I WILL FOLLOW YOU


Nota Bene : Dissipons d'emblée les malentendus. L'héroïne de cette histoire n'est PAS une Mary-Sue. Ce n'est qu'une jeune femme comme les autres, qui ne dispose d'aucun pouvoir surnaturel, n'est pas spécialement belle, et surtout, ne va pas faire craquer tous les hommes de la Communauté en un claquement de doigts. Legolas ne va pas lui promettre un amour éternel dès le premier chapitre, Galadriel ne va pas lui apprendre qu'elle est sa mère et Gandalf son grand-père, elle ne va pas tuer tous les Orques qui se dresseraient sur leur chemin, ne va pas terrasser Sauron en lui envoyant un jet magique en pleine face ou autres inepties du genre. C'est une personne sensible et naïve, qui cache ses faiblesses derrière un masque de force qu'elle n'ôte face à personne. Néanmoins, elle rêve d'aventures et de grandes quêtes depuis toujours, et est bien décidée à prouver qu'une femme peut trouver son utilité au sein d'une Communauté.

Disclaimer : L'univers du Seigneurs des Anneaux, ses personnages, lieux et événements appartiennent à ce génie qu'est J.R.R TOLKIEN. Béni soit-il. Seule Gadia m'appartient, ainsi que l'intégralité des textes de cette fanfiction, hormis parfois quelques répliques du film de Peter Jackson ou même des livres. Je ne gagne absolument rien en écrivant, juste les reviews des lecteurs. Donc, ne vous gênez surtout pas !


Prologue
« Laisse-moi t'accompagner ! »

.

« C'est non, Gadia.
– Tu n'y arriveras pas tout seul ! Je veux venir !
– Tu te comportes comme une enfant gâtée !
– N'importe quoi !
– C'est la vérité, et tu le sais bien ! Je ne peux pas t'emmener, je suis désolé.
– Boromir, s'il te plaît... Je ne serai pas un fardeau pour toi, je te le promets...
– Je le sais bien, ma sœur. Ce n'est pas ça le problème.
– Alors qu'est-ce ?
– Et s'il t'arrivait malheur ? Je ne pourrais jamais me le pardonner.
– Cela ne se produira pas. Je sais me battre, tu as toi-même reconnu mes talents !
– Oui, mais...
– Boromir. S'il te plaît. Laisse-moi t'accompagner !
– Je...
– Depuis toute petite, je rêve d'aventures. C'est l'occasion ou jamais. Je t'en supplie...
– Bon...C'est d'accord.
– Ouiiii ! Merci !
– Mais ! Ce n'est pas sans conditions !
– Oui ?
– Tu me promets de toujours faire ce que je te dis ? De toujours m'obéir, quelles que soient les circonstances ? De ne pas en faire qu'à ta tête comme tu en as l'habitude ?
– C'est promis ! »

Je souris à pleines dents à mon bien-aimé frère. Boromir finissait toujours par craquer, à chaque fois que je lui demandais quelque chose. J'avais un don, il n'y avait pas à en douter ! Mais cette fois, l'enjeu était beaucoup plus important que nos simples chamailleries de fratrie. Et même moi, qui avais tendance à toujours relativiser, ne pouvais l'ignorer. Mais j'avais gagné ! Dans quelques jours, je partirai pour Fondcombe.

Je m'en voulais, de laisser Faramir seul avec notre père. Ce n'était pas un mauvais homme, mais il avait tendance à oublier qu'il avait trois enfants, et non un seul. Boromir recevait tout son amour, et les deux restants, rien. Faramir car il n'était pas le guerrier sanguinaire que notre père souhaitait qu'il soit, et moi... Parce que c'était une fille, et que selon lui, je n'avais « jamais su tenir mon rang. » Et je prouvais, encore une fois, qu'il avait raison en me comportant de la sorte et en partant à l'aventure avec l'aîné de notre fratrie. Mais malgré cela, je n'aurais échangé ma place pour rien au monde !

Depuis mon plus jeune âge, je ne rêvais que d'aventures, de grandes causes et de quêtes qui marqueraient l'histoire. Les histoires de chevaliers, de dragons et d'horribles Orcs que me racontaient mes aînés afin de m'endormir lorsque j'étais trop dissipée m'avaient toujours fascinée, et avaient dû malgré moi forger ma personnalité. Après vingt-deux ans d'attente, ce que je désirais le plus se présentait à moi. Rien ne m'empêcherait de partir avec mon frère. Ce voyage à Fondcombe allait changer ma vie, j'allais enfin pouvoir laisser derrière moi les murs blancs de Minas Tirith pour me tourner vers d'autres horizons.

Les jours qui suivirent la capitulation de Boromir furent sans doute les plus longs de toute mon existence. Cinq jours exactement... A mes yeux, cela ressemblait plus à cinq années interminables. Mais je ne pouvais me plaindre, la chance que l'on m'offrait méritait bien quelques journées d'attente.

Mais, enfin, le fameux moment tant attendu vint. Boromir surgit de l'angle opposé du couloir que j'empruntais et vint à grands pas vers moi.

« Gadia ! Tu es prête ?
– Toujours », lui répliquai-je.

Il me sourit, un sourire attendrissant et protecteur, un sourire de grand frère attentionné. Mais ce sourire avait un petit quelque chose d'inquiet, à l'image de la pâleur de son teint et de l'éclat dans ses yeux gris.

« Boromir... Tout va bien se passer. J'ai fait une promesse, tu te souviens ?
– Oui. Mais je ne peux m'empêcher de m'en faire pour toi.
– Ne t'inquiète pas, j'ai plus de ressources que tu ne l'imagines. »

Je lui fis un clin d'œil et écarta un pan de ma cape, dévoilant deux dagues d'argent qui pendaient à ma ceinture. Son regard s'illumina.

« Tu es merveilleuse, me confia-t-il en serrant mon épaule de sa main.
– Ca semble toujours t'étonner... »

Il rit, et je m'enivrai de ce rire. Même si en apparence j'étais prête à braver tous les dangers, intérieurement je n'en menais pas large. J'étais même complètement terrifiée. Je savais me battre, certes, et même plutôt bien, si j'en croyais Boromir, mais je n'avais jamais vraiment eu à le faire. Les seules batailles auxquelles j'avais participées étaient celles de coussins, organisées par Faramir lorsque nous étions tous plus jeunes. Quand à ma maîtrise de mes dagues... Elle était avancée, mais en entraînement. Dans un vrai combat, je ne savais pas si j'avais ma chance.

Nous passâmes faire nos adieux à Faramir, qui gardait la même mine contrariée depuis qu'il avait appris notre prochain départ. La perspective de laisser partir son frère l'inquiétait, mais depuis que je m'étais ajoutée dans l'aventure, il était complètement apeuré. Et à juste titre. Je ne l'enviais pas de devoir rester avec notre père, seul à subir ses remarques acerbes. Je le serrai fortement dans mes bras, lui prodiguant tout le courage dont il avait avoir besoin. Et il me rendit ce geste avec d'autant plus d'ardeur.

Nous franchîmes ensemble les lourdes portes du château, et je fus éblouie par la scène qui se déroulait dehors. Une masse de Gondoriens nous acclamaient, nous faisaient de grands signes, des sourires... Nous nous frayâmes un chemin vers les écuries, où nous attendait le palefrenier. Il me tendit les rennes de ma belle jument, avec un air inquiet.

« Prenez soin de vous, enfants du Gondor ! » nous cria-t-il alors que nous franchissions les portes de l'écurie à grands pas.

Boromir et moi montâmes sur nos chevaux respectifs, et quittâmes au pas notre ville natale, ce pourquoi nous nous battions, Minas Tirith. Notre père nous rattrapa près des portes de la cité, et fit des saluts en grande pompe à mon frère, le qualifiant de « meilleur espoir du Gondor. » Quant à moi, il m'adressa juste quelques mots, sans un sourire.

« Encore une fois, tu prouves que tu ne sais pas où est ta place. J'espère que ce voyage te fera grandir et prendre conscience de tes responsabilités. Tu peux remercier Boromir pour te permettre de le suivre à la trace. Adieu, ma fille. »

J'acquiesçai d'un signe de tête, ne laissant rien paraître de ce qui se déroulait en moi. Tristesse, ressentiment, colère, fureur...ainsi qu'une pointe de jalousie envers Boromir, qui recevait tous les hommages.

Puis, enfin, nous quittâmes la cité sous le soleil de plomb de ce début de mois de Juillet. Nous cavalâmes quelques temps parmi les quelques villages éparpillés et les plaines asséchées par le soleil, en silence.

« Tu ne parles pas, Gadia ? Étrange, railla soudain Boromir.
– Peut-être parce que je n'ai rien à dire, répondis-je un peu trop sèchement.
– Qu'est-ce qu'il se passe ? Où est le problème ? demanda-t-il sur le même ton, en faisant s'arrêter sa monture.
– Oh, mais il n'y a pas de problème ! Aucun problème ! lui répliquai-je vertement.
– Vraiment, je ne te comprends pas. Tu as eu ce que tu voulais, non ? Tu es avec moi, et nous allons vers Fondcombe, comme à ton souhait. Alors quelle est donc la chose qui peut te tracasser ?
– Je... bégayai-je. Je pensais juste que, pour une fois, Père aurait une parole agréable envers moi.
– Gadia... »

Il approcha sa monture de la mienne, se pencha et passa une main réconfortante sur mon épaule. Je me retins de fondre en larmes. Je me devais d'être forte, car c'était grâce à cette prétendue force que mon frère m'autorisait à l'accompagner vers une ville mythique. Je ne devais surtout pas montrer mes faiblesses, car dès l'instant où je craquerais, plus rien ne pourrait me faire relever la tête pendant un bon moment. Aussi, je serrai les dents et tournai la tête vers mon frère, lui adressant un sourire réconfortant, feignant que tout allait pour le mieux. Il parut s'en contenter, car il ôta sa main de mon épaule et reprit ses rennes.

« Bon ! Nous devons rattraper le temps perdu, sinon nous ne saurons pas à Fondcombe avant qu'aient sonnés les glas de la fin du monde ! »

J'aimais mon frère. J'aimais son sourire, ses belles phrases, ses promesses, ses coups de gueule. J'aimais quand il était heureux, tout simplement. Et je ne souhaitais que cela. Qu'il se trouve une épouse, qu'il fonde une famille et soit le plus heureux possible. Mais lui semblait plus attiré par les batailles et les quêtes épiques. Et je lui ressemblais un peu, sur ce point.

Le voyage jusqu'à la cité elfique fut l'épreuve la plus éprouvante de toute ma vie. Nous avions quitté notre ville natale durant la matinée du quatre Juillet, et nous n'arrivâmes à Fondcombe que le vingt-quatre Octobre, alors qu'il faisait nuit noire. Boromir avait perdu son cheval lors d'un passage à gué, nous nous partagions donc ma jument. Hélas, celle-ci, fatiguée par ce long voyage, était exténuée, et nous avancions très lentement. Pendant la nuit, le froid mordait nos os et nous faisait grelotter, et le jour le soleil nous réchauffait tant et si bien que nous avions l'impression de cuire.

Lorsque la Trouée des Trolls apparu devant nous, nos deux bouches s'étirèrent en un même sourire, bien que nous savions pertinemment que cette étape était une des plus difficiles de notre long périple. Trouver son chemin dans ce labyrinthe de montagnes desséchées n'était en effet pas une chose simple... Mais nous finîmes par réussir, au bout de quelques longues journées d'infructueuses recherches. Et lorsque, enfin, nous posâmes pied dans la Vallée de Fondcombe, mon cœur était empli de joie. Quelques longues minutes plus tard, un Elfe nous accueillait.

« Soyez les bienvenus à Fondcombe, mes enfants ! »

Il était très étrange de se faire appeler « enfant », surtout pour Boromir. Quant à moi, je n'avais jamais vu quoi que ce soit d'elfique, et mes yeux s'agrandirent au fur et à mesure que je découvrais cette cité mythique. C'était tout simplement merveilleux. Le paysage romantique, éthéré, à la fois si jeune et si vieux, me fascinait. Nous fumes conduits, Boromir et moi, au seigneur de ce lieu, un Elfe sans âge prénommé Elrond, que la réputation précédait. Boromir s'inclina devant lui, et je restai quelques secondes immobile, ne sachant que faire, avant que mon frère ne me tire sur la manche pour que je m'agenouille à mon tour.

« Relevez-vous, enfin ! sourit l'Elfe. Soyez les bienvenus à Fondcombe, puisse cette cité vous apporter le repos que vous méritez. »

Il parlait bien. En parfait hôte, il nous conduisit à nos chambres, nous annonçant que le déjeuner serait pris à midi pile le lendemain. Adieu donc, la grasse matinée, dont j'avais tant rêvé depuis notre départ... Après avoir souhaité une bonne nuit à Boromir, j'entrai dans ce petit havre de paix qu'était ma nouvelle pièce « rien qu'à moi, » du moins pour un temps.

Une pièce spacieuse et pure, blanche avec quelques enjolivures dorées ci-et-là. Un grand lit bordé, aux draps de la même couleur, me tendant irrésistiblement les bras. Je pris tout de même le temps d'ouvrir les portes de la grande penderie en bois qui trônait contre un mur, et à ma grande surprise, je découvris un ensemble de jolies robes de nuit vaporeuses. Je saisis la première qui me tombait sous la main, d'un rose si pâle qu'il semblait incolore. Je me débarrassai de ma chemise blanche ample, de mon pantalon brun et de mes bottes marron et souillées de boue, et enfilai le tissu frais. Je me glissai ensuite sous les draps doux, prête pour une nuit malheureusement trop courte.

Un coup contre la porte me réveilla. Je sortis lentement de mon lit, en gémissant de fatigue, et entrouvris le cadran de bois. C'était Boromir.

« Qu'est-ce que tu veux ? lui demandai-je, en me frottant les yeux.
– Juste vérifier que tu es réveillée. Et j'ai bien fait, à première vue, constata-t-il, goguenard. Nous devons être dans la salle du banquet dans un peu moins de deux heures, tu ferais bien de te dépêcher !
– J'avais complètement oublié, lui confiai-je, horrifiée. Je me dépêche, j'arrive ! Reviens me chercher lorsqu'il sera temps ! »

Je lui refermai la porte au nez, et me hâtai vers ma salle de bain personnelle, dont j'avais accès grâce à une porte dans le fond de ma chambre. Je me laissai glisser dans un bain chaud, ravie à l'idée d'enfin me débarrasser de toute cette crasse qui s'accumulait sur mon corps et dans mes cheveux. Je se savonnai énergiquement, me massai le cuir chevelu, et sortis, m'enveloppant dans un large drap de bain.

Je séchai mes cheveux bruns dans une serviette, saisis un peigne et entrepris de démêler ma tignasse en gémissant de douleur. Quelle mauvaise idée d'avoir oublié de prendre un peigne, lors de mon départ de Minas Tirith... J'en payais le prix maintenant. Quand ma chevelure fut un peu plus présentable, je fonçai vers la penderie. Que de tenues... Longues, vaporeuses, aux couloirs froides. J'eus un véritable coup de cœur pour une longue robe, aux manches évasées sur les poignets, d'un vert pâle. Je me vêtis, chaussai une paire de simples ballerines de la même couleur, et vérifiai mon apparence dans un grand miroir. J'étais prête, bien que mon visage avait encore l'air extrêmement fatigué.

J'ouvris brusquement la porte, faisant sursauter Boromir qui était adossé à un mur. Il me jeta un coup d'œil pétillant, et me prit par le bras.

« Juste à temps. Tu es parfaite. »

Je rougis légèrement sous le compliment, secouant la tête. Il avait juste perdu l'habitude de me voir vêtue de la sorte et un tant soit peu coiffée. Nous emboîtâmes le pas vers la salle du banquet, dont Elrond nous avait montré l'emplacement. Je poussai timidement la porte d'entrée.

Le silence se fit dans la salle à notre entrée, et je se sentis plus gênée que jamais. Manifestement, les personnes présentes n'étaient pas de simples citoyens, mais plutôt des émissaires importants. Elrond se leva et s'approcha de nous, un petit sourire sur les lèvres.

« Soyez les bienvenus. »

Boromir le salua en inclinant la tête, tandis je me permis une petite révérence. Le maître des lieux nous conduisit jusqu'à notre place, en milieu de table. Boromir était assis à côté d'un homme d'à peu près son âge, aux cheveux bruns mi-longs, et moi à côté d'un Nain barbu et grognon. En face de nous, étaient présents deux petits hommes à la mine joviale. Nous mangeâmes en silence, chacun s'occupant de son assiette, et quand les conversations cessèrent dans la salle, nous relevâmes la tête dans un mouvement parfaitement synchronisé.

Elrond était debout, et il fit tinter sa cuillère sur son verre avant de prendre la parole.

« Nombreux d'entre vous sont venus en quête de conseils en ces temps troublés. Le hasard a fait que vous soyez tous arrivés à des dates rapprochées, et pour des raisons intimement liées. Aussi, un grand Conseil se tiendra cet après-midi, afin de régler ces questions de la plus haute importance. »

Sa mine était grave, et il se mit à appeler le nom de ceux qui devaient y être présents. Je repérai celui de Boromir, mais pas le mien. Puis, Elrond se rassit, et fit signe à ses invités qu'ils pouvaient reprendre là où ils en étaient.

Je me demandais activement pourquoi mon frère devrait se rendre à un Conseil secret ou quelque chose de semblable, avant de me rappeler que c'était le but même de notre venue ici, demander de l'aide au Seigneur Elrond. En effet, nous avions entendu des rumeurs, à Minas Tirith... Des rumeurs concernant une armée ténébreuse qui s'apprêtait à asservir les peuples de la Terre du Milieu. Et au centre de la tourmente, on disait que l'Anneau Unique, forgé par Sauron lui-même, avait été retrouvé... Mes frères racontaient même qu'ils avaient aperçu des présages, et que des rêves leur étaient parvenus, relatant la fin du monde tel que nous le connaissions. J'échangeai un regard avec Boromir. Il paraissait aussi curieux que moi.

« Que penses-tu que ce soit ? lui chuchotai-je.
– La raison même de notre venue ici, Gadia, me confia-t-il, la mine grave.
– Ça ne m'avance pas vraiment, ce que tu me dis là...
– Je n'en sais pas plus que toi, je suis navré. Mais si la raison de la présence de toutes ces autres personnes est la même que la nôtre, je doute que ce soit de bonne augure. »

Je haussai les sourcils, et dirigeai un regard circulaire sur la salle. Près d'un bout de la longue table, était assise toute une délégation d'Elfes. Mon regard fut attiré par l'un deux, qui échangeait parfois des regards amusés avec l'homme présent à gauche de Boromir.

Je n'avais jamais vu d'elfe, mais je pouvais jurer que celui-ci n'était pas comme les habitants de Fondcombe. Peut-être venait-il d'une autre contrée ? Il paraissait moins sérieux, plus enclin à la plaisanterie, tout en restant bizarrement inaccessible. Il était blond, avec de très jolis yeux bleus, et paraissait plus jeune que les autres, bien que leurs apparences ne suggéraient rien de tel. D'apparence, je lui donnais environ le même âge que moi, soit vingt-deux ans, vingt-cinq, à la rigueur. Mais je n'ignorais pas qu'en vérité, il devait en avoir quelques centaines de plus, si ce n'était pas des milliers. Un Elfe est immortel, après tout. En tout cas, il était beau, c'était indéniable.

Je ne le lâchai pas du regard pendant de longues minutes, chose très inconvenante quand on avait mon rang et mon éducation, mais il ne semblait pas le remarquer, aussi plongé qu'il était dans ses échanges silencieux avec le voisin de table de Boromir. Je pus donc le contempler, tâchant de trouver tout ce qui pouvait le différencier des hommes mortels. Ce peuple m'intriguait au plus haut point.

« Il te plaît, n'est-ce pas ? »

Je sursautai à la voix de Boromir près de mon oreille, et sentis mes joues virer au rouge, alors qu'une montée de chaleur s'emparait de moi. Je feignis l'indifférence.

« De quoi parles-tu ? lui demandai-je en fronçant les sourcils.
– Tu sais très bien de quoi je parle, ne fais pas l'innocente. Je lis en toi comme dans un livre. »

Il semblait...amusé. J'eus un peu honte. J'avais déjà eu quelques relations à Minas Tirith, mais rien de bien sérieux, et rien qui ne dépassât le simple baiser chaste. Et jamais, ô grand jamais, mon frère n'eut été au courant de ces relations. Personne ne l'était, d'ailleurs. J'avais certes une confiance infinie en mon aîné, mais je ne voulais prendre le risque qu'il menace de tuer mon prétendant s'il ne me demandait pas en mariage dans la seconde qui suivait. Et je n'avais aucune envie de me marier. Pas encore. Tout comme mon cher frère, d'ailleurs. Je n'avais pas trouvé l'homme qu'il me fallait, l'homme qui ferait battre mon cœur à vive allure, l'homme qui serait l'objet de mes rêves les plus fous. Et je désirais être libre.

Je sentis le regard inquisiteur de Boromir sur moi, attendant visiblement une réponse.

« Quelle femme resterait indifférente devant un elfe ? répondis-je alors. Oui, je le trouve attirant, mais cela s'arrête bien heureusement là. Je me pose juste des questions sur ces êtres si différents de nous, et en même temps si semblables. »

Il ne servait à rien de fantasmer sur un Elfe. Ce serait déjà un miracle que cet individu vienne m'adresser la parole, sachant qu'il ne m'avait pas porté ne serait-ce qu'une seconde d'attention pendant le repas. Et même si cela arrivait, alors quoi ? Je n'étais aucunement intéressée par nouer des liens avec de parfaits inconnus, sans compter que jamais mon père n'accepterait de me marier avec un membre de cette race. Il me fallait « un homme, un vrai, un dur, un guerrier, un combattant, un riche noble ! », comme il le disait si souvent.

Je finis donc mon repas la tête baissée vers mon assiette, échangeant parfois quelques paroles avec Boromir. Au fond de moi, la déception de ne pas être invitée au Conseil d'Elrond était de taille. Je désirais tellement découvrir toutes ces cultures différentes présentes autour de la table : des Nains, des Elfes, ainsi que ces étranges petits hommes comme ceux en face de nous. Sans compter que j'avais le pressentiment que quelque chose de plus grand que ce à quoi nous nous attendions allait nous tomber dessus, et je ne voulais manquer cela pour rien au monde.

Quand je fis part de cet état d'esprit à mon frère, il m'assura qu'il comprenait, chose qui me troubla fortement. J'étais sûre qu'il me reprocherait d'être bien trop curieuse pour mon propre bien. Mais au contraire. Il attendit que les invités aient quitté la table pour s'approcher du Seigneur Elrond et lui murmurer quelques paroles. Leurs yeux me fixèrent pendant quelques rapides instants, avant que l'elfe millénaire n'acquiesce d'un signe de tête impassible.

« Qu'as-tu dit ? demandai-je à mon aîné une fois que nous fûmes sortis de la salle.
– Que tu es bien trop curieuse pour ton propre bien. Tu as gagné le droit d'assister au Conseil, à condition que tu restes discrète » répondit-il.

Je laissai échapper un rire. Malgré tous les événements étranges de ces derniers temps, j'avais hâte de découvrir la nature des propos qui seraient échangés dans l'après-midi.


Bonjour tout le monde !

J'espère que ce petit prologue vous aura plu. C'est la première fois que j'écris une Legoromance (même si pour l'instant, il n'y a pas de romance), et je vous avoue que je suis un peu nerveuse.

En fait je suis même carrément effrayée ! Donc je prie pour que ça ne soit pas trop nul.
Je vous informe que j'ai déjà la suite prête, je la posterai très bientôt. Faut bien faire durer le suspense, hein ? Héhé.

Bref, je vous remercie d'avoir lu, et vous encourage de tout cœur à laisser une review ! C'est gratuit, et ça fait toujours plaisir à celui qui la reçoit. Je répondrai en message privé, et aux anonymes en fin du chapitre prochain.

Avis, conseils, critiques constructives, demandes en mariage, tentatives d'assassinat, achat de personnages : LET'S GO REVIEWS !