Auteur : xDanie, donc moi.

Disclamer : Les personnages ne sont pas à moi, mais au célèbre Masashi Kishimoto. Seulement, Yuka m'appartient.

Note : C'est ma première fiction, soyez indulgent, s'il vous plaît. Je tiens à m'excuser, s'il y a des fautes. Bonne lecture !

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Il me trompe ?

Chapitre 13 : Desperado.

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Le silence résidait dans la pièce. De temps à autre, il était entrecoupé par le bruit d'un stylo griffonnant nonchalamment une signature ou bien celui d'une quelconque page étant tournée. Tout était calme. Beaucoup trop calme même. Ce n'était pas comme d'habitude. Ce silence-là était lourd, voire étouffant. Ayant légèrement chaud, il dénoua sa cravate et défit les deux premiers boutons de sa chemise, laissant apercevoir son long cou ainsi que ses clavicules. Il souffla tout en se passant une main dans les cheveux. Voilà, c'était un peu mieux. Le jeune homme se remit donc au travail. Alors qu'il lisait un document très important, un visage détruit par les larmes flouta soudainement ses pensées. Il se mordit la lèvre puis secoua la tête, essayant tant bien que mal de supprimer cette douloureuse image.

Bien entendu, le brun ne regrettait pas la gifle qu'il lui avait mise. Après tout ce qu'il avait fait à sa cousine, Naruto l'avait tout de même méritée. Depuis le début de toutes ces histoires - qui commençaient à perdurer -, il trouvait qu'il avait été bien clément avec lui, voire un peu trop. Il l'avait cherché, supplié, pardonné, câliné... Hier soir avait tout simplement été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Le blondinet avait franchi un pas qu'il ne devait pas, provocant malencontreusement cette gifle. Cela avait été plus fort que lui. Cela s'était fait vite, cela s'était fait vif. Sur ce coup-là, il n'était pas en tord, enfin d'après lui. Le ténébreux avait juste défendu sa cousine au profit de son amant qui avait ''planté'' puis déchiré l'ours en peluche qu'il lui avait offert lors de ses sept ans fêtés. C'était tout à fait normal qu'il ait réagi ainsi.

Il lâcha le stylo avec lequel il griffonnait quelques paperasses, posa ses mains sur le bureau et y cala son menton. Sa cravate glissa lentement le long de son buste avant de s'échouer silencieusement au sol. Pourtant, il ne la ramassa pas, fixant à la place son bic bleu avec intensité. Aussitôt, cette couleur lui fit rappeler les yeux de son amour. Ces yeux clairs qui, hier soir, avaient brillé d'une folie sombre. L'Uchiha ferma les paupières, légèrement épuisé, et se mit à réfléchir.

Avait-il faussé quelque part ?

Alors qu'il se remettait en question, il rouvrit brusquement les yeux lorsque l'image de son petit-ami, agonisant dans un endroit paumé, se fraya un chemin dans sa réflexion, fragilisant encore plus ses doutes. A la hâte, le ténébreux sortit son portable de sa poche puis soupira de déception. Rien n'était affiché. Aucun appel, ni message. Sa jambe droite se mit alors à tressauter avec nervosité et il déposa immédiatement une main sur sa cuisse, tentant vainement de stopper ces faibles tremblements.

Foutu tic.

Pour être franc, il avait vraiment peur. De plus, il ne sentait pas bien, et ce bien qu'il soit conscient qu'il n'était pas totalement en faute. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser à ce qu'il s'était passé la veille. Il l'avait juste défendue, quoi. C'était tout. Puis avec tout le stress côté actif, ajouté au comportement inattendu de son chéri à l'égard de sa cousine, il avait simplement craqué. Et la claque était partie toute seule. Perturbé, le beau brun tourna sur sa chaise de bureau. Il était persuadé que cette fois-ci Naruto ne s'était pas ''réfugié'' chez ses parents comme l'autre fois. Il humecta sa lèvre inférieure, inquiet. Bien sûr qu'il l'était. Où était-il, franchement ? Et puis, allait-il bien ? Il se tint les cheveux, désespéré. Plus les secondes passaient, plus les remords le rongeaient. Cette fois-ci, il commençait vraiment à regretter cette fichue claque.

Et si quelque chose lui était arrivée... ? Jamais, il ne pourrait se le pardonner.

Jamais...

_Tu vas bien ?

Sasuke cligna des yeux puis se tourna vers sa cousine qui était sagement assise dans un fauteuil, dans un coin de la pièce. Elle l'observait par-dessus le magazine de décoration qu'elle feuilletait depuis un moment et lui souriait gentiment.

_Non... Répondit-il d'une faible voix en regardant le stylo demeurant sur son bureau.

Par ailleurs, il le fit rouler à l'aide de son majeur.

Yuka ferma sa revue, décroisa ses longues jambes et rejoignit son cousin qui semblait assez triste, bouleversé. Elle fut un instant surprise puis prit place sur la chaise, en face de lui. Les sourcils légèrement froncés, elle scruta son visage, notamment les cernes volumineuses qui gâchaient la beauté de ses traits. Quelle horreur.

_Tu n'as pas dormi, soupira la jeune femme en posant une main rassurante sur ses cheveux.

Elle les caressa tendrement sous le regard vide du jeune homme.

_Non...

_Ce n'était pas une question, Sasuke.

_Non... Répéta celui-ci une nouvelle fois en rangeant le bic dans le petit pot qui contenait quelques autres matériels.

Elle ricana légèrement mais ne fit aucune remarque, préférant garder sa bouche fermée. Après tout, c'était la première fois qu'elle le voyait ainsi, autant las. Et puis, il était vachement mignon avec son air endormi et à la fois ennuyé. Après un soupir, le brun s'accouda au bureau puis posa ses yeux sur elle. Il la fixa avec nostalgie.

_Je t'achèterai une autre peluche, si tu veux.

La belle brune battit ses paupières avant d'éclater de rire, et ce bruyamment. Ses dents étaient joliment dévoilées. Une moue dubitative se dessina alors sur les lèvres de Sasuke, gonflant légèrement sa joue droite. Il ne voyait pas ce qu'il y avait de drôle dans que ce qu'il venait de dire. Ses yeux se plissèrent. Après quelques goulées d'air inspirées, le rire de Yuka s'évanouit peu à peu. Elle frappa deux fois son poing contre le bureau puis s'y affala dessus, déposant ses bras le long de la surface lisse et polie.

_Pas la peine, tu sais, déclina-t-elle avec un bref geste de la main.

Ses épaules tressautèrent de nouveau tandis qu'elle ricanait, perturbant le ténébreux qui cligna des yeux. Il ne comprenait pas. Ne tenait-elle pas à ce nounours qu'il lui avait offert ?

_Mais je te l'ai donné depuis tes sept ans.

_Ce n'est qu'une peluche. T'occupe doudou, répliqua-t-elle nonchalamment en saisissant à son tour le stylo.

La jeune femme s'amusa alors à appuyer sur le bouton. Les clics spécifiques du bic, s'ouvrant puis se fermant, agacèrent son cousin qui leva la main.

_Stop. Et puis, ne m'appelle pas doudou. Ça me répugne.

Yuka ouvrit la bouche, émettant un long "Ohhh" narquois. L'écoutant, elle arrêta donc de jouer avec le crayon à encre. Pourtant, elle le garda entre ses fins doigts et le fit à la place tourner, se distrayant comme elle le put. Alors que le stylo glissait habilement sur ses phalanges, elle prit la parole avec néanmoins quelques réticences, appréhendant la réaction de Sasuke.

_Dis-moi. Tu as des nouvelles de Naruto ?

Il baissa un instant la tête puis se gratta les cheveux. Avec curiosité, elle leva un sourcil lorsqu'elle constata que sa jambe s'était remise à s'agiter violemment. Eh bien, c'est qu'il semblait nerveux le petit Uchiha, pensa-t-elle en se réinstallant correctement sur le siège.

_Non...

_Tu as tenté de le contacter ?

_Non...

Horripilée par ces « Non, non » qu'il prononçait comme s'il avait perdu l'âme, elle le piqua sévèrement avec la mine du bic. Sasuke articula un aïe. Tout en se massant l'avant-bras, il la fusilla du regard. Cela faisait mal.

_« Non, non, non », l'imita outrageusement la jeune femme avant de claquer sa langue. C'est quoi ça ? On dirait que j'aspire ton âme là ! D'ailleurs, redresse-toi au lieu d'être tout avachi. Tu ressembles un mollusque ! Allez !

Sasuke poussa un énorme soupir mais s'exécuta. En revanche, afin de la faire chier comme elle le faisait déjà magnifiquement bien, il s'assit donc droit comme un I et écarta les bras avec une légère inclination de la tête.

_Voilà. C'est mieux, votre majesté ?

_Non. Là, on dirait un coincé du cul, répliqua-t-elle sans tact.

L'Uchiha parut quelque peu outré. Pourtant, il ne put s'empêcher de pouffer quand elle souleva les sourcils, en lui tirant la langue.

_Enfin, tu ris ! S'exclama-t-elle, joyeuse.

Pris sur le fait, il se racla la gorge, reprenant une mine grave, et passa à nouveau une main dans ses cheveux légèrement gominés. Tout en ramassant sa cravate abandonnée du bout des doigts, il lâcha :

_Tu es insupportable. Une vraie gamine.

Un sale rictus relevait le coin de sa bouche tandis qu'il déposait la bande de tissu sur sa nuque. Il ne la noua pas car il faisait pas mal chaud dans la pièce. La jolie brune croisa à nouveau les jambes puis, d'un geste net et précis de la tête, dégagea ses longs cheveux derrière ses fines épaules. Ses lèvres pulpeuses et colorées de rouge s'étirèrent en un sourire malicieux. Quant à ses yeux, ils se firent félins.

_Moi aussi, je t'aime, chuchota-t-elle tel un secret.

Le regard un brin rieur, Sasuke approcha son visage du sien.

_Je n'en doute pas, répondit-il calmement en entrant dans son jeu.

Elle gloussa et tendit son cou, réduisant ainsi un peu plus la distance entre leur bouche. Une tension étrange mais non malsaine s'installa lentement dans la pièce. Cependant, Sasuke la brisa en riant légèrement. Sa cousine le suivit, mais plus fortement. Tous les deux se rassirent, un sourire aux lèvres. Rien n'était incestueux, juste bon enfant. Après avoir finalement renoué sa cravate, le jeune homme prit la parole.

_Toujours aussi provocante...

_Toujours. En général, les hommes apprécient ça, susurra-t-elle en triturant une mèche.

_Je suis ton cousin, je te rappelle. Pas n'importe quel mec, hein. De plus, je suis gay, précisa-t-il d'une nonchalance à peine dissimulée.

Les lèvres de Yuka se pincèrent, quelque peu vexée. Quelle froideur, se dit-elle. Néanmoins, elle coula un œillet appréciateur sur lui et tenta un sourire.

_M'ouais, mais tu es beau !

_Yuka... Souffla-t-il en secouant faiblement la tête.

Son sourire disparut. Elle soupira puis croisa les bras.

_Roh, c'est bon. Je rigole. Tu n'es pas marrant.

_Je sais. Par ailleurs, cesse également avec les « Femme de ta vie » aussi. Nous ne sommes pas en couple.

Confuse, elle cligna des yeux. Alors là, elle s'y attendait pas du tout. C'était la première fois qu'il lui demandait d'arrêter cela. De plus, le ton avait été catégorique. Certes, elle savait très bien qu'il n'aimait pas qu'elle utilise ces mots affectifs qui pouvaient être mal interprétés – comme avec Naruto, par exemple. Cependant, c'étaient les seuls mots qui restaient de leur ancienne complicité. Depuis qu'ils étaient petits, une sorte de ''jeu'' s'était naturellement tissée entre eux. Ils avaient été proches, tellement, au point que la majorité des personnes qui les connaissaient avaient cru qu'ils s'aimaient secrètement alors que c'était loin d'être le cas.

Pour tout dire, elle avait été la première à être au courant de son homosexualité et l'avait donc soutenu et conseillé. Et depuis qu'il filait le parfait amour avec le joli blond, il lui semblait qu'il l'avait presque, voire bien oubliée. Désormais, il l'appelait de moins en moins, la texotait de temps à autre. La plupart du temps, c'était elle qui devait faire le premier pas, prendre de ses nouvelles, au risque qu'il oublie vraiment son existence. Et maintenant, il souhaitait briser le peu de cette complicité qui résistait pauvrement entre eux.

Yuka soupira. C'était tellement injuste.

Pourtant, elle comprenait. Après tout, elle avait involontairement crée beaucoup de problèmes. Par ailleurs, il fallait vraiment qu'elle trouve un moyen de s'approcher de Naruto, et ce sans qu'il soit constamment sur la défensive, afin de lui présenter ses excuses. Malgré tout ce qu'il s'était passé, elle n'arrivait pas à lui en vouloir. C'était plus fort qu'elle. Elle trouvait qu'il ne dégageait vraiment rien d'agressif, de violent. Au contraire. Il semblait avoir traversé pas mal d'épreuves. Cela se voyait dans ses splendides yeux.

La jeune femme se laissa alors tomber sur le dossier de la chaise et leva la tête au plafond.

_Tu l'aimes bien le petit Naruto, à ce que je vois...

Sasuke ne dit rien, fixant un quelconque point derrière elle. C'était plus un reproche qu'une question.

_Cela fait combien de temps déjà ? Poursuivit-elle avec un rire nerveux.

Le brun la regarda de travers et renifla avec dédain. Blaguait-elle ?

_Quatre ans, dans quelques jours. Putain, tu le fais vachement bien ton boulot...

_Hé, je suis décoratrice d'intérieur, je te signale ! Pas organisatrice de mariage ! Se défendit-elle.

_Je ne vois pas de différence, marmonna-t-il, le regard posé sur son document.

Il reprit alors son stylo fétiche et raya d'un trait sec deux valeurs incorrects. Elle roula des yeux.

_Tais-toi, et regarde ça plutôt. Qu'en penses-tu ?

Yuka rouvrit alors le catalogue, le feuilleta rapidement et lui montra ladite page qui normalement devait l'intéresser. Les yeux onyx parcoururent les différents meubles présentés avant de se verrouiller sur un modèle plutôt charmant.

_C'est pas mal, ça.

_Hum... Celui-ci ?

La brune posa un doigt exactement sur ce qu'elle avait repéré un peu plus tôt et sourit lorsqu'elle le vit opiner.

_Je me disais bien. Parfait alors !

Satisfait, Sasuke hocha à nouveau la tête et saisit, à la grande surprise de Yuka, le paquet de cigarettes qui logeait dans la poche arrière de son pantalon. Il en ressortit une, la détailla avec un léger soupir puis la cala entre ses lèvres. Il fouilla ses autres poches à la recherche d'un briquet et grogna lorsqu'il n'en trouva guère.

_Briquet ? Demanda-t-il à sa cousine.

_Tu fumes encore ? Je pensais que tu avais arrêté.

_Briquet ? Insista-t-il en l'ignorant superbement.

_Je n'en ai pas, répondit-elle en détournant le regard.

_Menteuse.

Il jeta alors le bâtonnet contenant de la nicotine sur son bureau puis s'étira. En effet, il avait cessé de fumer à cause... ou plutôt grâce à Naruto qui ne supportait pas « l'odeur amère et la fumée encombrante » de la cigarette. En plus de cela, le blondinet n'avait pas arrêté de le rabâcher avec des « Fumer, tue » et, à force de l'entendre au moins sept fois par jour, il avait finalement renoncé au tabac. En revanche, ce n'était pas pour autant qu'il ne gardait pas une boîte. Au cas où ; on ne savait jamais.

Il tourna à nouveau sur sa chaise puis se remit sur le dossier qu'il devait absolument traiter et corriger pour lundi au plus tard. Voyant qu'il s'était remis au travail, Yuka décida donc de le laisser tranquille et plongea de nouveau dans son magazine. Après quelques minutes de silence, le beau brun jeta discrètement un coup d'œil à son portable sous son bureau.

Toujours rien. Il soupira.

Où se cachait ce crétin ?

.NxS.

_Tu as fait quoi ?! Hurla Kiba en frottant ses cheveux mouillés avec une serviette blanche.

Une autre grise entourait sa taille. Le jeune homme venait tout juste de sortir de douche. Sagement assis en tailleur sur le canapé, Naruto poussa un soupir, plongea sa cuillère dans le pot de glace à la vanille et la porta à sa bouche. Avec douceur, la crème glacée glissa le long de son œsophage, il en ferma les yeux. C'était froid. Rafraîchissant.

_J'ai fait une crise, répéta-t-il en balançant lentement sa tête de droite à gauche tout en fredonnant.

Il s'arrêta.

_Enfin, je crois...

Et cligna des yeux.

Un sourire inquiétant ornait ses lèvres. Soudain, il se mit à ricaner tout seul, comme ça, parce qu'il en avait envie. Kiba qui était debout en face de lui ne put que l'observer, impuissant. L'Inuzuka était perdu ; il ne comprenait absolument rien aux charabias du blondinet. D'autre part, sa mine était misérable. Il faisait peine à voir. Ses yeux étaient rouges, gonflés ; son teint avait presque perdu son joli hâle ; et ses cheveux... ! N'en parlons pas. Ce n'étaient plus des cheveux... c'était un nid, littéralement. Ses joues marqués portaient des traces de larmes séchées. Ses lèvres se pincèrent d'anxiété. C'était bien la première fois qu'il le voyait ainsi, si anéanti. Que lui était-il arrivé ? Par ailleurs, quelle était cette marque rouge présente sur sa joue gauche ? Il joignit ses sourcils, de plus en plus soucieux. Il avait une petite idée de l'auteur de cette gifle et cela ne lui plaisait pas du tout.

_Depuis quand tu fais des crises ? Demanda-t-il en s'asseyant sur le fauteuil. Tu m'en as jamais parlé...

Naruto ouvrit la bouche, la referma, puis l'ouvrit à nouveau.

_ Depuis la mort de mes...

Il s'arrêta, le regard vide. Ses yeux se fermèrent douloureusement. Et alors, il revit les longs cheveux rouges de sa mère ainsi que le sourire rayonnant de son père. Leurs doigts étaient entrelacées, une aura dorée et étincelante les entourait. Ils souriaient. Ils paraissaient heureux, en fait non, ils étaient clairement heureux. Tout à coup, l'image se flouta, se brouilla, de plus en plus : progressivement. Il entendit un cri, le bruit de grincement de pneus, de klaxons, de grésillements, une voix fluette, la sienne ; elle hurlait, elle pleurait. Il perçut du rouge, pur et vif, un rouge qui coulait, qui s'avançait, qui tâchait ; un rouge qui n'allait pas avec la chevelure soyeuse de sa maman, un rouge qui abîmait le visage pâle de son papa. Un rouge qui tuait.

Du sang.

Il se tint la tête, tétanisé, et rouvrit les yeux. Kiba le fixait, en se mordant la lèvre.

_C'est bon, j'ai compris, articula ce dernier, le regard un peu humide.

Naruto hocha hâtivement la tête et continua d'engloutir de la glace. Quant au brun, il se racla la gorge, un brin embarrassé. Un léger silence régnait sagement dans le salon.

_Et... Hum... Ça t'arrive souvent ?

_Non, enfin plus vraiment. J'en ai fait quatre au total.

_Ah bah, ça va alors...

Le blondinet lui offrit un sourire.

_Oui, ça va.

Après un autre silence, l'Inuzuka ne put s'empêcher de demander avec une moue quelque peu déçue, voire vexée.

_Pourquoi tu m'as rien dit ? Nous sommes amis, non ?

Naruto avait parfaitement perçu la déception dans la voix de son ami, il en poussa un soupir, déposa le pot de crème glacé et fit craquer sa nuque. Pourtant, il ne répondit pas. Le brun en fut blessé, profondément. Ses sourcils étaient joints et ses poings amèrement serrés.

_Répond-moi, Naruto ! Pourquoi tu m'as caché ça ?! Cria-t-il alors, la voix tremblante.

_Car ça datait, j'étais gamin. J'avais, quoi, dix, onze ans ? J'ai vu des médecins, des psychiatres même. On m'a attribué des médocs. C'est fini, maintenant je suis guéri, finit-il par avouer à contrecœur.

_Alors, pourquoi c'est revenu ?

Sa respiration était haletante, sa poitrine se soulevait lourdement. Il ne voulait pas lâcher, il était hors de question qu'il laisse passer cela. Naruto lui avait caché une chose beaucoup trop lourde, beaucoup trop importante, et maintenant qu'il avait ouvert la bouche, étalant cette sombre étape de sa vie, il lui devait des explications. Ils étaient amis, meilleurs amis. C'était un devoir, une obligation. Malheureusement, le blond s'était à la hâte renfermé, et il comprit donc qu'il n'ajouterait rien de plus. Les traits de son visage étaient durs et froids.

_Bonne question. Je ne sais pas, répondit celui-ci avec une pointe d'ironie.

_Tu mens très mal. C'est à cause de Yuka ?

Tout en déglutissant, Naruto détourna le regard. Il le posa alors sur les chaussettes blanches tachetées de terre qui jonchaient tristement dans un coin. C'étaient les siennes. En tout cas, elles étaient bien fichues. Il ne pourrait plus les réutiliser. Après tout, il était vrai que d'avoir couru de nombreux mètres sans chaussures n'avait pas été très futé. Par ailleurs, cela faisait très mal à la plante des pieds. Il fit bouger ses orteils nus et meurtris.

_J'ai mal aux pieds. Tu peux m'emporter une bassine d'eau chaude, s'il te plaît ? Demanda-t-il en ignorant la question de son ami.

Hérissé par son comportement, Kiba fit de même. Il ignora également sa question, comme lui, comme un enfant de cinq ans. S'il voulait jouer à cela, ils allaient jouer à deux.

_Il s'est passé quoi hier ?

_Tu vas être en retard, si tu restes planté ici.

Deux paires d'yeux se plissèrent. Un langue claqua, c'était celle du blondinet. La tension montait, elle était grande, électrique et pouvait éclater à tout moment.

_Pourquoi t'es venu chez moi en pleurant ?

_Bon, bah, si tu t'en fous. Ce n'est pas mon problème. Après tout, aujourd'hui c'est mon jour de congé, fit l'Uzumaki en se levant du canapé. Je m'en vais squatter ton lit.

Alors qu'il traînait des pieds afin d'atteindre la chambre, il se stoppa net quand Kiba éleva la voix. Elle sonnait brisée.

_Pourquoi Sasuke t'a frappé ?

_Il ne m'a pas frappé... Mentit-il en l'observant par-dessus son épaule.

Sa mine s'était encore assombrie. Le brun secoua la tête, confus. Il ne le reconnaissait plus, Naruto agissait bizarrement. Cependant, il se reprit et leva à son tour.

_Arrête, Naru. T'as une trace rouge, grosse comme ça, sur ta joue. Il t'a battu ?

_Je n'ai pas envie d'en parler, Kiba.

_Il te bat ?

_Tu fais chier, putain ! S'énerva le blond.

Par ailleurs, son corps tremblait dangereusement. Kiba s'approcha alors de lui puis posa une main sur son épaule. Avec rage, son ami la repoussa.

_Mais...

_NE ME TOUCHE PAS ! LAISSE-MOI TRANQUILLE ! Hurla-t-il, les larmes aux yeux.

Et il s'enfuit, s'enfermant dans la chambre. De gros sanglots se firent entendre, emplissant tout l'appartement. Impuissant, le grand brun ne put que les écouter. Il jeta violemment sa serviette quand il vit l'heure qu'affichait son portable.

Il était en retard au travail.

Note de l'auteur : Hallo, me voilou. Merci beaucoup, beaucoup pour vos encouragements.

Par ailleurs, j'ai reçu pas mal de messages disant que les choses étaient allées trop vite dans le chapitre précédent.

Je l'ai fait ainsi, car il fallait que l'histoire avance, qu'il y ait du peps.

J'espère que vous avez bien fait attention aux quelques "indices" ou bien "réponses" (je ne sais pas comment qualifier ceci) semés dans ce chapitre-ci.

Bisous, bisous.

P.S = J'écoutais du Rihanna, d'où le nom du chapitre haha. Je changerai plus tard - peut-être.