Bonjour tout le monde et surtout, Bienvenue !

Grand jour aujourd'hui ! Après des années (je ne les compte plus) à surfer sur ce site pour lire, lire et lire encore, j'y poste enfin ma première fic. C'est la toute première fic que j'écris sur un HP/DM et j'espère qu'elle vous plaira et que vous passerez un bon moment à la parcourir.

Rating : T pour l'instant. Une évolution est peut-être à venir. Mais comme je n'ai jamais écris de Lemon, je ne sais pas encore si je vais me lancer là-dedans ou non. Attention, évidemment, cette fic est un Slash, vous êtes prévenus.

Pairing : Harry/Draco. Je le redis, Slash à l'horizon. Vous pouvez encore faire marche arrière.

Disclaimer : Le contexte et les personnages appartiennent à JKR. En outre, certains personnages sortent de mon imagination et vous les reconnaîtrez. Mais juste un petit mot sur le titre : Cette citation n'est évidemment pas de moi. Elle appartient à Henry de Montherlant, extrait de son livre Les Jeunes Filles. J'ai l'habitude de donner à mes titres de chapitre des citations et proverbes et dans la mesure du possible, je préciserai à qui elles appartiennent à chaque début de chapitre.

Notes :

*Je tiens avant tout à préciser qu'à la base, cette fic était destinée à fictionpress et m'appartenait donc entièrement, personnages compris. Mais après réflexion, j'ai décidé d'en faire un HPDM. Harry et Draco ne seront, dans l'ensemble, pas OOC, mais il se peut que certains traits vous surprennent parfois.

*Je ne sais absolument pas s'il existe une relation calice/vampire que l'on pourrait qualifier d'officielle. Vous comprendrez donc que la relation décrite est ma propre vision de cette relation étrange. Notamment la création du lien. C'est ma sauce. Et je peux vous dire que j'en ai une vision très nette. J'espère qu'elle vous plaira. En raison de ce lien calice/vampire, il se peut que vous trouviez que leur relation évolue plutôt vite, mais ne vous y trompez pas, Harry et Draco restent aussi têtus l'un que l'autre.

* ! Attention! Ceci n'est pas une histoire d'amour ! Je suis partie du principe que le lien calice/vampire n'a à la base rien de romantique, ni d'amoureux et aucun des deux personnages ne l'ont choisi. Même si à la longue, la relation va évoluer peu à peu et que ce sera dès le début une relation très forte, ne vous attendez pas à des mamours et des compliments. Il n'y aura pas de romance, même s'il y aura une relation très forte entre les deux personnages.

* Ceci est le premier chapitre. Pour moi, c'est une sorte de test pour voir ce que cette fic va donner. J'avoue que je n'ai pas beaucoup de chapitres d'avance mais j'essaierai de garder une publication régulière à partir du deuxième chapitre. Si je vois qu'elle a beaucoup de succès j'essaierai d'écrire plus vite ^^.

Fini de parler, place à la fic maintenant. Enjoy !

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Chapitre 1

"Une vraie rencontre, une rencontre décisive, c'est quelque chose qui ressemble au destin."

Tahar Ben Jelloun, L'Auberge des pauvres

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En cette première nuit du mois de juillet, l'air était lourd et humide. Un orage comme seul l'été en avait le secret pointait derrière les nuages lourds de pluie. Pourtant, il faisait chaud. L'air, presque irrespirable, collait à la peau.

Dans le parc de Little Whinging, le silence n'était rompu que par le bruit de ses pas sur les graviers. Les mains dans les poches, le visage baissé vers le sol, celui que l'on surnommait le Survivant marchait sans but. Ses pensées apaisées par le calme ambiant, il se sentait bien, en paix. Malgré les événements récents, et ceux à venir, la quiétude d'une nuit d'été arrivait encore à apaiser ses angoisses et ses interrogations, ce qui était, en soi, plutôt positif.

Comme il en avait pris l'habitude depuis quelques années déjà, il alla s'installer sur la balançoire. La chaîne grinça lorsqu'il s'assit et il se balança légèrement, laissant ses pensées vagabonder librement.

Il revit, plus clairement que jamais, la tombe d'un blanc immaculé qui accueillait la dépouille de son mentor disparu. Un sentiment étouffant de peine et de désespoir s'insinua en lui. Il pensa à la tâche que le professeur Dumbledore lui avait léguée. Aux Horcruxes dissimulés il ne savait où et qu'il avait pour devoir de trouver et de détruire. Il se remémora les différents souvenirs que Dumbledore avait partagés avec lui tout au long de l'année écoulée. Des souvenirs du garçon qu'avait un jour été Voldemort, avant qu'il ne devienne le monstre qui avait tué ses parents. Il se demanda pour la énième fois quels genres d'objets le Seigneur des Ténèbres avait jugé dignes d'accueillir les précieux morceaux de son âme. Et quels lieux avaient eu le privilège -si c'en était un- de dissimuler ses Horcruxes ? Et qui était ce mystérieux RAB ? Harry se sentait perdu, dépassé par sa tâche. Il n'avait que seize ans, que pouvait-il faire seul contre tous ?

Lorsque le désormais familier sentiment de désespoir fut trop lourd à porter, il se força à discipliner ses pensées. Il pensa à ses amis, qui avaient promis d'être là pour l'aider, malgré les risques et les dangers qui se profilaient. Il pensa au mariage qui se préparait et qui était signe que, malgré tout ce qui se passait, la vie continuait, immuable.

Un bruit lui fit relever la tête. Il écouta attentivement les pas qui se rapprochaient, le cœur battant un peu plus vite que quelques secondes auparavant. Le mot Mangemort effleura son esprit, mais avant qu'il ait pu sortir sa baguette, c'est la bande de Dudley qui apparut devant lui. Il les laissa approcher et ne bougea pas lorsqu'ils s'aperçurent de sa présence sur l'une des balançoires.

-Hé ! Regardez un peu qui se trouve là, tout seul dans le noir, railla l'un des garçons. Tu attends quelqu'un, Potter ?

La bande de cinq garçons s'approcha un peu plus près. Dudley, de loin le plus gras de tous, se tenait un peu en retrait. Il observait Harry d'un air indéchiffrable et il fut le seul à ne pas sourire à la plaisanterie de son ami.

-Peut-être qu'il attend sa petite amie, suggéra Piers, un sourire mauvais collé aux lèvres. Ou son petit ami.

Les rires gras de la troupe retentirent à nouveau. Puis, remarquant le manque de réaction de Harry, Piers s'avança vers lui et s'exclama :

-Saint Brutus t'a rendu docile à ce que je vois, Potter.

Harry soupira. Était-ce trop demander que de vouloir rester seul, à ressasser ses angoisses en paix ?

-Allez-vous-en, dit-il fermement en resserrant ses poings autour des chaînes de la balançoire.

-Qu'est-ce que tu as, Potter, répliqua Malcom. Tu trouves que notre compagnie n'est pas digne de toi ?

Abandonnant tout espoir de calme et de paix, Harry se releva. Son indifférence ne plut visiblement pas à la petite bande, qui se resserra autour de lui, les poings serrés.

-Venez les gars, il n'en vaut pas la peine, affirma Dudley d'une voix ennuyée en regardant Harry.

-C'est ça, soupira Harry. Bon vent.

Dudley tourna les talons, suivi par les autres. Mais Malcom, avant de le suivre, s'approcha de Harry et lui asséna un violent coup de poing dans le nez. Il y eut un sinistre craquement et le sang gicla sur le visage et le t-shirt de Harry.

-Putain, jura-t-il en portant la main à son nez et en le tâtant avec précaution.

Il trébucha et tomba à la renverse, totalement pris au dépourvu par cette brusque attaque. Piers, qui s'était retourné en entendant Harry jurer, revint sur ses pas et lui asséna à son tour un violent coup de pied dans les côtes.

-Ça t'apprendra à nous snober, Potter.

Entraînant Malcom à sa suite, ils suivirent les autres vers la sortie du parc et disparurent.

Harry resta assis sur le sol, incapable de bouger. Le sang coulait de son nez sur son menton et venait tâcher ses vêtements. Il resta là, sans bouger ni penser à rien durant de longues minutes. L'orage grondait au loin mais il n'y avait pas trace de pluie. Au-dessus de lui, au-delà des branches des arbres, le ciel était d'un noir d'encre, sans étoiles. Il s'appuya contre l'arbre le plus proche et ferma les yeux. Harry n'avait aucune envie de rentrer chez les Dursley. Il ne se sentait pas la force d'affronter leur indifférence et leur mépris, ou le regard narquois de son cousin. Il préférait rester là, apaisé par la sérénité des lieux et le silence ambiant.

Harry ne le vit évidemment pas, pas plus qu'il ne l'entendit. Brusquement, apparu de nulle part, il était là, près de lui. Harry sentit d'abord un doigt frais glisser le long de sa joue jusqu'à son menton, là où le sang avait coulé, et un rire à peine murmuré au-dessus de lui.

-Ce doit être douloureux.

Une voix légère, insaisissable, veloutée. Tout en Harry hurla « danger ». Il se releva précipitamment et passa le revers de sa manche sur son visage pour en effacer les traces de sang. Mais il savait au fond de lui que rien n'y ferait. On n'échappait pas à un vampire assoiffé. On n'échappait pas à un vampire tout court.

-Ça l'est, répondit-il simplement en s'appuyant contre l'arbre derrière lui. Il tâta précautionneusement son nez douloureux. Si vous aviez l'amabilité de ne pas aggraver mon cas, je vous en serai reconnaissant.

À nouveau, le rire retentit, léger comme le vent. Harry plissa les yeux dans l'espoir de l'apercevoir, sans succès. Il n'avait jamais vu un vampire ailleurs que dans ses livres de Défense Contre les Forces du Mal et n'avait jamais ressenti l'envie d'en rencontrer un jour. Plus ils étaient loin, mieux il se portait. Mais que faisait un vampire dans la petite banlieue de Londres, ici à Little Whinging, si loin de tout ? Harry n'eut pas besoin de réfléchir longtemps pour trouver une réponse à sa question. Un vampire était une arme parfaite, bien plus fiable qu'une bande de Mangemorts incompétents. Balayant des yeux l'espace devant lui, il dit :

-Allez-vous-en. Je n'ai rien à vous offrir.

-Je n'en suis pas si sûr. Tu saignes encore un peu, par là…

La main froide du vampire glissa sous son nez et Harry eut un mouvement de recul. Il chassa la main d'un geste apeuré. Elle disparut. Harry cessa de respirer, totalement immobile, à l'écoute du moindre froissement. Mais il n'y eut rien. Il se redressa aussitôt et marcha d'un pas sûr vers la sortie du parc. La lumière du lampadaire devant lui, près des grilles, était prometteuse. Le vampire y était cependant adossé et Harry envisagea un instant de faire demi-tour. Mais il n'y avait rien derrière lui mis à part un parc plongé dans l'obscurité dont la quiétude, si elle l'avait apaisé quelques instants auparavant, l'inquiétait désormais.

Il fixa le vampire tout en avançant prudemment. Cette rue était sa seule chance. Il posa sa main devant son nez pour empêcher le sang de couler.

-Quelle attitude courageuse ! Ou suicidaire ?

-Ne vous approchez pas de moi.

Il continua courageusement d'avancer, le cœur battant à vive allure. Il avait la désagréable impression que le vampire entendait son cœur battre à vive allure et sentait sa peur. Ce sourire en coin narquois, qui dévoilait deux canines effrayantes, et ces yeux intenses qui le fixaient sans ciller, l'angoissaient.

-Sinon quoi ? Demanda-t-il, vaguement amusé.

-Je sais me défendre, prévint Harry en agrippant sa baguette magique.

Le regard du vampire se posa sur la baguette et il haussa un sourcil, l'air interdit. Puis il laissa échapper un léger rire à la fois amusé et perplexe. Harry se trouva ridicule. Quel genre de chance pouvait-il bien avoir face à un vampire ?

-Voilà qui va s'avérer amusant, dans ce cas.

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Draco était vaguement amusé. Ce garçon pensait-il réellement avoir une chance contre lui ? Sa naïveté le rendait plutôt charmant, voire drôle, raison de plus pour prolonger le moment. Draco était habitué aux humains morts de peur, en train de hurler et de supplier et ce garçon qui lui affirmait pouvoir se défendre d'un air très sérieux le changeait positivement de ses habitudes.

-Je n'ai pas peur de la magie, affirma-t-il, sa bouche s'étirant en un léger sourire en coin.

Tous deux se fixèrent intensément. Il avait des yeux d'un vert profond, qui contrastaient avec ses cheveux d'un noir de jais dont quelques mèches balayaient le visage. Des lunettes rondes mangeaient son visage. Les battements précipités de son cœur résonnaient agréablement aux oreilles du vampire, bruyant dans le silence du parc. Il le dévora des yeux, à défaut de pouvoir le dévorer instantanément tout court, appréciant son style négligé, sa veste trop large qui tombait sur ses épaules, ses lacets défaits, son pantalon trop grand retenu par une ceinture et ses cheveux en bataille, le tout lui conférant un petit air rebelle. Même si l'ensemble restait assez pitoyable. Le sang qui coulait le long de son menton et tâchait son t-shirt blanc n'arrangeait pas le tableau mais, aux yeux de Draco, le rendait totalement irrésistible.

Évidemment, il ne parlait même pas de cette odeur. Celle pour qui il vivait depuis des siècles, et qui le faisait vivre en retour. L'odeur du sang.

Elle semblait le pénétrer par tous les pores de sa peau, glissant en lui comme aurait dû le faire son propre sang, enivrant ses sens, pénétrant son corps. Elle roulait sur sa langue, entêtant son cerveau et faisant taire sa raison. Lorsque l'odeur du sang effleurait ses narines, Draco n'était plus rien d'autre qu'un esclave. Un esclave fou qui n'avait qu'une envie et qui serait capable du pire pour la satisfaire. Draco avait fait le pire. Et il le faisait encore et encore, car l'envie du sang n'était pas quelque chose que l'on pouvait faire taire à jamais. Elle était toujours là, vrillant son cerveau, jamais satisfaite, toujours renouvelée, infiniment, jour après jour, reine de son existence. Draco était aujourd'hui habitué à être totalement soumis à son envie de sang mais il n'en avait pas toujours été ainsi. Il avait mis de nombreuses années à accepter d'être aussi dépendant. À présent, Draco se savait esclave, soumis au sang, vivant pour le sang, tuant pour le sang, fou pour le sang. Il l'avait accepté, et était aujourd'hui un esclave parfaitement obéissant.

Il évitait d'y penser.

Le garçon le fixait d'un air revêche, l'air de se demander ce que le vampire immobile manigançait. Draco ne manigançait rien. Il savait que le garçon ne lui échapperait pas. Il n'y avait aucun jeu, aucun suspense. Le plaisir de tuer, de dominer, de jouer l'avait depuis longtemps quitté. S'il avait passé des siècles à chasser, tous les jours, traquant sans relâche le sang, jouant avec les humains pour mettre un semblant d'action dans son éternelle éternité, aujourd'hui, il était simplement blasé et le jeu ne l'intéressait plus. Il voulait juste son dû. Juste ça.

Les bras croisés, il observait le garçon avancer prudemment vers la rue, vers lui.

-Que de douces illusions, murmura-t-il, secouant légèrement la tête.

Le garçon lui jeta un bref regard apeuré. Il accéléra le pas en passant devant lui mais Draco le saisit par le bras, sans brutalité, un peu ennuyé. Comme il l'avait prévenu, le garçon ne se laissa pas faire, mais Draco le sentit à peine. D'un geste sûr et répété maintes fois, il immobilisa les deux bras du garçon dans son dos.

-Vous ne devriez pas faire ça, affirma Harry en lui jetant un regard assassin à travers ses mèches noires.

Draco se pencha vers lui, son visage à quelques centimètres du sien, et souffla doucement :

-Parce que tu es le...comment disent-ils déjà ? Le Survivant ?

D'un geste aérien, il écarta une mèche de son front pour dévoiler la cicatrice en forme d'éclair. Il la retraça d'un doigt frais.

-Je ne m'attendais pas à ce que le Survivant sente si bon, affirma-t-il doucement, un brin songeur.

Ils se regardèrent quelques secondes. Harry Potter se tortillait pour tenter de s'arracher à la prise de fer qu'il exerçait sur ses bras. Il avait inconsciemment rejeté la tête en arrière pour mettre un peu de distance entre leurs deux visages, lui offrant par la même un accès dégagé à son cou. Le regard du vampire glissa vers sa carotide où le sang pulsait fortement et il se passa la langue sur les lèvres en esquissant un rictus qui fit frissonner de peur son prisonnier.

-Voyons voir quel goût a le sang du Garçon Qui A Survécu.

Pour toute réponse, et en désespoir de cause, Harry lui cracha à la figure. Du sang. Draco s'essuya délicatement avec un doigt et le porta à sa bouche sous le regard horrifié de sa victime.

Le goût du sang sur sa langue n'était pas nouveau, il l'expérimentait presque chaque jour depuis plus de mille ans. Il connaissait cette substance soyeuse, épaisse, lourde et chaude sur sa langue, qui roulait sous son palais, coulait dans sa gorge et redonnait vie à son corps. Draco avait connu toutes sortes de sang, le sang épais et granuleux qui grattait la gorge, celui doux et fin qui semblait à peine effleurer ses sens, celui au goût contaminé par la maladie, qui lui laissait un goût un peu âpre sur la langue, celui vivifiant et léger des sportifs. Le sang sur la langue entraînée d'un vampire était comme un bon vin. Il fallait en appréciait les nuances. Mais au fond, du sang reste du sang.

Celui du garçon était doux et chaud. L'unique goutte qu'il posa sur sa langue enflamma son palais et remplit sa bouche entière de son goût délicieux. À nouveau, Draco était esclave.

De sa main libre, il empoigna délicatement le menton du garçon et rejeta encore un peu sa tête en arrière. S'il résista, Draco ne le sentit pas. Il huma l'odeur de son sang qui flottait autour d'eux, estompant totalement l'odeur même du garçon. Son souffle était haché et il avait fermé les yeux, abandonnant l'envie de se défendre, ainsi immobilisé par la poigne de fer du vampire.

-Tu abandonnes vite, lui fit-il remarquer en passant ses lèvres sur le menton du garçon pour le nettoyer du sang qui y avait coulé.

Il avait un goût un peu étrange, trouva-t-il finalement. Il semblait trop soyeux, trop chaud, trop bon, peut-être.

-Donnez-moi une chance pour voir.

Draco laissa échapper un léger rire tout en suivant la courbe de la mâchoire jusqu'à son cou. Là, il sentit nettement le pouls du garçon, tout contre sa bouche, s'affoler.

-Tu proposes quoi ?

Il lécha avidement la carotide, cette artère épaisse qui transportait plus de sang qu'il n'en fallait pour rendre fou un vampire. Tout contre son cou, il put inspirer l'odeur du garçon, une odeur qui suintait la peur, entêtante, attirante. Ses deux canines aiguisées effleurèrent la peau de son cou et Harry trembla contre lui. Son souffle balaya les cheveux du vampire.

-Ce que vous voulez, trouva-t-il la force de souffler.

-Ça me plaît.

Draco déchira la peau tendre du coup avec précision, dans un geste répété des milliers de fois. Le garçon cria et le vampire dû lâcher ses bras pour le soutenir. Il le plaqua contre son torse, le soutenant avec la force de ses bras, et enfonça ses canines profondément. Le sang coula, à flot, d'abord dans sa bouche, puis dans sa gorge. Le goût exquis lui fit tourner la tête et pendant ces secondes à la fois maudites et bénites, il ne fut plus rien que sensations. Sa langue rattrapait avec vénération chaque goutte qui menaçait de lui échapper en coulant le long du cou de sa victime. Il sentait avec extase le cœur du garçon qui battait avec frénésie contre le sien, immobile, et son cri de douleur résonnait à ses oreilles. Il ne pensait plus, ne savait plus qui il était. Il ne voulait que ce sang qui glissait dans son corps, réchauffant ses veines, redonnant vie à son organisme mort. Les secondes étaient des heures et il avait tout éclipsé autour de lui. Draco ne vivait que pour ce moment-là, celui où il sentait ce liquide chaud et épais couler en lui, où la victime contre lui s'affaissait et où les battements de son cœur ralentissaient.

Draco souffla dans le cou du garçon et bougea légèrement la tête pour avoir une meilleure prise. Son cœur ralentissait doucement, tandis que le sien reprenait vie. Draco en voulait plus, toujours plus. Il voulait que ce moment ne s'arrête jamais. Il n'était jamais rassasié et ne le serait jamais.

Cependant, le souffle du garçon finit par s'essouffler. Son cœur eut des ratés et Draco comprit que l'extase prenait fin. Il défit sa prise du cou du garçon et releva la tête, son cœur battant paresseusement dans sa poitrine, sa peau pâle vaguement rougie. Et un bien-être incommensurable ancré en lui. Tandis qu'il savourait pleinement son extase, le corps du garçon glissa à ses pieds avec un faible gémissement

C'est ce faible bruit, à peine plus fort qu'un murmure, qu'une oreille humaine n'aurait certainement pas entendu, qui marqua le début de la fin. Horrifié par ce qu'il avait fait, Draco fit instinctivement deux pas en arrière, heurtant le lampadaire qui grinça. À peine conscient de ce fait, il recula encore, mettant le plus de distance possible entre lui et le corps du garçon. À nouveau, ce gémissement douloureux résonna dans la ruelle, électrisant le vampire. C'était la première fois de son existence qu'il relâchait une de ses victimes avant de l'avoir totalement vidée de tout son sang. Draco, en un éclair, disparut.

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Draco, très agité, s'attirait les foudres de ses collègues. Lionel, enfoncé dans son fauteuil, une pipe entre les lèvres, les jambes croisées, le regardait d'un air narquois, un sourcil plus haut que l'autre.

-Alors ? Tu te décides à nous raconter ?

Draco soupira et se laissa tomber peu élégamment dans un fauteuil en face de lui. Les pulsations de moins en moins régulières de son cœur l'agaçaient prodigieusement.

-Il n'y a rien à raconter, répondit-il.

Les trois vampires qui lui faisaient face ne répondirent rien et continuèrent leur partie en silence. Ce n'était pas dans la nature de Draco de venir se poser tranquillement autour d'une partie de cartes sans valeur, avec des gens qu'il ne considérait comme rien de plus que des connaissances, malgré les siècles de fréquentation qu'ils avaient derrière eux, à fumer et boire des trucs qui ne leur faisaient aucun effet. Il préférait nettement sa solitude et tout le monde savait cela. Qu'il débarque ainsi dans leur bar, à l'improviste, sans but précis, tenait de l'événement.

-Cela faisait longtemps, Draco, remarqua Joey. Tu étais passé où, ces dernières années ?

-Ailleurs, soupira Draco, peu attentif à la conversation.

Draco pensait au garçon. Harry Potter. Il lui semblait que depuis qu'il l'avait quitté, il n'avait pas arrêté d'y penser. Son visage flottait devant ses yeux, le goût délicat de son sang était encore imprégné dans chaque fibre de son corps. Il en salivait encore. Il rêvait de ce sang chaud et doux coulant le long de sa gorge, l'enivrant, lui procurant des sensations plus puissantes et plus complexes que jamais. Draco déglutit. Ses canines aiguisées effleurèrent sa lèvre inférieure et devant ses yeux d'un gris usé par les années, les yeux verts et plein de vie du garçon dansèrent de longues minutes.

-Je comprends que tu sois repassé par ici, reprit Joey qui battait les cartes pour une nouvelle partie. L'Angleterre est l'endroit où il faut être, ces derniers temps. Quoi de plus excitant qu'une guerre pour égayer notre interminable éternité ?

Il l'imaginait étendu sur le sol, près de la grille du parc. Seul, inconscient. Sous la pluie. Il imaginait la marque rouge qu'avait dû laisser sa morsure sur le cou du garçon et déglutit.

-Les sorciers ont toujours eu un certain penchant pour la grandeur, affirma Louis. Quand ils font les choses, ils les font bien, on ne peut pas leur reprocher cela.

Louis fumait le cigare. La fumée se mélangeait à l'odeur rance du tabac de la pipe de Lionel, rendant l'atmosphère étouffante. La salle basse de plafond, sans fenêtres ni aérations, avait pour seul éclairage une ampoule nue qui se balançait paresseusement au-dessus de leur table de jeu.

-Les moldus ne sont pas mal non plus quand il en va de faire la guerre, répondit Lionel en expirant une bouffée de fumée.

D'un geste inconscient, Draco caressa doucement le cuir soyeux du fauteuil dans lequel il était assis. Il ne respirait plus. Son cœur avait arrêté de battre et le silence qui régnait en lui semblait lui éclaircir les idées.

Il avait soif. Encore. Déjà.

-La dernière fois que je suis venu dans le Londres sorciers, ils volaient encore sur des Comètes 2. Tout progresse, sauf nous, messieurs.

-Dans ce cas, buvons à notre décadence, proposa Joey en levant son verre. Quelle dure éternellement.

Sans un regard pour ces partenaires, Draco se leva souplement et sortit de la pièce. Il traversa le bar d'un pas vif et sortit. La rue pavée de l'Allée des Embrumes était obscure, humide et étroite. L'eau qui gouttait des toits des maisons produisait un bruit irrégulier qui agaça de suite son ouïe sensible. Se déplaçant tel un fantôme, n'existant aux yeux de personne, il suivit une femme d'âge mûr qui marmonnait toute seule. Elle portait un panier recouvert d'un torchon dont une fumée grisâtre s'échappait.

Il suivit sa victime sur quelques mètres, espérant qu'elle pourrait le satisfaire mieux que le garçon. Une victime au sang plus nourrissant, plus vivifiant. Une victime qui saurait apaiser ce feu qui brûlait en lui pendant plus de quelques minutes.

Ce fut rapide. Ses dents déchirèrent la peau tendre de son cou et le sang chaud envahit sa bouche. Elle cria beaucoup mais personne ne songea venir à son secours. Draco ne respira pas son odeur. Ce fut peut-être pour cette raison qu'il trouva un goût amer au sang. Mais perdu dans la folie de ses instants les plus sauvages de son existence, il ne s'en rendit pas compte de suite. Il ne pensait plus qu'à assouvir ce désir terrible, qui le prenait aux tripes et régissait son éternité. Il chérissait le sentiment de bien-être et de satiété qui l'envahissait après avoir bu tout son soûl. C'était dans ces moments-là qu'il se sentait le mieux.

Lorsqu'il eut vidé sa victime de son sang, il la lâcha et elle s'écroula sur le trottoir, morte. Une goutte unique coula le long de son menton et il l'essuya du doigt avant de le porter à sa bouche. Il resta immobile quelques longues secondes et plus le temps passait, plus le goût du sang qui lui restait en bouche devenait infect. Draco crut à une malédiction. Pour quoi supporterait-il son existence si même le goût du sang lui devenait ordinaire ? S'il ne ressentait plus cette extase parfaite pendant et après la morsure ? Le goût qu'il avait en bouche n'avait plus rien du sang. Il n'était pas simplement commun, il était infect, abject, immonde. Le vampire eut un haut-le-cœur et tout le sang qu'il venait d'ingérer remonta brusquement le long de sa gorge et il le recracha longuement. Le liquide vermeil coula le long de son menton, tâcha ses vêtements de marque, éclaboussa ses chaussures et le trottoir. Il recracha tout. Jusqu'à la dernière goutte.

Lorsqu'il se redressa, remettant délicatement ses vêtements tâchés en place, cette soif dévorante monta en lui à nouveau. Il ne paniqua pas. Cette fois, il comprit ce qui lui avait échappé quelques minutes plus tôt. Il avait soif. Terriblement soif. Son corps entier était en feu, sa gorge le brûlait. Il rêvait d'un sang chaud et doux coulant lentement dans sa gorge. Mais pas n'importe quel sang. Il rêvait du sang du garçon. Harry Potter.

À l'instant même où il songea à lui, Draco comprit. Il ne désirait que son sang. Son corps ne désirait que son sang. Il rejetait tout autre sang qui ne soit pas le sien. Draco perdit un instant l'esprit, incapable de comprendre. Une douleur lancinante lui traversa la poitrine et il plaqua sa main contre son torse.

Il ne savait pas ce qui lui arrivait et c'est ce qui l'angoissait le plus. Quel genre de mal pouvait bien ronger un vampire ? Quelle noirceur pouvait faire souffrir un être tel que lui ? Il se prit la tête entre ses mains glacées, aux prises avec une sensation qu'il ne connaissait plus depuis des centaines d'années. La douleur.

Mais ce qui l'effrayait le plus, ce n'était pas cette douleur incompréhensible. Il n'avait pas peur de la mort. Il l'avait bien trop désirée pour la fuir. Mais c'était son esprit qui, inlassablement, revenait à ce garçon. Son odeur, son sang, ses yeux, sa voix.

Difficilement, Draco se redressa. Tentant de faire abstraction de la douleur, il lissa sa chemise souillée et se passa la main dans les cheveux.

Il était esclave de sa soif et il avait appris à lui obéir depuis de longues années. Toujours.

Il lui fallait le sang du garçon. Encore.

C'est la même pulsion qui avait poussé Draco à arrêter de boire le sang du garçon qui le ramena auprès de lui. C'était une pulsion qui semblait ancrée en lui depuis toujours, si naturelle et instinctive, presque primitive, qu'il s'en rendait à peine compte.

Dans la faible lueur de l'aube, le visage pâle de Harry était battu par la pluie. Le garçon était inconscient, pourtant son cœur battait si vite que c'en était anormal. Dès que Draco le vit, allongé sur le dos sous le lampadaire, la douleur dans sa poitrine disparut. Et sa soif augmenta. Il resta cependant à distance, dévisageant prudemment le visage lisse du garçon. Il entendait chacun de ses battements de cœur qui envoyait le sang pulser dans son corps, sa respiration faible mais régulière. S'approchant précautionneusement, il se pencha au dessus de lui. Ses lèvres étaient blanches, son visage d'une pâleur inquiétante et pourtant, il sembla à Draco qu'il avait bien récupéré de la perte conséquence de sang subie quelques heures auparavant.

Lorsque le regard du vampire s'échoua sur les deux incisions nettes qui marquaient sa carotide gauche, sa soif redoubla. Elle lui rongeait le corps, annihilait ses sens, lui faisait perdre la tête.

Était-il condamné à mourir de soif ? Inconsciemment, il savait que ce ne serait pas le cas. Avant même de l'avoir touché, il savait que c'était le sang du garçon dont il avait besoin et que ce sang allait le rassasier.

Il s'accroupit doucement, impressionné par les battements vifs de son cœur alors qu'il venait d'être pratiquement vidé de son sang quelques heures auparavant. Son odeur lui sauta aux narines avec une telle violence qu'il chancela. Incapable de penser ou de réfléchir au moindre de ses gestes, il s'agenouilla et posa son index sur sa carotide gauche, à l'endroit où les deux trous rouges marquaient la morsure. Il lui caressa délicatement le cou, la bouche asséchée par la soif.

Puis doucement, il se pencha par-dessus lui et enfonça ses deux canines proéminentes au même endroit que quelques heures auparavant.

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Harry se réveilla à deux heures du matin, la nuit suivante. Il n'avait pas encore repris pied à la réalité que Draco sentit qu'il émergeait. C'était un sentiment bizarre. Il était installé dans son fauteuil, lisant un vieux journal, et, au fin fond de lui, l'évidence lui vint. Le garçon se réveillait.

Cependant, de longues minutes passèrent avant qu'il n'émerge vraiment du profond sommeil dans lequel il était plongé. Draco passa ces minutes à fixer son visage détendu et blafard. Il était extrêmement pâle mais ses lèvres avaient un peu rougi au cours de son sommeil de la journée. Malgré la lourde couette que Draco avait placée sur lui, dans un excès de prévenance, il avait froid. Draco aurait bien été incapable de dire comment il le savait, mais il le sentait. Il ressentait l'inconfort du garçon comme si c'était le sien, sa douleur qui lui vrillait le crâne et le cou à l'endroit de la morsure. C'était des sensations étranges pour lui qui n'avait plus rien ressenti d'autre que la soif depuis des siècles. Des sensations qui ne lui appartenaient pas mais qui faisaient cependant étrangement partie de lui.

Celui-ci émit d'abord une longue plainte, qui ne fit qu'augmenter son mal de tête. Il remua sur le canapé, emmêlé dans l'épaisse couverture, réussit à extraire son bras droit qu'il porta à son front. Ce geste sembla lui coûter car son bras retomba lourdement sur le canapé quelques secondes plus tard. Malgré son état de faiblesse, son cœur avait repris un rythme normal et régulier, rassurant. Obéissant toujours à cette pulsion étrange à laquelle il ne pouvait se dérober, il se leva et s'approcha du canapé. À mesure qu'il se rapprochait de lui, il sentit le corps du garçon se détendre lentement et un long soupir s'échappa d'entre ses lèvres.

Lorsqu'il ouvrit enfin les yeux, son regard tomba aussitôt sur le vampire, debout devant lui. Tous deux s'observèrent sans ciller durant ce qui sembla au vampire comme des heures entières. Il fut absorbé par les pupilles vertes du garçon, s'y plongea dedans et sembla lire jusque dans son âme. Il y lut sa fatigue assommante, sa peur, sa perplexité profonde, sa crainte, sa douleur.

Puis le garçon cilla et ce fut fini. Faisant soudain preuve d'une énergie surprenante, il se redressa sur le canapé, rejeta la couette et balança ses jambes sur le sol. Il n'était pas encore debout qu'il fut aussitôt prit d'un vertige violent. Il chancela, tendit les mains en avant pour se rattraper à quelque chose. En moins d'une seconde, Draco fut près de lui pour le soutenir d'une poigne ferme mais douce.

Il le força à se rassoir un peu rudement sur le canapé. Dès qu'il fut assis, le garçon se débattit pour lui faire lâcher prise et Draco consentit à le lâcher.

-Tu as failli mourir d'anémie. En général, après cela, on ne se lève pas aussi brusquement.

-À qui la faute, répliqua le garçon sans le regarder.

Ses mains tremblaient, à la fois de peur et de froid. L'endroit de la morsure était marqué de deux petits trous ronds, nets et propres, rouges. Le regard du vampire était sans cesse attiré par la marque et il la fixait sans pouvoir s'en empêcher. Désireux de mettre un peu de distance avec l'odeur entêtante du garçon, Draco s'installa à nouveau dans son fauteuil.

-Couvre-toi, si tu as froid, dit-il.

-Qu'est-ce que ça peut vous faire, rétorqua Harry.

Il y eut quelques secondes de silence, puis Harry ajouta :

-De toute façon, dès que je serai capable de tenir debout sans tomber, je m'en irai.

Le vampire ne dit rien. Il avait du mal à penser, à réfléchir, à se concentrer. Son esprit habituellement si vif était troublé par la présence si proche de Harry et surtout par son odeur grisante. Durant le long sommeil du garçon, il n'avait pas cessé de tourner et retourner cette soirée dans sa tête. Il en avait tiré certaines conclusions mais maintenant que Harry était réveillé, tout semblait s'être évaporé en même temps que sa raison.

Il fixait le garçon sans ciller et sans respirer, tentant par tous les moyens de faire abstraction de son odeur. Lorsqu'il prenait une inspiration, aussi courte soit-elle, il recevait une bouffée de cette odeur, exquise, grisante, qui lui donnait envie de se jeter sur le garçon pour enfouir son visage dans son cou et respirer son odeur jusqu'à ce que la tête lui tourne.

Le garçon avait la tête baissée sur ses mains tremblantes. Il respirait vite et sa tête lui tournait. Draco le fixait sans ciller, sans respirer, sans bouger.

-Quel âge a le Survivant ?

-C'est un surnom idiot.

Il s'installa plus confortablement dans le canapé et reposa la couverture sur ses genoux. Puis, face au regard intense du vampire qui le fixait, il répondit :

-Il a seize ans.

-Pourquoi ne t'es-tu pas défendu ?

Harry haussa les épaules devant l'air soudain sévère du vampire.

-C'était stupide, trancha Draco d'un ton sans réplique.

Pour la première fois, leurs regards s'accrochèrent pleinement et le souffle de Harry se bloqua dans sa gorge. Tout sembla disparaître. Ne resta plus que ce regard gris qui l'hypnotisa de longues secondes. Un calme inattendu s'empara de son être, tous ses muscles se décontractèrent, sa respiration s'apaisa et il n'exista dans ses pensées plus aucun soucis, plus aucune peur, plus aucun questionnement, rien. Juste un bien-être sans limite, un sentiment incontestable d'être à sa place, ici, dans ce canapé. Il ne comprit pas d'où lui venait cette conviction, alors qu'il se trouvait emprisonné dans une pièce avec le même vampire qui l'avait attaqué, mordu, puis laissé pour mort dans un parc obscur.

À cette pensée, il porta brusquement la main à l'endroit de la morsure. Toujours incapable de se soustraire au regard intense du vampire, il tâta la peau lisse de son cou. Il ne sentit aucune trace et sa main retomba mollement sur ses genoux.

Le regard de Draco descendit alors vers le cou du garçon et il fixa les deux marques propres et nettes, un peu rougies. Une bouffée d'envie monta en lui qu'il réprima difficilement.

Libéré de l'effet hypnotique du regard du vampire, Harry reprit ses esprits. Il détourna le regard, un peu gêné par ce qui venait de se passer. Toute la tension revint brusquement sur ses épaules et il s'affaissa un peu sur le canapé. Une brusque vague de désespoir s'empara de lui.

-Quand est-ce que je pourrai partir ? demanda-t-il.

Le vampire croisa nonchalamment les jambes et agita son journal pour l'ouvrir à nouveau. Il se sentait soudain déprimé et jeta un regard noir au garçon recroquevillé sur le canapé, coupable de ce malaise.

-Tu ne pars pas, répondit-il en disparaissant derrière les pages en noir et blanc.

C'était un journal sorcier, comme en témoignaient les images mobiles. Harry, hébété, fixa l'image d'un homme debout derrière une tribune. Il fixait l'objectif par-dessus ses lunettes en demi-lune. Harry plissa les yeux. L'esprit encore un peu flou et embrouillé, il n'arrivait pas à déchiffrer le titre mais il eut nettement l'impression que le professeur Dumbledore était plus jeune que la dernière fois qu'il l'avait vu, avant sa mort.

-Je dois partir, affirma-t-il, la brusque apparition de son mentor disparu ramenant à lui toutes les obligations qui l'attendaient. Depuis combien de temps suis-je là ?

Il regarda autour de lui dans l'espoir d'apercevoir un indice qui pourrait le renseigner mais la pièce impersonnelle ne l'aida pas. Il n'y avait aucun tableau accroché aux murs, ni photos sur les étagères. Pas la moindre horloge ou pendule. Le canapé sur lequel il était affalé était poussé contre le mur. Au centre de la pièce se tenait une grande table à manger, très propre, sans rien posé dessus. Il n'y avait pas de télévision, ni de radio, ni d'ordinateur. Seulement des étagères remplies de livres. Sur le montant de la cheminée condamnée se trouvait une pile d'exemplaires de la Gazette du Sorcier.

-Est-ce qu'on est chez vous ?

Au fond de la pièce, une porte à double battants était fermée. La fenêtre près de la porte avait les volets fermés. Et derrière Harry, à droite du canapé, une autre porte donnait sur ce qui ressemblait à un vestibule. Il apercevait la porte d'entrée, dont les deux verrous étaient tirés.

-Si tu t'enfuis, tu le regretteras.

Harry tourna la tête et aperçut le vampire qui le fixait par-dessus son journal. Il fut irrémédiablement attiré par le regard clair et à nouveau, tout s'arrêta autour de lui. Ses épaules se détendirent, tous ses soucis se dispersèrent. Rien ne semblait plus important que ces deux yeux. Ce fut le vampire qui détourna intentionnellement le regard et libéra Harry.

-Pourquoi ça ? demanda ce dernier en relevant le menton d'un air plein de défis.

-Tu t'apercevras vite que tu n'es pas capable de t'éloigner de moi.

Le regard de Harry glissa sur les canines aiguisées du vampire et il déglutit. Il se rappela la douleur ressentit lorsqu'elles lui avaient transpercé le cou et il frissonna.

-Je ne compte pas rester ici. Pourquoi le voudrais-je ?

Harry s'interrompit. À nouveau, il porta la main à son cou. Il avait la tête et les membres lourds, les pensées embrouillées et une douleur lancinante à l'endroit de la morsure.

-Pourquoi m'avez-vous ramené ? Pourquoi ne m'avez-vous pas laissé mourir dans ce parc ? Qu'est-ce que vous me voulez ?

-Tu poses beaucoup de questions, remarqua calmement Draco.

-Et vous n'y répondez pas, rétorqua Harry en laissant sa tête retomber en arrière sur le dossier du canapé.

-Tu ne m'en laisses pas le temps.

Harry ferma les yeux. Le sang battait à ses oreilles, il avait mal à la tête. Des dizaines de questions défilaient dans sa tête mais il n'avait pas la force de les poser. Il sentait le regard du vampire posé sur lui, pesant, mais ce qui l'effrayait le plus, c'était le calme qui l'habitait. Pourquoi n'était-il pas effrayé alors même que le dangereux prédateur qui l'avait attaqué se trouvait juste à côté ?

-Racontez-moi, demanda-t-il. Pourquoi je suis là ? Et pourquoi ne voulez-vous pas que je parte ?

Harry rouvrit précipitamment les yeux lorsqu'il sentit le canapé s'affaisser sur sa gauche. Le vampire se trouvait là, à quelques centimètres de lui, le regard rivé sur lui. Harry évita son regard. Soudain mal à l'aise face à cette proximité, il tenta de s'éloigner mais il était déjà au bord du canapé, tout contre l'accoudoir.

-Tu es Harry Potter, dit le vampire.

Ce n'était pas une question. Draco se pencha en avant et ses lèvres effleurèrent la ligne de la mâchoire de Harry. Ce dernier frissonna et tenta de se soustraire au toucher léger et embarrassant. Puis, brusquement, il sentit deux mains fraîches attraper ses chevilles. Le vampire tira jusqu'à ce que Harry soit totalement couché sur le canapé, au-dessous de lui. Draco se pencha vers son visage, hypnotisant à nouveau le jeune garçon dans son regard. Harry cessa de respirer, totalement paralysé, incapable de penser à quoi que ce soit tandis qu'il prenait conscience de tout ce qui avait trait au vampire. Le souffle inexistant, les deux renfoncements de chaque côté de sa tête là où il appuyait ses mains, ses genoux collés contre ses cuisses, et par-dessus tout son regard gris fixé au sien.

Il se pencha encore un peu en avant et plongea soudain le visage dans son cou. Harry cessa de respirer. Il n'avait pas peur, malgré la menace d'une morsure imminente. Mais il était extrêmement mal à l'aise, ne comprenant pas ce qui arrivait. Il n'avait jamais été aussi proche de quelqu'un que maintenant, ni aussi intime. Il entendit le vampire prendre une longue inspiration, le visage toujours enfoui dans son cou, son nez le chatouillant légèrement. Hautement embarrassé à présent, Harry tenta de remuer mais lorsque son corps frotta contre celui souple et puissant du vampire, il s'immobilisa aussitôt.

-Tu sens divinement bon, Harry, souffla le vampire, et son souffle frais chatouilla son cou.

Puis le vampire se redressa et accrocha son regard. Ils se fixèrent durant de longues secondes, Harry hypnotisé et Draco enivré par l'odeur puissante du garçon. Le vampire se pencha à nouveau, effleura de ses lèvres la mâchoire de l'autre garçon qui rougit violemment et murmura :

-Et tu es à moi, désormais.

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Voilà pour ce premier chapitre. J'ai conscience que pour un premier chapitre, il est un peu long, mais j'avais envie de mettre l'histoire en place dès le début et de vous laisser sur des bases solides et concrètes^^ vous avez au moins un peu l'aperçu de ce que va être leur relation.

J'espère que vous n'êtes pas trop déçus par les personnages, leur caractère et leur début de relation.

Si tout va bien, je posterai la suite dans deux semaines. J'aurai bien avancé d'ici là et pourrai publier plus régulièrement.

Merci à tous d'avoir lu !

Ciao !