Bonjour!

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Non, vous ne rêvez pas! L'heure de l'épilogue est venue!

Il est grand temps, voici enfin l'épilogue de cette fic. Pour me faire pardonner de ce retard, il est bien, bien plus long que les chapitres et j'espère qu'il vous satisfera :)

Vous avez été super nombreux à me laisser des reviews pour ce dernier chapitre, près de 70, il me semble, et vous n'imaginez pas à quel point ça m'a fait plaisir! Je ne vous remercierai jamais assez pour tous vos commentaires, votre soutien et votre présence tout au long de ces 13 mois!

Merci bien sûr à tous les guest: Lilian black, Kisis, chloe, Anonyme, Guest, nepheria4, Ekateri, cha910, cendres, Breathless, Sélènè, ankana87, crazykaori, ExpressoLatte, Tenshi, Ellana, Yukino, Guest, EsteGirl FanE, Guest, chacha132,

fan51 (alors, la réponse à ta question est non, évidemment. Je ne compte pas poster le premier chapitre de ma nouvelle fic la semaine prochaine, pour la simple raison qu'elle est encore simplement dans ma tête, et encore! Et même si j'avais commencé à l'écrire, je ne la posterai pas samedi prochain. J'ai besoin d'une grande pause, là, avant de me lancer dans un tel marathon à nouveau! C'était très contraignant d'écrire un chapitre par semaine, surtout sur la fin où je n'avais plus d'avance. Une fic Veela, par contre, pourquoi pas, j'y pense en tout cas).

Merci à tous d'avoir suivi ma fic jusqu'à la fin, pendant plus d'un an! J'espère que cet épilogue sera à la hauteur de vos attentes!

Et merci bien sûr à Marmel pour avoir corrigé tous ces chapitres!

Enjoy!

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Le passé ne meurt jamais complètement pour l'homme. L'homme peut bien l'oublier, mais il le garde toujours en lui.

Denis Fustel de Coulanges

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Harry se tenait debout, immobile, devant la tombe blanche et épurée. Le vent glacial fouettait son visage, ébouriffant ses cheveux d'un noir de jais et faisant rougir ses joues. L'écharpe nouée autour de son cou dissimulait le bas de son visage, et il avait enfoncé ses mains dans les poches de son pantalon, tentant de les épargner du froid glacial qui sévissait en cette fin du mois d'octobre. Les feuilles volaient dans le vieux cimetière, tout autour de lui, et le soleil venait de disparaître à l'horizon, plongeant les alentours dans un crépuscule rougeoyant.

Le jeune homme fixait la tombe sans ciller, tentant de contrôler le flot d'émotions qui montait en lui. La tristesse était là, inévitable, comme à chaque fois où il revenait en ces lieux. Elle lui broyait les os et lui nouait les tripes, mais Harry restait impassible, malgré son envie forte de pleurer. Il ne pensait à rien, et profitait simplement de cet instant de calme et de mélancolie qui était toujours trop court, son regard émeraude fixé sur la tombe blanche balayée par le vent.

Malgré le temps, la peine était toujours la même. Les années pouvaient bien s'écouler et défiler inlassablement, cette tombe représenterait toujours tout ce qu'il avait eu un jour, et que le sort lui avait cruellement enlevé, beaucoup trop tôt. Le temps ne pouvait pas guérir de ces blessures là, aussi surement que la magie ne pouvait ramener les morts à la vie. Elles resteraient là, trous béants à l'intérieur de son cœur, et elles se manifesteraient aussi souvent que Harry reviendrait hanter cet endroit, pour quelques pénibles minutes.

Il était bon, en outre, de constater que, même après toutes ces années, il restait affecté par ces pertes tragiques. Sa peine et son chagrin étaient les preuves absolues qu'il restait humain et que l'influence que Draco exerçait sur lui avait ses limites. Tant qu'il ressentirait cette douleur dans sa poitrine, il serait encore vivant et humain et c'était une pensée réconfortante. Pendant quelques courtes minutes, il redevenait le jeune homme torturé et orphelin qu'il avait été pendant les premières années chaotiques de sa vie, et ce jeune homme là, Harry ne voulait pas l'oublier.

Il resta immobile, gelé et tourmenté, pendant de longues minutes alors que le soir tombait progressivement autour de lui, et que le froid se faisait plus mordant. Il se sentait ici chez lui, et n'était nullement pressé de partir. Ses racines se trouvaient en ces lieux, profondément ancrées, et lorsque l'éternité l'aurait progressivement amené ailleurs, il semblait important à Harry de garder au fond de lui la conscience de ce qu'il avait été, et de là où il venait.

Lorsqu'une bourrasque plus forte que les autres le fit légèrement vaciller, il se redressa subitement. Il cligna plusieurs fois des yeux tandis qu'il reprenait conscience de ce qui l'entourait, et laissa son regard vagabonder au delà de la tombe blanche. Le silence dans le cimetière était profond et inquiétant, et il observa pendant quelques secondes les silhouettes fantomatiques des stèles qui s'élevaient le long des allées. La mort était ici omniprésente, et il lui sembla étrange, pendant quelques courtes secondes, qu'elle reste pour lui quelque chose d'inaccessible.

Finalement, il se pencha en avant et, extirpant ses mains glacées de ses poches accueillantes, fit mine d'arranger le bouquet garni qu'il avait déposé quelques minutes auparavant sur la tombe de ses parents. Il n'y aurait jamais, sous les noms de Lily et James Potter, celui de leur fils, Harry. Le jeune homme caressa brièvement le marbre glacé de la stèle impersonnelle, puis, après un dernier regard, et la promesse de revenir, un jour, il tourna résolument les talons.

Le silence qui régnait dans le cimetière était de plomb et il n'y avait pas âmes qui vivent. Il frissonna en repensant aux circonstances pendant lesquelles il était venu pour la première fois en ces lieux et aux événements terribles qui s'y étaient déroulés. Aujourd'hui, tout était paisible et silencieux, même si le vieux cimetière gardait cette ambiance sombre et inquiétante inhérente à un tel lieu à la tombée de la nuit, un soir d'Halloween, qui plus est. Harry, lui, revenait ici plus calme que jamais, totalement en paix avec lui même.

Ses parents avaient été assassinés par une nuit identique, de nombreuses années auparavant et il se demanda brièvement s'ils avaient été aussi confiants en l'avenir et heureux que Harry pouvait l'être à cet instant.

Harry était libre, et il savoura sa liberté en errant sans but précis dans les allées sombres du cimetière. Il n'était pas pressé, et la nuit qui tombait n'était pour lui en rien synonyme de soirée, de retour à la maison, de calme et de couché. Il avait tout le temps qu'il voulait et était bien décidé à le prendre.

Draco était négligemment assis sur l'une des tombes, au détour d'une allée. Ses mèches blondes volaient librement au vent, et il portait un simple tee-shirt noir. Son regard métallique était posé sur lui avant même que Harry ne se rende compte de sa présence. Draco ne venait jamais avec lui jusqu'à la tombe de ses parents et Harry s'était longtemps demandé pourquoi. Néanmoins, il lui était reconnaissant de le laisser revenir ici dès qu'Harry en faisait la demande. Il se sentait respecté, et il aimait cela de la part du vampire.

Le regard du calice s'ancra immédiatement dans celui intense de son vampire, et il marcha tranquillement dans sa direction, heureux et soulagé de combler la distance qui les séparait. Il se sentait attiré par Draco par une force invisible extrêmement puissante, et qui semblait se renforcer d'années en années. Plus ils passaient du temps ensemble, plus les années défilaient, et plus le lien se faisait puissant et obligeait Harry à s'y soumettre impérieusement.

Harry sourit timidement, embarrassé par le regard perçant du vampire posé sur lui, et qui semblait le dévorer. Il rougit brièvement, certain qu'il ne s'habituerait jamais à une telle passion dans les yeux gris de son vampire et enfonça son visage dans son écharpe. Draco arborait son air impassible habituel, mais derrière cette froideur de façade, Harry distinguait cette expression de révérence absolue qui le faisait se sentir si précieux, si aimé, si chéri. Il n'aimait rien de plus chez Draco que ce regard intense et passionné qu'il posait sur lui. A part ses crocs acérés, peut être.

Harry s'arrêta devant lui, les mains dans les poches, sans dire un mot. Ils s'observèrent silencieusement pendant quelques secondes, se comprenant sans avoir à se parler. Ses genoux effleuraient ceux de son vampire et il resta hypnotisé par son regard anthracite jusqu'à ce que ce dernier ait la bonté de l'en libérer. Draco détourna lentement le regard et Harry cligna des yeux, exhalant ce souffle qu'il avait retenu sans en avoir conscience. Harry esquissa un timide sourire. Il aimait cette connexion qu'il y avait entre lui et son vampire, et qui était si rare et si précieuse. Il appartenait corps et âme à Draco, et le vampire ne se gênait jamais pour le lui rappeler. C'était à ce jour ce qu'il chérissait le plus au monde, ce qui le faisait se sentir si vivant et si heureux.

-Ce n'est pas très respectueux, de s'asseoir sur une tombe, fit-il posément remarquer en haussant un sourcil, réflexe qu'il avait copié sur Draco au fil des ans.

Draco haussa également un sourcil sans pour autant se tourner vers lui. Son regard gris balayait le cimetière qui s'étendait autour d'eux comme s'il recherchait un quelconque danger qui pouvait menacer son calice. Un léger sourire étira ses lèvres, faisant brièvement briller ses canines acérées. Le regard du calice glissa dessus avant qu'elles ne disparaissent lorsque Draco redevint sérieux.

-Le propriétaire ne m'en voudra certainement pas, rétorqua-t-il.

Il se leva néanmoins, prestement, et ébouriffa vaguement ses vêtements impeccables. Harry observa la prestance et le charisme que dégageait le vampire avec dévotion et il grimaça un sourire amusé lorsque Draco leva ses yeux gris vers lui. Ses lèvres étaient encore rougies de la dernière morsure et Harry, bien malgré lui, avait hâte qu'elles redeviennent pâles.

-Devrions-nous partir? Proposa-t-il poliment au jeune homme qui l'accompagnait.

Harry approuva, souriant légèrement. Draco observa le visage à moitié dissimulé de son calice, ses joues rouges, ses yeux verts, et il sourit également. Il secoua brièvement la tête, comme pour chasser une pensée indécente et dit:

-Viens Harry, il fait froid.

Puis sans un mot de plus, le vampire tourna les talons et se dirigea vers la sortie. Harry observa la démarche souple et légère du prédateur qui s'éloignait de lui dans l'allée sombre et, après quelques secondes, il lui emboîta obligeamment le pas.

L'obscurité avait pleinement envahi les lieux lorsqu'il referma le portail du vieux cimetière derrière lui. La lune s'était levée et éclairait le petit village de Godric's Hollow de sa lueur blafarde. Un groupe d'enfants, déguisés et excités traversèrent la place, et Harry se fit la réflexion que Draco, pour une fois, se fondait dans la masse. Un vampire à Halloween. Il sourit à cette pensée.

Lorsque les enfants disparurent dans une ruelle adjacente, le silence revint sur la petite place du village. Quelques rares passants rentraient précipitamment chez eux, ployant sous les rafales de vent. Harry, le cœur léger et l'esprit libre, s'arrêta devant la statue imposante qui le représentait, bébé, aux côtés de ses parents. Il leva les yeux sur l'imposante statue de marbre, laissant son vampire revenir nonchalamment vers lui. A la vue du sourire paisible et heureux de ses parents, le chagrin revint doucement en lui et il se laissa envahir sans broncher par cette mélancolie doucereuse. Il prit le temps d'étudier les visages de ses parents, les ancrant dans sa mémoire pour toutes les années où il ne les verrait plus.

Du temps, Harry en avait. Beaucoup.

Il sentit Draco l'enlacer par derrière et se laissa aller à l'étreinte délicieuse de son vampire. Il n'aimait rien de plus que de sentir Draco contre lui, ses bras puissants se refermant autour de son corps. C'était ce pour quoi il vivait, et il était prêt à vivre une éternité pour profiter de cette étreinte là. Il s'appuya contre le torse puissant de Draco, rejetant la tête sur son épaule tout en continuant de fixer les bras de sa mère tendrement enroulés autour de son corps de nourrisson.

Harry soupira de bien être. Un calme paisible l'envahit, tandis que le chagrin refluait. Draco était le remède idéal contre ses coups de blues et ses peines passagères. Le vampire resserra ses bras autour de son corps et plongea son visage dans son cou. Malgré l'écharpe, barrière plus qu'efficace à tout contact, Harry tressaillit et ferma brièvement les yeux.

-Ne sois pas triste, Harry, ordonna-il sévèrement.

Harry fit la moue, mais ne répondit rien.

De longues minutes s'écoulèrent ainsi. Ils restèrent tous les deux immobiles, enlacés, sans obligations aucunes, à observer la haute statue sans réellement la voir. La petite placette se vida peu à peu, et les bars fermèrent leurs portes. Harry écoutait les bruits de la nuit, sans penser à rien. Dans l'étreinte de son vampire, il n'avait plus froid, et il aurait pu rester ainsi des heures, tout contre lui, pour peu que Draco continue de le soutenir avec autant de force.

-Tu nous amènes? Murmura doucement le vampire après de longues minutes de silence.

Son souffle frais glissa contre la joue de Harry qui frissonna. Son corps se fit plus lourd contre celui de Draco et, si le vampire s'était brusquement dérobé, il serait tombé en arrière. La confiance qu'il avait en Draco dépassait tout entendement, mais Harry en avait à peine conscience.

-Où allons-nous? Demanda-t-il en chuchotant, un peu effrayé à l'idée de briser la quiétude ambiante.

-Où tu veux, Harry. Comme toujours.

Harry resta songeur quelques secondes. Où voulait-il aller? Il sourit doucement et se retourna brusquement, faisant face à son vampire qui arqua un sourcil. Ils s'observèrent intensément, et Harry passa ses bras autour du cou de Draco, s'accrochant fermement à lui pour les faire transplaner.

-Ailleurs?

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Je reviens, avait dit Harry à Hermione, sur le seuil de la Grande Salle, alors que les yeux rougis de la jeune fille le suppliaient de rester.

Harry n'était jamais revenu. Ni quelques minutes après, ni quelques heures après, quelques jours, quelques mois, quelques années. Jamais.

Avec le recul, Harry se demandait si sa meilleure amie n'avait pas compris, elle, ce qui avait échappé à Harry, ce soir là. Hermione, à l'esprit si vif et si intelligent, avait toujours eu une longueur d'avance sur lui et Ron, depuis toujours, quelque soit le domaine. Il n'était donc pas aberrent de penser qu'elle avait compris, bien avant Harry, ce qui se tramait autour de lui et qui avait échappé au jeune homme lui même.

Quand elle l'avait vu quitter la Grande Salle à la suite de son vampire, cette nuit devenue mythique de la chute de Voldemort, et qu'elle l'avait presque supplié de rester, Harry ne s'était pas posé de questions, trop obnubilé qu'il avait été par sa douleur, sa détresse et son besoin désespéré qu'il avait de Draco. Il était parti sans se retourner, en la gratifiant d'un regard furtif et d'un vague "je reviens".

Des années plus tard, en repensant à cette terrible soirée, il s'était demandé si Hermione n'avait pas su que s'il partait, s'il sortait de la Grande Salle pour rejoindre son vampire, il ne reviendrait jamais. Avait-elle compris Draco mieux que lui même, ce soir là? Avait-elle prévu ce que le vampire s'apprêtait à faire, lorsqu'il l'avait entrainé en dehors du château? Avait-elle anticipé, bien avant le combat final entre lui et Voldemort, que dès que ce dernier ne serait plus, elle ne reverrait plus son meilleur ami? Avait-elle su, en le voyant quitter la Grande Salle, que c'était la dernière fois qu'elle le voyait?

Harry n'aurait probablement jamais la réponse à ses questions. Parfois, quand il était désœuvré ou qu'il était plongé dans cette somnolence familière qui allait de paire avec sa condition de calice, Harry repensait à cet instant fatidique où son existence avait basculé. Il se demandait s'il aurait pu faire le choix, à cet instant précis, de rester auprès de ses proches pour supporter avec eux le poids du deuil.

A cette question là, Harry avait une réponse. Et c'était un simple non. Les débuts de sa relation avec Draco avaient été plutôt chaotiques, mais si Harry avait rapidement pris conscience d'une chose capitale lorsqu'il se débattait contre le flot d'émotions que provoquait en lui sa nouvelle situation, et contre Draco, c'était qu'il ne pourrait plus jamais se passer de la présence de son vampire. Il avait développé, en quelques jours à peine, et alors qu'il n'avait même pas encore accepté la nouvelle implication de Draco dans sa vie, une dépendance vitale, qui guidait encore sa vie, bien des années plus tard.

Aujourd'hui, cette dépendance était plus forte que jamais. Harry était un homme dépendant, mais il vivait très bien comme cela.

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Certains moments ont un goût d'éternité

Marc Lévy

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Le soleil descendait lentement à l'horizon et Harry, la bouche entre ouverte, fixait ce spectacle avec des yeux émerveillés. Les rayons rouges et orangés se reflétaient dans ses yeux émeraudes, les enflammant sans qu'il n'en ait conscience. La brise fraiche ébouriffait ses cheveux et les mèches ébènes balayaient son front et sa nuque, le chatouillant agréablement. Il faisait frais, pourtant Harry n'avait pas l'intention de bouger, pas avant que le soleil n'ait totalement disparu derrière les hauts sommets enneigés.

Il était assis sur l'herbe, à même le sol, silhouette minuscule égarée au milieu de l'immensité des montagnes environnantes. Elles le dominaient de toute leur hauteur, projetant leurs ombres et s'élevant haut dans le ciel, à la fois menaçantes et imposantes. L'immense lac s'étendait loin devant Harry, au pied de la falaise qui tombait, vertigineuse, jusque dans les profondeurs de l'eau d'un noir inquiétant. Le ciel d'un bleu limpide, les nuages et le dégradé orangé du soleil couchant s'y reflétaient, monde inversé et infini qui laissait le jeune homme fasciné.

L'eau noire rappelait à Harry des souvenirs lointains et effrayants d'un lac souterrain dans les eaux duquel se mouvaient des créatures dangereuses et immondes. Pas une vague ne venait perturber la surface lisse de l'eau, qu'il devinait glaciale.

Ce que Harry préférait dans le paysage magnifique qui s'étendait tout autour de lui, c'était le silence. Un silence lourd, profond, imperturbable qui, à la longue, pouvait devenir grandement angoissant. Mais, pour l'instant, il était apaisant, et aidait Harry à atteindre cet état de paix profonde, d'apaisement immense qu'il ressentait à cet instant. Il se sentait parfaitement bien, en paix avec lui même, reposé. Heureux.

Un sourire étira ses lèvres tandis qu'il fixait sans ciller le soleil rougeoyant qui descendait dans le ciel. Il ne faudrait pas plus de quelques minutes pour qu'il disparaisse derrière l'un des plus hauts sommets. Malgré l'été qui battait son plein, à cette altitude l'air était frais et piquant, et Harry supportait sans broncher le pullover qu'il portait.

-Ceci est d'une niaiserie à toute épreuve, Potter. Et je ne parle pas de ton air définitivement benêt.

Harry ne releva pas. Il se sentait si apaisé que même les sarcasmes acérés de son vampire glissèrent sur lui sans l'atteindre. Il se permit même d'esquisser un léger sourire amusé. La présence de Draco à ses côtés était la principale raison du bien être de Harry.

Soupirant, il se laissa aller en arrière et se cala confortablement contre le torse ferme et puissant de son vampire. Instantanément, et malgré ses sarcasmes, Draco l'accueillit en refermant ses bras autour de son corps fragile. Harry rejeta la tête contre l'épaule de Draco sans quitter le soleil lumineux des yeux, appréciant l'étreinte de son vampire, ses bras puissants qui le possédaient et le protégeaient, sa simple présence réconfortante et bienfaisante à ses côtés.

C'était tout ce pour quoi il vivait, jour après jour.

-Mon air benêt, répéta Harry au bout de plusieurs minutes d'un silence apaisé.

Draco posa délicatement ses lèvres glacées près de l'oreille de Harry qui frissonna. Il en mordit légèrement le lobe et Harry haleta, son corps se faisant plus lourd contre le torse de son vampire. L'étreinte de Draco se fit plus possessive tandis que ses bras se resserraient avec fermeté autour du corps de son calice.

-Le même que d'habitude, souffla-t-il. Le même que chaque fois où tu te retrouves devant ceci, ajouta-t-il en indiquant du menton le spectacle qui se jouait devant eux.

Harry pinça les lèvres, mais ne dit rien. Il resta immobile, apaisé et satisfait, à regarder le paysage immense qui s'étendait devant lui. L'immensité de la nature avait quelque chose de grandement apaisant sur lui mais il se doutait qu'il ne se serait pas senti aussi bien sans la présence de Draco. Ce silence, cette immensité, cette totale absence de vie pouvait vite devenir angoissants. Mais à cet instant, Harry se sentait juste bien.

-Il est rare que je sois réveillé à cette heure-ci, dit-il doucement.

-Est-ce un reproche?

Harry inclina légèrement la tête.

-Non, dit-il en souriant. C'était juste pour relever le fait que cet air benêt, je l'arbore rarement.

Draco ne dit rien. Il posa son menton au sommet du crâne de son calice et le souffle frais qu'il exhala ébouriffa ses cheveux.

-Va-t-on rester encore longtemps ici? Demanda Harry au bout de quelques minutes de silence.

Les doigts du vampire jouaient nonchalamment avec la ficelle de son pull. Il était si immobile derrière lui, son torse ne se soulevant jamais, que Harry aurait pu penser se tenir contre une statue. Il cala ses jambes plus confortablement contre celles de Draco et plissa les yeux pour se protéger quelque peu des rayons éblouissants du soleil couchant.

-Nous rentrons quand bon te semble, Harry, répondit doucement Draco tout près de son oreille.

-Non, je voulais dire, est-ce qu'on va rester encore longtemps ici.

Il fit un geste vague qui englobait toutes les montagnes environnantes. Il sentit Draco appuyer son menton contre son crâne. Ses bras se resserrèrent autour de lui et Harry posa ses mains sur celles de son vampire, entremêlant leurs doigts.

Draco soupira.

-Le temps n'a pas d'importance, Harry, quand l'apprendras-tu, après toutes ces années? Il n'y a pas d'échéances, il n'y en aura jamais. Nous partirons quand tu te lasseras d'ici, et cela peut être demain ou dans quelques années. Nous irons simplement ailleurs, jusqu'à ce que tu te lasses à nouveau.

Harry ne répondit rien, l'air songeur.

-Te lasses-tu? Reprit soudain Draco.

Harry réfléchit pendant quelques secondes, puis répondit:

-Non, pas encore. J'aime cet endroit.

-Tant mieux. Pour ma part, je ne me lasserai jamais de te couper totalement du monde et de te garder pour moi tout seul. Je pourrai vivre ainsi pour l'éternité. Juste toi et moi.

Harry sourit. Il savait déjà cela. Draco n'aimait rien de plus que de le couper du monde, de l'amener loin de toutes civilisations pour vivre en autarcie, juste eux deux. Il était alors nettement plus détendu, comparé aux moments où ils revenaient vivre en ville et où Draco était de suite plus acariâtre et plus cassant.

Harry, pour sa part, se suffisait largement de la seule présence de Draco. Il n'avait besoin de rien ni personne d'autre. Il resta songeur, le regard fixé sur le ciel bleu qui s'étendait au dessus de lui.

-Tu languis?

La voix mélodieuse de Draco résonna tout près de son oreille et il frissonna lorsque son souffle frais l'effleura. Face à cette question, innocente, Harry sentit un pincement au cœur. Draco ne lui avait jamais demandé cela, car c'était bien le dernier de ses soucis. Cette soudaine prévenance fit monter en Harry une bouffée de reconnaissance envers son vampire, habituellement si froid et flegmatique.

Il baissa la tête et observa leurs doigts enlacés, dans un geste doux et tendre. Draco avait rarement des gestes doux et tendres en dehors des morsures, et Harry avait appris à les initier, sachant pertinemment que le vampire ne le repousserait jamais. Harry les appréciait d'autant plus qu'ils étaient rares.

-Oui, souffla Harry. Quand je pense à eux, oui, ils me manquent.

-Penses-tu souvent à eux?

Harry sourit légèrement. Etait-il possible que Draco soit jaloux de personnes qu'il ne voyait jamais et qui se trouvaient présentement à des centaines de kilomètres de lui?

-Des fois, convint-il posément.

Il devait admettre qu'il pensait moins à ses amis que la bienséance l'aurait voulu. Mais Draco occupait la majeure partie de ses pensées, et il laissait peu de place à quoique ce soit d'autre, ce dont il aurait été fier s'il l'avait su. Par ailleurs, penser à ses proches était douloureux, et Harry s'astreignait à ne pas se faire souffrir plus que de mesure.

Draco resta silencieux et Harry sentit un certain inconfort monter en lui. Cette conversation le mettait mal à l'aise, mais il avait du mal à comprendre pourquoi.

-Voudrais-tu les revoir? Murmura Draco dans un souffle à peine audible.

Harry réfléchit à cette question pendant quelques secondes, se demandant comment il se sentait vis à vis de cela. Draco l'avait toujours amené sans broncher se recueillir sur la tombe de ses parents lorsque Harry en ressentait le besoin. Mais il avait toujours refusé de le laisser revoir ses amis, et Harry n'avait pas toujours compris pourquoi.

C'était probablement de l'égoïsme. De la possessivité, également. De cela, il en était même sûr. Mais aussi un besoin de le protéger de lui même, et du chagrin qu'il ressentirait lorsqu'il faudrait à nouveau les quitter. Car Harry savait déjà que Draco n'accepterait pas qu'il reste auprès d'eux. Et les quitter serait un déchirement douloureux, Harry en avait conscience, et c'est ce qui le prévenait d'en vouloir à Draco de ne pas le laisser les revoir.

-Je ne suis pas sûr. Je pense que les voir me ferait plus de mal que de bien. Je risquerai d'être encore plus triste de les quitter.

Harry fit mine de ne pas entendre le grognement approbateur de Draco. Les bras du vampire le serrèrent avec force, comme pour le protéger d'il ne savait trop quoi, et il se laissa faire sans broncher.

-Et puis...

Harry se tut, hésitant.

-Oui? Insista Draco.

Le jeune homme soupira. Il ferma brièvement les yeux.

-J'ai peur, je crois, de ce que je pourrai retrouver en allant là bas, après tout ce temps.

Harry ne savait pas exactement combien d'années s'étaient écoulées depuis qu'il avait quitté la Grande Salle, la fameuse nuit de la mort de Voldemort. Draco l'avait tenu éloigné de tout, et il avait peu à peu perdu toute notion de temps. C'était si simple, quand on était jeune éternellement, que le temps qui passait n'avait aucun impact, que les soirs et les matins se succédaient sans cesse sans que cela n'ait la moindre importante. Harry se laissait totalement porter par Draco, par la routine qu'ils s'étaient créés et qui n'en était pas vraiment une. Draco prenait soin de tout, sans qu'Harry n'ait à se soucier de rien, et c'était mieux que tout ce que le jeune homme n'aurait pu imaginer.

-S'ils ne me reconnaissaient pas.

-C'est absurde, Potter.

La voix sèche claqua dans l'air et Harry sourit légèrement. Seul Draco pouvait le faire se sentir idiot en seulement quelques mots bien sentis et un ton glacial.

-S'ils étaient choqués en me voyant, totalement inchangé? Et si moi j'étais choqué en les voyant, eux, vieillis. Et si leurs enfants, leurs petits enfants, s'exclamaient en me voyant "c'est qui"?

Le cœur de Harry s'était mis à battre plus vite tandis qu'il disait tout haut ses angoisses les plus profondes. Le souffle court, et alors que Draco ne répondait rien, il continua, car la liste de ses peurs était sans fin:

-Et s'ils étaient morts prématurément dans un accident? Et si je revenais et qu'ils n'étaient plus? S'il n'y avait pour m'accueillir que leurs enfants et qu'ils refusaient de me parler parce qu'ils ne me connaissent pas? Et si leurs chemins s'étaient finalement séparés et qu'ils n'aient plus aucun contact l'un avec l'autre? Et si eux même refusaient de me voir? S'ils m'en voulaient de ne pas leur avoir donné de nouvelles pendant tout ce temps, de les avoir quittés alors qu'ils avaient besoin de moi?

Submergé par ses angoisses, Harry finit par se taire. Le cœur battant la chamade dans sa poitrine, il attendit patiemment que Draco dise quelque chose, quoique ce soit pourvu qu'il entende le son rassurant de sa voix.

-Cela fait beaucoup de "si", fit-il finalement remarquer.

Il embrassa brièvement le lobe d'oreille de son calice. Draco resta silencieux pendant quelques minutes, ressentant sans broncher l'angoisse de son calice qui montait, puis refluait. Il garda ses bras fermement enserrés autour de son corps, le serrant contre lui avec possessivité.

-Si tout ceci t'angoisse tant, nous n'y retournerons pas.

Harry cessa brièvement de respirer, mais il ne répondit rien.

-Le temps passera, encore et encore, et pendant quelques années, tu te demanderas s'ils pensent encore à toi, s'ils espèrent ton retour, s'ils sont heureux, s'ils sont encore en vie. Puis, finalement, un jour, tu te réveilleras et le temps aura tant passé que tu sauras qu'ils sont morts, et alors, tu ne te poseras plus autant de questions.

Harry resta silencieux, osant à peine respirer.

-Ne te poses pas autant de questions, Harry. Si ce sont de vrais amis, alors ils doivent être heureux de te savoir heureux, même si c'est loin d'eux.

Harry approuva doucement. Il ferma brièvement les yeux lorsque, contre son cou, Draco entrouvrit les lèvres et souffla sur les deux marques qui ornaient sa jugulaire. Sa main glissa lentement le long du torse de Harry, le caressant langoureusement par dessus son pull, et il vint délicatement saisir la gorge de son calice. Il se sentit déglutir contre sa paume et l'agrippa fermement, le maintenant autoritairement contre lui tendit que sa langue taquine venait chatouiller le cou sensible de Harry.

Celui-ci frissonna et laissa échapper un halètement qui fit sourire Draco. Harry sentit les lèvres du vampire s'étirer contre son cou et sentit son souffle chaud contre sa peau frissonnante. Il les sentit, entrouvertes, glisser jusqu'à la base de son cou, jusqu'à ce qu'elles soient arrêtées par le tissu de son pull. Sans lâcher la gorge de Harry, Draco glissa son pouce dans l'encolure et l'écarta. Il embrassa délicatement la peau découverte.

-Draco, haleta Harry. Qu'est-ce que...

Avec une lenteur nonchalante et sous le gémissement langoureux de Harry, ses lèvres remontèrent le long de son cou, suivant la veine sensible et palpitante. Il sentait le sang pulser contre ses lèvres, et il n'y avait rien, pour lui, de plus tentateur que cette sensation là. Sans qu'il n'en ait vraiment conscience, répondant simplement à cet appel ensorceleur, il laissa ses canines acérées griffer légèrement la peau, juste sur la veine rebondie.

Les mains de Harry s'agrippèrent à son pantalon, au niveau de ses cuisses qui reposaient sagement de chaque côté de lui.

-Oui, murmura-t-il dans une supplique des plus exquises, donnant une autorisation dont le vampire n'avait guère besoin.

Il tenta de pencher la tête pour donner un plus ample accès à son cou au vampire, mais la main de Draco agrippait toujours fermement sa gorge et il ne put esquisser le moindre geste. L'autre bras de Draco était fermement enroulé autour de son torse, et Harry était totalement prisonnier de l'étreinte de son vampire. Au dessus de lui, le ciel était éblouissant de rouge et d'orangés et cela reflétait à peu près ce que ressentait Harry à cet instant.

Harry enfonçait ses ongles dans le jean de son vampire tandis que le désir montait en lui. Les lèvres du vampire glissèrent juste sous son oreille et il y planta un léger baiser, faisant gémir Harry de plus belle.

Puis il se redressa et tout disparut. La prise qu'il exerçait sur Harry, ses bras sur lui, ses lèvres dans son cou, Harry se retrouva soudain seul et perdu. Il cligna plusieurs fois des yeux, le souffle court puis se redressa légèrement, pantelant.

-Ce n'est pas bien de faire ça, reprocha le jeune homme en jetant un regard courroucé à Draco par dessus son épaule.

Le vampire, rejeté en arrière, était appuyé sur ses avant bras, et il posait un regard vaguement amusé sur le jeune homme sagement assis entre ses jambes étendues dans l'herbe. Harry avait le regard un peu sauvage et animé d'un jeune homme en pleine santé que l'on vient de provoquer et qui en était offusqué. Ses yeux émeraudes brillaient d'agacement, et Draco pouvait sans peine lire le désir dans ses prunelles dilatées. Ses cheveux, un peu trop longs au goût du vampire, étaient ébouriffés et des mèches noires balayaient sa nuque et son visage, agitées par la brise fraiche. Ses joues étaient rosées de plaisir, et ses lèvres d'un rouge sanguin.

Draco posa sur lui un regard affamé, et ne put retenir un sourire amusé à la vue de son jeune calice à l'air quelque peu hagard, et extrêmement exquis. Il se passa la langue sur sa lèvre inférieure dans un geste provoquant que le calice suivit avec intérêt.

-Faire quoi? Demanda-t-il innocemment en vrillant son calice de son regard déstabilisant.

Harry leva les sourcils, clairement provocateur et se détourna de lui, refaisant face au soleil couchant. Il entoura ses jambes de ses bras et posa son menton sur ses genoux dans une attitude qui se voulait désinvolte. Il devinait le regard perçant de Draco fixant sa nuque, et ce simple fait le faisait frissonner.

-M'allumer, répondit-il doucement, l'air songeur.

Draco, dans son dos, esquissa un sourire narquois. Son regard déshabilla le jeune homme assis devant lui avec un regard plein de convoitise dont Harry n'eut pas conscience.

Après quelques secondes d'un silence paisible, Harry se laissa à nouveau aller en arrière et se coucha contre le torse de son vampire. Draco ne broncha pas. Il laissa Harry s'allonger sur lui et passa une main dans ses cheveux pour dégager ses yeux.

-Pardonne-moi, dit-il calmement. Je suis intenable.

Harry grogna. La main de Draco passa et repassa dans ses mèches désordonnées, et il finit par fermer les yeux, totalement apaisé par la douce caresse.

-Ca, c'est vrai, affirma-t-il en souriant légèrement.

Draco, l'air impassible et les yeux légèrement plissés. baissa le regard vers son calice allongé sur lui. Il se pencha en avant et vint délicatement embrasser les lèvres entrouvertes de Harry qui sursauta légèrement, surpris. Il ouvrit les yeux, mais Draco s'était déjà redressé, et il ne vit que l'immensité du ciel, loin au dessus d'eux.

-Peut être que nous pourrions rentrer, reprit Draco au bout de quelques minutes. Nous pourrions alors terminer ce que j'ai commencé.

Du bout d'un doigt, il retraça les lèvres rouges de son calice, songeur.

Harry grogna à nouveau. Une main derrière sa nuque, il fixait les derniers rayons du soleil qui disparaissaient derrière les hauts sommets enneigés. Il aurait pu rester ainsi toute la soirée, toute la nuit même, s'il n'avait pas fait si frais. Le silence autour de lui l'apaisait, et la présence si calme de Draco contre lui le rendait somnolent.

-Pas maintenant, répondit-il doucement. Je suis bien, là.

Draco ne dit rien pendant quelques secondes, l'air pensif. Il fixait Harry sans ciller, totalement indifférent aux lueurs miroitantes du couché de soleil, qui se reflétait dans les yeux de son calice. Il appréciait silencieusement les traits fins de ce jeune homme qui lui appartenait, et se rassasiait de son bien être, qui irradiait à travers tous les pores de sa peau et qui contribuait grandement à sa propre tranquillité d'esprit.

-S'il ne faisait pas si froid, soupira-t-il, je te prendrai ici même, sur l'herbe, et nous en serions tous les deux grandement satisfaits.

Harry sourit légèrement. Il rejeta la tête en arrière contre le torse de Draco et leurs deux regards s'accrochèrent irrémédiablement. Il plongea dans le regard anthracite sans appréhension et avec un abandon total, et se perdit dans les prunelles grises si familières et si rassurantes de son vampire.

-Réchauffe-moi, dans ce cas, souffla-t-il.

Les yeux du vampire semblèrent s'assombrir face à cette demande très peu innocente. Il se passa à nouveau la langue sur sa lèvre inférieure et Harry frémit en avisant les canines aiguisées de son vampire, brillant à quelques mètres au dessus de lui.

-Quel mauvais vampire je ferai de te déshabiller ici, soupira Draco.

D'un geste vif et précis, il força Harry à se retourner et l'allongea de tout son long sur lui, tandis qu'il se laissait aller dans l'herbe. Il referma ses bras dans le dos de son calice, l'emprisonnant à nouveau dans son étreinte de fer. Harry s'accrocha à ses épaules et posa son front contre celui de Draco. Ils s'observèrent ainsi pendant quelques interminables secondes, tous deux totalement inconscients de la nuit qui tombait autour d'eux.

Draco posa ses doigts sous le menton de Harry et, le maintenant fermement, il déposa doucement ses lèvres pâles et glacées sur celles de son calice. Harry se laissa faire sans broncher. Il laissa les lèvres de Draco caresser les siennes, appréciant ce doux contact entre eux.

Harry finit par doucement entrouvrir les lèvres et la langue taquine de son vampire passa sans hésiter la barrière et vint taquiner la sienne. Harry sourit alors que leur baiser se faisait plus profond, moins innocent. Ses mains vinrent s'agripper aux cheveux blonds de son vampire et il laissa tranquillement Draco prendre totalement le contrôle de leur baiser.

D'un mouvement soudain et fluide qui fit grogner Harry, Draco inversa vivement leur position. Il s'allongea délicatement sur le corps fébrile de son calice, pressant son corps avec insistance sans pour autant l'écraser totalement. Il glissa l'une de ses jambes entre celles de Harry et les écarta pour se glisser entre elles. Satisfait de la totale domination qu'il avait à présent sur son calice, Draco pressa plus fortement son corps contre Harry, appréciant son gémissement. Les mains de Harry tiraient sur ses cheveux tandis qu'il redécouvrait sa bouche de sa langue avec envie.

Il plaqua son bassin contre celui de Harry qui grogna en soulevant ses hanches pour créer plus de frictions entre eux. Draco mordit légèrement la lèvre de Harry et l'un de ses crocs perça la peau tendre. Une goutte de sang s'échappa aussitôt de la blessure et il vint la lécher avec avidité, appréciant le goût divin qui coula brièvement dans sa bouche.

Harry gémit sans retenue, s'agrippant aux cheveux de Draco comme si sa vie en dépendait. Il enroula ses jambes autour du corps puissant de Draco couché sur lui, enfonçant ses talons dans le bas de son dos. Le vampire grogna et se redressa légèrement. Il posa son front contre celui de Harry et plongea son regard glacial dans celui émeraude de son calice.

-Que veux-tu? Murmura-t-il.

Il passa sa main dans les cheveux de Harry, rejetant ses mèches folles en arrière. La célèbre cicatrice en forme d'éclair s'était un peu estompée au cours des années, mais elle était encore clairement visible sur son front.

-Toi, souffla Harry dans un souffle à peine audible.

Draco sourit narquoisement, de ce sourire en coin que Harry avait appris à aimer. Le vampire déposa doucement ses lèvres sur celles de son calice et répondit:

-Encore?

Harry fronça brièvement les sourcils. Il voulut se défendre, et défendre sa vertu, mais aucun son ne sortit d'entre ses lèvres. Le regard que posait Draco sur lui était si intense et si avide qu'il en perdait tous ses mots. Rien ne le faisait se sentir si précieux que ce regard là. Il ignora finalement la remarque moqueuse et demanda:

-Tu as soif?

Draco sourit de plus belle, dévoilant ses crocs au regard avide de son calice.

-J'ai toujours soif, affirma-t-il en haussant un sourcil entendu. Pourquoi, tu proposes quelque chose, peut être?

Harry sourit à son tour. Il pencha légèrement la tête sur le côté, et Draco haussa les sourcils face à son air soudain espiègle.

-Il se pourrait que j'ai une solution à ton problème, oui.

Le sourire en coin de Draco s'agrandit. Il se pencha en avant et, posant ses lèvres contre celles de son calice, il souffla:

-Vraiment?

Harry approuva, un peu timide face à ce regard perçant. Draco soupira. Il embrassa brièvement les lèvres de Harry puis se redressa. Il s'agenouilla sagement de part et d'autre des jambes de son calice et posa sur lui son regard intense.

-Allons voir ce que tu peux faire pour moi, dans ce cas.

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Les meilleures années d'une vie sont celles que l'on n'a pas encore vécues

Guillaume Musso

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Harry fut réveillé en sursaut par une étrange sensation. Il n'avait pas encore ouvert les yeux qu'il sut instantanément qu'il ne se trouvait plus dans son lit. Les draps sentaient la lessive fraiche, et non plus cette odeur exquise qu'était celles de Draco et la sienne mélangées. Le matelas n'avait pas la même dureté que celui sur lequel il s'était endormi de nombreuses heures auparavant. Les bruits, au dehors, n'étaient pas les mêmes, non plus.

Face à ce soudain changement, Harry sentit une profonde angoisse monter en lui. Il haïssait quand Draco faisait cela, sans lui en parler au préalable.

Dans son demi sommeil, le jeune calice grogna légèrement et appela, presque inconsciemment:

-Draco?

Il extirpa difficilement son bras gauche de sous la montagne de couvertures sous laquelle il était allongé, et tâtonna sur le lit à côté de lui à la recherche de son vampire. Sans un mot, Draco agrippa son bras et le tira fermement à lui. Harry glissa sur le matelas, entrainant toutes les couettes dans son sillage et Draco l'enferma aussitôt dans une étreinte de fer. Soupirant de contentement et oubliant immédiatement son angoisse passagère, Harry enfouit son visage contre le torse ferme de son vampire et exhala un souffle brûlant. Ses mains s'accrochèrent à la chemise de Draco avec force tandis que les bras du vampire se refermaient fermement dans son dos.

-Où sommes-nous? Demanda Harry dans un chuchotement à peine audible.

Un mal de tête intense commençait à s'installer et Harry appuya son front contre le torse de Draco en fermant fortement les yeux. Son cœur battait vivement dans sa poitrine, bien trop vite pour quelqu'un qui était juste allongé dans un lit. Son corps était faible et lourd de la morsure, encore en train de se régénérer, et il comprit qu'il ne devrait pas être réveillé, pas si tôt.

-Dors Harry, ordonna fermement Draco, de ce ton qui ne souffrait aucune réplique.

Draco massa calmement sa nuque pendant quelques secondes, laissant son pouce effleurer les marques encore sensibles de la morsure de la veille sur le cou de son calice. Rasséréné par la présence de son vampire, la chaleur de ses bras et ses caresses légères, Harry oublia instantanément son trouble et replongea aussitôt dans un sommeil profond.

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L'immense baie vitrée de la maison donnait accès à une eau turquoise qui s'étendait à perte de vue. Seuls quelques mètres de plage séparaient la terrasse du rivage et, par temps de tempête, il arrivait que l'eau de la mer monte jusqu'aux pilotis qui soutenaient le poids de la maisonnée.

En ce début de matinée, néanmoins, le soleil éblouissait de ses rayons d'hivers la surface de l'eau et pas un souffle de vent ne venait perturber le paysage paisible.

Le vampire, confortablement installé dans un fauteuil sur la terrasse de la maison, n'était nullement gêné par cette vive clarté tandis qu'il observait d'un air indifférent le ressac des vagues à quelques mètres devant lui. C'était un spectacle qu'il connaissait bien, car il l'observait fidèlement depuis bien des années.

Il était figé dans une immobilité des plus inhumaines depuis des heures. N'ayant pas esquisser le moindre geste de toute la nuit, il se contentait de fixer avec ennui la lune suivre son chemin tout tracé dans le ciel nocturne avant de finalement disparaître tandis qu'un soleil rougeoyant émergeait à l'horizon.

C'était toujours le même spectacle. Un spectacle tout aussi éternel et immuable que lui même. Tous deux traversaient les temps sans jamais évoluer, face à face pour l'éternité, sans que jamais rien ni personne ne puissent venir les perturber. L'immortalité pesait parfois si lourd sur ses épaules qu'elle menaçait de le faire ployer.

Il soupira doucement et, comme en réponse à son geste presque imperceptible, le calice collé contre son torse expira un long souffle brûlant qui s'échoua délicieusement dans son cou. Il frissonna brièvement, car s'il y avait bien une personne sur cette planète qui pouvait le faire réagir ainsi, c'était bien le jeune homme qui pesait de tout son poids sur lui. Ce jeune homme faisait bien plus que de le faire réagir. Il faisait en sorte que son interminable éternité en vaille la peine.

Presqu'inconsciemment, par la force de l'habitude, le vampire raffermit sa prise autour du corps fragile de son calice. D'un geste rendu inconscient par les années, il caressa doucement le dos du jeune homme assis à califourchon sur lui, et dont le torse était pressé avec force contre le sien. Il avait, de nombreuses heures auparavant, enfouit son visage dans son cou pour ensuite plonger dans un sommeil lourd et profond dont seuls les calices avaient le secret. Lui même n'avait, évidemment, pas eu ni la force ni l'envie de l'en déloger et se contentait d'apprécier son odeur divine, sa chaleur exquise, son torse qui se soulevait contre le sien, son souffle chaud dans son cou, les mèches de cheveux qui chatouillaient occasionnellement sa joue. Rien n'était plus divin que tout cela, toute cette humanité, si fragile et si délicieuse.

Pour tout cela, il était prêt à endurer des nuits entières et interminables assis sur un fauteuil, à fixer un spectacle d'un ennui mortel en attendant que le jeune homme veuille bien émerger de son lourd sommeil pour venir égayer sa journée.

Il glissa sa main sous le haut de son calice et caressa lentement la peau douce de son dos. Dans son sommeil, le jeune homme frissonna.

-C'est étrange, n'est-ce pas? Murmura-t-il soudain, brisant le silence de toute une nuit.

-Qu'est-ce qui est étrange?

-La façon dont un simple humain peut redonner un sens à toute une existence.

Draco ne répondit rien. Il tourna brièvement la tête en direction de son comparse qui tenait son calice serré contre lui avec une tendresse et une adoration telle qu'il se demanda brièvement s'il en faisait réellement de même avec Harry. C'était une étreinte à la fois si intime et si précieuse qu'il avait à peine osé poser le regard sur eux deux de toute la nuit. Il se sentait étranger à tout cela et, pour la première fois depuis qu'il avait Harry, il avait été heureux d'avoir son propre calice.

Avant cette nuit, Draco n'avait jamais rencontré le calice de Laszlo. Il en avait souvent entendu parler, car, les rares fois où les calices, les vrais, étaient évoqués dans une conversation, Laszlo était l'exemple le plus flagrant. Draco ne se rappelait pas avoir connu Laszlo sans son calice. Il avait souvent rencontré le vampire au fil des siècles, mais jamais, jamais il n'avait pu apercevoir son calice. Personne, d'ailleurs, ne pouvait se vanter d'avoir jamais rencontré le calice de Laszlo. Draco comprenait pourquoi. En réalité, Draco n'avait jamais mieux compris Laszlo que depuis qu'il avait rencontré Harry.

Il avait toujours vu en Laszlo un vampire prisonnier et dépendant d'un humain faible et encombrant, et l'avait plaint comme il n'avait jamais plaint personne. Aujourd'hui, il ne considérait plus les calices comme des malédictions, mais il savait mieux que quiconque ce que les autres vampires pensaient, à présent, de lui.

A présent, il voyait tout ceci sous un jour totalement nouveau. Il comprenait Laszlo, et ce qu'il pouvait ressentir en ayant un humain, le sien, collé contre lui.

-C'est étonnant, oui, concéda-t-il. Inattendu et étonnant.

Il refit face au ressac et observa les vagues s'écraser sur la grève avec indifférence. Les deux vampires restèrent silencieux pendant quelques secondes, puis Draco reprit dans un murmure à peine audible:

-Harry a été une énorme claque. Il a surgi dans mon existence dévasté comme un boulet de canon, trainant avec lui tous ses besoins, ses envies, ses contraintes, ses désirs, ses problèmes, sa vie. Toute son humanité. Il m'a soumis à lui. Il m'a inconsciemment obligé à tout faire pour lui, je me suis plié à ses règles, à ses besoins. Et je l'ai haï comme je n'ai jamais haï personne d'autre.

Laszlo sourit brièvement. Son calice expira longuement dans son sommeil, et Draco frissonna en imaginant le souffle chaud qui s'écrasait contre son cou. Harry était plongé dans un profond sommeil réparateur après la morsure de la veille, et il n'avait jamais eu autant envie de l'avoir auprès de lui.

-Les calices sont la preuve que nous pouvons encore évoluer, affirma Laszlo après quelques minutes de silence.

Draco approuva silencieusement.

-Harry a brisé cette monotonie qui m'entourait et dans laquelle j'étais plongé depuis des années. Il a anéanti toutes formes d'ennui, il m'a relevé de cette catatonie où je voguais depuis toujours.

Laszlo inclina légèrement la tête.

-Ennui et humain ne vont guère ensemble, convint-il doucement.

Tous deux se plongèrent dans un silence songeur, plein de souvenirs lointains et fugaces. Draco repensait aux premières années de leur cohabitation, et il ne pouvait approuver plus cette dernière phrase.

-J'ai mis des années avant d'accepter le fait que Harry avait été quelque chose de positif dans mon existence. Longtemps je l'ai haï parce qu'il représentait la fin de ma liberté, de mon indépendance, de ma solitude. Pourtant, rien ne m'est plus naturel aujourd'hui que de l'inclure dans mes besoins de solitude. Je me vois seul, mais en réalité, il est là. C'est tellement naturel. Et longtemps, j'ai vu Harry comme une fatalité.

-Une délicieuse fatalité.

Draco sourit narquoisement et approuva à nouveau. Ils se plongèrent alors dans un silence pensif, contemplant sans vraiment le voir le soleil qui montait vers son zénith. Draco trépignait à l'idée de rejoindre son calice, mais il savait que le jeune homme ne tarderait pas à se réveiller et qu'il l'aurait bientôt auprès de lui.

Il se contenta donc d'écouter la respiration paisible du calice de Laszlo, son cœur qui battait lentement dans sa poitrine, le sang qui battait dans ses veines. Tous ses bruits, tellement humains, lui rappelaient Harry, même s'il arrivait à distinguer les imperceptibles dissemblances qu'il y avait entre ce pouls et celui, tellement familier, de son calice.

-Il n'a plus été en contact avec quiconque depuis des années. Des dizaines et des dizaines d'années, reprit soudain Laszlo qui massait à présent la nuque de son calice. Je ne sais même pas s'il sera capable de parler à quelqu'un d'autre que moi.

Draco ne répondit rien. Harry était sur le point de se réveiller, il le sentait, même s'il était encore plongé dans une profonde somnolence. Sa tranquillité prenait fin. Le jeune homme allait bientôt reprendre conscience avec la réalité. Il allait avoir faim, et il devrait alors se lever pour répondre à ses besoins humains.

-Ne se plaint-il jamais d'être ainsi coupé du monde?

Laszlo sourit brièvement.

-Plus depuis des années.

Draco resta songeur, se demandant si, dans quelques années, Harry cesserait également de lui demander de revenir vivre en ville. Le jeune homme supportait très bien de vivre dans des endroits reculés, et il se satisfaisait totalement de la seule présence de Draco. Mais il arrivait toujours un moment où cette solitude lui pesait. Et même si, une fois revenus en ville, il n'avait de contacts qu'avec Draco, les bruits et l'agitation citadine semblaient lui faire du bien.

-Un calice se suffit largement de la présence de son vampire, Draco.

-Je sais, rétorqua sèchement Draco.

Il croisa les bras et se tut. Harry émergeait de son lourd sommeil, et Draco sentit son angoisse lorsqu'il se rendit compte qu'il n'était pas à ses côtés. Draco croisa les jambes et resta sagement assis.

Le calice dans le fauteuil près du sien soupira longuement et sa main gauche, qui pendait mollement par dessus l'accoudoir, remonta lentement et vint agripper le tee-shirt de son vampire au niveau de son torse. Instantanément, Laszlo raffermit sa prise autour de lui et, se penchant près de son oreille, il murmura:

-La faim triomphe toujours de tout.

Il embrassa délicatement la joue rosie du jeune homme et sa main se glissa à nouveau sous le tee shirt pour caresser son dos. Draco, qui fixait l'horizon sans ciller, sentit les battements de cœur du calice accélérer.

Harry, à l'étage de la maison, était également affamé, et ce serait, sans aucun doute possible, ce qui le pousserait hors du lit. De son index, Draco traça nonchalamment sa lèvre inférieure rougie. Il était attentif à tout ce que ressentait Harry, et était impatient de pouvoir l'avoir dans son champs de vision.

Sur les genoux de Laszlo, son calice se redressa lentement en position assise et il s'étira paresseusement, non sans grimacer. Son premier regard fut pour son vampire et il plongea sans retenu et avec un sourire sincère dans le regard d'un noir insondable de Laszlo.

Le calice de Laszlo était un jeune homme de vingt ans, qui arborait un regard d'un bleu électrique. Ses lèvres étaient d'un rouge sanguin et Draco était bien placé pour savoir ce que cela signifiait. Ses cheveux étaient bruns et en bataille après la nuit passée contre son vampire. Lorsque Laszlo le libéra de son regard insondable, les yeux bleus du calice se posèrent instantanément sur le deuxième vampire installé sur la terrasse.

-Voici Draco, présenta Laszlo sans laisser le temps à son calice de paniquer. Il risque fort de passer quelques temps dans les parages. J'espère que cela ne te dérange pas.

Souriant narquoisement, il arracha le poing agrippé à son tee shirt, vrillant son calice de son regard implacable. Ce dernier fixait Draco avec des yeux ébahis et il ne lâcha pas la main de son vampire. Draco esquissa un léger sourire et hocha doucement la tête en un signe courtois un peu moqueur.

-Oui? Insista Laszlo.

Le calice cilla à plusieurs reprises et tourna vivement son regard vers son vampire. Le regard que tous deux échangèrent sembla le détendre et, retrouvant soudain ses esprits, il secoua la tête.

-Non, cela ne me dérange pas.

-Fort bien, s'exclama Laszlo en échangeant avec Draco un regard entendu. Il se peut qu'il ne soit pas venu tout seul. Cela aussi ne te dérange pas?

-Non, souffla le jeune homme, non sans plisser les yeux.

Il balaya la terrasse du regard, comme s'il s'attendait à trouver quelqu'un caché sous la table à manger. Puis il refit face à son vampire, dont il tenait toujours fermement la main et lui jeta un regard interrogateur. Laszlo sourit légèrement.

-Viens, je vais te préparer de quoi manger.

Il se leva souplement et déposa délicatement le jeune homme au sol. Souriant narquoisement à Draco, il entraina son calice à l'intérieur de la maisonnée, et jusque dans la cuisine.

Souriant, Draco se renfonça dans son fauteuil et attendit patiemment que Harry daigne descendre.

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Les deux calices se rencontrèrent sur la plage, plus tard dans l'après midi. Les pieds dans l'eau turquoise, Harry fixait les vagues qui s'échouaient sur la plage de sable fin. L'eau était chaude, le soleil tapait à la verticale et il profitait grandement de sa chaleur, ce dont il avait rarement l'occasion, car son rythme voulait qu'il dorme principalement en journée.

Il entendit le sable crisser derrière lui et se retourna vivement. Draco ne faisait pas de bruit, jamais. Son regard vert lumineux se posa instantanément sur le jeune homme d'une vingtaine d'années qui s'approchait prudemment de lui. Le regard bleu éblouissant qu'il posait sur lui était farouche et inquiet, et Harry se fit pendant quelques instants l'illusion d'être un prédateur particulièrement sauvage et dangereux.

Les deux jeunes hommes s'observèrent avec méfiance et suspicion sous le soleil tropical. Harry ne comprenait pas trop ce que l'autre jeune homme faisait ici, alors qu'il avait pensé être seul sur une île déserte avec son vampire. Son regard lâcha brièvement le teint halé et les yeux bleus électriques pour jeter un coup d'œil furtif en direction de la terrasse de la maisonnée, déserte.

-Salut, dit-il poliment, un peu gêné face au regard perplexe et méfiant de l'autre jeune homme.

-Salut, répondit l'autre dans un souffle à peine audible.

Ils restèrent ensuite plongés dans un silence embarrassé. Harry ne savait pas quoi dire. Il avait l'impression d'être un être dangereux face à ce regard soupçonneux. Il resta debout, les bras ballants tandis que les vagues lui léchaient les pieds.

-Tu es un calice? Demanda soudain l'autre en plissant les yeux.

Harry écarquilla brièvement les yeux. Il porta vivement sa main à son cou et la plaqua sur les deux marques rougies.

-Et alors? Répliqua-t-il, brusquement sur la défensive.

Etre un calice était sa plus grande faiblesse.

-Tu es un vrai calice! S'exclama l'autre jeune homme en fixant, les yeux écarquillés, la main que Harry posait sur ses marques.

Il fit brusquement volte face et Harry le vit jeter un regard en direction de la terrasse, mais il se rendit lui aussi compte qu'elle était déserte. Soudain clairement moins méfiant, il refit face à Harry et posa sur lui un regard estomaqué. Il ne semblait pas en croire ses yeux.

Lentement, ses pieds s'enfonçant dans le sable fin, il s'approcha de Harry qui dissimulait toujours ses marques avec défiance. Harry se rendit compte que la curiosité qu'il avait à son égard n'avait rien de malsain ou d'envieux, comme l'avaient pu l'être celles d'Elisabeth ou Marie, bien des années auparavant. Le regard bleu du jeune homme était juste curieux et complètement ébahi.

-Je m'appelle Samaël, dit-il en se plantant prudemment devant Harry. Je suis le calice de Laszlo.

Il fit un geste négligent en direction de la maisonnée, mais Harry n'avait aucune idée de qui pouvait être Laszlo. Il se contenta de hocher doucement de la tête. Bien malgré lui, son regard s'arracha aux prunelles bleues qui le fixaient et il descendit se poser sur son cou. Deux marques, parfaitement semblables à celles que Harry arborait, étaient présentes sur la veine saillante. A leur vue, Harry écarquilla les yeux et sa main retomba lourdement le long de son cou.

-Je suis Harry, répondit-il.

Ils se fixèrent pendant quelques secondes avec intensité. Harry avait du mal à y croire. Draco l'avait amené ici, dans cette maison du bout du monde, pour qu'il rencontre un autre vrai calice. Une bouffée de gratitude monta en lui à cette réalisation.

Face à lui, Samaël esquissa un sourire à la fois timide et ravi et Harry, après quelques secondes d'ébahissement le plus complet, le lui rendit. Les deux calices échangèrent une grimace amusée, et Harry, à cet instant précis, en regardant les yeux bleus lumineux de Samaël, comprit que les meilleurs années étaient à venir.

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Eternité est l'anagramme d'étreinte

Henry de Montherlant

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En entrant dans la chambre, Harry se figea lorsqu'il avisa Draco sagement couché sur le lit. Le vampire avait les mains derrière la nuque, les pieds nus croisés sur l'édredon. Ses mèches blondes balayaient la peau pâle de son visage et il fixait le plafond sans ciller. Il ne broncha pas lorsque Harry entra dans la chambre et referma doucement, un peu prudemment, la porte derrière lui.

Le jeune homme, un peu gauche, resta planté debout aux pieds du lit, ne sachant trop que faire. Il avait eu dans l'idée de prendre une douche après son après midi passée sur la plage, mais ne s'était pas attendu à trouver Draco dans la chambre. Il aimait pouvoir anticiper ses altercations avec son vampire, car Draco était aussi imprévisible qu'inquiétant, et Harry ne savait jamais à quoi s'attendre de sa part, même après toutes ces années. Il se contenta donc d'observer le vampire à distance, posant sur lui un regard à la fois méfiant et envieux.

-Bonsoir, dit-il calmement, cherchant à faire réagir son vampire qui ne pouvait pas ne pas avoir remarqué son entrée.

Il se passa la langue sur la lèvre inférieure et fit un nouveau pas en avant, si bien que ses genoux heurtèrent doucement le bois du lit. La nuit était tombée au dehors et un silence imposant s'était installé dans la maisonnée, et en dehors. La fenêtre de la chambre était ouverte, et Harry percevait le bruit des vagues s'échouant inlassablement sur la plage. C'était un bruit apaisant.

Le jeune homme garda son regard fixé sur le visage impassible de son vampire, attendant avec appréhension une réaction de sa part. Il osait à peine respirer. L'impassibilité de Draco était toujours dure à gérer, le vampire pouvait se montrer si imprévisible.

-Bonsoir Harry, répondit Draco au bout de quelques secondes d'un silence des plus angoissants pour le jeune calice. As-tu passé une bonne après midi?

Harry expira longuement, soudain inexplicablement rassuré. Un sourire éblouissant éclaira enfin son visage et Draco baissa les yeux pour l'observer avec attention.

-Oui, c'était très bien, répondit-il, son sourire s'agrandissant.

Les pieds de Harry étaient plein de sable, mais il grimpa à quatre pattes sur le lit sans s'en soucier.

-On va rester longtemps ici?

Draco haussa un sourcil, sans quitter son calice des yeux. Celui-ci s'avançait à quatre pattes vers lui, un brin insouciant. Il était torse nu, et ne portait qu'un short de bain encore un peu humide de sa dernière baignade. Le matelas s'affaissait sous lui et Draco reporta son attention sur le plafond, le laissant tranquillement approcher.

-Tu aimerais? Demanda-t-il.

Harry s'immobilisa à quelques centimètres des pieds de Draco. Il se mordit la lèvre inférieure, songeur, se remémorant son après midi avec Samaël. C'était tellement libérateur de pouvoir à nouveau parler à un humain, quelqu'un dont il pouvait prévoir les réactions et qui pouvait réellement le comprendre. Il avait la certitude que lui et Samaël étaient fait pour s'entendre. Il sourit à nouveau, et répondit:

-Oui, j'aimerais bien.

L'air très content, Harry enjamba prudemment les jambes de Draco et remonta le long de son corps jusqu'à venir s'asseoir à cheval sur ses cuisses. Le vampire ne broncha pas, mais ses yeux anthracites perçants revinrent se poser sur le corps halé de son exquis calice. Les cheveux de Harry étaient humides et ébouriffés et Draco inclina légèrement la tête, se passant la langue sur sa lèvre inférieure avec avidité.

-Alors, insista Harry. Va-t-on rester?

Inclinant à son tour la tête, il posa deux grands yeux innocents sur son vampire, laissant sans rien dire son regard gris glisser sur son corps à moitié dénudé. Il esquissa un léger sourire railleur en direction de son vampire qui haussa à nouveau un sourcil.

-Ai-je déjà relevé le fait que tu étais un jeune homme absolument exquis, Harry?

Harry leva les yeux au ciel.

-Plein de fois, dit-il, souriant. Alors, on reste?

Il posa ses deux mains à plat sur le ventre ferme du vampire et se pencha légèrement en avant. Le regard que posait le vampire sur lui était aussi affamé qu'à l'ordinaire, et Harry en frissonna d'anticipation. Draco resta totalement impassible face à son rapprochement.

-Harry, si tu savais tous les outrages que j'ai envie de te faire subir à cet instant, tu ne resterai pas ici.

Harry rougit face au ton suggestif de son vampire, mais ne bougea pas.

-Dis-moi! Est-ce qu'on va rester?

Draco caressa doucement les poignets de Harry, sans quitter le jeune homme du regard. Pour toute réponse, celui-ci se redressa prestement, se tenant hors de portée de la poigne ferme du vampire.

-Je ne sais pas, affirma calmement Draco. J'aime tellement t'avoir pour moi seul. C'est tellement jouissif, de pouvoir faire de toi ce que je veux, quand je veux.

Harry rougit à nouveau.

-Tu pourras toujours, murmura-t-il timidement.

-Vraiment? Releva le vampire en haussant à nouveau un sourcil.

Les joues de Harry étaient à présent écarlates. Les mains un peu tremblantes face à l'attention perçante de son vampire qui épiait le moindre de ses gestes, Harry se pencha à nouveau. Avec application, il s'empara du premier bouton de la chemise de Draco et entreprit de le défaire. Le vampire se mordit la lèvre inférieure et le souffle de Harry se bloqua dans sa gorge lorsqu'il avisa les canines saillantes.

Une bouffée de chaleur monta en lui à la perspective de ce qu'ils allaient faire, dans quelques minutes, dans ce lit. Draco n'avait pas esquissé le moindre geste, se contentant de le fixer avec cette intensité qui lui était propre. Son corps entier était traversé de ce frisson d'anticipation habituel. Il avait toujours su que les minutes qui précédaient la morsure étaient aussi divines que la morsure en elle même, notamment quand Harry prenait les devants.

Il sentait la fébrilité du jeune homme, son excitation, et cela ne faisait qu'accroître la sienne. Les doigts de Harry tremblaient tandis qu'il défaisait avec une lenteur exaspérante sa chemise, et Draco sourit. Le jeune homme lui répondit par une grimace agacée.

-Promis, affirma Harry.

Il écarta les pans de la chemise, et caressa doucement le torse puissant de son vampire. S'agrippant à ses épaules pour se soutenir, il se pencha en avant et effleura de ses lèvres celles de son vampire.

-Alors? Demanda-t-il.

-Cela m'ennuie un peu de devoir te partager, avoua Draco.

Harry fit la moue en se redressant. Il se rassit sagement sur les cuisses de Draco et, de ses doigts toujours tremblants d'anticipation, il s'empara du bouton du jean de son vampire qu'il fit maladroitement sauter. Il descendit doucement la braguette, fixant Draco sans ciller. Celui-ci, les mains sagement croisés derrière sa nuque, arborait un sourire satisfait, les yeux légèrement plissés.

Harry caressa légèrement la bosse qui déformait le pantalon de Draco, l'air songeur.

-Si cela t'ennuie tant, pourquoi m'avoir amené ici en premier lieu?

Les canines de Draco luisaient de salive et de venin tandis qu'il fixait Harry, la bouche entre ouverte. Les doigts du garçon jouaient au dessus du tissu fin de son caleçon. Malgré les années, Harry gardait cette inexpérience et cette hésitation qui le rendait, à ses yeux, si divin. Quand il en allait au sexe, il devenait brusquement timide et peu sûr de lui, et Draco n'avait jamais rien trouvé de si attendrissant.

Il sourit de plus belle, et souleva légèrement ses hanches, provocateur.

-Parce que je ferai tout pour toi, Harry. Y compris des choses idiotes, ce dont tu avais le monopole jusqu'à présent.

.. Lemon supprimé ..

Le souffle court, Harry avait les yeux fermés et la tête lourde dans le cou de Draco. Tout son corps était lourdement affalé sur celui de Draco et, même s'il l'avait voulu, il aurait été incapable de se soulever. Il était vidé de toutes ses forces. Il respirait l'odeur délicieusement familière de son vampire tandis que, comblé, il plongeait lourdement dans un sommeil profond et réparateur.

Délicatement, Draco les fit basculer de sorte à ce qu'ils se retrouvent couchés face à face. Il plaqua fortement le corps lourd et anémié de son calice contre le sien et l'emprisonna dans une étreinte de fer. Le visage du calice bascula à nouveau contre son cou et il frissonna en sentant son souffle chaud s'échouer contre lui. L'une des mains de Harry était encore agrippée au pan de sa chemise ouverte, et il semblait incapable de la lâcher, malgré l'immense fatigue dans laquelle il se trouvait.

Le vampire enfouit son visage dans les mèches désordonnées de son calice et inspira longuement son odeur divine. Totalement repu et sa soif apaisée pour quelques heures, il serra Harry contre lui. Le jeune homme plongeait irrémédiablement dans un sommeil profond et réparateur et Draco, un sourire comblé aux lèvres, s'apprêta à passer de longues heures à veiller sur le jeune homme affaibli.

Tendrement, il dégagea les mèches humides du front de Harry et l'embrassa délicatement, s'enivrant de son odeur divine.

Demain, grâce au miracle qu'étaient les calices, Harry serait à nouveau sur pieds et en bonne santé. Son corps aurait renouvelé ses réserves de sang juste à temps pour pouvoir assouvir la soif insatiable de son vampire.

C'était un manège perpétuel qui recommencerait inlassablement, encore et encore, immuable et infini, et tous les deux s'y plieraient avec plaisir et dévotion pour l'éternité.

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FIN

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Mise à jour 2019 - Le lemon de ce chapitre a été supprimé. Vous pouvez m'envoyer un MP pour le recevoir par mail.

Voilà, je mets ici un point définitif à cette fic. Je vous laisse imaginer la suite à votre convenance!

J'ai eu beaucoup de mal à écrire cet épilogue, ça s'est senti dans les délais, et j'espère grandement qu'il vous a plu, a répondu à certaines de vos questions et a un peu apaisé votre curiosité!

.Est-ce que les deux nouveaux personnages, Laszlo et Samaël vous ont plu? J'avais déjà mentionné lors du premier chapitre que cette fic était à la base une originale, et c'était donc mes deux personnages, et je trouvais marrant de les introduire face à Harry et Draco! Et puis beaucoup m'avait demandé la rencontre entre Harry et un autre calice et même s'il n'y a pas grand chose, c'était l'occasion ou jamais!

.Est-ce que vous n'avez pas été trop choqué par le tutoiement? J'ai eu du mal à m'y faire, je vous avoue! Je me suis souvent trompé en écrivant et certaines phrases m'ont fait bizarre! J'étais tellement habitué au vouvoiement!

.Le lemon de la fin vous a-t-il plu? C'était cadeau, parce qu'il n'était pas forcément prévu!

Est-ce que j'ai droit à un petit (ou gros!) commentaire pour cet épilogue? J'attends vos reviews avec impatience et curiosité!

Je posterai probablement une nouvelle fic dans quelques mois, alors n'hésitez pas à me mettre en alerte si vous êtes intéressés ;)

Gros bisous à tous et à bientôt!

Natom, 27/09/14