Note la traductrice : Et voilà, c'est le dernier chapitre ! J'en profite pour rappeler une dernière fois qu'aucun mérite ne me revient. L'histoire appartient à son auteur, Theowyn of HPG ! Encore merci pour cette histoire fantastique, dont le génie est la seule raison qui m'a poussée à la traduire et à la partager. N'hésitez pas à lui envoyer un petit MP pour la remercier si vous avez aimé l'histoire ! Et une dernière fois, merci à tous les lecteurs et un merci tout particulier aux reviewers ! J'espère que vous profiterez de la fin.
Chapitre 31 : Fins et Commencements
Harry ouvrit les yeux. Il était allongé sur le dos, fixant le plafond, et était épuisé. Il ne pouvait pas bouger, pas même lever sa tête. Ses muscles semblaient s'être transformés en eau. Il roula sa tête sur un côté et regarda autour de lui. Voldemort était étalé sur le sol à quelques pas de lui. Dans la mort, le plus grand Mage Noir de leur époque n'était plus aussi impressionnant, il ressemblait à une sorte de grosse poupée grotesque que quelqu'un avait laissée tomber et abandonnée là. Ses traits déformés étaient crispés en un masque d'horreur, mais plus qu'effrayant, il avait surtout l'air ridicule.
Harry se détourna. Il l'avait fait. Il avait vaincu Voldemort. Il n'avait presque jamais osé imaginer ce moment, mais quand il l'avait fait, il s'était toujours vu ravi, comblé de bonheur et de soulagement. Tout de suite, il se sentait seulement vidé de toute émotion. Il n'y avait rien d'autre qu'une douleur sourde dans son cœur.
Les pensées tristes d'Harry furent interrompues par des bruits de pas de personnes qui couraient dans le couloir. Le bruit augmenta en approchant, puis s'évanouit. Harry entendit une conversation à voix étouffées juste devant la porte, puis Ron et Hermione apparurent dans son champ de vision, leurs baguettes levées.
Harry leva les yeux et réussit un petit sourire.
— Salut.
— Harry ! Hermione soupira de soulagement. Elle et Ron se précipitèrent sur lui tandis qu'Harry s'asseyait avec difficulté.
— Tu vas bien ? demanda Hermione, anxieuse.
— Ouais, je vais bien.
Ron regardait derrière Harry.
— C'est - ? demanda-t-il, la voix rauque.
— Ouais, dit Harry. Tout va bien. Il est parti pour toujours cette fois.
Plus de pas approchaient et alors que Ron aidait Harry à se mettre sur ses pieds, Maugrey et Kingsley Shacklebolt apparurent.
— Par la barbe de Merlin ! s'exclama Maugrey, fixant Voldemort, la bouche béante.
Shacklebolt, pendant ce temps, sortit un de leurs instruments de communication violets.
— On a trouvé Potter. Il a l'air d'aller bien et Vous-Savez-Qui est mort... C'est exact, mort...
Même entendre quelqu'un d'autre le dire ne perça pas l'indifférence d'Harry. La communauté magique toute entière serait bientôt en fête et il ne ressentait pas vraiment l'envie de s'y joindre.
Maugrey reniflait autour de Voldemort comme un limier, examinant le sorcier mort attentivement avec son œil magique. Enfin, il toucha le corps avec un orteil, puis grogna avec satisfaction.
— On ferait mieux de sceller la pièce en attendant qu'une équipe arrive ici pour s'occuper du corps. Venez, Potter. On va vous sortir de là.
Harry n'avait aucune objection. Il était plus que prêt à partir et il retourna vers l'ascenseur en silence, ignorant les regards inquiets de Ron et Hermione.
L'atrium grouillait de monde. Tonks repéra Harry au moment où il sortit de l'ascenseur et elle cria son nom, ce qui eut l'effet de faire avancer toute la foule vers lui. En un instant, il y avait du monde tout autour d'Harry, lui tapotant les épaules, lui frappant les mains avec enthousiasme. Maugrey, vantant à tout le monde son exploit, le frappa dans le dos si fort qu'il faillit faire tomber Harry en avant.
Les félicitations furent cependant écourtées, lorsqu'une rapide série de "pops" résonnèrent et une dizaine de personne apparurent dans l'atrium. Les Aurors du DSP, devina Harry, et au milieu d'entre eux se trouvait la dernière personne qu'Harry souhaitait voir : Ian Day.
Les nouveaux arrivants étaient tous très peu présentables. Les Aurors étaient recouverts de saleté et une odeur claire d'Empestine emplissait l'air. Ils avaient tous les marques de plusieurs sortilèges, mais, en majeure partie, ils avaient surtout l'air abasourdis. Day, quant à lui, était rouge de colère. Il portait des robes qui ne lui appartenaient visiblement pas et qui rappelaient à Harry les anciennes robes que Ron avaient portées au Bal de Noël en quatrième année, sauf que celles de Day étaient d'un rose vif et décorées d'encore plus de dentelles que celles de Ron. Il arrachait des plumes jaunes de ses habits et avait un regard sauvage.
— Arrêtez tout le monde ! cassa-t-il d'une voix stridente. Puis il remarqua Harry et sa bouche se pressa en une ligne si mince que ses lèvres semblaient avoir complètement disparu. Potter ! dit-il avec fureur, se frayant un chemin parmi les membres de l'Ordre pour atteindre Harry. Je savais que vous étiez derrière tout ça. Pendant des années vous n'avez fait rien d'autre que mener votre petite guerre privée, en vous moquant des règles et des lois, en piétinant l'autorité du Ministère. Day lui lança un sourire moqueur. "Le Garçon Qui a Survécu", "L'Élu" ! La célébrité vous est montée à la tête, Potter, si vous pensez pouvoir vous promener au Ministère à votre guise ! Vous êtes subversif et dangereux et je veillerai à ce que vous soyez envoyé à Azkaban !
— Day, vous êtes complètement à l'ouest, grogna Maugrey. Potter ici présent vient de tuer Vous-Savez-Qui.
— Quoi ?
— Je l'ai vu de mes propres yeux. Le corps est au Département des Mystères, si vous avez le courage de descendre y jeter un coup d'œil.
Day regarda de Maugrey à Harry et Harry sourit malicieusement.
— Vous disiez ?
Day ouvrit et referma la bouche plusieurs fois, ne trouvant pas ses mots. Il réussit enfin à échapper :
— Vous avez dépassé les limites !
— Si quelqu'un a dépassé les limites, c'est vous, Ian, répliqua une autre voix. C'était le Ministre de la Magie, réalisa Harry, qui venait tout juste d'arriver tandis que les membres de l'Ordre s'écartaient pour le laisser passer. Prendre Poudlard ? Attaquer des élèves en Cornouailles ?
— Ils nous ont attaqués ! dit Day avec colère. Il fit un geste de la main en direction des Aurors, faisant danser la dentelle sur sa manche dans la démarche. Ils nous ont pris en embuscade !
— Pris en embuscade, dit le Ministre, sceptique. Le Professeur McGonagall a dit qu'ils étaient dans un camp pour la nuit et qu'elle a cru qu'ils étaient attaqués par des Mangemorts.
— C'est un mensonge ! Ils ne faisaient pas de camping. Ils nous ont attiré en Cornouailles pour que Potter et ses partisans puissent infiltrer le Ministère !
Le Ministre dévisageait Day comme s'il le suspectait d'être fou.
— Le Professeur McGonagall insiste qu'ils avaient été envoyés à un refuge et menace d'encourager les parents des élèves impliqués à porter plainte contre le Ministère. Franchement, je ne pourrais pas leur en vouloir. Il me semble Ian, que la pression de votre travail s'est révélée trop grande pour vous. Vous êtes relevé de vos fonctions dès maintenant. M. Shacklebolt, je vous prie de bien vouloir escorter, avec l'aide de vos Aurors, M. Day hors de ces locaux.
— Bien sûr, monsieur le Ministre, Shacklebolt posa une main sur l'épaule de Day.
— Quoi ? protesta Day. Vous ne pouvez pas me virer ! Je vous dis la vérité. Ils sont tous ligués contre moi !
Harry se força à ne pas sourire en voyant le grand Auror guider l'homme déchaîné au loin.
— M. Potter, je vous présente mes excuses les plus sincères, dit le Ministre, l'air décidément embarrassé. Il est clairement déséquilibré et j'espère que vous comprenez que l'abus flagrant de pouvoir de Day n'est pas cautionné par le Ministère et ne restera pas non plus impuni.
Harry hocha la tête, mais il ne pouvait s'empêcher de se demander si le Ministre aurait été si conciliant si Voldemort n'était pas mort.
— Les mandats d'arrêt sur vous et le Professeur Rogue seront abrogés sur le champ, bien entendu, assura le Ministre à Harry.
La poitrine d'Harry se serra douloureusement à la mention de Rogue, mais le Ministre continua.
— Y a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour rectifier la situation...
— En fait, oui, dit Harry. Avez-vous des nouvelles du Professeur Dumbledore ?
— Il n'y a eu aucune nouvelle venant de Poudlard concernant sa condition, j'en ai bien peur. Mais encore une fois, avec toute cette agitation en Cornouailles et ici - Le Ministre haussa les épaules d'un air désolé et Harry hocha la tête à nouveau. N'hésitez pas à contacter mon bureau si vous avez besoin d'autre chose. Vous avez rendu un service considérable à la communauté magique, M. Potter.
Le Ministre se détourna et les membres de l'Ordre se rapprochèrent d'Harry à nouveau pour se remettre à le féliciter. Harry serra les mains qu'on lui offrait, hébété, ne souhaitant rien d'autre que de pouvoir s'éloigner de la foule.
— Harry ! Remus, sale et débraillé, se fraya un chemin dans la foule et attrapa Harry, qu'il serra dans ses bras.
Il le relâcha et regarda Harry, des larmes de joie et de fierté dans les yeux.
— James et Lily seraient si fiers de toi. Il ébouriffa la touffe de cheveux perpétuellement emmêlés d'Harry avec affection, puis fronça les sourcils. Harry, qu'est-ce qui ne va pas ?
Harry fut incapable de répondre. Il cligna des yeux rapidement pour retenir les larmes qui menaçaient de couler de ses yeux.
— Drago Malfoy ? Que fait-il ici ? La voix baryton de Kingsley Shacklebolt attira l'attention d'Harry et il se tourna, reconnaissant, vers lui.
— Ce n'est pas très clair, répondit un autre homme. Mais il était assis dans la bibliothèque à côté du corps de son père. Bellatrix Lestrange était là également - morte aussi. On dirait qu'une dispute familiale a dégénéré. Nous l'avons renvoyé à Poudlard. Il ne semble pas avoir été impliqué dans les combats. McGonagall va contacter sa mère.
— Et le reste des Mangemorts ? demanda Shacklebolt.
— Ils sont tous morts, de ce qu'on peut dire, mais je ne sais pas vraiment comment.
— Et les nôtres ?
— Quelques blessures, mais aucune victime.
— Tout le monde est là ? Où est Rogue ?
A la dernière question, Harry se sentit geler de l'intérieur. Il devait leur dire, il le devait à Rogue. Mais avant qu'il ne puisse parler, une autre voix, épuisée et à peine plus haute qu'un murmure, répondit.
— Je suis là.
Harry se figea et se retourna. Debout, à l'écart de la foule encerclant Harry, et ayant l'air de pouvoir s'effondrer à tout moment, et pourtant visiblement tout à fait vivant, se trouvait Rogue. Harry resta bouche bée, stupéfait, puis écarta les sorcières et sorciers devant lui pour arriver près de lui. Harry s'empêcha de justesse d'attraper Rogue pour être sûr qu'il était réel et non une étrange hallucination. Abandonnant cette idée, Harry décida de transformer le geste en signe de la main pour désigner le piteux état dans lequel Rogue se trouvait.
— Vous êtes vivant ?
— Apparemment, répliqua Rogue, las.
— Comment ? Qu'est-il arrivé ? demanda Harry.
— Avant ou après que Lupin laisse la totalité du plafond du bureau du DSP s'effondrer sur nous ?
— C'était ton idée, Severus, contra Remus, étant venu se placer derrière Harry. Et tu as de la chance que mon charme du bouclier ait tenu.
Rogue grimaça.
— Oh, je t'en prie, ne me dis pas maintenant que je te dois ma vie.
— Comment avez-vous survécu à Voldemort ? demanda Harry avec impatience.
Rogue réfléchit.
— Je ne suis pas vraiment sûr. C'était - Rogue hésita, une expression hantée dans les yeux. C'était une expérience que je ne souhaiterais à personne. Il secoua la tête pour bannir le souvenir. Votre succès ne fait aucun doute, cependant.
Rogue remonta sa manche gauche et montra à Harry son avant-bras. Sa peau pâle était complètement vierge. Il n'y avait aucune trace de la Marque des Ténèbres, ni le moindre signe qu'elle ait jamais existé.
Rogue rabaissa sa manche et considéra Harry avec calme.
— Félicitations, M. Potter, dit-il d'un ton formel, présentant sa main à Harry.
Harry fixa les traits calmes de Rogue et sa main tendue avec incrédulité. Il était supposé être mort et pourtant, après tout ce qu'ils avaient traversé, il s'attendait à une simple poignée de main.
— Vous plaisantez.
La peine et l'humiliation brillèrent dans les yeux de Rogue. Il laissa tomber sa main et commença à se détourner, mais Harry attrapa son bras.
— Ne soyez pas idiot !
Harry le tira brutalement dans une étreinte. Rogue se tendit, expirant sèchement, surpris. Il essaya de se dégager, mais Harry ne fit que le serrer plus fort et, après un instant, il se détendit. Lentement, avec hésitation, il passa ses bras autour d'Harry et lui rendit son étreinte.
— Tout va bien, Potter.
Harry hocha la tête et relâcha Rogue. Il recula et lui sourit.
— Ouais.
— Potter ! Harry tourna la tête et vit Maugrey tituber vers lui.
Le vieil Auror lui tendit un petit livre corné sur les Métamorphoses inanimées.
— McGonagall a envoyé cela. C'est un Portoloin pour vous ramener à Poudlard. On ne savait pas si vous seriez apte à transplaner. Le mot déclencheur est victoire.
Harry hocha la tête, content d'avoir l'opportunité de s'échapper du Ministère et d'aller voir Dumbledore. Il agrippa le livre étroitement, puis jeta un regard à Rogue. Il n'avait en aucun cas l'air apte à transplaner et était sûrement aussi pressé de retourner à l'école qu'Harry. Harry lui tendit le livre.
— Venez.
Rogue n'hésita qu'un bref instant, puis agrippa étroitement le livre également.
— Victoire, dit Harry et en un instant, lui et Rogue se retrouvèrent debout dans la Grande Salle à Poudlard. Harry regarda de manière automatique le plafond enchanté qui imitait le ciel et fut étonné de remarquer que c'était le matin. Le ciel était bleu clair, promettant une magnifique journée de printemps. Il devait tout de même encore être assez tôt, car personne ne semblait être déjà debout.
Harry fourra le Portoloin dans sa poche, puis lui et Rogue se mirent en route en direction de l'infirmerie. Harry calcula que cela devait faire presque trente heures depuis que Dumbledore avait perdu connaissance. Rogue avait dit que s'il survivait quarante-huit heures, il se remettrait. Il restait encore beaucoup de temps, mais Harry ne pouvait s'empêcher d'espérer que la survie du vieux sorcier soit un bon signe. Selon lui, aucune nouvelle devait signifier que Dumbledore était toujours en vie, mais alors qu'il traversait les couloirs, le doute s'immisça dans le coin de son esprit. Il était également possible que McGonagall ait gardé secrète la mort Dumbledore. Étant donné la menace présentée par Voldemort, il aurait paru logique de le faire jusqu'à ce que l'Ordre puisse mettre son plan à exécution.
Ne le laissez pas mourir tout de suite, pensa Harry, accélérant le rythme. Il souhaitait tellement pouvoir dire à Dumbledore qu'il avait vaincu Voldemort, que la guerre était enfin gagnée pour de bon. Dumbledore méritait de le savoir avant de mourir et même si le vieil homme était inconscient, Harry était convaincu que Dumbledore l'entendrait et le comprendrait.
Harry entra à grandes enjambées dans l'infirmerie et se dirigea vers l'arrière, se mettant presque à courir et abandonnant Rogue derrière lui. Lorsqu'il arriva à la porte, il inspira profondément, l'ouvrit, et resta figé.
— Oui, Dobby, je suis certain que j'ai eu assez de tarte à la mélasse, disait Dumbledore. En fait, je pense que je serais malade si j'en avalais une seule part de plus. Pas qu'elle ne soit pas excellente, bien entendu ! ajouta-t-il précipitamment en voyant les oreilles de Dobby tomber. Ah, Harry te voilà. Voudrais-tu un peu de tarte à la mélasse ?
Dumbledore était assis dans son lit, ayant l'air quelque peu faible, mais sinon très bien. Le Professeur McGonagall ainsi que Madame Pomfresh étaient debout à côté de lui avec Dobby et il y avait un énorme plateau de nourriture perché de manière précaire sur sa table de nuit - sans doute les tentatives attentionnées de l'elfe de maison pour accélérer son rétablissement. Harry sourit et entra dans la pièce.
— Le grand héros Harry Potter est de retour ! grinça Dobby avec enthousiasme, se jetant sur Harry pour enlacer ses jambes avec une adoration évidente.
— Dobby, arrête-ça ! Atterré, Harry essaya de repousser l'elfe de maison. Et ne dis pas que je suis un héros !
— Vous feriez mieux de vous y habituer, Potter, dit McGonagall, s'approchant de lui et séparant gentiment mais fermement Dobby de lui. Tout le monde vous appellera ainsi avant la fin de la journée, et ils auront de bonnes raisons de le faire. Elle regarda Harry avec ravissement. Kingsley Shacklebolt nous a transmis le message quelques minutes plus tôt, et je dois dire que je n'ai jamais été plus fière !
— Effectivement, dit Dumbledore, se levant et venant poser une main sur le bras d'Harry. Malgré sa pâleur, Dumbledore semblait plus jeune et plus vif qu'Harry ne l'avait vu depuis des années, ses yeux étincelant d'affection et de bonheur. Je n'ai jamais douté un seul instant de ton succès, Harry. Bien joué !
Le vieux sorcier regarda derrière Harry et éleva la voix.
— Severus, ne restez pas sur le seuil. Entrez ! Minerva, je suspecte que nous allons avoir beaucoup de visiteurs sous peu. Si vous et Poppy pouviez vous arranger pour les accueillir à l'extérieur, j'ai peur qu'il n'y ait pas assez de place ici et il faut que je parle seul avec Harry et Severus un moment. Dobby, tu pourrais peut-être trouver des rafraîchissements pour tout le monde ?
— Oui Directeur Dumbledore, monsieur. C'est un plaisir pour Dobby ! Dobby disparut immédiatement.
McGonagall et Madame Pomfresh partirent et Rogue entra et au moment où les deux femmes fermèrent la porte, Rogue se tourna vers Dumbledore.
— Vous n'avez pas l'air particulièrement surpris de me voir, dit-il d'un ton accusateur.
— Pas particulièrement, répondit Dumbledore.
C'était vrai. Dumbledore n'avait pas du tout l'air surpris de voir Rogue. En fait, il avait un air presque suffisant.
Rogue plissa les yeux.
— Vous saviez ?
— Je le soupçonnais, corrigea Dumbledore.
— Comment ?
— Cette histoire est assez longue et, puisqu'elle vous concerne tous les deux, je suggère que nous nous asseyons tous.
Dumbledore fit un geste de la main et fit apparaître une bergère rose fluo dans laquelle il s'assit. Rogue lança un regard noir au vieil homme, mais tendit la main vers une des chaises d'hôpital à côté de lui qui glissa avec obéissance jusqu'à l'endroit où il se trouvait. Il s'assit également, croisant les bras sur son torse. Harry tira rapidement une autre chaise. Il débordait de curiosité d'entendre ce que Dumbledore avait à dire et attendit avec impatience que le vieux sorcier commence.
— Tout d'abord, je dois vous demander pardon à tous les deux, dit Dumbledore. Je vous ai tous les deux manipulés et je vous ai dissimulé des informations que vous avez le droit de connaître. Pour ma défense, je peux vous assurer que j'ai agi avec vos meilleurs intérêts à cœur et parce que c'était le seul moyen de vous sauvez la vie, Severus, et d'effectivement te donner Harry, la meilleure chance de vaincre Voldemort.
— Il y a presque trois ans, quand j'ai découvert ce que Voldemort avait fait pour devenir immortel, j'ai immédiatement compris ce que cela signifierait pour ceux qui lui avaient fait vœu d'allégeance. Même si je vous ai souvent demandé de risquer votre vie quand la guerre le nécessitait, Severus, je ne vous aurais jamais demandé d'affronter la mort pour une erreur que vous avez commise quand vous n'étiez qu'un adolescent. Ce n'était pas un prix que j'étais prêt à payer, pas sans d'abord faire tout ce qui était en mon pouvoir pour l'éviter. Et il y avait, je le savais, un espoir d'y parvenir.
— Mais vous disiez qu'il n'y avait aucun espoir ! l'interrompit Harry. Vous disiez qu'il n'y avait aucun moyen -
— J'ai dit qu'il n'y avait aucune autre action que tu pouvais entreprendre si tu voulais vaincre Voldemort et c'était vrai. Il est également vrai que chaque personne liée à Voldemort par la Marque des Ténèbres devait être libérée de ce lien. La règle était que ce lien ne pouvait être rompu que par la mort. Cependant, il existe très peu de règles qui n'ont pas d'exception.
— Il n'y a aucune exception, dit Rogue, impatient. Le lien ne pouvait être brisé.
— Peut-être pas une exception, alors, plutôt une restriction. Alors qu'il est vrai que le lien ne pouvait pas être brisé, celui-ci pouvait être supplanté par un lien plus fort. Et donc, c'est ainsi que, trois ans plus tôt, je me suis mis en tête de forger un tel lien, un lien qui pourrait détendre la chaîne vous liant à Voldemort et vous permettre de vous libérer quand le temps serait venu. Je dois avouer, cependant, que j'ai presque désespéré après que ma première tentative s'est terminée sur un échec aussi désastreux : sur le fiasco qu'ont été vos leçons d'Occlumancie de départ.
— Vous voulez dire que vous essayiez de créer un lien entre nous ? demanda Harry, incrédule.
— Oui, Harry.
Harry dévisagea le vieil homme.
— On se haïssait.
— Oui, c'est vrai. Ce qui est la raison pour laquelle j'ai été aussi soulagé quand votre deuxième tentative de leçons s'est prouvée bien meilleure l'année suivante.
Harry fronça les sourcils, pensif.
— Donc le lien dont vous me parliez - celui qui lie un professeur et un élève des arts mentaux - c'était assez fort pour remplacer le lien entre le Professeur Rogue et Voldemort ?
— Non, Harry. Alors qu'un tel lien entre deux sorciers peut mener à une grande empathie et même à une amitié durable, il n'aurait jamais pu supplanter le lien formé par Voldemort. C'était uniquement la fondation sur laquelle j'espérais vous donner à tous les deux l'opportunité de construire - et c'est exactement ce que vous avez fait. Toi, Harry, as constamment témoigné à Severus une compassion sans limite et une certaine amitié - même lorsqu'elle n'était clairement pas appréciée.
Rogue leva les yeux au ciel.
— Vous voulez que je croie que la compassion de Potter a surmonté le serment que j'ai fait à Voldemort ?
— Elle a joué un rôle significatif, mais je pense que c'était en fait votre compassion Severus, qui s'est prouvée déterminante.
Rogue dévisagea Dumbledore, incrédule.
— Vous plaisantez.
Dumbledore leur offrit un sourire serein.
— Vous pensez que c'est improbable ?
— Je trouve que c'est ridicule, dit Rogue.
— Ça ne l'est pas, je vous l'assure. Bien que la compassion d'Harry franchissait tous les obstacles afin de bâtir un lien entre vous, c'est vous, Severus, qui avez scellé ce lien et vous êtes assuré qu'il soit suffisamment puissant pour dominer Morsmordre.
Rogue haussa les sourcils, sceptique.
— Vraiment ? Et comment est-ce possible, exactement, étant donné que ça n'a jamais été mon intention ?
— Vous l'avez fait en performant le Pari du Guérisseur.
— J'étais très peu épris de Potter, ce jour-là, si je m'en souviens bien.
Dumbledore gloussa.
— Non, en effet, vous n'étiez pas ravi. Néanmoins, vous avez fait un sacrifice sanguin dans le but de sauver la vie d'Harry et cela vous a lié irréversiblement l'un à l'autre.
Rogue secoua la tête.
— Le Pari du Guérisseur ne forme aucun lien de cette nature entre le guérisseur et le patient.
— Normalement non, c'est vrai. Mais normalement, le sort est utilisé par un guérisseur professionnel. Tous les guérisseurs font le serment de défendre la vie du meilleur de leurs capacités et c'est ce serment qui, par le passé, a provoqué les guérisseurs à risquer leur vie pour en sauver d'autres. Mais vous, Severus, même si extrêmement compétent, n'êtes pas un guérisseur professionnel. Vous n'avez prêté aucun serment de cette nature. C'est un serment très différent qui vous a poussé à offrir votre vie à Harry et c'est ce serment que vous avez scellé par le sang ce jour-là.
Les yeux d'un bleu perçant de Dumbledore soutinrent les noirs de Rogue qui s'élargirent avec compréhension.
Dumbledore sourit.
— Je savais que Voldemort ne serait plus capable de vous maintenir lié à lui et que vous ne lui procureriez aucune protection contre l'amour d'Harry.
Harry avait observé l'échange avec fascination, mais les derniers mots de Dumbledore le surprirent.
— Attendez une minute ! Vous voulez dire que vous saviez avant Noël que le Professeur Rogue n'avait pas à mourir pour que je termine Voldemort, mais vous nous avez tout de même fait croire -
Dumbledore leva une main pour prévenir l'accès d'indignation d'Harry.
— Oui, Harry. J'ai déjà dit que je vous ai dissimulé des informations. Je regrette de t'avoir causé un tel chagrin, mais c'était inévitable.
— Je connais très bien Tom Jedusor et je le sais très prévisible. En particulier, je savais qu'il appellerait tous ses loyaux Mangemorts pour se défendre contre toi et ne ferait appel à Severus qu'en dernier recours, quand tous les autres seraient morts. Après tout, quel homme ne choisirait pas d'avoir ses alliés de son côté dans une bataille plutôt que son ennemi ?
Dumbledore se tourna vers Rogue.
— J'étais également convaincu qu'une fois que vous arriveriez sur la scène, Voldemort serait incapable de résister à vous tourmenter, d'une façon ou d'une autre. Il attend cette chance avec impatience depuis le début de l'année et je ne pouvais pas l'imaginer ignorer les possibilités offertes alors par l'esprit. Cela, je le savais, serait notre avantage le plus crucial. Pendant qu'il retardait l'échéance, se permettant sa petite vengeance tout en se croyant invulnérable, la présence d'Harry devait alors ronger le machiavélisme de son âme, et le temps que cette erreur devienne évidente, il serait trop tard pour qu'il sauve sa peau.
Dumbledore regarda Harry à nouveau.
— Mais afin que cela fonctionne, Voldemort devait croire que l'âme de Severus lui appartenait et je ne pouvais pas risquer de te dire le contraire. Bien que tu sois un Occlumens compétent, Harry, tu n'as jamais su cacher tes émotions. Il était nécessaire que tu croies que Severus était toujours lié par son serment à Voldemort pour que Voldemort le croie également. S'il avait réalisé - s'il avait seulement soupçonné - que Severus ne lui procurait plus aucune protection, il vous aurait tous les deux tués immédiatement.
Harry hocha la tête lentement. Autant qu'il détestait l'admettre, il comprenait le raisonnement de Dumbledore et il était fasciné par la manière dont le vieux sorcier avait orchestré les événements pour lui donner un grand avantage dans son combat contre Voldemort - et la manière dont il avait pourtant été si proche de tout perdre.
— Vous avez dit qu'il y avait un serment qui nous unissait. Quel serment ?
Dumbledore sourit.
— Je pense que je vais laisser Severus t'expliquer, Harry. Il faut vraiment que j'aille rencontrer tes compagnons quand ils arriveront pour que je puisse les féliciter de votre victoire.
Dumbledore se leva, tapota Harry sur l'épaule et partit en fredonnant. Lorsque les portes se refermèrent derrière le vieil homme, Harry se retourna vers Rogue qui semblait perdu dans ses pensées.
— Quel serment ?
Rogue répondit sans regarder Harry.
— Celui que j'ai fait à votre mère.
— Pardon, quoi ?
Rogue soupira.
— J'ai promis de vous protéger du Seigneur des Ténèbres comme elle l'avait fait - de ma vie. J'ai prêté serment sur sa tombe.
— Quoi ?
Rogue regarda Harry, agacé.
— C'était le moins que je pouvais faire, ne croyez-vous pas ? Vos parents étaient morts à cause de moi. Votre parrain était condamné à la prison à vie. Et je savais que votre famille moldue ne serait pas capable de vous protéger indéfiniment du Seigneur des Ténèbres, quel que soit le nombre d'enchantements mis en place par Dumbledore. En étant ici, à Poudlard, et en connaissant la menace qui planait sur vous, j'étais idéalement placé pour vous protéger et je le devais à Lily. Cependant, ce genre de serment crée des liens, des liens qui ne se brisent pas facilement.
— Donc c'est pourquoi vous m'avez toujours protégé, même si vous me détestiez ?
Rogue hocha la tête et replongea dans son silence. Après quelques moments, Harry parla à nouveau.
— Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit ?
Les lèvres de Rogue se courbèrent avec dédain.
— Parce que je suis un lâche, Potter.
— Non, vous n'êtes pas lâche !
— Bien sûr que si ! Je ne me suis jamais attendu à ce que vous me pardonniez mon rôle dans la trahison de Pettigrew, donc je ne pensais pas qu'il y avait la moindre raison d'aggraver nos souffrances en vous dévoilant mon plus grand crime. Puis, plus tard, je n'ai pas pu me résoudre à vous le dire.
— Aussi stupide et arrogante qu'avait été, sur le moment, mon erreur avec Pettigrew, ce n'est toujours qu'une erreur. Je pensais pouvoir le contrôler. Mais pour tout le plaisir que j'ai pris à jouer à ce jeu et à tromper votre père, j'essayais véritablement de vous protéger. Mon objectif était honorable, même si mes méthodes ne l'étaient pas. Mais on ne peut pas en dire autant de la nuit où j'ai vu Dumbledore entrer dans la Tête du Sanglier.
— Professeur -
— Ne m'interrompez pas, Potter ! J'ai eu tort de ne pas vous dire toute la vérité. Vous méritez de connaître tous les crimes que j'ai commis contre vous. Vous méritez mieux que de simplement apprendre ma culpabilité de la bouche du Seigneur des Ténèbres. Donc comprenez-bien - et surtout ne vous méprenez pas - ce qu'il vous a dit est la vérité. J'étais son loyal espion. Je vous ai condamné à mort avant votre naissance et je l'ai fait sans me poser de question et sans penser aux conséquences de mes actions, ni aux vies que je détruisais.
— Mais pourquoi avez-vous rapporté la prophétie à Voldemort ?
Rogue soupira.
— J'étais un espion, Potter. Rapporter ce qu'il entend est le travail d'un espion.
— Mais vous m'avez dit que lorsque vous l'avez entendue, vous avez décidé de le trahir.
Rogue secoua la tête avec dégoût.
— Je n'ai jamais été du genre à accorder beaucoup de crédit aux prophéties, encore moins faites par un charlatan. J'ai trouvé que ce que j'avais entendu était intriguant, mais je n'ai jamais imaginé que le Mage Noir le plus puissant de notre ère, réputé invincible, la prendrait au sérieux, encore moins qu'il irait jusqu'à devenir obsédé par la poursuite de cette menace fantôme.
— Ce n'est qu'à cet instant, quand j'ai réalisé à quel point il avait peur, que j'ai compris qu'il devait être vulnérable. C'est à cet instant que j'ai commencé à comploter contre lui. Mais je n'ai toujours pas pensé une seule fois à l'enfant de la prophétie ou à sa famille. Je suis resté le serviteur du Seigneur des Ténèbres, je suis reste là à temporiser en attendant que quelqu'un capable de le détruire apparaisse et espérant avoir l'opportunité de l'exploiter à mon avantage. Ce n'est que lorsque j'ai découvert comment il avait interprété la prophétie que je me suis rendu compte que c'était vos parents, votre mère, qu'il avait l'intention de tuer : c'est à ce moment que la monstruosité de ce que j'avais fait est devenue claire à mes yeux.
— Soudainement, ce n'était plus un enfant anonyme et ses parents - trois victimes sans noms de plus parmi les nombreuses victimes du règne du Seigneur des Ténèbres - ce n'était plus des victimes que je pouvais prétendre ne pas être réelles, que je pouvais simplement ignorer. Je connaissais vos parents. Votre mère était la seule amie que je n'avais jamais eue. L'idée de la voir mourir à cause de ce que j'avais fait était insoutenable ! Je ne pouvais pas laisser cela se produire, je suis donc allé voir Dumbledore et je suis devenu son espion.
— Pendant plus d'un an, j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour vous protéger vous, et vos parents, pour qu'ils gardent un temps d'avance sur les Mangemorts et quand Dumbledore m'a dit qu'ils utilisaient le sortilège de Fidelitas, je pensais que ma dette était payée, que j'avais réussi à empêcher le destin tragique que j'avais amené sur vous. J'avais tort.
Harry hocha la tête solennellement.
— Professeur, je comprends -
— Je n'ai pas terminé ! dit Rogue durement. Il y avait comme un air fiévreux dans ses yeux. Je vous ai menti sur ce qui est arrivé la nuit où vos parents sont morts. Je vous ai dit que j'étais resté avec les autres Mangemorts au quartier général jusqu'à ce qu'on entende parler de la chute du Seigneur des Ténèbres, mais c'est faux. Après nous avoir convoqués et nous avoir annoncé qu'il vous avait trouvé, j'avais l'intention d'aller prévenir Dumbledore. Je voulais présenter mes félicitations creuses au Seigneur des Ténèbres, comme tous mes compagnons, me jeter à terre pour le faire, puis m'échapper et envoyer un Patronus à Poudlard.
— Mais je n'ai jamais eu cette chance. A la fin, il s'est approché de moi et a dit "C'est grâce à toi, Severus, que cette menace a été découverte. Tu m'as bien servi et je récompense le bon travail de mes serviteurs. Viens avec moi et tu auras l'honneur de voir mes ennemis périr."
Harry dévisagea Rogue avec horreur.
— Vous êtes allé avec lui... à Godric's Hollow ?
Rogue sourit amèrement.
— Ma récompense. Tellement adéquate, n'est-ce pas ? Tout Mangemort loyal aurait été honoré, il n'y avait donc aucun moyen de refuser. Nous avons transplané au village. Il était très tard et la rue était déserte. Il m'a glissé un morceau de parchemin avec une adresse écrite dessus, puis m'a mené à votre maison.
— Professeur, vous n'avez pas à me raconter ça, murmura Harry, ne voulant pas entendre ce qu'il savait arriver, mais Rogue l'ignora.
— Il m'a dit d'attendre dehors. Il voulait le plaisir du meurtre pour lui seul, bien entendu. Mais il m'a promis que j'aurais la chance de vous voir, vous et vos parents, allongés, morts, quand il aurait terminé.
— J'aurais dû essayer de l'arrêter. J'aurais au minimum dû essayer de créer une diversion pour attirer l'attention de vos parents. Si je leur avais donné le moindre avertissement, ils auraient pu s'enfuir; au moins, votre mère aurait pu s'enfuir avec vous. Mais cela ne m'a jamais traversé l'esprit. Au lieu de tout cela, j'ai demandé au Seigneur des Ténèbres d'épargner la vie de votre mère.
Harry cligna des yeux.
— Vous avez demandé... Le souvenir des paroles de Voldemort jaillit à l'esprit d'Harry. Ecarte-toi, idiote !
— Et il a accepté ?
— Oh oui. Il récompensait effectivement ses Mangemorts - du moins, quand cela l'arrangeait - et il n'était jamais du genre à ignorer une opportunité de faire souffrir ses ennemis. Il a toujours préféré tourmenter plutôt que simplement tuer. Il savait que votre père et moi étions de vieux ennemis, donc quand je lui ai dit que je voulais votre mère en vie pour me venger de James, il a parfaitement compris. Ce que je lui ai dit ne vaut pas la peine d'être répété, mais j'imagine que vous pouvez imaginer le genre de choses qu'il aurait pu trouver amusantes. Il a accepté volontiers et ainsi, pensant que votre mère survivrait, je l'ai regardé remonter le chemin jusqu'à votre porte d'entrée sans lever le petit doigt et sans avertir vos parents.
Rogue détourna les yeux, perdu dans son souvenir.
— J'entends encore le bruit des pas dans l'entrée. Il a fait exploser la porte et j'ai entendu James crier à votre mère de fuir. Puis j'ai vu les flashs des sortilèges. Votre père était un duelliste accompli, mais personne ne pouvait tenir tête au Seigneur des Ténèbres. Ce fut terminé en quelques secondes. Puis j'ai entendu votre mère.
Harry ferma les yeux. Il avait entendu sa mère dans ses souvenirs, crier, mourir. C'était horrible, et il ne pouvait pas imaginer comment cela avait pu être d'être là, cette nuit, et l'entendre se faire assassiner.
— J'étais tellement stupide, murmura Rogue. Comment ai-je pu être stupide au point d'imaginer qu'il pourrait poser la main sur vous alors qu'elle vivait ? J'aurais du me rendre compte que Lily préférerais mourir que laisser son enfant se faire assassiner ! Si quelqu'un devait savoir ça, c'était moi ! J'ai vu ma propre mère se tenir entre moi et mon père lorsque j'étais enfant. A plusieurs reprises, elle avait souffert des conséquences de sa fureur pour m'épargner. Mais j'avais oublié - jusqu'au moment où j'ai entendu Lily hurler. J'étais paralysé. Je suis resté immobile pendant qu'elle le suppliait de vous épargner. Puis j'ai vu le flash de lumière verte et ses cris ont cessé.
— Mon dieu, murmura Harry. Pas étonnant que vous ne vous en soyez jamais remis.
— Si le Seigneur des Ténèbres était sorti de la maison cette nuit-là, je serai mort. C'était tout ce que je souhaitais : mourir en essayant de le tuer. Mais ce n'est pas arrivé. Peu après le dernier cri de votre mère, la maison a explosé. Ce n'était semblable à rien de ce que j'avais déjà vu ni entendu. J'ai été envoyé au sol par la force de l'explosion et je me rappelle avoir levé les yeux sur votre maison en ruine avec horreur et stupéfaction. Je ne pensais pas que quiconque puisse y avoir survécu, mais je ne pouvais pas croire à la mort du Seigneur des Ténèbres. Je suis resté assis, choqué, tiraillé, indécis. Je savais que je devais aller enquêter, mais je ne pouvais pas supporter de voir vos parents. Autant que je détestais votre père, je n'ai jamais voulu sa mort, et Lily - je ne pouvais même pas supporter l'idée de la voir.
— Ma décision a été prise pour moi lorsque les voisins sont arrivés. L'explosion avait attiré l'attention, naturellement, et cela m'a tiré de mon état de choc. Je savais que mon premier devoir était d'avertir Dumbledore de ce qui était arrivé. Donc avant que les moldus ne puissent approcher, j'ai transplané et envoyé un Patronus à Poudlard. Le temps que je me sois suffisamment ressaisi pour le suivre, Albus était déjà parti. Vous connaissez la suite.
Harry fixa Rogue. Même après dix-sept, le chagrin était toujours aussi vif dans ses yeux et il y avait également une autre émotion.
— Vous l'aimiez, n'est-ce pas ? demanda Harry avec douceur.
Rogue ferma les yeux et les détourna.
— Cela vous horrifierait-il si je disais oui ?
— Non. A un moment donné, peut-être, mais plus maintenant.
Rogue regarda Harry, les sourcils froncés, comme s'il ne le croyait pas, mais Harry soutint son regard et Rogue finit par paraître convaincu, même s'il avait l'air plus troublé que satisfait. Il se tortilla, mal à l'aise, et détourna les yeux une nouvelle fois.
— Lily Evans n'était pas uniquement un béguin d'adolescent. C'était la meilleure personne que je n'ai jamais connue. Elle était la seule de tous mes camarades de classe à ne m'avoir jamais regardé comme si j'étais quelque chose de déplaisant qui ferait mieux de rendre service au monde en retournant se cacher derrière le rocher d'où j'étais sorti. Elle me traitait avec respect, même gentillesse - comme si elle m'en trouvait digne. Et quand je la regardais droit dans les yeux, j'arrivais presque à croire que c'était vrai. Rogue lança à Harry un regard implorant. Je ne pouvais pas m'empêcher de l'aimer, Potter. Mais je ne lui ai jamais dit. Je vous jure que je ne l'ai jamais laissé entendre.
— Vous n'avez pas à vous excuser. Vous n'avez pas besoin d'une autorisation pour aimer quelqu'un.
Rogue secoua la tête avec tristesse.
— Elle est morte à cause de moi.
— Je sais. Si vous n'aviez pas dévoilé la prophétie à Voldemort, il ne s'en serait jamais pris à moi. Mais s'il n'avait jamais essayé de me tuer, il n'aurait pas perdu ses pouvoirs cette nuit-là non plus, et n'aurait pas accidentellement lié mon âme à la sienne, me donnant la chance de pouvoir le vaincre. Le monde n'aurait pas eu treize années de paix sans lui. Il aurait pris le pouvoir complètement et nous n'aurions aucun moyen de l'arrêter.
— Tout cela est grâce à votre mère, Potter.
Harry observa Rogue en silence un moment, puis lui posa une nouvelle question.
— Professeur, savez-vous pourquoi j'ai survécu, cette nuit-là ?
— Bien sûr. Parce que l'amour de votre mère vous a protégé.
Harry secoua la tête.
— Je ne suis pas le seul enfant que Voldemort et ses Mangemorts ont essayé de tuer et je ne suis certainement pas le seul dont la mère l'aimait suffisamment pour mourir pour lui. L'an dernier, j'ai eu des visions de familles entières être assassinées. J'ai vu des parents les implorer pour la vie de leurs enfants et mourir en essayant de les protéger, de la même manière que ma mère l'a fait. Et pourtant, ce qui est arrivé à Voldemort quand Voldemort a essayé de me tuer ne s'est jamais produit, ni avant, ni depuis. Pourquoi ?
Rogue fronça les sourcils avec concentration. Il était évident qu'il n'avait jamais réfléchi à la question plus tôt et sa curiosité était piquée par le mystère. Mais Harry avait compris depuis longtemps ce qui rendait cette nuit à Godric's Hollow si spéciale.
— C'est parce que ma mère n'était pas obligée de mourir. Voldemort l'a dit lui-même. C'est son sacrifice qui m'a protégé. C'est parce qu'elle avait le choix de s'écarter et qu'elle a choisi de mourir. Vous lui avez donné ce choix. Sans vous, elle n'aurait pas pu me sauver.
Rogue dévisagea Harry, incrédule, mais lentement, ses yeux s'agrandirent tandis que la vérité de ses paroles s'installait.
— Je n'ai jamais pensé à ça, murmura-t-il.
— Eh bien, vous devriez peut-être le faire.
Harry avait à peine finit de parler qu'un éclat de rire traversa la porte fermée des quartiers privées de l'infirmerie. Il provenait de ce qui semblait être un grand groupe de personnes et Harry réalisa qu'il y avait une fête qui se préparait. Rogue devait l'avoir réalisé également, car il se leva brusquement et se dirigea vers la porte.
— Venez, Potter. Vous êtes le héros de la journée et je suis sûr que vos amis sont impatients de vous voir.
Harry suivit Rogue et trouva l'infirmerie en effet remplie de monde, mais personne ne remarqua Harry et Rogue arriver. L'attention de tout le monde était focalisée sur Fred et George qui étaient en pleine reconstitution de la bataille contre Day en Cornouailles. Harry observa, le sourire aux lèvres, et explosa de rire devant leur imitation improbable de Day qui se pavanait, recouvert de plumes de poulet.
— Harry ! cria soudainement quelqu'un, interrompant le spectacle. Harry est ici !
Tout le monde se retourna vers Harry, et comme cela s'était produit au Ministère, Harry se retrouva soudainement entouré de ses amis et camarades de classe regroupés pour le féliciter de sa victoire sur Voldemort.
Ginny se fraya un chemin dans la foule et le serra sauvagement dans ses bras.
— Je savais que tu pouvais le faire, Harry !
L'amour et la joie firent bondir le cœur d'Harry et enfin, il réalisa. Ils étaient libres. Pour la première fois, il pouvait vraiment vivre sa vie. Harry sourit, attrappa Ginny et la fit tourner, puis l'embrassa passionnément, savourant la joie de savoir qu'ils avaient toutes leurs vies devant eux.
— Hé, ça suffit vous deux ! dit George. Vous aurez plein de temps pour cela plus tard.
— C'est vrai, dit Fred, Tu dois t'y mettre mon pote. Dumbledore est parti pour la Grande Salle pour annoncer à tout le monde que tu as vaincu Voldemort, donc il est grand temps que tu ailles pour y figurer dans ton rôle de Sauveur de Notre Monde.
Harry grimaça.
— Je ne suis pas le "Sauveur de Notre Monde" ! Vous étiez tous géniaux ! Je n'aurais pas pu vaincre Voldemort sans vous tous. Tout le monde a joué un rôle dans sa chute. Chacun d'entre vous est un héros.
— Bien entendu, dit Fred gaiement. On le sait bien.
— Mais c'est comme au Quidditch, Harry, dit George. Peu importe qu'on ait tous parfaitement joué, on avait besoin de toi pour attraper le Vif d'Or.
— Et tu viens de nous faire gagner la putain de Coupe de Quidditch, mec !
Avec cela, Fred et George attrapèrent Harry, le hissèrent sur leurs épaules et le portèrent hors de l'infirmerie, suivis du reste des élèves, riant et criant de joie sur leur chemin.
Le petit déjeuner fut très élaboré, pour être à la hauteur de l'événement. Les elfes de maison, qui avaient été prévenus, avaient installé d'énormes plats en or débordant de la meilleure nourriture que Poudlard avait à offrir, ainsi que des coupes en cristal remplies de champagne pétillant pour ceux en âge de boire, et de jus de citrouille pour les autres.
L'ambiance dans la Grande Salle était encore plus exaltante que ce que Rogue se souvenait de la première chute du Seigneur des Ténèbres seize années plus tôt - probablement parce que leur conquérant, leur héros, était là, parmi eux, cette fois-ci. Pratiquement chaque personne voulait féliciter Potter personnellement. Tandis que des rires, des acclamations passagères et des chansons impromptues emplissaient la salle, des foules de personnes se rassemblaient autour du jeune homme.
Il semblait que Potter serait toujours une célébrité, mais Rogue ne ressentait aucun ressentiment à ce propos. Le jeune homme méritait toutes les accolades que l'on pourrait lui offrir pour tous les jours à venir et Rogue n'avait aucune envie de partager sa gloire, spécialement parce qu'elle semblait submerger totalement Potter. Ses yeux étaient fuyants, il semblait toujours chercher un moyen d'échapper aux éloges incessants. Rogue savait qu'il n'aurait pas non plus apprécié ce genre d'attention. Il était plutôt content d'avoir joué un rôle secondaire dans la chute du Seigneur des Ténèbres et tirait énormément de fierté à avoir enfin rendu justice à Lily.
Il avait gardé sa promesse envers elle, même si, pour être honnête, il savait qu'il ne s'agissait plus de Lily depuis un long moment. Il n'avait même pas pensé à elle dans le paysage de l'âme du Seigneur des Ténèbres. Seul Harry lui importait à cet instant, mais il savait que cela n'aurait pas dérangé Lily.
Rogue fronça les sourcils, réalisant qu'il venait de penser à Potter en l'appelant Harry, mais il mit ce lapsus mental sur le coup du bouleversement émotionnel qu'il avait subi durant la dernière journée et demie. Il se sentait complètement vidé et étrangement nostalgique. Il ne serait même pas apparu à cette manifestation de joie -bien trop excessive pour lui - si McGonagall ne l'avait pas surpris à essayer de s'enfuir vers les cachots.
— La totalité de l'Ordre reste, Severus. Ne voulez-vous pas au moins être présent pour le discours de Dumbledore ?
— Pas particulièrement. Je sais déjà ce qui est arrivé.
La Directrice Adjointe n'avait pas été amusée par sa réponse et l'avait pratiquement traîné jusqu'à la Grande Salle. Heureusement, il était assis à la table des professeurs où ses collègues savaient qu'il valait mieux éviter de tendre l'oreille dans sa direction et espérer de lui une conversation superficielle. Ils l'avaient chaleureusement félicité pour son rôle dans la bataille et l'avaient ensuite ignoré, ce qui lui allait parfaitement. Cela lui donnait du temps pour penser.
Rogue se demandait s'il était vrai que donner à Lily le choix de vivre ou mourir avait été la clé de la survie de Potter cette terrible nuit. Étant donné toutes ses erreurs, ses choix terribles et ses actions abominables, il semblait impossible que quoi que ce soit qu'il ait fait ces jours-là ce soit avéré bon. Il était également difficile de croire que la décision d'un homme paniqué, prise en une fraction de seconde de sa part, ait pu changer le cours de l'histoire. Encore une fois, le destin semblait avoir un étrange sens de l'humour parfois. Le fait qu'il soit toujours en vie - un concept auquel il avait encore du mal à se faire - devait être l'idée que quelqu'un se faisait d'une mauvaise plaisanterie.
De bien meilleures personnes que lui étaient mortes au service de leur cause et même du côté des Ténèbres, des gens avec de plus grandes raisons de vivre que lui avaient péri. Rogue regarda la table de Serpentard où ses élèves étaient considérablement moins enthousiastes que le reste de leurs camarades de classe. La plupart étaient tout aussi soulagés que le Seigneur des Ténèbres soit tombé, mais beaucoup avaient suffisamment de liens personnels avec les Mangemorts pour être inquiets, et cela jetait une ombre sur la maison toute entière. Pire, Rogue ne savait que trop bien que leurs peurs étaient justifiées.
Drago Malfoy était déjà rentré chez lui pour aider sa mère à arranger les funérailles de son père. Aucune annonce officielle n'était encore venue pour les autres, mais Rogue était au courant. Gregory Goyle, Vincent Crabbe et Theodore Nott avaient perdu leurs pères, Todd Boles et Patricia Mellette, leurs frères. Une autre dizaine avaient perdu des cousins, des oncles, des tantes. Et il allait avoir à, d'une façon ou d'une autre, annoncer la nouvelle à chacun d'entre eux parmi les festivités et avant qu'ils le lisent dans les journaux. Charmant.
Quoi qu'il en soit, Rogue était habitué à ce genre de tâches tristes et ingrates. Ce qui le rendait malade était que ces serviteurs du Seigneur des Ténèbres avaient de la famille qui les aimaient et les pleureraient. Pas lui. Il n'avait personne - pas d'amis, pas de famille. Dumbledore tenait à lui, bien entendu, mais le vieil homme tenait à tout le monde. Quant à Potter, il y aurait toujours un lien entre eux, mais le jeune homme quitterait Poudlard dans moins de deux mois et avait beaucoup d'amis de son âge avec qui passer son temps. Rogue pouvait s'attendre à une lettre à Noël, mais ce serait toute la mesure de leur relation future, il en était certain. Potter avait sa propre vie à mener.
Qu'est-ce que qu'il me reste ? C'était la question qui le dévorait de l'intérieur. Pendant dix-huit ans, il avait été téléguidé par son besoin coupable de faire tomber le Seigneur des Ténèbres et avait expié ses erreurs passées. Cela avait été sa seule raison de vivre et désormais, soudainement, cette raison n'avait plus lieu d'être. Même son travail ne lui procurait aucune base solide pour se remettre. Enseigner à Poudlard n'avait été qu'une convenance, lui permettant de continuer à espionner leurs ennemis tout en lui fournissant la protection Dumbledore. Cet intérêt avait également disparu et il se sentait perdu. Pourquoi j'ai survécu alors que je n'ai aucune raison de vivre ?
— Chocolat ?
Rogue leva les yeux de sa rêverie lugubre pour les poser Lupin qui s'asseyait à une chaise vide à côté de lui. Il souriait et tenait dans ses mains la plus grosse barre de chocolat que Rogue n'avait jamais vue.
— Non, merci.
— Allez, Severus. Tu as l'air épuisé.
Elle était bonne celle-là, venant de Lupin, pensa Rogue. Il avait l'air crevé. Rogue n'avait cependant pas suffisamment d'énergie pour discuter, donc il accepta le chocolat offert et en prit une bouchée prudente. Il lança un regard en coin à Lupin qui observait les élèves avec affection et ne montrait aucune intention de partir.
— Ne devrais-tu pas être avec Potter ? On dirait qu'il aurait bien besoin que quelqu'un le sauve de ces Poufsouffles.
Lupin ricana.
— Ron et Hermione font attention à ce qu'il ne reste pas coincé par le même groupe trop longtemps. Regarde, ils arrivent maintenant.
En effet, Weasley et Granger s'étaient faufilés pour parvenir à s'immiscer entre Potter et le groupe de troisièmes années qui les suivaient. Lupin tendit la main pour attraper une pomme d'un plateau de fruits, mordit dedans et s'adossa dans le dossier de sa chaise. Rogue serra les dents, agacé. Il n'avait rien à faire de la compagnie de Lupin dans un bon jour, et aujourd'hui n'était pas un bon jour. Pire, rien que penser à ce que Lupin l'avait vu traverser au Ministère le révoltait intérieurement, même s'il refusait de le montrer.
Ces derniers instants dans l'esprit de Voldemort avaient été les plus horrifiants qu'il n'avait jamais vécus. En tombant dans le noir gelé du gouffre, il avait été entouré d'une enveloppe de désespoir et de terreur comme il n'en avait jamais ressentis. Il n'y avait eu aucun soulagement, aucun répit à ses souffrances. Mais, juste au moment où il allait être rendu fou par le désarroi, l'emprise de Voldemort sur lui avait, de manière totalement inattendue, disparue, et il avait émergé du cauchemar comme un homme noyé à la recherche d'air. Il avait hurlé et combattu les mains qui le tenaient tranquille, certain qu'elles allaient le conduire à nouveau dans le néant. Il avait été tellement pris par sa terreur qu'il avait failli ne pas remarquer que quelqu'un criait son nom et lui disait que tout allait bien.
Finalement, les mots avaient fini par pénétrer son esprit, même si leur signification ne lui avait pas importé sur le coup. C'était la voix - une voix humaine qui lui parlait - qui avait balayé ses peurs. Le son était plus doux que le plus beau chant de phénix, et allongé là, tremblant dans les ruines du bureau du DSP, Rogue avait pleuré de soulagement.
— Ne me laissez pas tout seul ! S'il vous plaît je ne veux pas être seul !
— Tu n'es pas seul, Severus. Je te le promets.
Rogue avait fini par réussir à se ressaisir et avait balbutié une excuse vague, disant avoir subi les affres de la mort de Voldemort, mais il avait été trop choqué pour sentir la douleur de l'humiliation du spectacle dont Lupin avait été témoin. Maintenant, il la ressentait pleinement et, autant qu'il détestait se voir chasser de la table des professeurs par ce maudit bonhomme, c'était mieux que de souffrir sa présence. Avant que Rogue ne puisse partir, cependant, Lupin reprit la parole.
— Combien de vos élèves ont été touchés ? demanda-t-il à voix basse, lançant un regard à la table de Serpentard.
— Ce ne sont pas vos affaires.
— Certain d'entre eux ont été mes élèves également, Severus, lui rappela Lupin.
Rogue tergiversa un peu plus, mais réalisa qu'il finirait par le découvrir bien assez tôt.
— Vingt d'entre eux ont perdu des parents proches.
Lupin soupira.
— Quand avez-vous l'intention de leur dire ?
Quand je pourrai le supporter.
— Quand le temps sera le bon. Qu'est-ce que ça peut vous faire ?
— Rien, j'imagine. C'est juste qu'ils ne méritent pas ce chagrin, surtout avec tout le monde qui fait la fête.
— Non. C'est vrai. Mais la vie est injuste.
Rogue se leva pour prévenir toute conversation supplémentaire et s'éloigna d'un pas raide, se retraitant dans la salle des professeurs juste derrière la Grande Salle. La pièce était vide et la solitude et le calme le soulagèrent, après les célébrations tonitruantes de la salle. Malheureusement, ce fut de courte durée.
— Severus ?
Lupin l'avait suivi et Rogue lui lança un regard noir.
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Ce n'est pas de ta faute s'ils sont morts.
Rogue tressaillit.
— Quoi ?
— Les Mangemorts. Ne culpabilise pas pour ce qui leur est arrivé.
— Pourquoi je culpabiliserai ?
Lupin haussa les épaules.
— Culpabilité du survivant. Je ne vais pas prétendre comprendre ce qui t'est arrivé au Ministère, mais on aurait dit que tu étais allé faire un tour en enfer avant de revenir parmi nous.
— Je t'ai dit que ce n'était qu'une conséquence de la mort du Seigneur des Ténèbres. L'éradication de la Marque des Ténèbres n'était pas très agréable.
— Je sais ce que tu m'as dit. Je sais également que toutes les autres personnes qui portaient la Marque des Ténèbres sont mortes. Je ne suis pas stupide, Severus.
Non, pensa Rogue, le dévisageant en silence. Lupin était bien trop intelligent.
— Je sais ce que c'est d'être le dernier homme debout, continua-t-il. Après la mort de James et Lily, j'ai passé des mois à me demander pourquoi j'étais toujours en vie. Quelle cruelle perversité du destin avait emmené les meilleures personnes que je connaissais et m'avait laissé derrière, à les pleurer tout seul ? Tu n'étais peut-être pas personnellement attaché à une seule des personnes qui sont mortes, mais je sais que tu tiens à tes élèves et, dans tous les cas, il n'est jamais facile d'être l'unique survivant.
Rogue répliqua avec sarcasmes.
— Lupin, il y a beaucoup de choses pour lesquelles je culpabilise, mais les choix des autres n'en font pas partie. Ceux qui sont morts, sont morts parce qu'ils ont choisi de se joindre aux rangs du Seigneur des Ténèbres.
— Très bien, lui accorda Lupin calmement. Alors si ce n'est pas de la culpabilité, qu'est-ce que c'est ? C'est une occasion heureuse, Severus, la plus heureuse depuis seize ans, et pourtant tu as l'air misérable.
Rogue lui lança un nouveau regard noir. Il détestait la considération naïve de Lupin qui n'avait qu'un seul effet : exposer sa douleur. Il le détestait parce qu'il avait des amis et qu'il était heureux. Le détestait d'avoir un futur quand Rogue était incapable de voir plus loin que le vide à l'intérieur de lui. Et soudainement, il souhaitait blesser cet homme, lui faire goûter la douleur qu'il avait connue pendant si longtemps, et l'absence de cette douleur qui lui laissait désormais un trou béant, là où sa vie aurait dû se situer.
Rogue s'approcha de Lupin et le regarda droit dans les yeux.
— Ce n'est pas le destin qui t'a pris tes amis. C'est moi. Je suis l'espion du Seigneur des Ténèbres, celui qui a entendu la prophétie et lui en a parlé. Donc épargne-moi ta sympathie.
Lupin fixa Rogue un long moment dans un silence pétrifié, puis laissa échapper un profond soupir et passa une main dans ses cheveux. Il se retourna, hochant la tête.
— Ça explique beaucoup de choses, dit-il doucement. Il reposa les yeux sur Rogue. J'aimerais pouvoir dire que je suis surpris... Harry est au courant ?
Rogue détourna les yeux.
— Oui.
— Et ?
— Il est le fils de sa mère.
Le soulagement afflua jusqu'aux yeux de Lupin et il soupira à nouveau.
— Dieu soit loué pour ça.
Rogue le regarda, incrédule. Il arrivait à rationaliser le pardon de Potter. Il avait hérité de la générosité d'esprit extraordinaire de sa mère et Rogue avait effectivement risqué sa vie pour Potter plus d'une fois, ce qui comptait forcément pour quelque chose. Mais il n'avait jamais rien fait pour gagner la tolérance de Lupin. Pourquoi le pardonnerait-il ?
— Tu t'en fiches ? C'était tes meilleurs amis et ça n'a pas d'importance ?
— Ce qui est fait est fait, Severus, dit Lupin avec lassitude. Je sais que tu le regrettes, mais tu ne peux pas changer le passé, peu importe à quel point tu es désolé, alors à quoi cela servirait-il de te tenir responsable ?
Les lèvres de Rogue se courbèrent avec mépris.
— Tu es encore plus faible que ce que je croyais.
— Pourquoi ? Parce que je refuse de te haïr ? Si ça me rend faible à tes yeux, alors qu'il en soit ainsi. Mais j'ai passé bien trop de temps dans ma vie à être haï pour quelque chose que je souhaiterais changer, mais que je ne peux pas. Je ne suis pas hypocrite au point de faire traverser cela à d'autres. Tu ne peux pas plus changer le passé que je ne peux changer ma condition de loup-garou. Si tu veux vraiment être haï, je suis sûr que tu trouveras des personnes pour te satisfaire, mais je n'en ferai pas partie. Si on n'est pas capable de pardonner, alors autant laisser Voldemort gagner.
Rogue fut pris au dépourvu par la détermination à la fois calme et farouche de Lupin. Il avait toujours pris sa nature gentille et extrêmement arrangeante pour une faiblesse : la timidité d'un homme qui ne voulait pas être mal aimé. Mais Rogue se rendit compte qu'il s'était trompé. Lupin n'était plus le petit garçon qui avait peur de s'élever contre ses amis. Une vie de persécution lui avait seulement donné la détermination d'être meilleur que ceux qui le regardaient de haut et Rogue ressentit comme une piqûre de honte en réalisant qu'il en avait fait partie.
— Ne perds pas ta compassion avec moi, Lupin.
— C'est bien plus difficile de détester que de pardonner, Severus, et franchement, je n'ai pas l'énergie de garder de vieilles rancœurs comme tu le fais.
Rogue sourit amèrement.
— Numéro un parmi mes nombreux talents.
— Oh, je ne sais pas. Je compterais peut-être plutôt ta langue bien aiguisée en premier lieu.
— Tu ne peux jamais être sérieux ? cassa Rogue.
— Tu ne peux jamais accepter une plaisanterie ? riposta Lupin. Severus, il est évident qu'Harry ne retient pas le passé contre toi. Pourquoi t'accroches-tu à cette culpabilité ?
Rogue se retourna, soudainement fatigué de la conversation et donna une réponse honnête, puisque c'était la plus simple.
— Parce que c'est tout ce que j'ai.
Il aurait aimé que Lupin ait le bon sens de partir, mais il vint à la place se placer à côté de lui. Rogue l'ignora, dévouant toute son attention à examiner la peinture d'une vallée accrochée sur le mur. Lupin regarda la scène également.
— Severus, je sais ce qu'est la perte d'un ami, je connais la solitude.
— Non, tu n'en sais rien, murmura Rogue. Tu ne sais pas ce qu'est la solitude. C'est l'enfer.
— Quoi ?
— La solitude. Je l'ai vue, je l'ai sentie. Tu es seul dans un néant absolu, sans même un ennemi ou un tourmenteur pour te tenir compagnie, sans rien à toucher, sans un seul son ou même souffle d'air pour te distraire du fait d'être complètement et éternellement seul, coupé de toute personne et de toute chose. Rogue ferma les yeux, réprimant un frisson au souvenir. Je ne veux pas finir comme ça.
— Mon dieu, souffla Lupin. Severus, tu ne finiras pas comme ça ! Il attrapa fermement l'épaule de Severus et parla avec émotion. Ecoute-moi. Je sais ce que c'est d'être seul et convaincu que tu le seras pour toujours. Quand je suis arrivé à Poudlard en tant qu'élève, j'étais terrifié que mes camarades de maison découvrent que j'étais un loup-garou et que je sois forcé de quitter l'école. Je n'ai jamais cru une seule fois qu'un seul d'entre eux m'accepterais pour ce que je suis. Le jour le plus terrifiant et le plus libérateur de ma vie a été le celui où James et Sirius m'ont dit qu'ils connaissaient mon secret et que ça n'avait pas d'importance. Tes secrets n'ont pas plus d'importance, Severus. Tu dois lâcher prise.
Rogue observa Lupin. Il y avait une inquiétude véritable dans ses yeux et Rogue se souvint soudainement avoir vu la même inquiétude au Ministère quand le Seigneur des Ténèbres avait revendiqué son âme.
— Pourquoi c'est important pour toi ?
Lupin sourit tristement.
— Pourquoi pas ? On partage les mêmes objectifs, les mêmes sacrifices, les mêmes souvenirs - quelle raison supplémentaire devrait-il y avoir ?
Rogue le regarda encore, sceptique. Était-ce vraiment si simple ? L'amitié n'était-elle vraiment rien d'autre que partager les joies et les peines de la vie avec quelqu'un d'autre ?
— Il faut que j'y aille, Severus, dit Lupin, jetant un coup d'œil à une vieille pendule sur le manteau de la cheminée. C'est la pleine lune ce soir et si je ne me repose pas un peu, je vais le regretter. Mais je viendrai te voir dans quelques jours et on reparlera.
— Lupin, ce n'est pas nécessaire.
— Je n'ai jamais dit que ça l'était.
Lupin lui donna un sourire étincelant, mais il y avait une lueur féroce dans ses yeux, indiquant qu'il n'accepterait pas un refus. Il se retourna pour partir et il était presque à la porte quand Rogue parla.
— Lupin... Remus, merci.
Lupin regarda Rogue et sourit.
— Je t'en prie, Severus.
Lupin sortit et Rogue revint dans la Grande Salle où les festivités allaient toujours bon train. Elles ne lui tapaient plus sur les nerfs. Il s'approcha de la table de Serpentard où Crabbe et Goyle étaient assis l'un à côté de l'autre, ayant l'air plutôt perdus sans Malfoy avec eux. Autant commencer par le plus difficile, décida Rogue. Il arriva derrière les deux jeunes hommes et posa une main sur une épaule de chacun. Ils levèrent les yeux d'un air interrogateur.
— M. Crabbe, M. Goyle, dit Rogue gentiment. Il faut que je vous voie dans mon bureau, tous les deux.
Harry n'avait pas dormi depuis presque vingt-quatre heures et entre son combat contre Voldemort et avoir passé la moitié de la matinée à être félicité, il était épuisé quand il tomba enfin dans son lit. Il s'endormit immédiatement et ne se réveilla pas avant l'heure du dîner. Pendant un moment, il considéra sérieusement l'idée de simplement se retourner et se rendormir, mais en pensant à la nourriture, son estomac se mit à grogner avec espoir, donc il s'habilla et descendit à la Grande Salle.
Harry fut surpris de trouver tout le monde à lire le journal, mais Hermione lui expliqua pourquoi pendant qu'il prenait place face à elle à la Table de Gryffondor.
— Édition spéciale de la Gazette du Sorcier, dit-elle, reposant son propre exemplaire.
— Qu'est-ce qu'ils disent ? demanda-t-il.
— Beaucoup de choses superficielles. L'Histoire de l'Ordre du Phénix et le rôle qu'ils ont joué dans la guerre ainsi que dans la bataille finale. Rien de trop confidentiel, ajouta Hermione en voyant le regard consterné d'Harry. Et beaucoup de compliments pour toi, évidemment. On dirait qu'à peu près toutes les personnes au Ministère veulent qu'on les entende dire que tu es un héros.
Harry leva les yeux au ciel et il aperçut plusieurs chouettes entrer dans la salle pour amener encore plus de journaux. Combien d'éditions spéciales ont-ils besoin de sortir pour une seule journée ? se demanda Harry. Mais ce n'était pas la Gazette. En voyant Seamus déplier son exemplaire, Harry reconnut la couverture du Chicaneur.
— Enfin ! dit Seamus. Là on va avoir de vraies nouvelles.
Harry ne savait pas vraiment ce qu'il y avait à ajouter. Il n'avait pas lu le journal lui-même, mais Voldemort était mort. Qu'y avait-il à dire de plus ? Après un petit moment, Seamus siffla lentement.
— Ça alors ! dit Seamus. Soixante-trois Mangemorts sont morts la nuit dernière.
— Quoi ? dit Harry. Ce n'est pas possible ! Harry avait rencontré environ trente Mangemorts au total. Même en ajoutant les victimes de la bataille contre l'Ordre, soixante-trois semblait un peu excessif.
— Ils disent que quarante-trois sont morts au Ministère et vingt de plus à Azkaban, dit Seamus.
— Azkaban ? dit Dean. Comment on peut se faire tuer là-bas ?
— C'était Knight. Écoutez ça.
Dans une initiative audacieuse, Katrina Knight, aka la Justicière des Mangemorts, a infiltré Azkaban et a stupéfixié un des Aurors de service. Elle a ensuite utilisé du Polynectar pour prendre sa place et a tué méthodiquement chacun des Mangemorts emprisonnés.
Il y eut des bruits choqués et Seamus continua :
Même si le Ministère dément formellement tout association avec l'ancienne Auror, l'attaque des prisonniers - effectuée avec un timing coïncidant parfaitement avec la bataille du Ministère - défie toute coïncidence. "Clairement, les efforts devaient être coordonnés ", a déclaré Chumley Gillfsh du Bureau de Surveillance des Prisons.
— Mais pourquoi quelqu'un au Ministère voudrait tuer des prisonniers ? demanda Lavande. Ça n'a aucun sens.
— Ce ne pouvait pas être le Ministère, dit Neville. Ils ne savaient pas qu'Harry allait attaquer Vous-Savez-Qui.
— Quelqu'un devait savoir et l'a prévenue, dit Dean. C'est impossible que ce soit une coïncidence.
— Peut-être que c'était un des Aurors qui travaillent pour l'Ordre du Phénix, suggéra Neville.
— Tu as raison, dit Seamus. On dirait bien que ce groupe a de bonnes connexions, et dans tous les cas, je suis sûr que beaucoup d'Aurors sont toujours avec Knight. Quelqu'un devait probablement vouloir une dernière vengeance avant la fin de la guerre.
Harry écouta l'échange en silence, mais il savait qu'aucun Auror n'avait prévenu Knight. Il n'y avait qu'une seule personne en position de fournir du Polynectar à Knight, et à être également au courant de l'importance de réduire le nombre de Mangemorts - Rogue.
Harry s'attendait à être horrifié par la révélation, mais il ne l'était pas. Il avait à peine survécu à sa bataille contre Voldemort en l'état des choses. Il ne s'en serait jamais sorti avec encore une vingtaine de Mangemorts à gérer en plus. Et bien entendu, Rogue avait anticipé. Comment il avait réussi à contacter Knight et à lui transmettre une dose de Polynectar, sans parler de la convaincre qu'elle n'allait pas tomber dans un piège à Azkaban, Harry n'en avait pas la moindre idée, mais Rogue était un homme plein de ressources. Il n'aurait pas survécu à son rôle d'espion contre Voldemort dans le cas contraire.
Harry leva les yeux vers la table des professeurs et ne fut pas surpris de voir l'homme en question l'observer. Ce qui le surprit était la franchise qu'il lisait dans ses yeux. Il attendait la réaction d'Harry à la nouvelle du journal et ne prenait pas la peine de prétendre le contraire. Quelque chose dans le simple fait d'admettre qu'il se souciait de son opinion toucha Harry. Il lui sourit légèrement, à la fois en réponse à sa question silencieuse et en reconnaissance de son honnêteté et Rogue reporta son attention à son dîner.
Harry s'occupait de remplir son assiette de tourte à la viande de bœuf et aux rognons tout en s'émerveillant des nombreux aléas du destin qui, mis ensemble, lui avaient permis de vaincre Voldemort. Malgré les actes horribles commis par Katrina Knight pour de mauvaises raisons, elle avait vu juste d'une façon un peu tordue et sa soif de vengeance avait fini par les aider. Il se demandait où elle se trouvait désormais et ce qui pourrait lui arriver si jamais elle se faisait attraper. Il se surprit à espérer qu'elle n'aille pas en prison à vie. Il ne ressentait plus de colère envers elle, seulement de la pitié. D'une façon, elle n'était qu'une victime de plus de cette guerre. C'est ce qui rendait la guerre si horrible : ses plus grandes horreurs n'étaient pas les morts et les destructions infligées par l'ennemi, mais ce que des personnes très bien pouvaient être poussées à faire pour se défendre.
— Voilà la rubrique nécrologique pour les Mangemorts, dit Seamus, étalant le journal sur la table pour que tout le monde autour de lui puisse voir.
— On dirait le fichu Qui est Qui, non ? dit Ron en parcourant les noms.
— La moitié des familles de Sang Pur doivent être représentées, approuva Dean.
Neville fronça les sourcils d'un air pensif puis parcouru la salle des yeux.
— Vous avez remarqué que beaucoup de Serpentards sont absents ?
Tout le monde suivit le regard de Neville et Harry réalisa qu'il avait raison. Il y avait bien trop de sièges vacants à la Table de Serpentard. Dans toute la Grande Salle, de plus en plus d'élèves semblaient arriver à la même conclusion. Tout le long des tables de Gryffondor, Poufsouffle et Serdaigle, les têtes se tournaient vers celle de Serpentard.
Harry reposa les yeux sur la longue liste des noms imprimés en trois grandes colonnes dans le journal. Beaucoup trop d'entre eux lui étaient familiers, et soudainement, il comprit exactement ce que Rogue voulait dire quand il avait parlé des différences entre les victimes sans noms et celles qu'il connaissait. Tous ces Mangemorts qu'Harry avait vu mourir - ils n'avaient pas été que des ennemis anonymes. Ils étaient des parents, des frères et sœurs, tantes et oncles : tous disparus en une nuit. Et Harry ne pouvait s'empêcher de se demander, horrifié, combien des proches de ses camarades de classe il avait pu tuer.
Ginny prit la main d'Harry et la serra dans la sienne.
— Ce n'est pas de ta faute, Harry, dit-elle à voix basse.
Harry regarda ses yeux chauds couleur noisette et hocha la tête.
— Je sais.
C'était vrai. Harry comprenait qu'il n'y avait eu aucun autre moyen de vaincre Voldemort et il comprenait également quelque chose d'autre. Il allait faire tout ce qui était en son pouvoir pour s'assurer qu'aucun autre Mage Noir ne regagne un jour le même pouvoir que Voldemort. Le mal ne pouvait jamais être complètement éradiqué, Harry le savait, mais il devait y avoir un moyen de le tenir à distance. Sinon, la société magique continuerait de vivre guerre après guerre pour toujours et Harry refusait d'accepter cette idée. Plus jamais. Pas si je peux y faire quelque chose.
Ils avaient de la chance qu'il reste encore une semaine de vacances de Pâques avant la reprise des cours à Poudlard puisqu'il était inenvisageable que les leçons ait pu suivre leur cours durant les jours suivant la chute de Voldemort - ou du moins, il aurait été impossible à Harry d'assister à un seul cours. Des visiteurs allaient et venaient en permanence à Poudlard et la plupart étaient là pour le voir.
Des journalistes avaient immédiatement assiégé le château après la chute de Voldemort et refusaient de partir malgré Dumbledore et McGonagall qui leur interdisaient de parler à Harry. Les professeurs les avaient chassé inlassablement, mais ils n'arrêtaient pas de revenir et, à moins de garder l'école comme une prison, il n'y avait aucun espoir de les empêcher d'entrer. Dans l'esprit de célébration qui régnait, Dumbledore n'avait pas envie de recourir à de telles méthodes, mais cela signifiait en contrepartie qu'Harry était prisonnier à l'intérieur du château. Il ne pouvait pas aller se promener près du lac ni même au terrain de Quidditch pour s'entraîner sans craindre d'être accosté par quelqu'un qui rôdait derrière les buissons avec son appareil photo.
Les officiels du Ministère étaient encore plus dérangeants que les journalistes. On ne pouvait pas les renvoyer et Harry passa des heures à répondre à leurs questions et à poser pour des photos. Par dessus le tout, il était inondé de courriers d'admirateurs de tout le continent. Il avait embauché Ginny, Ron et Hermione à l'aider à lire toutes les lettres, mais cela lui prenait toujours au moins une heure par jour.
Puis, il y avait des invitations à des repas et des dîners tenus en son honneur par diverses organisations influentes et des particuliers. Harry les refusa toutes, mais il savait qu'il ne pouvait pas rechigner pour la cérémonie officielle qui aurait lieu au Ministère.
— Ce ne sera pas si grave, Harry, dit Hermione. Ron et moi serons là, avec presque la totalité de l'Ordre du Phénix. Tous ceux qui se sont battus au Ministère recevront l'Ordre de Merlin, Première Classe et des Ordres de Seconde Classe seront attribués à tous ceux qui ont été "matériellement utiles". Donc ça englobe à peu près tout le monde.
— Bien. J'irai à cette cérémonie de récompense, mais pourquoi faut-il que j'aille à ce fichu dîner ? se plaignit Harry, brandissant l'invitation incriminée.
— Parce que tu es l'invité d'honneur, fit remarquer Ron. Il leva sa propre invitation, s'éclaircit la gorge pour l'effet dramatique et se mit à lire. Pour témoigner de notre reconnaissance éternelle pour sa victoire contre le Mage Noir Voldemort, le Ministre de la Magie décerne à M. Harry Potter l'Ordre de Merlin, Première Classe avec Distinction Spéciale pour Services Rendus. Ron regarda Harry à nouveau. Ça veut dire qu'il faut que t'y ailles mon pote.
Harry soupira, mais il savait que Ron avait raison. Il n'y pouvait rien, donc autant qu'Harry détestait l'idée de passer une soirée à serrer la main de parfaits étrangers pendant que des journalistes prenaient des photos, il enfila ses robes habillées vendredi soir et se dirigea vers le Ministère en compagnie de Ron, Hermione, Dumbledore et Rogue.
La cérémonie de récompense en elle-même n'était pas si mal, à part les dix minutes de discours du Ministre, vantant l'héroïsme d'Harry. Harry essaya de ne pas gémir de tout le discours et fut certain d'apercevoir Rogue afficher un sourire narquois en une ou deux occasions. Mais il adora regarder Ron, Hermione et tous les membres de l'Ordre recevoir leurs récompenses.
Le dîner, au contraire, démarra de manière encore pire que ce qu'Harry avait imaginé. En tant qu'invité d'honneur, il dut rester debout devant une interminable file d'attente, apparemment pour qu'aucun des invités ne rate l'opportunité de lui serrer la main. Pendant que ses amis traînaient dans la pièce, un officiel du Ministère présentait chaque personne à Harry.
"Mabel Precott, éditeur de la Gazette du Sorcier. "
— Un honneur, M. Potter !
— Merci.
"Emma Wilkes, Directrice de l'Institut des Afflictions Rares et des Maladies Mystérieuses de Ste Mangouste. "
— Un très grand honneur, M. Potter !
— Merci.
"Timmons Peeble, membre du Magenmagot."
— Magnifique, Potter. Bien joué.
— Merci, monsieur.
Enfin, le dernier invité : "Mercurial Babbit, producteur exécutif de la Radio Indépendante à Transmission Magique" lui fut présenté.
— Un très grand honneur, M. Potter.
— Merci.
Et Harry était libre. Il partit à la recherche de Ron et Hermione, mais ne semblait pas capable de faire deux pas sans être arrêté par quelqu'un dont il n'avait pas pris la peine de retenir le nom. Bizarrement, ils semblaient tous vouloir lui offrir du travail.
— Vous seriez une extraordinaire addition à l'équipe de la RITM. Les gens écouteraient juste pour le son de votre voix.
— Merci, je garderai cela à l'esprit.
— Vous seriez un très bon atout pour notre département au Ministère, Potter.
— J'y réfléchirai.
— Vous seriez très utile à Ste Mangouste, Potter.
Ce dernier commentaire était si ouvertement ridicule qu'Harry ne put s'empêcher de le faire remarquer.
— Je n'y connais rien en médecine, cassa-t-il, totalement à cours de patience.
— Non, non, mon garçon, vous avez mal compris. On vous mettrait en charge de la récolte des dons, bien sûr. Je suis sûr que les dons décolleraient !
— J'en suis sûr, dit Harry, les dents serrées.
Heureusement, le dîner fut annoncé avant que quelqu'un d'autre ne puisse l'approcher, mais, lorsqu'il tourna la tête, espérant enfin trouver ses amis, le Ministre de la Magie apparut.
— Venez, Potter. La place d'honneur vous est réservée.
Il lui sourit chaleureusement et désigna une longue table à l'avant de la salle. Harry sentit son estomac plonger.
— J'aimerais plutôt simplement m'asseoir à une des autres tables, dit Harry précipitamment.
— C'est absurde, Potter, dit le Ministre, guidant Harry à l'avant de la salle. Vous êtes la raison pour laquelle nous sommes tous ici. Pas que je n'admire pas votre modestie ! C'est la marque d'un véritable héros.
Le ministre prit sa place au centre de la table et fit signe à Harry de s'asseoir à côté de lui. Harry leva les yeux sur la mer de personne l'observant depuis les autres tables pendant que les journalistes le prenaient en photo. Il se sentait comme une sorte de créature exotique dans un zoo. Puis une main attrappa son épaule et Harry trouva les yeux d'un bleu étincelant de Dumbledore.
— La marque d'un véritable héros est sa capacité à sourire devant l'adversité, dit il avec un clin d'œil, puis il s'assit à la droite d'Harry.
Harry sourit, soulagé, et s'assit entre le ministre et Dumbledore.
A part le fait de se faire prendre en photo toutes les dix secondes, et d'avoir constamment l'impression d'être observé, le reste du dîner ne fut pas si pénible. Le Ministre était un homme affable et la compagnie de Dumbledore était toujours bienvenue, mais les deux hommes avaient tendance à parler par-dessus Harry, discutant des défis auxquels devaient faire face la communauté magique maintenant que Voldemort n'était plus là. Harry écouta la conversation, mais n'avait rien à ajouter et donc il resta assis en silence, essayant d'avaler un peu de nourriture entre les flashs d'appareils photo. Ce n'était pas complètement désagréable, mais il aurait largement préféré s'asseoir avec ses amis et les membres de l'Ordre. Du point de vue avantageux d'Harry, il pouvait dire qu'ils semblaient bien s'amuser.
Hermione et Ron étaient assis avec M. Weasley, Fred et George, Bill qui était là pour représenter Gringotts et deux sorcières de Ste Mangouste. Leur groupe ne semblait jamais arrêter de rire - aucune surprise étant donné la présence de Fred et George - et passait visiblement un bon moment. A deux tables d'eux, Rogue était assis avec Remus, Tonks, Kingsley Shacklebolt et plusieurs autres Aurors qu'Harry reconnaissaient comme membres de l'Ordre. Bien qu'ils étaient bien plus discrets que le groupe de la table des Weasley, ils avaient l'air détendus et leurs conversations ne s'interrompaient jamais. Même Rogue ne semblait pas ennuyé ni agacé. Lui et Remus étaient en pleine conversation et semblaient tous les deux ravis de la compagnie de l'autre.
— ... le DSP.
L'attention d'Harry revint sur les deux hommes assis de part et d'autre de lui tandis que le ministre continuait.
— Le département a les ressources nécessaires pour enfermer les partisans restants de Voldemort. Pas le service des Aurors. De plus, le DSP a une plus grande portée.
— Un peu trop grande, dit Dumbledore. Qu'un seul homme puisse abuser de son pouvoir à ce point, et au détriment de tellement d'autres, ne peut pas vraiment être ignoré.
— Day n'était pas l'homme de la situation, il n'y a pas photo.
— Certainement, mais, d'un autre côté, sa position est une tentation à l'excès. Notre monde a survécu à plus d'un Mage Noir par le passé, et sans DSP.
— Vous suggérez que le département soit démantelé ?
— Oui ! laissa échapper Harry. Ils ont bien trop de pouvoir dont ils ne font qu'abuser. Il devrait être entièrement dissout.
Le Ministre regarda Harry, pris au dépourvu, mais Dumbledore sourit.
— Vous voyez, Harry est du même avis.
— Oui, bon, je prendrai votre conseil en considération, Dumbledore.
Le Ministre lança à Harry un regard calculateur et se retourna vers la sorcière assise à côté de lui de l'autre côté.
— Je suis désolé si je vous ai interrompu, murmura Harry à Dumbledore.
— N'aie jamais peur d'exprimer ton opinion, Harry. Tout le monde ne sera pas d'accord avec toi, mais la plupart te respecteront pour tes convictions.
Harry n'avait jamais été plus heureux d'aller en cours qu'il ne le fut le lundi matin suivant. La reprise des cours dissipa rapidement toute discussion sur Voldemort, les devoirs et les examens reprenant un rôle central dans la vie des étudiants. Tous les professeurs semblaient plus exubérants et moins fatigués qu'à l'habitude. Même Rusard semblait avoir perdu le désir de distribuer des retenues au moindre écart de conduite d'un élève. Les maisons étaient plus proches qu'avant, également.
Même si personne n'en parlait, les pertes personnelles subies par beaucoup de Serpentards leur avaient attiré la compassion des autres maisons et cet excès de bonne volonté arriva à un moment où les Serpentards eux-même semblaient réajuster leurs priorités. Avec la défaite retentissante de Voldemort, les préjugés du sang qu'il soutenait étaient passés de mode. Ils n'avaient jamais rien eu d'universel dans la maison et ceux qui les reniaient le plus fort étaient ceux qui avaient subi les plus lourdes pertes. Les enfants des Mangemorts avaient perdu intérêt à appeler leurs camarades "Sang-De-Bourbe".
Surprenament, ceci était d'autant plus vrai pour Drago Malfoy, qui semblait avoir mûri du jour au lendemain. Le garçon suffisant et fanfaron qu'Harry connaissait avait disparu : à sa place se trouvait un sérieux jeune homme dont les yeux abritaient une certaine lassitude qu'Harry ne connaissait que trop bien. L'attitude de Malfoy à l'égard de Rogue avait également changé. Il n'y avait plus rien d'hostile dans ses manières, comme cela avait été si évident toute l'année. Lui et Rogue semblaient avoir à la place retrouvé quelque chose de leurs anciens rapports, ce qu'Harry ne trouvait pas surprenant.
Les Malfoy avaient été dans le journal. Lucius Malfoy, à la stupéfaction de tout le monde, avait été un espion pour l'Ordre du Phénix. Il avait été officiellement pardonné pour tous ses crimes, connus et supposés, et on lui accorda de manière posthume l'Ordre de Merlin, Troisième Classe.
C'était Rogue, cependant, qui semblait avoir le plus changé aux yeux d'Harry. Il y avait eu un changement subtil mais à la fois profond dans sa personnalité. Il était toujours caustique et exigeant, toujours un homme capable d'insinuer la peur dans le cœur d'un élève d'un simple regard ou faire taire sa classe d'un murmure. Mais il était bien moins rapide à perdre patience et moins prompt à crier sur un élève quand il le faisait. Son amertume et sa rage sous-jacentes, qui l'avaient souvent mené à des excès sadiques par le passé, et qu'Harry ne remarquaient que par leurs absences, avaient disparu.
Mais quelque chose d'autre manquait également, quelque chose qui était plus difficile à définir. Rogue avait toujours eu une certaine intensité qui l'entourait, une passion et une détermination qui étaient presque manifestes. Elles avaient également disparu, remplacée par une certaine mélancolie et une indifférence qui perturbaient Harry. Rogue ne semblait plus se soucier de rien. Parfois, Harry avait l'impression qu'il ne continuait que par habitude : qu'il se livrait à ses routines quotidiennes parce qu'il n'avait rien de mieux à faire.
Harry essayait d'ignorer le malaise de Rogue. Lui-même, il détestait les personnes qui l'étouffaient de questions à propos de ce qu'il avait traversé dans la bataille finale et de ce qu'il avait l'intention de faire dans sa vie maintenant que Voldemort était tombé. Il avait besoin de temps pour trouver les réponses par lui-même et il se disait que ce devait être pareil pour Rogue.
En attendant, Harry continuait de suivre les nouvelles de l'après guerre dans le Chicaneur et la Gazette du Sorcier. Tout allait bien. Harry fut particulièrement satisfait d'apprendre que le Département de la Sécurité Publique avait été démantelé et que Ian Day était inculpé pour abus de pouvoir.
Alors que les semaines passaient, Harry cessa de recevoir des lettres d'étrangers ou des invitations à dîner. Les officiels du Ministère trouvaient mieux à faire que de parler de lui et les journalistes ne venaient plus le prendre en photo durant les entraînements de Quidditch. Harry s'ajustait lentement à sa libération de Voldemort et au fait que le monde était en paix. Il commençait à sérieusement réfléchir à son futur, tandis que les articles au sujet de la guerre et les éditoriaux le présentant comme un héros disparaissaient petit à petit des journaux. Puis, inévitablement, après une attente interminable, un matin arriva sans que le nom d'Harry n'apparaisse dans les journaux et Harry sourit, soulagé que sa vie soit enfin redevenue normale.
Et pourtant, ce n'était toujours pas le cas pour Rogue, réalisa Harry en l'observant attentivement au petit déjeuner un matin. Il voyait toujours la même lassitude dans son regard lointain. Le vide dans ses yeux ne s'était pas estompé et Harry ne supportait plus de s'inquiéter pour lui plus longtemps. Clairement, laisser Rogue seul pour se sortir de sa dépression n'avait pas fonctionné, donc il fit la deuxième chose la plus évidente à faire - il alla voir Dumbledore.
Le vieux sorcier écouta patiemment ses craintes au sujet de Rogue puis sourit avec tristesse.
— Oui, Harry. Je suis bien conscient des difficultés que rencontrent Severus pour s'ajuster à la vie sans Voldemort. Il n'est pas rare que ceux qui ont passé des années à livrer une guerre se sentent perdus une fois cette guerre gagnée.
— Il faut du temps pour guérir une âme et reconstruire une vie, Harry. Severus doit retrouver un but, un défi qui le poussera dans ses derniers retranchements et qui l'inspirera autant que le faisait le combat contre Voldemort. Il a besoin - pardonne-moi, Harry, mais tu ne dois jamais lui dire que je t'ai dit cela - il a besoin qu'on ait besoin de lui. Severus a toujours tiré sa confiance en lui de ses habilités. Être le meilleur dans son domaine et être indispensable pour ses capacités : c'est ce qui lui donne sa confiance et sa raison de vivre. Hélas, j'ai peur qu'enseigner à Poudlard ne soit pas un défi suffisant pour lui. Je lui ai offert le poste de Défense pour l'an prochain, mais même cela n'a pas réussi à raviver son intérêt.
— Alors que pouvons-nous faire ?
— A l'instant présent, nous ne pouvons pas faire grand chose à part attendre. Mais ne désespère pas, Harry. La vie finit toujours par nous ramener à notre destin.
La fin des cours approchait à grands pas. En plus de passer leurs ASPIC, Harry et ses camarades étaient occupés à remplir des candidatures pour des postes qu'ils espéraient obtenir après l'école.
Ron postula au Ministère.
— Je ne peux pas être pire que la majorité d'entre eux et Papa dit qu'ils ont désespérément besoin d'aide.
— Oh, quelle confiance, Ron ! dit Hermione.
— Et toi alors ? Cela fait des mois que tu cherches toutes les positions disponibles, mais jusqu'à présent, tu n'as toujours pas réussi à postuler quelque part.
— Bien sûr que si ! J'ai envoyé quatre candidatures !
— Quand ? Tu ne nous as rien dit.
— La semaine dernière et je ne pensais pas que c'était important.
— Bien sûr que c'est important. Où as-tu postulé ?
Hermione se tortilla, gênée.
— Je ne veux pas en parler. Je ne veux pas me porter la poisse.
— Depuis quand tu es superstitieuse ? se moqua Ron. Allez, dis-nous.
— Non, insista Hermione. Je ne veux pas en parler Ron, c'est tout. Je te promets que tu seras le premier au courant si j'ai des offres.
— Si ? dit Ron, levant les yeux au ciel, exaspéré. Tu penses vraiment que quelqu'un va te refuser ? Tu es folle !
Hermione râla davantage.
— Je ne veux pas en parler, c'est tout. Harry, et toi ? Tu as eu une réponse du Service des Aurors ?
— Non, pas encore, mais je n'ai envoyé ma candidature pour le Programme de Formation qu'il y a quelques jours.
— Ils ne vont pas te refuser Harry, de toute façon, dit Ron.
— Espérons que non.
— Espérons que non ? Tu es encore plus fou qu'Hermione !
Secrètement, Harry espérait que Ron avait raison. Il ne pouvait pas imaginer que le Service des Aurors rejette sa demande et avait du mal à ne pas considérer sa candidature comme une simple formalité. Il fut choqué, cependant, quand le Chef du Service des Aurors arriva à Poudlard le jour suivant pour lui rendre visite. McGonagall accompagna Harry à la salle des Professeurs où un homme d'un âge avancé l'attendait.
— M. Potter, ravi de vous rencontrer. Je suis Clarence Langley. Langley avait des cheveux blancs épars et des yeux marrons, chaleureux, qu'Harry trouva blasés du monde. Son sourire était cependant sincère et sa poignée de main ferme.
— J'ai reçu votre candidature, continua Langley, ne perdant pas de temps pour en venir au fait, et je ne pense pas que la Formation d'Auror soit adaptée à vous.
Harry le regarda bouche bée, abasourdi.
— Vous - vous voulez dire que vous rejetez ma candidature ?
— Non, je ne la rejette pas ! Certainement pas ! Mais j'ai juste le sentiment que vous serez d'une plus grande utilité dans d'autres domaines.
Harry fronça les sourcils.
— Quels autres domaines ?
— Je voudrais que vous dirigiez nos services de recrutement.
Harry pressa ses lèvres en une ligne mince.
— Je ne veux pas être juste poster pour le Service des Aurors. Je veux être un Auror. Je veux aider à enfermer ceux qui sont toujours loyaux à Voldemort et m'assurer qu'aucun autre Mage Noir n'essaye à nouveau de prendre le pouvoir comme il l'a fait.
— Potter, c'est ce que tout le monde veut dans le Service, mais vos talents sont bien trop importants pour les perdre en un simple Auror de terrain.
— Mes talents ? dit Harry avec un sourire moqueur. Ne voulez-vous pas plutôt dire ma célébrité ? Je ne veux pas qu'on me prenne pour mon nom, parce que je suis le "Sauveur de Notre Monde". J'ai les capacités requises pour me battre ! Pourquoi ne voulez-vous pas m'offrir cette chance ?
Langley soupira et passa une main dans les quelques cheveux de sa tête.
— Permettez-moi d'être franc avec vous, Potter. Le Service des Aurors n'existe presque plus que par son nom. La vérité est que nous ne sommes pas prêts pour partir à la recherche des vestiges de l'organisation de Voldemort, encore moins pour affronter un nouveau Seigneur des Ténèbres.
Harry fronça les sourcils.
— Monsieur, je sais que les Aurors ont souffert de grandes pertes durant la guerre, mais ça ne peut pas être à ce point.
— C'est pire que ce que vous pourriez imaginer. Historiquement, le Service des Aurors se flattait de la qualité de ses employés. Il y avait un temps où nous n'acceptions que les candidats les plus qualifiés - ceux qui rendraient le Service fier. Cela a changé.
Langley se mit à faire lentement les cent pas dans la pièce et continua.
— Quand le DSP a échoué dans leur tentative de reprendre le Service des Aurors, Ian Day a contourné le problème en créant un Corps d'Aurors lui-même. Il a engagé quelques-unes de nos personnes, mais il a principalement recruté dans les rues, sans le moindre examen, et a envoyé ses hommes sur le terrain sans le moindre entraînement. Le résultat est une bande de voyous et de criminels, qui ont entaché la réputation de chacun des Aurors de Grande-Bretagne.
— Le Recrutement au Service stagnait déjà depuis une décennie et avec les abus de Day, la situation n'a fait que s'aggraver. Avant la fin de la guerre, nous n'avions reçu la candidature de personne de suffisamment qualifié pour intégrer le Service durant presque deux ans.
— Mais je sais que vous avez engagé des Aurors durant cette période, dit Harry. J'ai lu les statistiques dans la Gazette du Sorcier.
— Je n'ai pas dit que nous n'avions engagé personne. J'ai dit qu'il n'y avait personne de qualifié. Nos rangs avaient déjà été décimés avant la dernière prise de pouvoir de Voldemort et avec les pertes que nous subissions, nous avons été obligés d'abandonner nos standards et d'accepter pratiquement tous ceux que nous pouvions recruter et de les mettre sur le terrain avec une formation minimaliste.
Langley se tourna vers Harry et la peine dans ses yeux était visible.
— Le taux de mortalité de ces nouveaux Aurors à la fois dans le Service et au DSP était terrifiant. Beaucoup sont morts à la guerre et ceux qui ont survécu l'ont fait en utilisant des moyens peu éthiques.
— Les Impardonnables, vous voulez dire ?
Langley renifla bruyamment.
— Les Impardonnables n'étaient que le début. Corruption, chantage, menace d'emprisonnement, intimidation de plusieurs natures. Tout cela est devenu commun et le Ministère faisait semblant de ne pas voir. Que pouvaient-ils faire d'autre ? Que pouvions-nous faire d'autre ?
— Maintenant que la guerre est terminée et le DSP démantelé, nous, au Service des Aurors, essayons de recoller les morceaux, mais la situation n'a rien d'encourageant. L'animosité entre les Aurors du DSP et ceux du Service est criante. Maintenant, les deux groupes sont de nouveau sous notre autorité, mais ils restent très opposés, chacun blâmant l'autre groupe pour les excès et échecs de guerre.
— Il est inutile de le dire, il n'y a plus aucune morale. Pendant ce temps, les Aurors les plus anciens prennent leurs retraites. Ils n'étaient restés que par le besoin que présentait la guerre. Maintenant que c'est terminé, ils pensent - de manière compréhensible - qu'ils ont payé leur dû et ont mérité le droit de prendre du recul. Mais cela nous laisse dans une situation précaire avec un corps d'Aurors en majorité non entraînés et indisciplinés.
— Et la situation ne montre aucun signe d'amélioration. La plupart des gens en ont assez de la guerre. Ils veulent la chasser de leurs esprits et la dernière chose que veulent les gens est de continuer à se battre. Nous avons reçu exactement trois candidatures de la part d'élèves de Poudlard de votre classe cette année. Et je ne peux pas reconstruire un Service des Aurors las de la guerre, divisé et démoralisé avec seulement trois recrues, même si l'une d'elles est Harry Potter.
— Que voulez-vous que je fasse ?
— Je veux que vous trouviez les meilleurs et les plus brillants sorcières et sorciers de Grande-Bretagne et que vous les convainquiez de devenir des Aurors. Nous avons besoin de personnes avec du courage et des convictions, de l'intelligence et du talent, des personnes avec des connaissances et l'intégrité nécessaire pour affronter le pire des Forces du Mal, et capables de gagner sans compromettre les principes du Service. Et nous avons besoin qu'ils soient capable d'aller sur le terrain sans rien de plus que la plus basique des instructions.
— Mais, et les Aurors que vous possédez déjà ? dit Harry. Ils sont peut-être indisciplinés et non entraînés, mais je doute qu'ils soient stupides. Ils sauront que je suis parti recruter de nouveaux Aurors parce que vous ne pensez pas qu'ils sont assez bons. Ce ne ferait que démoraliser le groupe davantage. Il me semble qu'entraîner ces gens devrait être votre priorité numéro un.
Langley sourit.
— Dans un monde parfait, Potter, ce serait le cas. Mais je n'ai personne pour les former. Nous avons quelques agents de terrains avec de l'expérience, qui connaissent leur domaine et peuvent prendre la responsabilité de bonnes recrues, comme vous, mais ils ne sont pas professeurs. Ils ne peuvent pas créer un Programme de Formation formel.
— Alors engagez quelqu'un qui le pourra.
Langley secoua la tête.
— Potter, vous ne pouvez pas vous rendre compte de ce qui est nécessaire pour former complètement un Auror. Il ne s'agit pas simplement d'apprendre des sortilèges et leurs contre-sorts. Il s'agit de stratégie et de tactique, d'opérations secrètes, de discipline, de préparation psychologique pour affronter un ennemi. Même si nous avions des personnes qualifiées à enseigner ces sujets, pousser quarante sorcières et sorciers indisciplinés à apprendre est un autre problème. La moitié d'entre eux déteste la seconde moitié. Le simple fait de les faire s'asseoir dans la même pièce serait un défi.
Harry sourit lentement.
— Je n'en doute pas. Je vais faire un marché avec vous. Je dirigerai le recrutement à deux conditions. Je peux embaucher qui je veux et je peux travailler sur le terrain également, au moins de temps en temps.
Le visage de Langley s'illumina et il tendit sa main à Harry.
— Marché conclu, Potter. Bienvenue au Service des Aurors.
La dernière semaine de cours se termina sur un vent d'adieux, mais Harry garda le plus difficile pour la fin. Samedi, tandis que le reste des élèves se préparaient à embarquer dans le Poudlard Express, il se dirigea vers les cachots et frappa à la porte du bureau de Rogue.
Rogue était en train de nettoyer les dégâts des derniers jours de cours un peu fous. Il leva les yeux en voyant Harry ouvrir la porte.
— M. Potter, ne deviez-vous pas être déjà parti ?
— Vous ne pensez tout de même pas que je partirai sans dire au revoir ?
— Ce n'est pas nécessaire. Je suis sûr qu'on se reverra. Lupin a dit que vous alliez rester avec lui quelques semaines.
— C'est exact. Jusqu'à ce que je m'installe à mon nouveau boulot.
Rogue lança à Harry un regard connaisseur.
— Dans ce cas, j'imagine que je dois vous féliciter d'être devenu un Auror ?
— Pas seulement un Auror. Ils m'ont mis en charge du recrutement et de ce que j'ai entendu, pourchasser les personnes qualifiées devrait s'avérer encore plus difficile que rechercher des mages noirs.
Rogue fronça les sourcils.
— Dans ce cas, j'en déduis que les propos de Nymphadora décrivant le Service au bord de l'effondrement n'étaient pas si exagérées que ce que je croyais ?
— Malheureusement non. Alors quels sont vos plans ? J'ai entendu que Dumbledore vous avez offert le poste de Défense Contre les Forces du Mal.
— C'est exact.
— Vous êtes sûr que c'est ce que vous voulez ?
Rogue haussa un sourcil.
— J'ai postulé pour cette position chaque année depuis seize ans, Potter.
— Je sais, mais c'était quand Voldemort était encore là et que vous n'aviez pas d'autre choix que de rester à Poudlard. Vous pouvez faire tout ce que vous voulez maintenant, et, sans vouloir vous vexer, mais je n'ai jamais eu l'impression que vous aimiez beaucoup les enfants.
— Brillante observation. On m'a offert plusieurs postes de recherche à Ste Mangouste, mais rien qui m'intéresse particulièrement.
— Avez-vous pensé à devenir un Auror ?
Rogue lança à Harry un regard incrédule.
— Un Auror ?
— C'est exact. On m'a donné l'autorité d'engager qui je le souhaite et j'aimerais que vous preniez la tête du Programme de Formation des Aurors.
Rogue dévisagea Harry.
— Non.
— Pourquoi non ? Vous êtes largement qualifié. Vos connaissances des Forces du Mal sont légendaires.
— Un peu trop légendaires, je dirais.
— Une réputation qui peut jouer en votre faveur.
— C'est plus qu'une réputation. J'ai été un Mangemort, Potter, et la subtilité des loyautés n'a souvent pas beaucoup d'importance aux yeux de ceux qui se sont battus et ont observé leurs camarades mourir aux mains d'ennemis portant ce nom. Pensez-vous sincèrement que les Aurors m'accepteront à bras ouverts ?
— Qui mieux que vous pour les entraîner à affronter les Forces du Mal ? Professeur, pour le moment, la grande partie du Service est basée sur une quarantaine d'Aurors recrutés durant la dernière année et demie. Certains ont été très bons pour monter la garde dans des gares et au Ministère. D'autres ont excellé à intimider des innocents, mais aucun d'eux ne pourrait se défendre contre n'importe lequel de vos élèves d'ASPIC, encore moins contre un véritable Mage Noir.
— Ce ne sont pas des élèves qui essayent de décrocher les BUSE ou leurs ASPIC. Ce sont des gens dont la vie dépend du fait qu'ils soient mieux entraînés que leurs ennemis et vous êtes la seule personne que je connaisse à pouvoir leur apprendre à survivre. Ils ont besoin de vous bien plus que Poudlard, le Ministère ou Ste Mangouste et c'est vrai, que vous le vouliez ou non.
Harry croisa les yeux de Rogue.
— De plus, si nous devons aller à la poursuite des anciens amis de Voldemort, il n'y a personne d'autre que j'aimerais à mes côtés dans un combat que vous.
Rogue secoua la tête et offrit à Harry un petit sourire.
— Je vois pourquoi ils vous ont choisi pour prendre la tête du recrutement.
Harry sourit.
— C'est un oui ?
Rogue ne répondit pas. Il n'avait pas à le faire. La vieille lueur de passion et de détermination était de retour dans ses yeux.
— Je ne suis pas particulièrement pressé de rentrer à Londres, dit Harry. Si vous avez le temps, j'aimerais vraiment écouter ce que vous avez à dire sur ce qu'il faut pour former complètement les Aurors que nous avons.
— Ce sera une longue conversation, Potter. Comme vous devez le savoir, je ne supporte pas la médiocrité.
— J'ai toute la journée, mais peut-on aller ailleurs ? dit Harry, désignant le bureau humide et encombré.
Rogue haussa les sourcils, amusé.
— Où préfériez-vous aller ?
Harry fut pris au dépourvu par la question. Il s'était attendu à ce que Rogue choisisse un autre endroit, mais il resta immobile avec un sourire narquois collé au visage, puis il secoua la tête.
— Vous n'êtes plus un élève, Potter, et si je ne me trompe pas, vous venez de m'offrir du travail. N'avez-vous même pas pensé à un endroit où nous pourrons discuter des termes de l'accord ?
Harry se sentit rougir d'embarras et choisit le premier endroit qui lui vint à l'esprit.
— Les Trois Balais.
— Très bien.
Rogue se dirigea vers la porte et Harry le suivit. Alors qu'ils sortaient dans le couloir désert, Rogue s'arrêta pour regarder son bureau, puis secoua la tête à nouveau.
— Qu'y a-t-il ?
Rogue sourit.
— Albus n'a vraiment pas de chance avec ses professeurs de Défense.
Harry ne put s'en empêcher. Il éclata de rire. Il ne se souvenait pas avoir jamais ri avec Rogue avant et fut surpris de découvrir que ce n'était pas bizarre du tout. Ils montèrent tous les deux puis sortirent dans la chaude matinée d'été et se dirigèrent vers Pré-Au-Lard.
Épilogue
Extrait de Chasseurs de Mages Noirs : Une Histoire du Service des Aurors : édition n°10
Le point le plus bas de l'Histoire du Service des Aurors arriva durant les tentatives du Mage Noir Voldemort d'usurper le pouvoir dans la deuxième moitié du vingtième siècle. Les pertes de la première guerre contre Voldemort combinées à la décroissance du nombre de candidats au Programme de Formation des Aurors laissa le Service en manque de personnel et désarmés face au défi représenté par le deuxième montée au pouvoir du Mage Noir.
Désespéré dans leur recherche de recrues pour se joindre au combat, l'examen des candidats pour s'assurer de leur aptitude psychologique à devenir Auror a été abandonné. La formation fut également raccourcie dans le but de placer les nouveaux Aurors sur le terrain. Les résultats prévisibles ont été un taux de pertes élevé, un recul général de la morale et une rupture de discipline.
La situation fut aggravée par l'établissement du Département de la Sécurité Publique qui a fondé son corps d'Aurors rival en mille neuf cent quatre-vingt-dix-sept. Ces Aurors n'étaient tenus à aucun standard éthique et ont reçu carte blanche pour arrêter, torturer et tuer à leur guise, ne devenant rien de plus qu'une bande de criminels.
Malgré le démantèlement du Département de la Sécurité Publique, peu après la dernière défaite de Voldemort, le Service des Aurors qui émergea de cette guerre n'était plus que l'ombre de l'Ordre fier de chasseurs de Mages Noirs qui défendaient la Grande-Bretagne depuis plus de cent ans.
Heureusement, un nouveau leader apparut pour prendre la tête du Service. Harry Potter, qui, ayant vaincu Voldemort, était traité en héros par la totalité de la communauté magique, se joignit aux Aurors durant l'après guerre et devint le plus jeune sorcier à prendre la tête du Service suite au départ en retraite deux années plus tard de Clarence Langley.
Avec la réputation en lambeaux du Service des Aurors dont il hérita, Potter travailla sans relâche durant les années suivant directement la guerre pour inspirer les meilleurs et les plus talentueux à choisir une carrière dans le Service des Aurors. En même temps, il rétablit un règlement strict pour l'acceptation des candidats.
Pour ses débuts dans le Service, Potter prit avec lui Severus Rogue, un autre vétéran du combat contre Voldemort. Rogue, ex-professeur et expert reconnu des Forces du Mal, fut chargé de reconstruire le Programme de Formation.
Selon la rumeur ancien mage noir lui-même, Rogue apporta un niveau de connaissance à la formation des Aurors surpassé par aucun des directeurs de formation précédents ou suivants. Il gagna rapidement la réputation d'un professeur exigeant et implacable et il fut dit qu'aucun Mage Noir n'était un adversaire à moitié aussi effrayant que Rogue lui-même. Sous son tutorat, cependant, il éleva rapidement les compétences des Aurors à un niveau d'excellence qui n'a jamais été dépassé et qui demeure la référence pour tout Auror de nos jours.
Même si le Service se démontra vite suffisamment compétent pour défendre la Grande-Bretagne de toute menace, Potter ne cessa jamais d'aller sur le terrain. Il menait ses troupes en montrant l'exemple, établissant un standard personnel de courage et un comportement irréprochable, face même au plus grand péril. L'engagement de Potter pour défendre le public magique des Forces du Mal devint légendaire. Il refusa par trois fois l'offre de devenir Ministre de la Magie, choisissant de rester avec les Aurors, menant le combat contre les mages noirs et créatures maléfiques resurgissants.
Rogue n'était pas non plus étranger au travail sur le terrain, même s'il dévoua également du temps à des recherches scientifiques. En parallèle de son travail de Directeur du Programme de Formation des Aurors, Rogue écrivit un grand nombre de livres sur les Forces du Mal, ainsi que sur les Potions, un autre domaine dans lequel il est un expert. Son Préparation Avancé de Potions est le texte officiel des ASPIC à Poudlard tout comme le sont toute une série de textes de Défense Contre les Forces du Mal.
Il développa une version simplifiée de la Potion Tue-Loup en deux mille un, rendant le traitement des pires symptômes de la Lycanthropie disponible au grand public pour la première fois. Cette potion fut déterminante pour persuader le Ministère à détendre les restrictions appliquées aux Loup-garous l'année suivante.
Harry Potter est considéré comme le sorcier le plus influant de son ère. Il a conseillé dix Ministres de la Magie durant ses années au Service des Aurors en inspirant plus de respect et d'égards que les hommes et femmes qu'il servait. En addition à son rôle de Chef du Service des Aurors pendant soixante-dix ans, Potter occupa des postions d'autorité dans la plupart des institutions de Grande-Bretagne, incluant celle de Président du Bureau des Gouverneurs de Poudlard, l'École de Sorcellerie, et de Président-Sorcier du Magenmagot - deux positions qu'il détient encore aujourd'hui.
Rogue s'est retiré du Service en deux mille soixante-sept pour travailler à plein temps sur un vaccin à la Lycanthropie. Potter s'est retiré de la direction du Service cinq années plus tard et son fils, James Sirius Potter lui succéda, perpétrant la tradition d'un service exemplaire et de l'engagement témoigné par son père durant trois-quarts de siècle.
L'héritage laissé par ces deux hommes ne peut pas être exagéré. En très peu d'années, Potter et Rogue ont ramené le Service des Aurors du point le plus bas de son histoire à son apogée. La promesse faite par Potter en devenait Chef du Service fut de s'assurer qu'aucun Mage Noir ne pose plus jamais de menace sérieuse à la sécurité du public. C'est une promesse qu'il a tenue durant toute la durée de son mandat. Pendant qu'il servait son pays à la tête du Service des Aurors, aucun Mage Noir ne posa la moindre menace à la sécurité du public.
A la fois Potter et Rogue sont considérés comme les fondateurs du Service des Aurors moderne. Leur engagement envers leurs obligations, leur excellence et leur courage a inspiré des générations d'Aurors et continueront sans doute à le faire pour des générations à venir.
FIN