Voici une petite fic traitant du retour de Sherlock après la saison 2. Elle se composera de trois chapitres assez courts, et j'y aborderai notamment une relecture de la nouvelle "La maison vide''. Le tournage de la saison 3 étant déjà bien avancé, je me suis dit qu'il était grand temps que je me penche sur ma propre version du premier épisode. A mon avis ce sera très éloigné de ce que Moffat et Gatiss noous offrirons, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à cet excercice^^

Oh miracle, je suis parvenu à écrire un Sherlock/John, de ma part c'est suffisament rare pour être mentionné XD Et en prime un soupçon de Greg/Mycroft ;)

La suite arrivera dans quelques jours. Bonne lecture.

ooOoo

Tranquillement assis devant une bonne tasse de thé dans le salon du 221b. John et Greg tentaient de mettre au point leur soirée. Après être parvenus à se mettre d'accord sur le restaurant, ils se chamaillaient désormais sur le choix du film. L'inspecteur voulait voir le dernier thriller psychologique à la mode là où le médecin songeait plutôt à un film d'action histoire de se changer vraiment les idées. Chacun avançait ses arguments, démontait à l'inverse ceux de l'autre et s'en amusait surtout énormément. Pour ce genre de choses, ils n'étaient définitivement pas sur la même longueur d'ondes et se chamaillaient souvent. Cela n'en rendait leur amitié que plus précieuse puisqu'ils aimaient par-dessus tout, malgré les inévitables prises de bec, passer du temps ensemble.

« Bon, ok, soupira Greg, feignant d'être plus affecté qu'il ne l'était en réalité, cette fois on choisit le tien mais tu m'accompagneras au théâtre pour Henry V. Il faut que je fasse les réservations ces jours-ci.

- C'est d'accord. »

Pas mécontent de ce marché, l'aîné porta à ses lèvres sa tasse de thé tout en observant son ami. C'était un tel plaisir de le voir à nouveau sourire, faire des projets, sortir… Vivre en somme. Après les moments tellement difficiles qu'il avait traversés par la force des choses, cette renaissance, qui s'était faite lentement, était plus qu'agréable. Sherlock était parti trois ans plus tôt, se donnant la mort dans des circonstances restées troubles pour ses amis, qui se refusaient à croire à la thèse de l'imposteur. John en était ressorti fracassé. Les rumeurs affirmant les deux colocataires en couples s'étaient avérées totalement fondées, c'était ce que Greg avait compris en voyant la peine de son ami. Les mois suivants avaient été particulièrement sombres, le blond s'enfonçant corps et bien dans la dépression, n'acceptant qu'avec difficulté l'aide apportée par Greg et Mrs. Hudson. Puis petit à petit, lentement mais sûrement, il avait repris goût à la vie. Depuis peu les deux hommes partageaient même une complicité plus forte qu'à l'époque où le détective s'amusait souvent à semer la zizanie entre eux, probablement pour garder l'exclusivité dans la vie du médecin avait comprit Greg par la suite.

« Tu sais que les gens vont finir par jaser nous concernant, s'amusa le cadet. Apparemment je suis coutumier de ce genre de rumeurs.

- Plains-toi. Je te rappelle que c'était totalement justifié avec Sherlock.

- Oui, mais personne n'était censé le savoir.

- En fait, ça m'arrangerait qu'on nous croit ensemble, reprit Greg, le regard lointain. Si ça pouvait arriver aux oreilles de Mycroft ce serait parfait.

- Le rendre jaloux pour qu'il accepte enfin ce lien entre vous ? Oui, classique, mais efficace. Ça avait fonctionné avec son frère en tout ca.

- J'aimerais bien savoir avec qui tu es parvenu à rendre jaloux le grand Sherlock Holmes, dit Greg, hilare.

- Toi, souffla John sans se démonter.

- Moi ?

- C'était une période où on sortait pas mal tous les deux. Il a commencé à se montrer suspicieux alors je suis entré dans son jeu en prétendant qu'on avait une liaison toi et moi.

- Ok, je comprends pourquoi il avait parfois tendance à me battre froid. Ça m'étonne quand même qu'il ait marché.

- Tu le connais. Il a marché quelques jours mais ça a suffit pour qu'il se sente en concurrence avec toi et se mette enfin en tête qu'il en pinçait pour moi.

- Je confirme, c'est définitivement un bon plan ! Que dirais-tu qu'on s'embrasse la prochaine fois que Mycroft sera dans le coin ? »

John éclata d'un rire sonore.

« Il me ferait abattre sur le champ. Parce qu'il tient à toi, il le sait. Il craint simplement de se montrer vulnérable en l'avouant au principal intéressé.

- Il ne me facilite pas la tâche, maugréa Greg.

- Tu l'as vu quand la dernière fois ?

- On a pris un café au beau milieu de l'après-midi la semaine dernière. Rien de bien transcendant comme tu le vois. On devait dîner hier soir mais il a annulé à la dernière minute.

- Typique », soupira John, qui ne connaissait que trop bien ce genre de comportement holmésien.

Au même moment, le sujet de leur conversation entra dans la pièce sans s'annoncer, costume impeccable sur le dos comme à son habitude et parapluie à la main. Greg, malgré ses résolutions de ne plus se montrer demandeur, le salua en souriant, ravi de cette visite impromptue, même si il y avait fort à parier qu'en venant ici ce n'était pas spécialement lui que voulait voir Holmes. Celui-ci lui adressa un bref signe de tête tandis que son regard demeurait lointain. Le policier comprit que quelque chose clochait, ce qui lui fut confirmé lorsqu'il se tourna vers John, qui semblait tout à fait distant, se refusant à regarder le nouvel arrivant.

« Ainsi vous n'êtes toujours pas allé le voir, soupira Mycroft en se plantant au milieu de la pièce.

- Et je n'en ai pas l'intention. Je vous prierais d'ailleurs de cesser de venir m'importuner avec un sujet qui pour moi est clos.

- Il vous attend, plaida le fonctionnaire.

- Et je m'en fiche ! Je n'ai pas l'intention d'aller le voir, il serait grand temps qu'il le comprenne.

- Ça fait presque dix jours…

- Eh bien quand il en sera à pratiquement trois ans peut-être qu'on en reparlera ! »

Le ton hargneux du médecin, tellement peu à sa place dans sa bouche, interpella Greg, qui assistait à cet échange avec le plus en plus d'incompréhension.

« John ? se décida-t-il finalement à intervenir. Vous parlez de qui ?

- Vous ne lui avez rien dit ? s'étonna Mycroft

- Bon sang, vous allez arrêtez avec ces mystères ! grogna l'inspecteur.

- Sherlock s'est installé de l'autre côté de la rue et attend John.

- Sherlock ? bafouilla Lestrade.

- Il paraît qu'il est vivant, dit John d'un ton égal. Et bien sûr il s'attend à ce que je fasse table rase des trois dernières années. »

Greg resta un moment immobile, à fixer son ami avec des yeux exorbités, tentant d'assimiler cette révélation. Quoi qu'à la vérité il s'était bien souvent demandé si la mort du petit génie n'avait pas été une mise en scène. Mais ramasser John la petite cuillère l'avait rapidement aidé à relativiser. Il se tourna finalement vers Mycroft, qui semblait plus déterminé que jamais.

« Mycroft ?

- Eh bien je suppose que je peux accorder au docteur Watson d'avoir parfaitement résumé la situation.

- Mais c'est dingue ça ! Dix jours ? Et aucun de vous deux n'a même daigné me prévenir.

- On ne s'est pas vus, rappela le fonctionnaire.

- Le téléphone ça existe, souffla Greg avec une grimace. John, pourquoi tu ne m'as rien dit ?

- Dans quel but ? Sherlock est mort pour moi. Il est mort il y a trois ans. Et c'est mieux comme ça tu peux en être certain, parce que si j'intègre le fait qu'il s'est foutu de moi et m'a menti tout ce temps, je vais le détester. Alors crois-moi, il est bien mieux mort, au moins ainsi je l'aime toujours.

- Mais enfin… c'est absurde

- Ne t'en mêle pas Greg ! Il y a bien assez de Mycroft. C'est mon problème, d'accord ? Ça ne regarde qui que ce soit parce personne ne peut comprendre ! J'aime Sherlock. Ce type qui s'est suicidé en sautant de ce foutu toit, cet homme qui m'aimait au moins de vouloir me protéger en agissant de la sorte. En revanche je déteste ce Sherlock qui m'a menti, trahi, qui m'a fait souffrir durant trois ans. Et pour quoi ? Flatter son égo de merde en se prouvant qu'il était capable de démanteler le réseau de Moriarty tout seul comme un grand ? Eh bien qu'il aille se faire foutre ! »

Sur ces bonnes paroles, le médecin se leva pour se diriger vers la chambre qu'occupait autrefois le détective, transformé ensuite en laboratoire/bureau du temps de leur relation, puis laissé à l'abandon depuis trois, où il s'enferma en claquant la porte d'un geste rageur.

Dans le salon, Greg fixa un moment le sol avant finalement de lever les yeux vers Mycroft.

« Alors c'est vrai ? Il est vivant ?

- Si se lamenter comme il le fait depuis son retour signifie être vivant. Il a besoin de John.

- Oui, ça j'en suis sûr les connaissant tous les deux. Ils sont indissociables, mais… disons que je comprends John. Etant donné ce qu'il ressentait, c'est normal qu'il se sente trahit.

- Sherlock est en train de mourir à petit feu et il est assez borné pour y parvenir. Il ne mange pas, ne dort pas… Il veut voir John, et tant qu'il n'aura pas gain de cause… Enfin tu sais comment il est.

- Oh oui. En ce cas, qu'est-ce que tu proposes ?

- Eh bien ils ont l'un et l'autre de bonnes raisons de camper sur leurs positions mais peut-être que…

- Je vais essayer de raisonner John », soupira le policier en se levant d'un geste mal assuré.

Ça faisait décidément beaucoup de choses à gérer en une seule fois, et par-dessus tout il pensait à son ami, qui ne méritait pas cela. Watson avait vécu tellement d'épreuves ces derniers mois, qu'il soit incapable de gérer cela était bien naturel.

Il alla finalement frapper à la porte derrière laquelle son ami avait disparu. N'obtenant aucune réponse, il se lança dans un long monologue, pas certain pour autant que ce soit ce que l'autre homme voulait entendre. Il affirma qu'il comprenait parfaitement sa réaction, mais qu'il fallait également tenir compte d'un point essentiel, lui et Sherlock c'était une évidence. Et cela le demeurait malgré le passé douloureux. Le policier proposa finalement que les deux amants aient au moins une conversation. Selon lui, John n'avait aucune obligation de quoi que ce soit pour la suite, mais que s'expliquer au moins avec Sherlock ne pourrait lui faire que du bien. Ce dernier point sembla faire mouche car enfin John entrouvrit la porte et fixa sur son ami un regard blessé mais, et Greg fut satisfait de ce détail, parfaitement sec.

« Et j'ai le droit de le tuer de mes mains ? s'enquit-il avec ce qui semblait être le plus grand sérieux.

- Eh bien officiellement il est mort donc ce ne serait techniquement par un meurtre. »

Le blond hocha la tête en esquissant un pitoyable sourire.

« Greg, je le déteste.

- Je sais. Mais tu l'aimes aussi, sinon son retour ne te mettrait pas dans un tel état.

- Je ne savais pas comment réagir quand son frère me l'a annoncé, c'est pour ça d'ailleurs que je ne t'ai rien dit. Pardonne-moi. »

Greg prit brièvement sa main dans la sienne tout en haussant les épaules.

« C'est pas important. Et puis je lui en veux davantage à lui de te faire subir ça.

- Je le savais. Je savais que rien ne serait jamais simple avec lui. C'est comme si je l'avais cherché en tombant amoureux d'un tel type.

- Tu vas aller le voir alors ?

- J'ai le choix ? Malgré mon déni j'ai toujours su que j'y viendrai tôt ou tard. Je pense que c'est pour ça que je ne t'avais rien dis, je me doutais que ce serait toi qui me ferais changer d'avis. Il paraît qu'il a agi ainsi pour nous protéger. Et maintenant il s'est installé dans un appartement juste en face pour être au plus près de moi…

- Il a besoin de toi.

- Je sais, soupira John.

- Et tu as besoin de lui.

- Je sais. »

Le médecin se frotta les yeux puis eu un sourire nerveux.

« Oserai-je espérer que si je vous laisse seuls ici Mycroft et toi saurez comment occuper ce temps au mieux ?

- Tu te plains d'un Holmes et tu voudrais me pousser dans les bras d'un autre membre de cette famille ?

- Tu es aussi naïf que moi, les proies idéales. Alors pourquoi pas.

- C'est pas faux. Mais arrête de changer de sujet. »

John émit un grognement, réalisant qu'il n'avait plus vraiment le choix. Tout se passerait exactement comme il l'avait craint dès le début, il ne pouvait y échapper. Greg avait raison, Sherlock et lui étaient bien trop liés pour que cela finisse ainsi, sans confrontation, remise en question des deux côtés. Cela faisait des jours qu'il tournait et retournait tout ça dans sa tête, cherchant quoi faire. Pire, la veille il était retourné au cimetière, sur cette tombe qui n'avait plus lieu d'être, à l'endroit même où il avait tant pleuré ces trois dernières années. Cette fois pourtant il n'était parvenu à se recueillir, ne trouvant pas davantage les réponses à ses questions. En fixant, le regard dur, cette pierre tombale devenu subitement trop brillante, trop voyante, il avait enfin pleinement réalisé toute l'absurdité des trois dernières années. Mascarade, mensonges… Sherlock s'était fichu de lui tout ce temps. Chacune des larmes versées depuis lors lui apparaissait comme un gaspillage autant de son temps que son énergie.

« John ? » appela Lestrade, le sortant du même coup de ses pensées.

L'interpellé fixa son regard sur lui, avant de hocher enfin la tête.

« Je vais aller le voir, affirma-t-il d'une voix plus volontaire que précédemment. Il le faut.

- Il le faut », répéta Greg.

TBC…