Ce bonus est en fait la première version de la scène 48, la scène du procès de Taliesin. Je pourrais peut-être même dire qu'il s'agit du premier jet (J'ai même essayé de conserver les ratures présentes sur mon cahier ainsi que vous allez le voir. Il s'agit des passages en italiques. J'ai aussi conservé certaines notes entre parenthèse).

Cette scène a été compliquée à écrire. Pour tout un tas de raison, entre autre, beaucoup de personnages présents et le fait que c'est le chapitre de résolution.

Le plus gros changement concerne, en fait, l'enchaînement des actions qui ont lieu au sein de cette scène.

Pour vous donner une idée, sous word, la scène originel (c'est-à-dire, celle-ci-après) fait 4100 mots. La scène finale en compte 6000.

Si vous avez envie de lire ce premier jet, je vous conseille de jeter un coup d'œil à la scène finale avant ou après.


Scène 48 : Statues de Cendre

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« Moins ouverte ta garde petit et ce sera parfait.

-Vous pouvez parler ! Votre garde est pleine de trous. » dit Arthur.

Il s'adressa ensuite à Yvain tout en assenant un coup d'épée à une wyverne.

« Ne l'écoute pas, Yvain. »

Une pause.

« Tu te bats bien.

-Merci Sire. »

Arthur ne mentait pas. L'enfant se battait bien mais il préférait le garder à côté de lui. Ce n'était pas parce qu'il se battait bien pour son âge qu'il allait le laisser seul. Arthur le gardait aussi auprès de lui pour une autre raison. Si jamais le danger devenait trop grand, il lui ordonnerait immédiatement de fuir. Pour l'instant, ils ne faisaient face qu'à des wyvernes et tant qu'Yvain restait à côté de Jayne et lui, il serait à peu près en sécurité. Autant qu'on pouvait l'être face à des wyvernes évidemment. Arthur leva la tête. Lui et ses chevaliers pouvaient s'occuper des wyvernes. Du Dragon et du Dragonnier en revanche.

« Pourquoi ne lui donne-t-il pas d'ordre ? murmura-t-il en observant pendant un court instant les deux dragons qui luttaient l'un contre l'autre dans les cieux.

-Parce qu'il est mort. » répondit Jayne.

Un cri déchirant résonna. Ils levèrent tous la tête. Le Dragon blanc était en train de tomber. Arthur se tourna aussitôt vers Yvain pour lui ordonner de fuir mais son page avait toujours la tête levée. Il ne pouvait pas détacher son regard du dragon blanc qui était en train de tomber.

« Sweostor… »

Ça n'avait été qu'un murmure mais Arthur l'avait entendu et il aurait soudain donné n'importe quoi pour ne pas avoir entendu ce murmure. Parce qu'il avait beaucoup trop de conséquence. Arthur n'était pas un idiot. Il n'y avait pas des milliers d'explications possibles à la soudaine présence d'Yvain.

Heureusement ! Il avait été le seul à entendre ce murmure.

Yvain n'était qu'un enfant.

Le regard de son page se posa alors sur lui. Arthur sur tout de suite ce qu'il était sur le point de faire. Il l'attrapa par le bras.

« Non ! »

A peine eut-il le temps de prononcé ce mot qu'Yvain et lui furent recouvert d'un sang poisseux et puant.

« Fermez-la Jayne. » fit Arthur avant que le forgeron ne dise quoi que ce soit.

Le Prince n'avait pas lâché Yvain.

« C'est mon amie, dit alors son page. Je dois…

-Ce n'est qu'un Dragon.

-Mais c'est mon amie et elle m'a sauvé la vie ! »

Un cri. Humain, cette fois-ci. Arthur ferma les yeux pendant un court instant. Il aurait voulu ne jamais entendre ce cri de nouveau. Il n'avait pas réussi à reconnaître la voix de l'homme qui venait de le pousser et il se posa pendant un instant la question de son identité. A qui allait-il devoir annoncer la mort d'un mari, d'un père, d'un fils, une fois de retour à Camelot ?

« Les wyvernes reculent ! » cria un chevalier.

Oui, les wyvernes reculaient maintenant. Certainement pour laisser leur maître et son Dragon finirent le travail. Arthur entendit d'autres cris. Il vit ensuite les flammes.

« Il pleut des cendres Sire. » murmura Yvain.

Arthur leva la tête. Son page avait raison.

« C'est lui qui fait ça Yvain.

-Non. Pas cette fois. » intervint Jayne.

Le forgeron regardait le Dragon qui était en train d'atterrir tandis que son cavalier hurlait dans une langue inconnue aux accents tantôt rauques, tantôt sifflants.

« Il n'arrive plus à lui donner des ordres. » réalisa Jayne.

Yvain et Arthur regardèrent le forgeron. Que voulait-il dire par là ?

La pluie se faisait maintenant plus forte et les cendres tourbillonnaient sur elles-mêmes.

« Bien sûr, murmura Jayne.

-Que se passe-t-il ? lui demanda Arthur.

-Taliesin a essayé de tuer Balinor il y a vingt ans et il s'est enfui de la Vallée après avoir tué son frère et avant que les autres ne puissent le juger. »

La pluie était de plus en plus forte.

« Et alors ? demanda Arthur.

-Alors voilà les Juges. »

La pluie cesse tout d'un coup. Un lourd silence s'installa. Au milieu du champ de bataille se tenait maintenant un immense Dragon qui, lui, était de la taille du Grand Dragon, pensa Arthur. Entre ses pattes avant, il distingua un homme et une femme. Trois silhouettes faites de cendres.

Le Dragon de chair attaqua mais il recula précipitamment en entendant le Dragon de cendre rugir. La silhouette masculine fit un pas en avant. Il commença à parler dans la langue qu'avait précédemment utilisée le Dragonnier. La voix semblait familière à Arthur mais il avait du mal à l'identifier à cause de l'écho qu'il entendait.

« Qu'est-ce que c'est que ça ? » demanda un chevalier.

Le Dragon de chair reculait, la tête baissée. Taliesin serrait les poings.

« Vous ne pouvez pas me juger, cria-t-il tout d'un coup. Aucun de vous n'appartient à la Massue !

-Nous ne pouvons pas te condamner à mort mais rien ne nous empêche de te juger Taliesin de la lignée de Nom » fut la réponse des trois silhouettes de cendre.

Ils avaient été trois à répondre. D'une voix commune.

« Formule Taliesin voir chapitre précèdent.

-Chacun son tour cadavre ! »

« Arthur Pendragon »

Le Prince écarquilla les yeux. Etait-ce bien son nom que les trois voix venaient de prononcer ?

L'une des trois voix se fit plus forte que les deux autres. La voix de la silhouette masculine encore une fois.

« Formule utilisée par Taliesin. Voire scène précédente.

-Chacun son tour, cadavre, cria Jayne. J'aurais dû te couper »

L'homme blanc lui lança un regard assassin avant de s'adresser de nouveau au trois silhouettes de cendre.

« Vous ne pouvez pas me juger. » répéta-t-il.

Le mot nom qu'il voulait prononcer refusa de franchir ses lèvres.

« Les Juges n'ont ni nom, ni lignée. »

Taliesin ricana.

« Bien sûr que si. Elle est la sœur de Balinor. Il est son fils. En voilà des juges bien impartiaux ! »

Arhur écarquilla les yeux. Il devait s'approcher des trois silhouettes de cendres. Il devait voir leur visage.

« Arthur Pendragon. »

Arthur écarquilla encore plus les yeux. Etait-ce bien son nom que les trois voix venaient de prononcer ?

« Approche-toi, Arthur Pendragon. »

Le Prince jeta un coup d'œil aux trois chevaliers qui étaient restés en vie : Léon, Key et Sagramor.

« Nous vous protégerons Sire » lui assura Key en faisant un pas en avant.

Léon et Sagramor acquiescèrent. Les chevaliers et leur prince avancèrent donc de concert, Arthur trainant Yvain derrière lui puisqu'il ne l'avait toujours pas lâché (Arthur doit lâcher Yvain plus tôt)

Jayne haussa les épaules et les suivit. Les trois silhouettes ne voulaient aucun mal à Arthur. Il le savait bien et Taliesin aussi.

« C'est le fils d'Uther Pendragon ! Il n'est pas neutre. Il ne peut pas… »

Il se tut brusquement après que les trois voix aient prononcé un mot de l'ancienne religion.

« Tu parleras quand nous t'en donnerons la permission Taliesin de la lignée de Nom. »

Arthur était maintenant tout proche de l'homme et de la femme de cendres. Il allait pouvoir voir leur visage. Enfin.

« Les Juges n'ont ni nom, ni lignée et encore moins de visage Arthur Pendragon. »

La voix féminine avait été la voix dominante cette fois-ci.

La silhouette de la femme s'était même tournée vers lui tandis que la silhouette masculine avait fait quelque pas en arrière comme si elle voulait se cacher derrière sa compagne.

Arthur voyait maintenant leur visage… qui n'était qu'un masque de cendres.

Evidemment !

« Vous serez le quatrième juge Arthur Pendragon. »

Une voix masculine dominait les deux autres maintenant, différente de celle qu'ils avaient déjà entendue plus tôt. Arthur leva la tête. Etait-ce la voix du Dragon ?

« Le quatrième Juge ? » répéta-t-il.

Il tourna la tête vers Jayne pour avoir une explication.

« Un habitant de la Vallée est doit être jugé par ses pairs un Dragon, un Dragonnier, une Hwïtãnhlyta et par quelqu'un qui ne leur est pas lié mentalement.

-Vous ne pouvez pas être mêlé à ça Sire. » déclara aussitôt Sagramor en écoutant cette explication.

-Nous sommes en train de juger un homme qui est déjà coupable de toute façon.

Léon et Key gardèrent le silence.

« Pourquoi moi ? demanda Arthur. Je ne connais pas vos lois. Jayne…

-N'est pas neutre. Vous l'êtes. » répondirent les trois voix.

L'une des voix domina les autres de nouveau.

« Vous êtes un homme juste Arthur Pendragon. Les Dragonniers croient en vous.

-Les Hwïtãnhlytas sont d'accord avec les Dragonniers.

-Et les Dragons aussi. »

Les voix ne firent plus qu'une à

Arthur était mal à l'aise. Trop de magie On lui demandait de s'associer à des gens qui… Sagramor avait raison. Il ne pouvait pas faire ça. C'était de la magie.

« Nous ne voulons que deux choses, Arthur Pendragon. Que vous écoutiez tout ce qui se dira à partir de maintenant et que vous nous donniez votre avis sur notre jugement.

-Mais…

-Taliesin, de la Lignée de Nom, as-tu essayé de tuer Balinor de la Lignée de Morfessa ? »

Ils se fichaient de son accord apparemment. Arthur regarda Taliesin. Le Dragonnier allait-il répondre ?

« Oui mais il n'est pas mort. Il n'y a donc eu aucun crime. »

Les trois silhouettes de cendres restèrent immobiles. Impossible de savoir ce qu'ils pouvaient penser de cette réponse.

« Taliesin, du Clan de la Massue, as-tu tué ton frère en t'échappant de la Vallée des Dragons ?

-Oui mais c'était de la légitime défense. Encore une fois, il n'y a donc eu aucun crime. »

Arthur regardait les trois silhouettes de cendre. Celle de la femme fit un pas en avant.

« Tu mens.

« Tu connais nos pouvoirs. Crois-tu pouvoir mentir ? Nous savons.

« Mensonge. Nous le savons. Mensonge. »

Les trois voix reprirent ensemble.

« Devons-nous t'obliger à dire la vérité ? »

Arthur regarda ses chevaliers. Comment avait-il pu se retrouver mêlé à ça ? Ces gens étaient des sorciers et ils lui avaient demandé son aide mais aider des sorciers c'était trahir Camelot.

« Taliesin de la Massue, as-tu utilisé ton frère comme sacrifice pour le sortilège de la Liche ?

-Tout ceci ne rime à rien. Vous n'avez pas le droit de faire ça.

-Oui. C'est ce qu'il a fait, intervint Jayne.

-En es-tu sûr Jayne Cobb ? Comment peux-tu en être aussi sûr Jayne Cobb ?

-La prêtresse Inara a convoqué le fantôme de son frère. J'ai été témoin du rituel.

-Il ment.

-Je ne mens pas. La Vallée m'en ait témoin. »

Arthur regarda Jayne (C'est quoi une liche ?)

« Taliesin, fils de Truc, as-tu lié le Dragon Gwion à ton destin ?

-Il est le seul à être resté à mes côtés. »

Taliesin regarda attentivement la silhouette féminine en disant ces mots. Elle fit un pas en arrière. La silhouette masculine prit sa main.

« Toujours fidèle à ta lignée. » lâcha Taliesin.

Arthur vit clairement la tête de la silhouette féminine se baisser. La silhouette masculine passa un bras L'homme de cendre, le Dragonnier, serra un peu plus la main de sa compagne.

« Taliesin, as-tu révélé la donné en sacrifice la Vallée des Dragons au sortilège de la Liche en y conduisant les hommes d'Uther Pendragon ? »

Silence.

« Devons-nous t'obliger à répondre ? »

Arthur regarda le Dragonnier.

« Pourquoi ? »

Tous les regards se tournèrent vers Arthur. Les silhouettes de cendres regardèrent Taliesin.

« Le quatrième Juge t'a posé une question.

-Dont vous connaissez la réponse.

-Mais Arthur Pendragon ne la connait pas.

-Et si c'était à moi de poser des questions ? J'en ai le droit non ? »

Les silhouettes de cendres se contentèrent d'incliner la tête.

« Jayne, combien d'or désire-tu ?

-Combien tu en as ?

-Plus que tu ne peux l'imaginer. »

« Pourquoi Balinor ? »

Taliesin regarda la femme de cendre en posant cette question. Celle-ci recula. Le dragon de cendre grogna. L'homme de cendre se plaça devant sa compagne.

Ils la protègent, se dit Arthur. Bien sûr qu'ils la protègent. Ce sont des sorciers mais ils sont aussi humains. Bien sûr qu'ils la protègent. Ils sont maléfiques mais ils se protègent les uns les autres. Ça avait toujours été comme ça. Les sorciers contre ceux qui n'avaient aucun pouvoir. Mais ce procès ? Pourquoi l'avaient-ils mêlé à tout ça ? Il n'avait pas de pouvoir et ils avaient fait de lui leur quatrième juge. Pourquoi ce procès ? Pourquoi ne pas utiliser leurs pouvoirs. Ils étaient trois. Arthur ne comprenait pas.

« Taliesin, de la Lignée de Nom, vous a posé une question, Arthur Pendragon. »

Le Prince leva la tête vers les trois statues de cendres puis il regarda l'homme blanc.

« Aimez-vous quelqu'un petit Prince ? »

Qu'est-ce que c'était que cette question ?

« Moi, oui, mais elle avait un frère. »

Arthur ne comprenait toujours pas.

« Mes juges ne m'en voudront pas d'exposer quelques-uns de nos secrets n'est-ce pas ?

-Si cela permet te montrer ta félonie ? Certainement pas. »

C'était la voix du Dragon qui avait dominé les autres en prononçant ces mots. La femme de cendres semblait maintenant s'être recroquevillée sur elle-même et son compagnon était tout proche d'elle.

Arthur ne comprenait pas très bien ce qu'était ces trois statues de cendres. Des juges, oui, mais il y avait des gens derrière ces masques de cendres. La sœur et le fils de Balinor… et cet homme…

« Drôle de monde que notre Vallée, petit prince, puisqu'on ne peut jamais vraiment la laisser derrière soi. Surtout quand on est l'une des trois têtes du Dragon. »

Un jour, il allait falloir que quelqu'un lui explique cette histoire de trois têtes du Dragon.

« Vous ne connaissez pas la Magie en plus. Vous ne connaissez pas l'Equilibre. Nous étions tous liés. Mentalement. Un équilibre de trois. C'est ce que vous voyez là. » dit-il en fixant les trois statues de cendres qui restaient immobiles.

Arthur n'aurait pas dû écouter ce qu'il était en train de dire. Mais c'était des informations de première main.

« Mais c'est aussi un équilibre de deux. Un Dragonnier. Un Hwïtãnhlyta. Celui qui ordonne. Celle qui sait. Le feu qui exécute. Le sang qui se souvient. »

Il ne comprenait rien à tout ce charabia. Arthur jeta un coup d'œil à Jayne. Le forgeron levait les yeux au ciel.

« Vous voyez petit prince, les Hwïtãnhlytas ont toujours été moins nombreuses que les Dragonniers.

« Les Sans-Pouvoirs disent de nous que nous n'avons pas le choix. C'est faux. Les Hwïtãnhlytas choisissent. Un Dragonnier qui sera plus proche d'elle que tous les autres au point de ne plus faire qu'un s'ils le veulent. Par le feu et par le sang. Un Dragonnier qui lui sert de bouclier contre la folie en échange de ses pouvoirs. Une association dangereuse. Jayne peut vous le dire. »

Arthur repensa aux paroles de Sagramor. Les femmes qui savaient. C'était grâce à elles que les Dragonniers étaient puissants. Pas seulement grâce aux Dragons. Il jeta un coup d'œil effrayé aux trois statues à l'homme et à la femme de cendre. Le Dragonnier n'était peut-être pas le plus dangereux. Ces deux-là en revanche…

(Parole Balinor 3x06)

Mais Arthur ne pouvait pas être sûr de tout ceci. Ce n'était que ce que croyait Balinor. Sa vérité.

Ce que venait de dire le Dragonnier l'effrayait. Pas seulement à cause de la possible menace que le fils et la sœur de Balinor pouvait constituer pour Camelot. C'était aussi ce que les paroles du Dragonnier impliquaient. Un lien mental entre tous les habitants de la vallée. Un lien apparemment encore plus puissant entre un Dragonnier et une Hwïtãnhlyta. Au point de ne faire qu'un esprit. Et tout ça pour quoi ? Pour n'avoir qu'un peu plus de pouvoir ?

« Si les choses pouvaient être aussi simple que ça Arthur Pendragon. »

C'était la voix de la femme qui avait dominé toutes les autres et elle n'avait fait que parler à mi-voix. Cette phrase ne s'adressait qu'à lui seul. Comment avait-elle su ce qu'il pensait ?

Elles savent tout…

« Où veux-tu en venir Taliesin ?

-J'y arrive mes juges. »

Il était déjà coupable pour les trois silhouettes de cendre de toute façon mais il restait Arthur et même si Arthur approuvait le jugement, il pouvait toujours réussir à en tirer quelque chose avant.

« Elles savent tout petit prince. Elles ont vu la fin de la Vallée mais elles n'ont rien faire pour l'empêcher. Elles en ont rêvé. Un Dragon à trois têtes toujours vivant au milieu de milliers de dragons morts. C'est ce qu'elles nous ont montré et nous avons tous reconnu le Dragon. C'était celui que vous appelez le Grand Dragon. Le premier des survivants. La première tête… »

Taliesin regardait attentivement Arthur en prononçant ses mots.

« Mais l'une d'entre elles n'a pas fait le rêve, ce qui l'a désigné comme étant la deuxième tête, mais nous n'avions aucun indice sur l'identité de la dernière tête, sur l'identité du Dragonnier qui survivrait. Mais comme un Dragonnier et une Hwïtãnhlyta sont toujours intimement liés. »

« Que ne ferait-on pas par amour ? » dit Taliesin en regardant la femme de cendre.

Le Dragonnier de cendre se plaça devant la Hwïtãnhlyta. Le Dragon resta immobile.

L'horreur d'Arthur Arthur était maintenant horrifié parce que ces paroles impliquées. Il avait sacrifié son peuple pour… Non. Quand même pas ? Le Prince regarda la femme de cendres. Il eut soudain pitié d'elle mais il refréna très vite ce sentiment. Cette femme était une sorcière.

« Par amour ? Par jalousie et par lâcheté, oui ! intervint Jayne.

-Tu ne fais pas partie des juges.

-Mais il est un témoin, rappelèrent les Juges. Jayne Cobb, lié du Clan d'E et G par ta promesse, parle. Que sais-tu à propos de cet homme ?

-Qu'il mérite la mort.

-Pourquoi ?

-D'abord pour avoir attenté à la vie de Balinor, du Clan de la Pierre, sous prétexte de ne pas avoir été choisi par

-Elle était mienne. Elle aurait dû…

-Silence Taliesin (Sort Ancienne Religion). Jayne, lié du Clan de la Lance, poursuit.

-Ensuite, pour avoir tué son frère afin d'échapper à la mort que les Gardiennes de la Tombe avaient prédit. Enfin, pour avoir entraîné la destruction de la Vallée pour les mêmes raisons.

-Comment es-tu au courant de tout cela ?

-J'ai assisté à la tentative d'assassinat contre Balinor tout comme l'ensemble de la Vallée. J'ai entendu la confession de son frère. J'étais présent durant les derniers instants de la Vallée et il y a eu les derniers mots de Mal. River a vu Taliesin nous trahir et elle a fait promettre à Mal d'organiser notre défense. Le fils d'un de nos attaquants est ici présent. Il peut sans doute témoigner lui aussi. » dit Jayne en montrant Sagramor.

Les Juges se tournèrent vers lui.

« Je ne collabore pas avec les Sorciers.

-Ils peuvent vous tuer à tout moment, lui rappela Jayne.

-Les Dragonniers ne souhaitent pas votre mort.

-Les Hwïtãnhlytas non plus.

-Les Dragons se rangent à l'avis des deux autres têtes. »

Jayne soupira.

« Que désires-tu ajouter à tout cela Taliesin ?

-Que Jayne dirait n'importe quoi pour un peu d'or et qu'il serait de mon côté si je pouvais lui en donner suffisamment.

-Ce procès n'est pas celui de Jayne Cobb.

-Ce procès n'en est pas un.

-Nous avons appelé le Dragon Blanc et nous nous tenons devant toi. Notre père juge ce procès légitime.

-Si vous me tuez, Gwion meurt avec moi et tu seras seul Dragon !

-Le Temps ne fera que reprendre ses droits.

-Tu seras seul Dragon. La Dragonne blanche est mortellement blesséen'est plus. »

Les Juges ne prononcèrent pas le moindre mot pendant un long moment.

« Tu es coupable Taliesin et nous avons décidé de ta peine.

-Vous ne pouvez pas me tuer. Vous n'êtes pas de la Massue.

-Oh je peux changer de clan pendant un instant si ça arrange tout le monde.

-Une telle chose ne peut être possible Jayne Cobb.

-Mais Camelot peut. » intervint soudain Arthur.

Il n'avait écouté que d'une oreille ce qui venait de se dire pour pouvoir réfléchir. Il s'était laissé mener par le bout de nez tout au long de ce procès qui n'avait pas le moindre sens pour qui n'appartenait pas à leur satanée Vallée. Il n'était plus question de rester inactif. Il ne se laisserait pas avoir par des Sorciers. Camelot tuerait le Dragonnier parce que la magie était maléfique. Pas parce que des Sorciers les avaient mêlés à tout ça.

« Nous ne pouvons collaborer avec des Sorciers, Sire ! S'exclama Sagramor.

-Si votre père, commença à dire Léon…

-Un sorcier après l'autre, répliqua Arthur tout en jetant un coup d'œil à ses chevaliers. Et puis, ce n'est pas comme si nous savions vraiment où ces trois-là se trouvent pour le moment. » ajouta-t-il en regardant les trois silhouettes de cendres.

Ce fut l'homme de cendres qui recula cette fois-ci tandis que le masque lisse de la femme se tournait vers lui comme si elle voulait le foudroyer du regard.

« Ça suffit vous deux. »

« Si j'entends un seul de vous deux parler… » menaça le Dragon.

Ce fut la seule et unique fois qu'Arthur et ses chevaliers entendirent la voir de l'un des trois juges de cendres sans entendre les deux autres.

Jayne profita du silence qui s'était installé pour intervenir.

« Taliesin est à moi. J'ai promis à…

-Tu as promis d'être fidèle à la Vallée. Tu respecteras notre décision.

-Je n'aime pas ça.

-Ne t'inquiète pas Jayne Cobb. Ce n'est pas parce que Camelot lui donnera la mort que nous allons partir sans lui faire quoi que ce soit. »

Les paroles suivantes furent adressées à Taliesin.

« Tu n'existes plus pour nous Voilà ta peine. et tu es banni de la Vallée. Voilà la peine que nous avons choisie. Nous laisserons ensuite Camelot faire ce qu'elle veut de toi. Approuves-tu notre décision, Arthur Pendragon ?

-J'approuve cette décision. »

Mais Arthur doutait que cette condamnation ne plaise à Jayne mais le forgeron souriait étrangement et Taliesin semblait extrêmement effrayé par ce qu'il venait d'entendre.

« Nous ne pouvez pas…

-N'était-ce pas ce que tu voulais ? »

Arthur était inquiet. Il avait approuvé une chose qu'il ne comprenait pas. C'était des sorciers bon sang. Comment avait-il pu l'oublier pendant un instant ?

La pluie de cendre recommença à tomber et devint rapidement une véritable tempête. Et si…

« Empêchez-les de s'enfuir ! cria Arthur. Léon et Key, occupez-vous de Jayne. Sagramor avec moi. »

Au milieu des cendres, Arthur vit soudain des flammes puis il y eut un cri. Le Dragonnier déchu était en train de crier, non, de hurler. Qu'avait-il donc approuvé ? Un sorcier après l'autre, disait toujours son père mais il disait aussi qu'il ne fallait jamais, au grand jamais, leur faire confiance. Comment avait-il pu l'oublier ?

Le Dragonnier déchu était au centre d'un cercle de flamme et il criait. Comment allait-il pouvoir le faire sortir de là ?

« Vous avez approuvé notre décision Arthur Pendragon. »

Le Prince sursauta et jeta un coup d'œil en arrière. Il avait entendu les trois voix mais le Dragon était seul et Sagramor était inconscient entre ses pattes avant, peut-être même mort. Ne pas leur faire confiance. Ne jamais leur faire confiance. Mais Balinor avait dit… Et les fantômes ne pouvaient pas mentir…

Pourquoi s'était-il tant reposé sur cette discussion ? Balinor était un Dragonnier. Un être lié à la magie et la magie était maléfique.

« Vous devriez avoir autre chose à l'esprit Arthur Pendragon. »

« Vous avez encore tellement de chose à apprendre Arthur Pendragon. »

Il devait cesser tout de suite de les écouter et analyser la situation. Comment avait-il pu en arriver là ? Ce ne devrait être qu'une mission d'exploration. Il n'y avait aucun chance de tomber sur un Dragonnier mais ils étaient tout de même tombé sur lui et… Tout s'était passé tellement vite. La fuite de Merlin. Le Dragon qui s'était lancé à sa poursuite. Jayne. Le retour du Dragonnier. Le Dragon Blanc qui l'avait soudain attaqué et… Et Yvain. Arthur avait complètement oublié Yvain !

Le Prince laissa le Dragonnier au milieu des flammes pour partir à la recherche de son page. Yvain avait dû rejoindre le Dragon Blanc et il se souvenait de la trajectoire de sa chute. Arthur trouva rapidement le lieu de l'atterrissage forcé du Dragon mais il n'y avait pas le moindre Dragon et pas le moindre page. Juste de l'herbe écrasé, du sang et des cendres.