Bêta : Nanola


Épilogue


11 ans plus tard


Harry fit trois pas en arrière pour regarder son fusain.

Il avait d'abord hésité à terminer sa peinture à l'huile, mais il avait eu envie de faire quelque chose de plus rapide.

Le soleil de ce matin de septembre envahissait la véranda qu'il avait transformée au fil du temps en atelier de peinture. Le salon de sa chambre bleue était devenu son bureau à part entière, là où il traitait ses dossiers de la fondation ''Potter-Black'' et où il recevait ses différents interlocuteurs les plus proches. Il s'était aussi lancé dans l'écriture depuis cinq ans.

Il sentit aussitôt deux bras qui l'encerclèrent tendrement alors qu'un baiser humide se posait sur sa nuque, lui envoyant un doux frisson dans le dos.

« Elle est magnifique notre Lily, » dit Lucius en admirant le dessin.

« Oui, je trouve aussi, » surenchérit Harry en se se retournant pour embrasser dignement son époux. « C'est ton portrait craché, » continua le Gryffondor.

« Exact, » répondit l'homme, très fier. « Elle ira loin cette petite. »

Il posa de nouveau ses lèvres sur celles de l'autre homme.

Un glapissement écœuré les fit se décoller.

« Jamie, surtout ne rentre pas ! Papa est encore en crain d'embrasser Père ! »

La tête brune d'Albus se détourna rapidement, une grimace de dégoût sur le visage.

« Vous pouvez pas vous en empêsser, hein ! »

Le petit garçon avait néanmoins des étincelles de bonheur dans ses yeux verts. Ses parents s'étaient enfin réconciliés.

Il fut bousculé par un autre tout petit garçon, aux cheveux blonds vénitiens ébouriffés qui écarquilla ses yeux limes.

« Bisou amour ? À peux voir ? »

Lucius s'avança vers eux et porta le plus petit dans ses bras.

« Dis donc, James, tu ne serais pas un peu voyeur ? »

Albus pouffa.

« Papa, il est crop petit pour comprendre ! C'est pas comme moi ! » dit-il tout fier du haut de ses quatre ans.

L'année 2006 avait été vraiment fructueuse pour les naissances.

Rose, la fille de Ron et Hermione, Scorpius, le fils de Draco et Astoria, Albus ainsi que Brian, le second fils de Betty et Severus feraient leur rentrée ensemble à Poudlard dans sept ans. Rufus, le fils aîné du professeur de potion et Betty, rejoindrait les bans de l'école de magie dans seulement quatre ans.

Lucius reposa le petit garçon blond au sol et mit une tape amicale sur les fesses de ses deux plus jeunes héritiers.

« Allez ! Filez vite jouer, j'ai des choses à voir avec papa. »

Le regard émeraude d'Albus se teinta immédiatement d'inquiétude.

« Tout va bien Al, nous ne sommes plus fâchés, » lui dit doucement Harry.

L'enfant leur sourit puis détala, entraînant son petit frère avec lui.

Deux jours auparavant, Lily avait fait sa rentrée scolaire, accompagnée de Teddy. Il était déjà à Gryffondor, elle alla à Serpentard. Le portrait craché de son père, pas de doute à avoir.

La dispute avait éclaté dans la soirée, quand Harry avait dit qu'il espérait qu'Albus irait à Gryffondor.

Si Lily était le portrait vivant de Lucius en féminin, Albus était la réplique en miniature de Harry. Ils avaient décidé qu'Albus transmettrait le nom des Potter, James celui des Black. Ainsi, les deux lignés de sorciers ne disparaîtraient pas.

Harry avait mal pris les moqueries de Lucius. C'était déjà assez difficile pour lui d'accepter que son bébé le quitte pour plusieurs mois. Ses nerfs étaient à vifs.

Il voulait que Lucius fasse voter une loi interdisant les mariages forcés depuis la naissance d'Albus, non seulement au Royaume-Uni mais dans le monde entier, en passant par l'Organisation Internationale Magique où il représentait le gouvernement britannique.

Il avait aussi exigé que le contrat Malfoy-Black soit annulé. Même si cela n'aurait eu aucune incidence sur leur union, Harry voyait cela comme un symbole.

Mais Lucius avait toujours refusé.

Ces sujets étaient revenus sur le tapis, alors qu'ils évitaient en général de les aborder à cause de leurs divergences.

Le ton était donc rapidement monté.

La dispute qui avait suivi avait atteint des sommets que Harry n'avait plus connus depuis sa fuite du manoir, il y avait déjà de ça douze ans. Lucius avait dit des choses horribles, de sa voix froide et polaire qui glaçait le sang. Harry avait hurlé, puis, il y avait eu deux secondes, atroces, où il avait cru que Lucius allait le gifler, une nouvelle fois. Son cœur avait eu un raté, alors qu'une peine incommensurable était tombée sur ses épaules. Lucius n'avait rien fait, évidement, pourtant la dispute avait été si intense que le Gryffondor avait revécu cette scène douloureuse dans sa tête.

Harry était parti en claquant la porte, bousculant au passage un Albus qui aurait dû être au lit depuis longtemps, et qui avait malheureusement écouté aux portes et entendu des choses qu'il n'aurait jamais dû.

Il était monté dans sa chambre bleue avec l'enfant en pleurs dans ses bras. Il n'avait pas dormi dans cette chambre depuis l'été de son mariage. Ils s'étaient endormis tous les deux, serrés l'un contre l'autre, dans le grand lit.

Les oiseaux n'étaient jamais revenus dans la tête de Harry. Quant à l'enfant, après plus de trois ans de thérapie, il avait fermé définitivement la porte de son placard et s'en était parti vivre sa vie. Malgré cela, le Gryffondor restait émotif, trop à son goût en tout cas, et n'aimait pas les disputes.

Bien que peu nombreuses, à chacune d'elles, il se demandait ce que serait sa vie aujourd'hui si un tel mariage n'avait pas forcé son destin.

Il aimait croire, il voulait croire, que ce que Lucius avait dit un jour se serait réalisé. Que cet été-là, il serait venu passer quelques jours de vacances au manoir avec Draco. Lucius l'aurait alors courtisé puis mis finalement dans son lit. Lit d'où il ne serait jamais parti. Malheureusement, il ne le saurait jamais.

Il savait que les sortilèges accompagnant leur union ne l'avaient pas obligé à aimer son époux. Mais il savait tout autant qu'ils existaient malgré tout et qu'ils avaient eu des conséquences, tant légales que magiques, sur lui. À quel point avaient-ils influé dans sa relation avec Lucius ? Il ne le saurait jamais non plus.

Bien qu'au final il ne regrette pas sa vie, ces interrogations planeraient toujours au-dessus de sa tête, lors de ces moments de doute.

Néanmoins, même s'il l'avait pu, il n'avait aucunement envie de se séparer de Lucius. Son amour pour l'homme était toujours aussi vif, profond et sincère. C'était bien ce qui rendait leurs rares disputes aussi douloureuses. Quand Lucius lui parlait durement, son cœur se brisait en mille petits morceaux sanguinolents, alors que sa condition d'homme soumis lui revenait brutalement à la mémoire.

Malgré cela, il savait qu'il avait eu de la chance dans son malheur.

Peu de mariages forcés finissaient comme le sien. Dans ce domaine-là, il faisait, pour une fois heureusement, partie d'une minorité. Contrairement à ce qu'avait affirmé Lucius en cet été 1998, les familles dans le monde pratiquant les mariages forcés étaient souvent des familles malheureuses. Certes, elles étaient peu nombreuses au Royaume-Uni, mais encore malheureusement trop fréquentes au goût de Harry de par le monde.

Tous n'avaient pas la chance d'être attirés par leur époux avant leur mariage et tous n'avaient pas non plus la chance d'avoir un mari aussi bien éduqué ou compréhensif au final que Lucius.

Viols conjugaux, violences physiques (parfois jusqu'à la mort) ou psychologiques, grossesses non désirées et imposées, voilà ce qu'était la vie de certaines femmes et d'hommes qui subissaient de tels mariages. Ceux dans cette terrible situation et qui le pouvaient, finissaient par divorcer, se séparer ou s'enfuir. Pour les autres, beaucoup se suicidaient.

Oui, il avait de la chance que Lucius et lui s'aiment comme ils le faisaient.

Mais ils ne s'étaient pas parlés pendant deux jours.

Et puis la veille, Harry avait entendu de légers coups à sa porte. Elle s'était ouverte sur Lucius. Sans un mot, Harry avait reposé son livre sur sa table de chevet alors que Lucius s'approchait de son lit.

Il avait caressé les cheveux noirs d'Albus avant de prendre l'enfant endormi collé à son père pour le ramener dans sa chambre. Il avait fait ensuite de même avec James qui avait rejoint son frère et son papa depuis la veille.

Puis il s'était allongé à côté de Harry, toujours sans rien dire.

Malgré les regards noirs que lui avait lancés l'homme aux cheveux bruns, il avait commencé à le caresser et à vouloir l'embrasser.

« Hors. De. Question. Lucius, » avait protesté le plus jeune.

Lucius avait un instant, avant de revenir doucement à la charge, sans que Harry ne proteste. Les baisers du Serpentard s'étaient intensifiés, ses caresses devenues plus intimes et d'une tendresse inouïe. Harry avait définitivement jeté l'éponge.

Pour la première fois, ils avaient fait l'amour dans la chambre bleue.

Le lord l'avait ensuite câliné longuement et ils avaient pu discuter, calmement cette fois. Puis ils avaient refait l'amour. Cette fois là, ce fut Harry qui posséda le corps pâle et transit de son époux. Peu après la naissance de Lily, Lucius avait cédé au désir de Harry de connaître lui aussi le plaisir de pénétrer. Le jeune homme avait eu un regard émerveillé quand il l'avait fait, s'étonnant que son Serpentard lui concède ce délice si rapidement. Ce dernier lui avait alors avoué, entre deux halètements, qu'il le désirait de toutes les façons possibles, puis il avait eu un orgasme dévastateur qui avait entraîné celui de Harry.

Depuis, bien que chacun préfère les rôles qu'ils tenaient au début de leur mariage, ils s'accordaient régulièrement un échange de position, au gré de leurs besoins ou envies.

« À quoi penses-tu, mon ange ? »

« À cette nuit, » répondit Harry.

« Oh, » fut la seule réponse de l'aristocrate.

Ils restèrent un moment dans les bras l'un de l'autre.

« Je n'aime vraiment pas quand on se dispute comme ça, je me sens tellement mal ensuite, » chuchota Harry, la tête posée contre la clavicule du plus âgé. « En plus, ça perturbe les enfants. »

« Je suis désolé. Si Albus et James vont à Gryffondor, je m'en remettrai, ne t'inquiète pas. »

« Cette dispute était totalement ridicule, » continua Harry.

« Comme très souvent, » répondit Lucius. Il prit quelques instants avant de continuer.

« Je ne regrette toujours pas mes choix cependant. Si c'était à refaire, j'exigerais de nouveau l'application du contrat pour nous unir. »

Harry se tendit dans ses bras.

« Je ne regrette pas parce que je ne changerai rien à notre union et à notre vie actuelle. Mais je comprends que ce soit différent pour toi. J'ai fini par admettre ce que tu essayais de me dire. J'ai enfin réalisé que toi non plus, tu ne regrettes pas notre vie, que ce que tu me dis ne sont pas des reproches concernant notre vie d'aujourd'hui ou notre mariage. Mais que tu aurais aimé avoir le choix dès le départ, ce que tu n'as pas eu. Tu as raison, je vais faire un projet de loi pour que de tels contrats et les mariages forcés soient interdits, et en attendant cela, je vais annuler le contrat Malfoy-Black. »

« Merci, c'était vraiment important pour moi, amour... » souffla Harry, soulagé, tout contre lui. « Je ne veux plus de disputes, plus comme celle-là... Ça me rappelle trop de mauvaises choses, » continua-t-il.

« Je sais. On fera en sorte que, si prochaines disputes il doit y avoir, elles soient moins méchantes. Je te le promets. Moi non plus je n'aime pas quand tu es aussi mal et que tu boudes notre lit. Je t'aime, mon ange. »

Ils s'embrassèrent encore longuement en se caressant tendrement, toujours dans les bras l'un de l'autre car aucun des deux ne voulait rompre cette étreinte.

... ... ...

Severus Snape se trompa.

L'Angleterre ne rentra jamais en collision avec la France, pourtant Harry Potter ne créa pas d'autre catastrophe. Par contre, effectivement, Hagrid croisa des niffleurs avec des écureuils.

Albus alla à Gryffondor, ainsi que James. Lucius ne s'énerva pas et il tint ses promesses.

Quant à Harry, à son grand désespoir, il n'apprit jamais, contrairement à ses enfants et petits-enfants, à ne soulever qu'un seul sourcil.

Mais il tint lui aussi la promesse qu'il s'était faite une nuit de jour de l'an.

FIN


NDA : Suite à un gros bugg de FF la semaine dernière, beaucoup d'entre vous avez été déconnecté et avez posté en « guest » je n'ai donc pas pu vous répondre ! Je réponds toujours aux reviews, donc pitié, dites-moi qui a écrit quelle review car je ne sais pas qui remercier !

Sinon, merci à youyou, de araujo, fan de fiction, Stella058, ankana87, x1 et donc 10 "Guests"


Voilà, Send me an Angel, c'est terminée. J'avoue que je suis très émue, c'était ma première fiction en tant qu'auteur et mettre ce mot fin, c'est vraiment un sentiment étrange.

En tout cas, j'espère que l'histoire vous aura plu et que vous aurez passé un agréable moment.

Je souhaite remercier tous ceux et celles qui m'ont soutenue durant cette fiction, par leurs reviews ou leurs MP.

Je souhaite surtout remercier ma Beta, Nanola, qui a fait un travail formidable. Je ne saurais que trop vous recommander une nouvelle fois de lire ses fictions, qui sont toutes d'une très grande qualité. Merci aussi à Archimède, qui a corrigé également certains chapitres et passages. Merci les filles, de tout mon cœur, pour votre présence, vos conseils et votre soutien inconditionnel. Vous rencontrer sur ce site à été non seulement une belle surprise mais un merveilleux cadeau.

Merci aussi à celles et ceux qui ont un jour pris le temps de poster une review. Un simple 'j'aime' donne le sourire pour toute la journée, je vous le garantie. Merci également à vous, qui avez mis cette histoire parmi vos histoires préférées, là encore, cela donne non seulement le sourire, mais l'envie de continuer à écrire.

Quant à moi, je vous dit simplement à bientôt peut-être, avec prochainement une nouvelle traduction d'une fiction de Nouvelle-Zélande, puis avec deux autres histoires, de ma seule plume. Pour ceux que cela intéresse, les infos sont sur mon profil.

Cette fiction est dédicacée :

à Bichette Adorée et P'tit Hibou

à mon mari, mon tout premier lecteur, même s'il a dû utiliser trois bassines pour vomir et de l'eau de javel pour se laver les yeux lors des lemons gays (hé, il est hétéro pur et dur)

à toi, qui a aimé cette histoire et qui est en train de lire ces lignes

Cette fiction n'est pas dédicacée :

aux homophobes de tous poils

Bref, je dédie cette histoire à tous les fans de fanfic et de yaoi... avec qui mes rapports furent aussi divers qu'enrichissants ^^