Disclamer: Sherlock appartient à la BBC et à Sir Conan Doyle. L'histoire, elle, m'appartient.

Bonne Lecture !


SMS and Bad Feeling

Lestrade s'était couché épuisé mais heureux. Grâce à Sherlock et John, ils avaient découvert l'auteur d'une série de trois homicides, enquête sur laquelle ils trainaient depuis plusieurs jours. Greg allait enfin pouvoir dormir une nuit complète, chose qui était assez rare pour lui donner le sourire. Le Détective Inspector s'endormit, espérant de tout cœur que la prochaine grosse affaire soit très longue à arriver.

Lestrade fut tiré de son sommeil par le bruit strident de son portable lui annonçant un nouvel SMS. Laissant échapper un grognement, il attrapa son téléphone. Sur l'écran une phrase s'afficha.

Besoin de toi. 221B. URGENT !

La lecture du message acheva de le réveiller. Pour qu'on lui envoie ceci au beau milieu de la nuit ce devait être extrêmement important. Greg vérifia le numéro : John Watson.
John n'était pas Sherlock, il n'était pas du genre à demander à venir pour des bêtises comme lui faire envoyer un texto ou lui demander de lui amener telle ou telle chose. S'il avait dit « Urgent » c'était qu'il y avait un gros problème. Le Détective Inspector tapa sa réponse.

J'arrive tout de suite. GL

Lestrade sauta hors du lit et appuya sur le bouton de la lumière. Pas d'électricité. Comme s'il n'était pas assez stressé comme ça, il fallait en plus qu'il se débrouille dans le noir complet. Essayant de ne pas se cogner, le DI enfila en vitesse un pantalon, une chemise et mit ses chaussures.
Il fila à la cuisine, bénissant le trafic routier, les phares puissants et le fait d'être rentré trop épuisé pour fermer les fenêtres. Il attrapa ses clés et, tout en enfilant sa veste, il courut jusqu'à sa voiture, prenant à peine le temps de verrouiller sa porte.

Greg mit le contact. Avec le nombre de fois où il avait conduit jusqu'à Baker Street, il connaissait le trajet sur le bout des doigts, ce qui lui permit de laisser ses pensées divaguer.

La veille, durant l'enquête, John et Sherlock avaient eu une violente altercation.

Les trois victimes étant toutes de jeunes mères, John avait émis l'hypothèse que le tueur pouvait être une femme ayant perdu son enfant récemment. Tout à son habitude, Sherlock lui avait rétorqué que le fait de perdre son enfant n'était pas un mobile valable mais seulement un des aléas de la vie. Pour lui, les victimes avaient sûrement un endroit en commun où elles auraient pu rencontrer le tueur. Une vengeance sur trois femmes d'origines et d'âges différents, et pour un mobile aussi futile que la perte d'un nouveau né, n'était pas une hypothèse à prendre en compte.
Sous les yeux de Lestrade, le docteur Watson, si calme, si compréhensif, si patient, s'était emporté. John avait crié au jeune homme qu'une hypothèse, même si elle n'était pas trouvée par « le Grand Sherlock Holmes », n'était pas forcément fausse. Qu'il n'était certes pas « le détective consultant » mais qu'il était un être humain -peut-être même plus que Sherlock- et que lui aussi pouvait émettre des hypothèses, qui avaient des chances de se révéler justes.

Sa tirade terminée, John avait regardé son colocataire. Celui-ci n'avait rien dit pendant quelques secondes, puis il avait continué d'examiner les preuves, faisant comme si rien ne s'était produit.

Lestrade, dormant à moitié, fila tout droit dans le rond-point en allumant son gyrophare au dernier moment afin d'éviter le camion qui venait en face. Il songeait toujours à ce qui s'était passé la veille

Ils avaient suivi la piste de Sherlock et avaient atterri dans le seul endroit que les trois victimes avaient en commun, une sorte de club où les jeunes mères se réunissaient pour échanger des avis sur leur progéniture tout en prenant le thé, avec ou sans leur enfant.
Lestrade avait tout de même demandé à la responsable si l'une des femmes ne serait pas venue au club systématiquement sans son enfant ces dernières semaines.

C'est ainsi que, pendant que Sherlock questionnait le patron du café d'en face, Greg avait obtenu le nom d'une femme qui, en plus de n'être jamais venue avec son enfant, avait semblé possessive avec ceux des autres.

Un interrogatoire et des aveux plus tard, le Détective Inspector était allé féliciter John pour sa brillante déduction. Il n'aurait pas dû… Ses paroles avaient été mal accueillies par Sherlock qui, peut-être un peu jaloux, était sorti de ses gonds.

Le jeune sociopathe avait lancé avec fiel que la déduction de John n'était rien d'autre qu'une vague analyse de comptoir inspirée de séries télévisées bas de gamme, combinée à un jeu de hasard opportun. Pour lui, elle méritait à peine le nom d'hypothèse.

Avec un demi-sourire, John avait salué Lestrade et était sorti de Scotland Yard d'un pas digne. Greg avait jeté un regard noir sur Holmes et était rentré chez lui, le laissant seul avec ses pensées.

Lestrade, roulant dans la ville privée de lumières, appuya sur l'accélérateur, à peine conscient qu'il avait déjà dépassé de 20km/h la limitation de vitesse. Son cerveau était en ébullition, emplit d'hypothèses et d'appréhension sur ce qu'il allait trouver à Baker Street.
Il s'inquiétait d'autant plus que John ne lui aurait jamais écrit quelque chose d'aussi bref s'il n'y avait pas eu urgence. Qu'est-ce qui avait bien pu se produire pour que l'ancien militaire au moral d'acier lui demande de l'aide ?

La panique aidant, Greg s'imagina Sherlock rentrer à Baker Street et trouver l'appartement vide. Devant ses yeux se créa l'image de son protégé qui, sous le choc d'avoir été aussi odieux et d'avoir blessé son ami, se serait retourné vers un oubli accueillant. Lestrade ne pouvait chasser l'image du jeune homme allongé sur le divan, la peau couleur de craie contrastant fortement avec ses boucles brunes, le bras tendu et portant la trace nette d'une seringue. Le policier s'imaginait John entrer dans la pièce, estimant qu'il avait assez fui comme ça, et découvrir la scène.
Une scène que Lestrade avait vécue il y a des années de cela et qui le hantait toujours. Comment un esprit aussi brillant pouvait-il se perdre dans les méandres de la drogue ? Il l'ignorait…

Ce qu'il pouvait comprendre, par contre, c'était la réaction que John aurait eue. Un coup de poignard dans le ventre, un violent sentiment de désespoir. Et une colère; immense, dirigée contre le monde, contre le jeune homme, contre lui-même… Et puis l'appel au secours. Car on se rend compte qu'on est impuissant, que nous aussi on a besoin d'aide pour faire face à ça.

Lestrade serra ses mains autour du volant. Il ne pouvait pas s'agir de ça. Sherlock était clean depuis longtemps et, même rongé par la culpabilité, il n'aurait pas voulu faire cette peur à Watson. Greg inspira longuement, essayant de faire reculer les terreurs du passé.
A l'époque, Sherlock n'était qu'un jeune sociopathe, désormais il était un détective consultant, presque un ami… Il avait bien mûri en quelques années, et l'influence de John y était pour beaucoup. Il n'avait pas de raison de s'inquiéter, sur ce point là, du moins.

Lorsque Lestrade arriva dans une Baker Street plongée dans l'obscurité, il gara sa voiture en vitesse, marmonnant qu'un taxi aurait tout de même été bien plus pratique. Il attrapa la lampe de poche se trouvant dans la boîte à gants et marcha à grands pas vers l'adresse du duo.
Greg avait un mauvais pressentiment et, dans un geste de réconfort, il posa ses doigts sur l'arme de service qu'il portait à la ceinture. Le DI pointa sa lampe-torche vers la porte d'entrée et sa gorge se noua. La porte était entrouverte.

Le policier sortit son arme et poussa lentement le battant. Entrant prudemment, il examina les lieux. L'entrée avait l'air d'être normale, tout simplement vide. Lestrade essaya de se rassurer. Il n'y avait aucun signe d'effraction. Pour autant qu'il puisse voir, rien, pas même une trace, ne prouvait le passage d'un quelconque intrus. Mme Hutson avait sûrement mal refermé la porte, à moins que Sherlock l'ait laissée ouverte, plongé dans ses pensées comme il l'était parfois.
Malgré ce raisonnement logique, Greg s'inquiétait. Il pouvait se tromper, rater quelque chose d'important, il n'était pas Sherlock, lui…

Il y a quelques temps, Lestrade ne se serait jamais autant inquiété pour les deux hommes. Les temps changent, et les relations également, elles s'améliorent…

Le Détective Inspector comprenait mieux désormais pourquoi on interdisait aux policiers d'enquêter sur une affaire touchant leurs proches. Comment bien faire son travail quand on passe son temps à s'inquiéter ?

« Restons professionnel » songea-t-il. Pour Sherlock, ''urgent'' n'était pas à prendre au pied de la lettre.

Le policier gravit silencieusement l'escalier, balayant les marches du faisceau de sa lampe, tenant fermement son arme. Lestrade s'arrêta devant la porte de l'appartement. Un doute l'assaillit. Qu'allait-il trouver derrière ? Une agression ? Un cambriolage ? Sherlock aurait-il eu simplement un message à lui communiquer ? Et pourquoi à lui ?

Déterminé, il poussa la porte.