que Voldemort peut être battu, dit Hermione l'air pensive. Il n'est pas invincible.
— C'est vrai ! approuva Neville, s'illuminant considérablement. On n'en a jamais été sûrs avant. Au moins maintenant on a un vrai espoir.
Les autres hochèrent tous la tête et Harry fut étonné que ses amis puissent trouver de l'espoir dans la prophétie quand, pendant si longtemps, il n'y avait rien trouvé d'autre que du désespoir. Il était soulagé qu'ils ne sentent pas le poids du fardeau qu'il portait.
— Et si on allait dîner maintenant ? demanda Ron. Je ne sais pas pour vous, mais je suis affamé. Se battre contre des Mangemorts, ça ouvre l'appétit.
La Grande salle fourmillait de monde quand Harry et ses amis y arrivèrent. Les odeurs qui s'élevaient des plats alignés sur la table des Gryffondors fit gronder l'estomac d'Harry et il mit rapidement de la nourriture dans son assiette. Alors qu'il piquait dans son repas, Harry vit Dumbledore et Rogue arriver. Le Maître des Potions semblait perdu dans ses pensées. Il ne lança même pas un regard en direction de la table de Gryffondor, pourtant Harry ne le remarqua pas. C'était Dumbledore qui avait attiré son attention.
Le Directeur semblait transformé : la lassitude qui s'était étendue sur lui toute l'année comme un voile était partie, et il paraissait plus jeune que ce qu'il avait semblé plus tôt dans la journée. Son visage était illuminé d'une sorte de ravissement sérieux et il lança à Harry un sourire triomphant qui lui fit réaliser la rareté de ses vrais sourires depuis le retour de Voldemort. Dumbledore lui fit un clin d'œil et Harry lui rendit son sourire, puis reporta son attention à son dîner.
Alors qu'ils finissaient leur dessert, Ginny se pencha vers Harry.
— Ça te dit d'aller marcher un peu ? demanda-t-elle.
— Ça serait génial, approuva rapidement Harry.
Il n'était pas vraiment d'humeur à aller s'asseoir dans la salle commune pour jouer à la Bataille Explosive ou parler de Quidditch.
Lui et Ginny quittèrent la Grande Salle et sortirent, le soleil désormais bas dans le ciel. Ils marchèrent en silence quelques instants, puis s'arrêtèrent pour regarder le lac. Ginny était inhabituellement silencieuse et arborait une expression pensive.
— Qu'est-ce que tu as à l'esprit ? demanda Harry.
Ginny regarda Harry.
— Depuis combien de temps sais-tu que tu peux battre Voldemort ?
Harry hésita et considéra momentanément éluder la question, mais Ginny semblait toujours l'inciter à dire la vérité. Il lui fit un léger sourire.
— A peu près deux heures.
Ginny hocha la tête comme si Harry venait de confirmer quelque chose qu'elle savait déjà.
— Ça ne te surprend pas ? demanda Harry.
— Non, dit Ginny. Tu as été si distrait toute l'année. Même après avoir appris à contrôler tes visions, tu semblais toujours inquiet et distant. Mais cet après-midi, quand tu es revenu au dortoir, il y avait quelque chose de changé chez toi. Tu semblais en paix, comme tu ne l'as pas été depuis des années.
Harry regarda Ginny, stupéfait.
— Comment tu fais ça ?
Ginny fronça légèrement les sourcils avec confusion.
— Fais quoi ?
— J'ai passé la majorité de l'année à étudier l'Occlumancie, et pourtant tu sembles toujours savoir ce que je pense et ce que je ressens.
Ginny sourit d'un air espiègle.
— Je ne lis pas dans tes pensées Harry, mais je te connais et je sais ce qu'il y a là. Elle posa une main sur le cœur d'Harry et ses yeux bruns chaleureux semblaient voir directement jusqu'à son âme. J'ai toujours su que tu serais le seul à pouvoir battre Voldemort.
Ginny avait parlé comme si elle énonçait une certitude et Harry sentit un frisson lui parcourir le dos. Peut-être que c'était juste la main de Ginny sur sa poitrine qui lui attirait l'attention, mais il pouvait sentir son cœur battre et il regarda Ginny comme s'il la voyait pour la première fois. Il y avait de la force et de la détermination dans ses yeux, avec également de la compréhension et de la compassion. Après tout ce qu'il avait traversé cet après-midi, Harry fut attiré par elle, et sans le vouloir, il l'atteignit mentalement. L'instant suivant, il cligna des yeux et coupa la connexion, rougissant d'embarras, à la fois à cause de ce qu'il avait fait et de ce qu'il avait aperçu dans l'esprit de Ginny.
Comment avait-il pu ne pas s'en rendre compte ? Elle avait toujours été là pour lui cette année, pour lui remonter le moral, pour chasser ses soucis. Elle avait toujours su quoi lui dire et de manière plus importante, ce qu'il ne fallait pas lui dire, sur quelles questions ne pas insister. Harry était reconnaissant envers son soutien constant et son amitié, mais avait été trop perdu dans ses propres peurs pour remarquer la profondeur des sentiments de Ginny. Il se demanda comment elle avait pu continuer à se soucier de lui alors qu'il avait été aussi aveugle.
Harry déglutit. Un coucher de soleil rouge et or colorait le ciel et une douce brise faisait virevolter leurs robes autour d'eux. Harry savait qu'ils feraient mieux de retourner dans la salle commune au lieu de rester là à se regarder dans les yeux, mais il ne pouvait pas se résoudre à détourner le regard. Au lieu de cela, il tendit la main, la posa sur celle de Ginny et l'attrapa fermement. Ginny serra sa main en retour et il s'approcha d'elle.
— Ginny, écoute-moi, dit Harry avec insistance. Il faut que j'affronte Voldemort. Il faut que je le tue ou il va me tuer. Je pense que je sais comment le battre, mais il n'y a aucune garantie que j'aie raison et il faut l'admettre, les chances ne sont pas vraiment de mon côté. Il y a une grande probabilité que je meure et tu dois le savoir.
Ginny fronça légèrement les sourcils, prise au dépourvu par la sincérité soudaine d'Harry. Harry serra sa main et la regarda dans les yeux, souhaitant qu'elle comprenne ce qu'il lui demandait. Cela semblait fonctionner.
Les yeux de Ginny s'ouvrirent avec surprise, puis elle se mordit la lèvre et serra une nouvelle fois la main d'Harry.
— Il n'y a jamais de garantie Harry, dit Ginny sombrement. N'importe qui d'entre nous pourrait mourir. Je l'ai appris la nuit où Maman est morte. Je ne vais pas arrêter de vivre ma vie à cause de ça et tu ne peux pas le faire non plus. Nous devons tirer le meilleur parti de ce qui arrive, quoi qu'il arrive.
— Tu es sûre ? demanda Harry.
La lueur espiègle était de retour dans les yeux de Ginny.
— Bien sûr que oui. J'ai toujours été sûre à ton sujet, Harry.
Harry n'était pas certain de qui d'eux deux avait fait le premier pas, mais le baiser n'avait rien de tout ce qu'il avait ressenti auparavant, absolument rien du baiser tendu et gênant que Cho et lui avaient partagé avant. Il avait été atroce. Celui-là sonnait… juste.
Ils se séparèrent, puis Ginny lui offrit un sourire radieux et Harry se sentit soudainement comme la personne la plus chanceuse du monde.
— Où vous étiez tous les deux ? demanda Ron, levant les yeux de ses devoirs lorsqu''Harry et Ginny passèrent par le trou du portrait pour entrer dans la salle commune.
— On est juste sortis nous promener, dit Ginny, le visage remarquablement neutre. Harry ne pouvait même pas se résoudre à regarder Ron et était certain d'avoir l'air coupable.
— Hermione, tu as le temps de m'aider à réviser les Potions ? demanda Ginny. J'ai vraiment envie d'avoir un Optimal à mes BUSE.
— Tu n'as pas l'intention de prendre les cours de Rogue l'an prochain quand même ? demanda Ron, l'air horrifié.
— Peut-être, rétorqua Ginny, ricanant. Moi, au moins, j'ai envie de m'offrir cette option.
— Bien sûr que je t'aiderai à réviser, dit Hermione. Viens, on peut monter à mon dortoir.
Elle ferma le texte de Runes Anciennes qu'elle était en train de lire et les deux filles disparurent dans l'escalier.
Harry les regarda partir, se sentant légèrement gêné. Il était sûr que Ginny allait raconter à Hermione leur promenade.
— Ça te dit une partie d'échecs ? suggéra Ron, profitant de l'absence d'Hermione pour écarter ses notes d'Histoire de la Magie se trouvant sur la table devant lui.
— Euh, bien sûr, approuva Harry.
Il s'assit à la table pendant que Ron préparait le plateau d'échec. Harry réfléchissait à toute vitesse. Comment Hermione réagirait-elle à la nouvelle que lui et Ginny s'étaient embrassés ? Le dirait-elle à Ron ? Ou peut-être que Ginny s'attendait à ce que lui le dise à Ron pendant qu'elle et Hermione étaient à l'écart.
— A toi, dit Ron.
Harry regarda Ron, puis baissa les yeux vers le plateau et vit que Ron avait déjà bougé un pion. Harry en déplaça un également puis regarda à nouveau vers l'escalier du dortoir des filles.
— Donc, tu penses qu'ils feront quoi à propos de l'attaque à Pré-Au-Lard ? demanda Ron, jouant à nouveau. McGonagall nous a dit que Dumbledore avait déjà mis des sortilèges de protection et de prévention en place, mais de toute évidence, ils n'ont rien fait de bien. Tu penses qu'ils feront patrouiller des Aurors ?
— Je ne sais pas.
Harry bougea un nouveau pion de manière absente et réfléchissait à comment il pourrait intercepter les filles, ou au moins Ginny, si et quand elles reviendraient, pour découvrir ce dont elles avaient parlé. Il se demanda si cela paraîtrait suspect.
Ron donna un coup de pouce en diagonale à sa reine.
— J'espère juste que Dumbledore ne décidera pas d'annuler nos séjours à Pré-Au-Lard l'an prochain. Ça serait nul !
Harry bougea automatiquement un autre pion.
— Ouais, tu as raison.
Ron fronça les sourcils en regardant le plateau, puis les leva vers Harry. Il fit traverser le plateau à sa reine.
— Echec et mat.
Harry sursauta et regarda le plateau, réalisant trop tard qu'il avait laissé son roi se faire prendre au piège.
— Harry, tu vas bien ? demanda Ron, regardant son ami avec une inquiétude visible. Tu n'es pas du genre à se faire avoir par un « mat de l'imbécile ».
Harry se tortilla avec culpabilité dans sa chaise. Il pouvait cacher certaines choses à Ron, mais pas ses sentiments pour Ginny. Il regarda autour de lui pour s'assurer que personne ne les écoutait, puis se pencha en avant vers Ron et baissa sa voix.
— Je vais bien. C'est juste… Harry ne savait pas vraiment comment le formuler.
La confusion de Ron s'intensifia et il avait l'air de plus en plus inquiet. Il se pencha et baissa également sa voix.
— Harry, quoi que ce soit, tu peux me le dire.
Harry croisa le regard de son meilleur ami, prit une profonde inspiration et rassembla son courage.
— J'aime Ginny.
Ron cligna des yeux.
— Quoi ?
Ce n'était clairement pas ce à quoi il s'attendait.
— J'aime Ginny et elle m'aime et, euh, on va sortir ensemble.
Pendant un moment interminable, Ron ne fit que le dévisager.
— Oh, dit finalement Ron. Très bien alors.
— Ça ne te dérange pas ?
— Non, je m'y ferais. L'expression de Ron était un curieux mélange de gêne et de satisfaction. Juste, ne l'embrasse pas devant moi ou ce genre de choses, d'accord ?
Harry était horrifié.
— Ron, tu es fou ? Bien sûr que non ! Bon, recommençons une partie d'échecs.
Le dernier match de Quidditch de l'année approchait. Battre Serdaigle ne serait pas un jeu d'enfant, comme Katie le rappelait à ses coéquipiers, et par conséquent, malgré l'attaque à Pré-Au-Lard, le repas de midi vit les Gryffondors sortir en direction du terrain pour s'entraîner dur. Harry n'avait jamais été aussi concentré et était au mieux de sa forme, ce qui sembla étonner ses camarades qui avaient l'air de penser qu'avoir failli se faire tuer par Voldemort aurait dû plutôt avoir l'effet inverse. Même Ron avait l'air perplexe, mais Ginny souriait et Harry lui fit un clin d'œil.
Quand l'entraînement fut terminé, Harry était de très bonne humeur. Il riait avec ses partenaires en atterrissant et ne remarqua pas la silhouette solitaire attendant vers les gradins. C'est Ginny qui la repéra la première.
— Professeur Lupin ! s'exclama-t-elle, se précipitant vers Remus. Les autres élèves la suivirent, ravis de voir leur ancien professeur.
— Qu'est-ce que vous faites là ? demanda Ron.
— J'étais dans le coin et je me suis dit que je passerais voir comment s'en sortait notre équipe de Quidditch, répondit Remus doucement. Vous êtes prêts pour battre Serdaigle, c'est sûr !
Tout le monde sourit.
— Harry, dit Remus sur le ton de la conversation. Pendant que je suis là, je me demandais si je pourrais te parler ?
— D'accord, répondit Harry, curieux de savoir ce que Remus avait à lui dire.
Remus disait déjà au revoir aux autres élèves.
— Bonne chance pour samedi, même si vu comment vous voliez aujourd'hui, je ne pense pas que vous en aurez besoin.
Avec un dernier sourire et un signe de la main, il traversa la pelouse avec Harry. Remus continua à parler aimablement de Quidditch jusqu'à ce qu'ils arrivent au lac.
— C'est toujours aussi beau ici au printemps, dit-il alors qu'ils s'arrêtaient pour regarder le paysage. Ça me rappelle tellement de souvenirs.
Il y avait de la mélancolie dans les yeux de Remus et Harry ne pouvait pas contenir sa curiosité plus longtemps.
— Remus, pourquoi voulais-tu me voir ?
Remus se retourna pour faire face à Harry.
— Je viens de voir le Professeur Rogue, dit-il et Harry sentit son cœur manquer un battement. Il m'a contacté hier et m'a demandé de venir. Il m'a dit qu'il y avait quelque chose d'urgent dont il devait me parler.
Harry regarda Remus avec incrédulité.
— Il te l'a dit, murmura Harry.
— Oui, dit Remus tristement.
Harry se retourna, incapable de supporter la douleur si évidente dans les yeux de Remus.
— Il savait que s'il ne me le disait pas, tu finirais par le faire, continua Remus. Je pense qu'il voulait te l'épargner. Dans tous les cas, il pensait qu'il serait mieux de s'en débarrasser maintenant. Et il m'a dit – La voix de Remus se brisa et il déglutit. Il m'a dit que tu lui avais pardonné. C'est vrai ?
Harry hocha la tête et se retourna à nouveau pour faire face au vieil ami de son père, souhaitant désespérément qu'il comprenne.
— Il fallait que je le fasse Remus. Il ne voulait pas que ça arrive et il a déjà tellement souffert. Je ne peux pas le détester. Je ne peux pas –
— Harry, tu n'as pas à t'expliquer, l'interrompit Remus d'un ton rassurant. C'est ton choix. Ils étaient tes parents.
— Ils étaient tes amis, contra Harry.
Remus s'avança et attrapa les épaules d'Harry.
— Harry tu as fait ce qu'il fallait. Tu as raison. Severus a assez souffert. Comme nous tous. Le temps est depuis longtemps venu de laisser ces blessures guérir. Il sourit une nouvelle fois et même si ses yeux étaient humides, ils brillaient également de bonheur. Je n'ai jamais été plus fier de toi.
Harry soupira avec soulagement.
— Ça a beaucoup de valeur à mes yeux, Remus. Merci.
Remus rougit légèrement, heureux, puis changea de sujet.
— Pendant que je suis là, je voulais également t'interroger sur tes plans pour cet été.
— Je n'y ai pas vraiment pensé, admit Harry. C'est sûr pour moi de rester avec mon oncle et ma tante ?
— Non, pas particulièrement.
Harry haussa les épaules.
— Je préférerais ne pas rester avec eux de toute façon. En fait, je préférerais aller n'importe où ailleurs.
— Je suis sûr que Ron t'inviterait à rester avec lui, mais Arthur est rarement à la maison et établir une sécurité adéquate au Terrier demanderait pas mal d'efforts. La meilleure option, si ça te va, serait que tu restes au Square Grimmaurd. Voldemort ne peut pas t'y toucher et il y a toujours quelqu'un qui y passe, donc je suis sûr que tu ne t'ennuieras pas trop. Et Ron, Ginny et Hermione viendront à un moment donné.
Remus fixait Harry d'un regard poli et nonchalant, mais Harry n'avait aucun mal à voir l'espoir nerveux derrière son expression placide. Il sourit.
— Remus, j'adorerai venir passer l'été avec toi.
Remus rougit une nouvelle fois et son visage s'illumina d'un ravissement évident.
— C'est réglé alors. Je ne te garde pas plus longtemps. Je ne voudrais pas que tu sois en retard en cours.
Harry sourit joyeusement, réalisant pleinement qu'il n'aurait pas à rester avec les Dursley.
— Salut Remus. Je te vois dans quelques semaines.
— Au revoir Harry.
Harry courut jusqu'à la Tour de Gryffondor où il dit à ses amis, avec un enthousiasme certain, qu'il allait rester avec Remus pendant l'été. Ils étaient tout autant heureux qu'il n'aurait pas à endurer les redoutés Dursley à nouveau et commencèrent immédiatement à faire des plans pour les vacances. Harry sourit pendant que Ron, Hermione et Ginny discutaient d'où ils pourraient aller et de ce qu'ils pourraient faire. Un été entier à Londres sans les Dursley était comme un rêve devenu réalité. Il pourrait se réveiller quand il le souhaite, être avec ses amis, et passer ses journées à traîner dans la ville. Cela allait être le meilleur été de sa vie.
Une fois les cours de l'après-midi terminés, cependant, Harry commença à penser plus à l'autre problème dont lui et Remus avaient discuté. Harry n'avait pas vu Rogue depuis samedi après-midi. Le Maître des Potions s'était retiré dans ses quartiers tout le week-end et Harry n'était pas allé le trouver. Mais à la lumière de sa conversation avec Remus, Harry décida qu'il était temps de rendre visite aux donjons. Malheureusement, avant d'atteindre le bureau de Rogue, Harry croisa Drago Malfoy.
— Potter qu'est-ce que tu fiches là ? demanda Malfoy avec son sourire narquois habituel.
— Ça ne te regarde pas Malfoy, dit Harry, sans ralentir son rythme.
Malfoy s'avança devant Harry, l'obligeant à s'arrêter.
— Retourne à tes Sang-de-Bourbe et Amoureux-des-Moldus, Potter. Ta place n'est pas ici.
— Dégage de mon chemin, dit Harry.
— Je suis préfet, Potter. Pas toi. Et je te demande de partir.
— Et si je ne le fais pas, qu'est-ce que tu vas faire, me dénoncer au Professer Rogue ? demanda Harry avec un léger ricanement. Je vais le voir tout de suite et tu es le bienvenu si tu veux t'incruster.
Les yeux de Malfoy s'emplirent de haine et il dévoila ses dents avec un grondement.
— Bien sûr, j'aurais dû savoir que tu étais là pour le voir. Note mes paroles, Potter, il va regretter avoir trahi le Seigneur des Ténèbres.
Les yeux d'Harry se plissèrent avec colère, mais avant qu'il puisse répondre, la voix agacée de Rogue s'interposa.
— Mr Potter, Mr Malfoy, vous avez sûrement de meilleures choses à faire que de rester au milieu du couloir à vous dévisager. Si ce n'est pas le cas, je suis sûr que je peux trouver quelque chose pour vous garder occupés tous les deux.
Rogue s'avança vers eux, croisa les bras et fixa les élèves, son sourire le plus condescendant collé au visage.
— Alors ?
— Oui, monsieur, marmonnèrent les deux jeunes hommes à l'unisson.
— Mr Malfoy, je suggère que vous retourniez à votre dortoir jusqu'au dîner, dit Rogue d'un ton qui signifiait que ce commentaire n'était absolument pas une suggestion.
Malfoy fusilla Rogue des yeux, mais ne contesta pas. Avec un dernier regard à Harry, il se retourna pour partir.
— Et Mr Malfoy, la voix doucereuse et traînante de Rogue arrêta Malfoy sur ses pas.
Le garçon se retourna pour observer Rogue avec une parts égale de défiance et de lassitude et Rogue poursuivit.
— Il y a une chose que je regrette profondément du fait d'avoir été découvert comme traître par le Seigneur des Ténèbres. C'est que je n'aurais pas l'opportunité de vous voir recevoir la Marque des Ténèbres. C'est quelque chose que je n'aurais sincèrement pas voulu manquer.
Malfoy ne savait clairement pas quoi penser de cette déclaration, mais il réussit à couvrir son visage d'un sourire sûr de lui, qui, néanmoins, ne fit rien pour cacher sa perplexité. Il ne dura pas longtemps non plus. Le sourire cruel et connaisseur dont Rogue le gratifia l'essuya d'un revers de main. Secoué, Malfoy se retourna et regagna la salle commune de Serpentard.
Dans d'autres circonstances, Harry aurait été ravi du malaise de Malfoy. Mais grâce à ses leçons avec Rogue, Harry avait en tête un bon souvenir de ce qu'était recevoir la Marque des Ténèbres et il ne ressentait que de l'horreur en regardant Malfoy partir. Le Serpentard n'avait aucune idée de ce qui se trouvait devant lui. Même Drago ne mérite pas ça, réalisa Harry, voyant son ennemi sous un nouveau jour.
Sans y penser, Harry se frotta l'avant-bras gauche et le quitta des yeux pour trouver Rogue qui le scrutait d'une expression perçante et pensive.
— Potter, pourquoi êtes-vous là ?
— Remus est venu me voir, dit Harry, ramenant ses pensées à son objectif original.
— En effet, dit Rogue sans aucune trace d'émotion. Il se retourna et rebroussa chemin dans le couloir en direction de son bureau et Harry suivit son exemple.
— Pourquoi lui avez-vous dit ? demanda Harry et Rogue répondit de la même voix prudente.
— Je n'ai jamais été du genre à repousser les tâches déplaisantes. Je voulais connaître la réaction de Lupin.
Ils avaient atteint le bureau de Rogue. Rogue ouvrit la porte et Harry le suivit.
— Je n'aurais pas pensé que vous vous souciiez autant de son opinion, dit Harry, fermant la porte.
Rogue se retourna pour lui faire face.
— Ce n'est pas mon cas, mais vous si.
— Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ? demanda Harry, confus.
Rogue étudia Harry d'un regard impénétrable.
— Je voulais savoir s'il essaierait de vous faire changer d'avis.
Harry fut surpris.
— Remus ne ferait pas ça et même s'il avait essayé, ça n'aurait pas eu d'importance.
— C'est un sentiment noble, Potter, mais croyez-vous sincèrement que l'avis du dernier meilleur ami de votre père n'auraient eu aucun effet sur vos sentiments ?
— Oui, dit Harry sans hésiter.
Les sourcils de Rogue s'élevèrent de surprise devant la détermination de la réponse d'Harry. Harry expira lentement et continua à voix basse.
— Vous le sauriez si vous aviez déjà regardé dans son esprit comme je l'ai fait.
Harry détourna le regard, se souvenant de l'affreuse présence froide qu'il avait croisée dans l'esprit de Voldemort la nuit où Rogue avait failli mourir.
— Il s'accroche à toute rancune, chaque injustice passée et il ne pardonne rien. Sa rancœur et sa haine le consument. Mais vous savez ce qui est pire ?
Harry regarda Rogue à nouveau.
— Il ne se pense pas mauvais. Il croit qu'il est une victime, remédiant aux torts qu'on lui a causés et rendant les choses justes dans le monde. Dans son esprit, tout ce qu'il fait, peu importe à quel point c'est horrible, est justifié par sa poursuite de vengeance. C'est ce que causent la haine et le sentiment de responsabilité. Ils déforment votre manière de penser.
Rogue regarda Harry avec une expression troublée, puis détourna son regard.
— J'imagine, dit-il tout bas.
Harry grimaça, réalisant soudainement que tout ce qu'il avait dit sur Voldemort était également vrai de Rogue. Combien de temps Rogue avait-il laissé la haine et la vengeance contrôler sa vie ?
— Professeur, dit Harry, n'étant pas sûr de s'il devait essayer de s'excuser auprès de lui, mais Rogue leva les yeux et lança un regard direct à l'expression inquiète d'Harry.
— Potter, épargnez-moi vos inquiétudes, coupa Rogue avec impatience. Ma sensibilité n'est pas aussi facilement pincée. Je ne prends pas de gants avec les sentiments des autres et je ne tolérerai pas ce genre de comportement larmoyant de votre part.
— Oui, monsieur, dit Harry, soulagé.
Rogue observa Harry d'un regard dur et pénétrant.
— Etes-vous toujours certain que la manière de battre le Seigneur des Ténèbres réside dans votre connexion mentale avec lui ?
— Oui, j'en suis certain.
Rogue hocha la tête.
— J'ai déjà mentionné l'idée au Directeur et elle a semblé plutôt lui plaire également. J'espère qu'il aura quelques renseignements sur la manière dont vous pourriez mettre votre théorie provocatrice en pratique. Je n'ai personnellement jamais tué quelqu'un avec de la gentillesse. Maintenant, Mr Potter, il est presque l'heure du dîner, je vous suggère donc de retourner en haut.
Harry hocha la tête et quitta le bureau sans un autre mot.
Les deux semaines suivantes furent remplies d'activités puisque la fin de l'année approchait. Harry passait la plupart de son temps avec Ginny, soit à voler soit à l'aider à réviser pour ses BUSE, mais ils réussirent quelques fois à échapper à l'œil vigilant de Ron pour être seuls.
Le match Gryffondor contre Serdaigle se révéla être un match dénué de catastrophe et se termina sur une victoire décisive de Gryffondor, qui gagna également la coupe de Quidditch. Cependant, l'exaltation de la victoire fut vite dépassée par les examens. Harry s'en sortit bien dans la plupart des matières, mais les Potions furent un désastre. Il aurait dû s'y attendre, évidemment. Il n'y avait aucun moyen de rattraper en quelques semaines tout le contenu qu'il avait à peine effleuré ou carrément sauté pendant l'année et au moment où Harry posa les yeux sur son examen de Potions, il savait qu'il avait des problèmes. La portion décrite était abominablement détaillée, nécessitant des connaissances exactes et précises sur le sujet qu'Harry ne possédait tout simplement pas. L'épreuve pratique fut encore pire.
Harry n'était pas sûr si c'était son timing qui était mauvais ou s'il n'avait pas fait cuire sa mixture de figues séchées et d'Asphodèle correctement, mais il n'arriva pas à réussir sa Potion de Babel comme il le fallait. Alors que les autres élèves, après une gorgée de leurs potions, étaient capables de converser dans divers langages du Français au Russe en passant par le Chinois, la potion d'Harry ne fit rien d'autre que lui laisser un goût acide dans la bouche. Elle était presque lavande au lieu du bleu attendu.
Harry regarda la mixture bouillonnant dans son chaudron avec consternation, puis eut un mouvement de recul quand il vit Rogue approcher sa paillasse. Rogue regarda à peine dans le chaudron d'Harry avant de lever les yeux vers lui avec un dégoût évident. Mais il ne dit rien. Au lieu de cela, Rogue poussa un soupir découragé, secoua la tête et s'éloigna. Harry le regarda partir. Toutes les insultes que Rogue lui avait jetées à la figure n'avaient jamais laissé Harry aussi humilié et énervé envers lui-même que ce qu'avait fait ce soupir et il quitta l'examen se sentant triste et découragé.
— C'était le pire examen qu'on n'ait jamais eu, dit Dean, ayant l'air complètement désemparé. Vous pensez que les ASPIC seront aussi durs ?
— Non, je pense que Rogue aime juste nous torturer, dit Harry, d'un ton las.
— C'était difficile, mais ce n'était pas si dur, commenta Hermione, s'asseyant en face d'eux et se servant du hachis Parmentier.
Les garçons la dévisagèrent sans voix, puis échangèrent des regards sombres. Ron arriva et s'affaissa à table à côté d'Hermione. Il avait l'air encore plus découragé que lui et Harry se demanda ce qui pouvait être pire qu'un examen de Rogue pour rendre Ron aussi morose.
— Qu'est ce qui ne va pas ? demanda-t-il.
— Ryan s'en va, dit Ron. Ginny m'a dit que Walter Sutton lui avait dit, j'ai donc demandé au Professeur McGonagall et elle a répondu que c'était vrai. Il démissionne.
Tous les Gryffondors présents exprimèrent leur regret en entendant la nouvelle, même Harry.
— C'est pas de chance, dit Dean. Tu sais pourquoi il s'en va ?
— C'est tout de la faute de Rogue, rouspéta Ron, sans hésitation.
— Non, ce n'est pas vrai, dit Harry avec irritation.
Ron lança à Harry un regard noir.
— Rogue avait quelque chose contre Ryan depuis le moment où il est arrivé.
— C'est marrant, je pensais que c'était le contraire, contra Harry.
— Ouais, eh bien, nous savons tous de quel côté tu es, dit Ron, levant les yeux au ciel avec un certain dégoût.
— C'est la vérité Ron ! C'est Ryan qui a commencé.
— Peut-être, mais en quoi ça nous regarde ? Ryan nous appris plus de choses en Défense cette année que tous les autres professeurs de Défense réunis. La seule raison pour laquelle tu ne l'aimes pas, c'est parce qu'il traite Rogue comme le connard qu'il est.
Les deux amis restèrent à se regarder un moment, attendant de voir lequel allait céder le premier. Après quelques instants, Harry se leva et jeta sa serviette.
— J'ai des choses à faire, dit-il, puis il s'éloigna de la table.
Harry traîna dans les couloirs, se demandant si Ron avait raison. Détestait-il Ryan juste parce qu'il avait choisi de s'en prendre à Rogue ? Et d'ailleurs, qu'est-ce qu'Harry avait contre lui ? C'était vrai que Ryan était le meilleur professeur de Défense qu'ils avaient eu, meilleur même que Remus, ce qui en disait beaucoup, et il traitait toujours bien les élèves. Harry s'arrêta net, détestant admettre qu'il avait été injuste envers lui, mais c'était la vérité. Il s'était méfié de Ryan uniquement pour des raisons personnelles, tout comme il s'était si souvent méfié de Rogue. Harry grimaça et commença à marcher à nouveau dans le couloir, cette fois d'un pas décidé.
Alors qu'Harry approchait du bureau de Ryan, il entendit une faible musique. Il s'arrêta et regarda à travers la porte à moitié ouverte. Une mélodie entraînante passait à la radio et Ryan fredonnait en remplissant sa valise d'effets personnels. Pour un homme qui venait de démissionner de son boulot, il semblait d'excellente humeur. Ryan leva les yeux et remarqua Harry.
— Potter ! Entrez, ne restez pas dans le couloir, appela Ryan avec jovialité, invitant Harry à entrer.
Harry entra dans le bureau avec hésitation et regarda autour de lui.
— Vous faites vos bagages.
Ryan leva ses sourcils avec amusement.
— Très bonne observation Potter. Je vois que je vous ai beaucoup appris cette année.
Harry rougit, embarrassé et agacé par les taquineries de Ryan.
— J'ai entendu que vous aviez démissionné. Pourquoi ?
Ryan haussa les épaules.
— Il est temps de passer à autre chose.
— C'est parce que Dumbledore ne vous a pas nommé Directeur de Maison ? demanda Harry, voulant confirmer son opinion de Ryan.
— Par Merlin, non ! Ryan rit affablement. Je ne voudrais pas être Directeur de Maison. Beaucoup trop de responsabilités. De plus, je ne voudrais pas avoir autant de contraintes.
Harry fronça les sourcils avec confusion.
— Mais tout le monde disait… Je veux dire vous agissiez comme…
Ryan fixa Harry d'un regard perspicace.
— Les Serpentards ont déjà le meilleur Directeur de Maison qu'ils peuvent espérer dans ces temps troublés. Il a juste fallu le pousser un peu pour qu'il s'en aperçoive.
Harry cilla, se demandant momentanément de qui Ryan parlait, avant que la réponse inéluctable le frappe.
— Vous voulez parler du Professeur Rogue ? Vous avez été horrible avec lui toute l'année ! dit Harry avec un mélange de perplexité et d'outrage.
Ryan haussa les épaules.
— Je me suis dit qu'il avait bien besoin de toute l'aide à disposition.
Harry regarda Ryan, entièrement perdu.
— Quoi ?
Ryan arrêta de faire ses affaires et regarda Harry avec une légère déception.
— Vous êtes un bon gars, Potter, mais vous vous en sortiriez mieux si vous aviez quelques traits de Serpentards. Ne pouvez-vous vraiment pas voir pourquoi il était dans l'intérêt de Rogue qu'il soit accusé d'être un Mangemort à la moindre opportunité et dans des lieux où tout le monde entendrait mes soupçons ?
Les yeux d'Harry s'agrandirent avec compréhension.
— Vous saviez qu'il espionnait Voldemort ? demanda Harry avec incrédulité.
— Bien vu Potter.
— Mais comment ?
— Qu'est-ce que vous en pensez ?
Les yeux d'Harry se plissèrent avec incertitude.
— Dumbledore vous l'a dit ?
— Encore bien vu.
— Je n'y crois pas, dit Harry sceptiquement. Dumbledore ne vous aurait jamais dit ça !
— J'ai travaillé pour Dumbledore pendant vingt ans, Mr Potter. J'ose espérer qu'il me fasse confiance depuis le temps.
La mâchoire d'Harry s'ouvrit.
— Vingt ans ? A faire quoi ?
— Des choses et d'autres. Ryan sourit, clairement amusé par l'étonnement d'Harry.
Mais en un instant, il redevint sérieux.
— Je n'ai jamais été avec Voldemort, dit Ryan. J'ai toujours été trop fier pour me prosterner devant un autre. J'étais un Auror quand il est monté pour la première fois au pouvoir. N'ayez pas l'air aussi choqué. Personne ne croit jamais à un Serpentard Auror, mais qu'est-ce qu'un Auror si ce n'est quelqu'un de rusé ? Un bon sens de préservation ne fait pas non plus de mal. J'étais d'ailleurs plutôt bon, j'ai descendu pas mal de Mangemorts ces premières années.
— Puis, un jour, mon supérieur m'a appelé dans son bureau et m'a demandé si j'étais intéressé par une mission spéciale, ultrasecrète. Cela signifierait aller à l'étranger et que je ne travaillerais plus pour le Ministère. Au lieu de ça, je ferais partie d'un groupe non officiel travaillant pour s'opposer à Voldemort.
— J'étais intrigué, c'est le moins qu'on puisse dire, et j'ai toujours apprécié les missions clandestines, j'ai donc dit oui. C'est à ce moment que j'ai découvert que Dumbledore était plus que le Directeur bienveillant de mon souvenir de Poudlard.
— Je l'ai rencontré et il m'a expliqué que l'emprise de Voldemort s'était étendue sur le continent. Il avait besoin de quelqu'un pour rassembler des informations pour son groupe, recruter des alliés et aider l'organisation des oppositions locales – tout cela dans la plus grande discrétion bien sûr. Il m'a dit que ce ne serait pas un travail facile. Je vivrais à l'étranger pendant des années, avec très peu de soutien de chez moi, je devrais donc compter sur ma propre ingéniosité et les alliances que je pourrais forger pour réussir. Il m'a demandé si je pensais être fait pour ce boulot, mais je pense qu'il connaissait déjà la réponse, encore mieux que moi. Je suis parti pour Paris cette nuit-là, et, à part quelques jours par ci par là, je ne suis pas revenu. Cette année à Poudlard était la première que je passais en Grande-Bretagne en vingt ans.
— Mais après la disparition de Voldemort, pourquoi n'êtes-vous pas rentré ? demanda Harry.
— Dumbledore était certain que Voldemort n'était pas parti pour de bon. Il m'a demandé de rester pour maintenir nos alliances si difficilement obtenues et garder une oreille attentive. Je m'étais bien fait à la vie à l'étranger. Je m'étais fait de très bons amis tout comme de précieux alliés, donc j'ai accepté.
— Les sept ou huit années suivantes ont été bonnes. J'ai enseigné à Beauxbâtons plusieurs années, écrit un grand nombre d'articles sur les expériences les plus exotiques que j'ai eues dans mes voyages. J'ai aussi travaillé en plus en tant qu'Auror à mon compte, voyageant le plus au sud jusqu'à Ankara et le plus à l'est jusqu'aux Balkans. C'est là que j'ai entendu pour la première fois des rumeurs d'une ombre noire, une présence que l'on ne savait nommer, qui rôdait dans les profondeurs de la forêt.
— Au début, je pensais que ce n'était que des histoires pour effrayer ou impressionner les étrangers mais les rumeurs ont persisté et je suis devenu de plus en plus inquiet. Il y avait des rapports de personnes ayant été retrouvées, traînant, hébétés, dans des zones éloignées et qui racontaient des histoires terrifiantes comme quoi ils avaient été possédés par quelque chose de maléfique. J'ai rapporté ça à Dumbledore, bien entendu, et nous avions tous les deux peur que ses soupçons se soient finalement avérés réels et que Voldemort était, d'une manière ou d'une autre, toujours en vie et se cachait dans les Balkans.
— J'ai mis de côté tous mes autres engagements pour poursuivre ces rumeurs pour de bon et j'ai été vite convaincu que nous avions raison. Les informations provenant de mes diverses sources étaient alarmantes et Dumbledore commençait à prendre des mesures pour se préparer à une résurgence de Voldemort et de ses partisans. Puis, au début de l'année 1991, un nom m'est parvenu, pas celui du mage noir lui-même, mais un nom qui y deviendrait de plus en plus associé : Nicolas Flamel.
— Le danger était évident, et, au début de l'été, Dumbledore avait contacté Flamel et arrangé la garde de la légendaire Pierre Philosophale. Peu après, les rumeurs de ce que je pensais être Voldemort s'arrêtèrent et reprirent en Grande-Bretagne. Bien sûr, tu sais ce qui est arrivé après ça.
— Donc si vous vous occupiez du réseau à l'étranger de Dumbledore pendant tout ce temps, pourquoi êtes-vous à Poudlard ?
Ryan haussa les épaules.
— Dumbledore avait besoin d'un professeur de Défense Contre les Forces du Mal. J'imagine qu'il avait du mal à en trouver un compétent ces derniers temps, et a décidé que tu ne pouvais pas te permettre une nouvelle année de médiocrité.
— Il avait aussi besoin de quelqu'un pour surveiller les arrières de Rogue. Avec Drago Malfoy et son gang qui fouinaient, Dumbledore sentait qu'une paire d'œil supplémentaire à Poudlard ne ferait pas de mal. En plus, j'ai pu insinuer certaines choses qui ont aidé à maintenir la couverture de Rogue. C'était devenu critique quand vos loyautés ont commencé à changer aussi ouvertement en sa faveur.
— Je n'étais pas si évident, dit Harry sur la défensive.
Ryan gloussa.
— Vous sembliez prêt à jeter des sorts à vos propres camarades de maison une ou deux fois pour l'avoir insulté, Potter. Je ne trouve pas ça très subtil. Heureusement, Mr Malfoy et ses amis ne sont pas aussi observateurs que moi.
— Donc, tout cela n'était qu'un rôle ? demanda Harry avec incrédulité.
Ryan lui offrit son sourire le plus prédateur.
— J'ai fait un grand show, non ?
— Et le Professeur Rogue était au courant ?
— Par merlin, non ! Ryan sembla horrifié par la suggestion. Ça n'aurait pas été marrant !
— Marrant ? demanda Harry, incrédule. Il était prêt à vous tuer !
— Je sais, dit Ryan joyeusement. Provoquer Severus Rogue n'est pas difficile, mais c'est satisfaisant.
Harry était sans voix, mais Ryan ne sembla pas le remarquer.
— Ce qui nous amène à la seconde raison pour laquelle j'ai été sans pitié avec votre Maître des Potions toute l'année, continua Ryan en fermant et verrouillant sa valise. Un homme peut finir par se complaire. Il arrête d'essayer parce qu'il pense qu'il n'en a plus besoin. Ça ne fait pas de mal de lui donner un bon coup de pied aux fesses. Le sentiment que les choses nous sont dues est dangereux, Potter. C'est ce que j'ai toujours aimé chez vous. Vous n'en avez pas. Vous pourriez vous asseoir et vous reposer sur vos lauriers, mais vous ne le faites pas. Vous ne prenez jamais rien pour acquis.
Harry fut pris au dépourvu par le compliment, d'autant plus parce qu'il avait mal jugé Ryan.
— Professeur, écoutez, je…
— Ne vous excusez pas, Potter. J'essayais de contrarier Rogue. Ce n'est que normal que vous ayez été offensé. Ryan sourit et fit un clin d'œil à Harry. En fait, j'aurais été déçu dans le cas contraire.
— Alors pourquoi vous partez ?
— Rogue a les mains prises. Il n'a pas besoin de moi dans les parages. J'ai accompli ce pourquoi j'étais là et on a besoin de moi sur le continent. C'était bien d'être à la maison, mais j'ai l'habitude de la vie à l'étranger et j'aime ne pas savoir où je me réveillerai la semaine suivante. Ainsi, je suis toujours sur le qui-vive.
Harry hocha solennellement la tête et tendit sa main.
— Bonne chance Professeur, j'ai beaucoup appris de vous.
Ryan prit la main d'Harry, la serra fermement et sourit du même sourire chaleureux et jovial qu'il avait offert aux élèves tout comme aux professeurs toute l'année.
— J'espère que ça suffira.
— Ça suffira, lui assura Harry.
Harry quitta le bureau de Ryan et se dirigea vers la Tour de Gryffondor. Il trouva Ron dans les dortoirs, allongé sur son lit et regardant le plafond avec une expression mélancolique.
— Je suis allé voir Ryan, dit Harry sans préambule.
— Ah bon ? Pourquoi ? demanda Ron, regardant Harry avec surprise.
— Je voulais savoir si tu avais raison, si je l'avais jugé injustement.
Ron s'assit et regarda Harry défensivement.
— Et ?
— Tu avais raison, admit Harry. C'est un Auror et un membre de l'Ordre du Phénix depuis vingt ans.
— Quoi ? demanda Ron, ses yeux s'élargissant avec choc.
Harry s'assit sur son propre lit et commença à répéter tout ce que Ryan lui avait dit.
— Donc tu veux dire qu'il essayait en fait d'aider Rogue ? demanda Ron, incrédule.
— Ouais. Ecoute Ron, je suis désolé de m'être comporté comme un abruti.
— Oublie ça Harry, j'ai été un peu abruti moi-même. De plus, d'une certaine façon, on avait tous les deux raison au sujet de Ryan. Il n'était sûrement pas ce qu'il voulait nous faire croire. J'espère juste qu'on aura quelqu'un de décent en Défense l'an prochain.
Les derniers jours de cours arrivèrent enfin. On faisait les valises et les élèves se réunissaient dans le hall d'entrée et sortaient sur la pelouse pour attendre les calèches tirées par les Sombrals qui les mèneraient au Poudlard Express. Harry, Ginny et Hermione descendirent ensemble et repérèrent Ron parlant avec Walter Sutton et Jeremy Banks. Ron leur donna un paquet et les deux Serpentards sourirent avec ravissement puis disparurent dans la foule d'élèves.
— Qu'est-ce que c'était ? demanda Ginny, alors qu'elle, Harry et Hermione marchaient jusqu'à Ron.
— Qu'est-ce que c'était quoi ?
— Le paquet que tu viens de donner à Jeremy et Walter.
— Oh, ça. Ron secoua la tête avec dédain. Ce n'était rien.
Ginny croisa les bras et leva un sourcil.
Ron leva les yeux au ciel avec exaspération.
— C'était juste quelques-unes des dernières inventions de Fred et George. Tu sais qu'ils cherchent toujours des gens pour tester leurs derniers produits. Il inclina la tête d'un coup sec dans la direction par laquelle Jeremy et Walter étaient partis. Ces deux-là sont assez fous pour le faire.
— Tu veux dire que tu t'associes avec des Serpentards ? demanda Ginny avec une surprise moqueuse.
— Tous les Serpentards ne sont pas des Mangemorts, dit Ron.
Ginny ouvrit la bouche, mais n'eut pas la chance de répondre.
— Potter !
Harry se retourna pour voir Rogue avançant à grands pas vers lui.
— Oui, Professeur ?
— Tenez, dit Rogue, lui fourrant un morceau de parchemin dans les mains. Puisque vos performances dans mon cours ont été loin d'être reluisantes cette année, vous allez devoir rattraper pendant l'été si vous voulez être en Potions l'an prochain.
Harry prit le parchemin et le parcourut. Il semblait y avoir un long programme de travail à faire pendant les vacances.
— Je dois faire tout cela ? demanda Harry, consterné.
— Oui, Potter, en plus du travail régulier que je veux que vous accomplissiez cet été. Et je vous suggère d'y donner plus de sérieux que ce que vous faites habituellement de vos promesses d'étudier si vous voulez passer vos ASPIC.
— Professeur, je ne pourrais jamais finir tout ça ! dit Harry désespéré, en arrivant au bas de la page.
— Si vous ne pouvez pas gérer ce travail, je vous suggère de changer de choix de carrière.
Harry lança à Rogue un regard noir.
— Vous ne pouvez pas sincèrement vous attendre à ce que je prépare toutes ces potions avancées. Je vais faire exploser la maison.
— Ce serait probablement un progrès si vous le faisiez, dit Rogue amèrement. Cependant, puisque nous allons partager le même domicile cet été, je m'assurerai que ce ne soit pas le cas.
Rogue commença à se retourner mais Harry attrapa son bras.
— Quoi ?
Rogue ricana en voyant le regard horrifié d'Harry.
— Personne ne vous l'a dit ? Puisque tous les Mangemorts de Grande-Bretagne sont à mes trousses, mes plans habituels pour l'été ont dû être annulés. Et avec tout le monde parti de l'école, le Directeur ne trouvait pas prudent de me permettre de rester à Poudlard seul tout l'été non plus. C'est pourquoi je me joindrai à vous chez Lupin. Il semblerait que ce soit le repaire des âmes égarées. Etudiez votre première leçon ce weekend et nous commencerons lundi.
Rogue se retourna et marcha d'un pas raide à travers le hall d'entrée, la mer des élèves se séparant devant lui. Harry le regarda disparaître dans les donjons, emmenant les espoirs d'Harry d'un été parfait avec lui.
— Tu es sûr que tu ne peux pas rester chez ton oncle et ta tante ? demanda Ron.
Le retour en train pour Londres fut calme. Ron, Hermione et Ginny essayaient de remonter le moral d'Harry, ne réussissant que partiellement. Harry continuait à revoir lugubrement le programme que Rogue lui avait donné et quelle que soit la façon dont il le regardait, il était certain que cela l'occuperait tout l'été.
Enfin, le Poudlard Express s'arrêta dans la gare de King's Cross et les élèves en sortirent. Remus et Arthur Weasley les attendaient.
— Harry, comment ça va ? demanda Remus chaleureusement, souriant à Harry et aux autres qui approchaient.
Harry le regarda d'un air maussade.
— Rogue vient pour l'été, dit-il d'un ton accusateur et le sourire de Remus vacilla.
— Ah, oui, donc il te l'a dit, c'est ça ?
— Remus, pourquoi ? se lamenta Harry. Il doit bien y avoir un autre endroit où il pourrait aller !
Remus fronça les sourcils.
— Je croyais que vous vous entendiez mieux tous les deux ces jours-ci.
— C'est vrai, mais ça ne veut pas dire que je le veux dans mon dos tout l'été.
— Harry, ça ne sera pas aussi pénible, dit Remus pour le calmer.
— Tu n'as pas vu la liste de devoirs qu'il m'a donnée. J'aurais de la chance d'avoir le moindre temps libre avant la reprise des cours. Et ce n'est pas comme si j'allais m'amuser si c'était le cas. Rogue ne sait même pas comment s'amuser et il ne pense pas que quelqu'un d'autre en ait le droit. Avec lui dans les parages, l'été tout entier va être infernal !
L'expression de Remus était sympathique, mais sa voix était ferme.
— Harry qu'est-ce que tu préfèrerais, que Rogue passe l'été Square Grimmaurd ou que Voldemort le rattrape ?
Cela arrêta Harry net.
— Ce n'est pas comme si je n'avais jamais passé de mauvais été par le passé, dit-il avec résignation.
— Ne t'inquiète pas, Harry, dit Hermione, l'enlaçant et l'embrassant sur la joue. Je viendrais bientôt.
— Ginny est moi allons venir également, Harry, dit Ron, tapotant l'épaule d'Harry avec commisération. On ne te laissera pas souffrir seul avec Rogue tout l'été.
— Je suis sûr que tu trouveras un moyen de t'échapper et t'amuser un peu, dit Ginny, ses yeux bruns dansant malicieusement. Elle lui donna un baiser sobre et rapide sur la joue, qui fit tout de même rougir Harry.
Ron leva les yeux au ciel.
— Viens, dit-il à Ginny. Harry, on te voit bientôt mon pote.
Harry fit au revoir de la main à ses amis et laissa son regard traîner un peu plus longtemps sur Ginny alors qu'elle, Ron et Hermione se dirigeaient hors de la gare avec Mr Weasley. Le maison de numéro douze, Square Grimmaurd était suffisamment grande, Harry le savait, et Rogue aurait sûrement mieux à faire que le surveiller toutes les deux minutes. Lui et ses amis trouveraient un moyen de glisser entre les doigts du Maître des Potions indiscret au moins de temps en temps. Harry sourit tout seul. Son été ne serait peut-être pas si pénible après tout.
Remus posa une main sur l'épaule d'Harry.
— Tu es prêt Harry ?
— Ouais, je suis prêt.
Harry sourit et ramassa sa valise, puis lui et Remus quittèrent la gare tous les deux et se dirigèrent vers leur maison.
THE END