Prologue

La famille White

Quelqu'un sonna à la porte, faisant sursauter Andrew qui commençait à somnoler sur le canapé, un livre pour enfant dans les mains et un petit Seth, seulement âgé de six ans, endormi sur ses jambes. Ses paupières menaçaient de se fermer à tout moment, ce que sa femme remarqua parfaitement.

- Je vais aller ouvrir.

- Merci ma chérie, souffla le brun, soulagé.

La blonde sourit et il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir l'amour qui brillait dans ses yeux bleu cyan. Elle essuya ses mains pleines de miettes contre son tablier et enjamba ses enfants, alors allongés sur le sol, profondément assoupis. Mais si elle ouvrit la porte, enjouée, elle perdue toute joie en apercevant un homme dans la cinquantaine, aux cheveux bruns virant vers l'argentés et aux yeux bleu polaire.

- Timothy, salua-t-elle l'inconnu, une légère froideur dans la voix. Quelle plaisir de vous voir…

- Bonsoir Izabelle, répondit simplement le dénommé Timothy. Est-ce que je pourrais voir Andrew ?

La jeune mère hésita longuement, jetant un coup d'œil à son époux, qui fronça les sourcils en apercevant son père. Il lui fit signe de laisser le chef de la famille White entrer.

- Bien entendu, faites comme chez vous.

Elle se décala légèrement pour le laisser passer avant de le conduire jusqu'au salon où l'attendait son époux.

- Père, quelle agréable surprise de vous voir ici, cracha Andrew à l'adresse du visiteur, sans toutefois se redresser pour éviter de réveiller son fils.

- Calme-toi, tenta de le rassurer Timothy. Je ne viens pas en ennemi.

Le jeune père sembla se radoucir légèrement, mais en restant tout de même sur ses gardes. Il questionna son géniteur du regard. Avec ces mêmes yeux bleu polaire que toute la famille White, à l'exception des enfants d'Andrew et d'Izabelle, avait hérités. D'un simple geste de la tête vers la blonde suffit à faire comprendre à l'ex héritier qu'elle dérangeait.

- Mon amour, pourrais-tu aller voir comment vas Jeff ?

Elle sembla hésiter mais toute inquiétude s'effaça lorsqu'elle croisa les yeux si particuliers de son époux. Ses mêmes yeux dont elle était tombée amoureuse il y a de cela quelques années. Elle opina et, sans un mot, quitta la pièce pour se diriger vers la chambre de leur dernier né, seulement âgé de deux mois. Andrew reporta donc son intention vers son père qui lui fit remarquer, d'une voix narquoise :

- Alors comme ça, tu l'utilises même sur ta chère et tendre ?

Le brun le foudroya du regard en répondant, sèchement :

- Qu'en cas de force majeur. Je ne suis pas comme vous, père.

Et de sa bouche, le mot « père » semblait sonner comme la pire des insultes. Timothy, cependant, n'y fit même pas attention, posant son regard sournois sur les enfants dormants paisiblement et ne semblant même pas remarquer le début de disputes entre les deux parents.

- Tu as de beaux enfants, lui fit remarquer le plus vieux.

- Que voulez-vous, père ? le coupa Andrew.

- La famille Black a décidée de te pardonner ta bêtise.

- Ah vraiment ? ricana-t-il, amèrement. Et contre quoi ?

- J'ai entendu dire qu'un de tes enfants avait hérités de tes yeux.

- Ne changez pas de…

Réalisant soudain les propos de son père, il manqua de renverser Seth en se redressant. Le garçonnet se réveilla doucement avant de se prendre un Stupexis d'Andrew. Il ferma les yeux presque aussitôt qu'il les avait ouverts. Le brun préféra éviter le sourire narquois qu'abordait Timothy avant de lui ordonner, voire de le menacer :

- Ne vous approchez pas d'Ophélia !

- Voyons, voyons, Andrew. Nous ne lui voulons aucun mal. Nous voulons simplement qu'elle épouse le jeune fils de Walburga.

L'estomac de son fils se retourna en entendant sa voix calme, comme si c'était normal pour lui de donner une fille en pâture pour une autre stupide famille de sang-pur avant de se rappeler qu'on avait fait la même chose avec lui avant qu'il ne décide de couper les ponts avec sa famille en épousant Izabelle. D'où le rire amer qui suivit.

- Et tu crois sincèrement que je vais accepter cela ?

- Tu n'as pas le choix. C'est l'honneur de la famille White qui est en jeux.

- Bien entendu. C'est vrai que le bonheur d'une enfant n'a aucune importance pour vous. (Il se pencha en avant, plantant ses yeux bleu polaire, frôlant le blanc, dans ceux, identiques, de son paternel.) Mais dois-je vous rappelez que je me contre fou de vos histoires de sang-pur ?

Il embrassa ses enfants du regard tout en déclarant, mélancolique :

- Je ne vous laisserais jamais faire du mal à aucun de mes enfants. Qu'ils aient hérités de nos yeux ou pas.

Timothy lui attrapa le poignet, l'obligeant à l'écouter.

- Tu ne comprends pas ! s'écria-t-il avant de se radoucir en voyant un des enfants bouger : On a besoin d'elle. Non seulement nos familles seront liés par le sang et l'argent, mais, de plus, ils hériteront du pouvoir de nos regards. Liés, nous serions capable de faire tomber le gouvernement actuel et d'éliminer ses fichus sang-de-bourbe.

Andrew eut une grimace de dégoût, se contrôlant à contrecœur pour ne pas donner un coup de poing au sang-pur. Accepter ce contrat serait comme signer l'arrêt de mort de sa femme et du reste de ses enfants.

- Vas-t-en d'ici.

- Pardon ?

- IMMEDIATEMENT !

Son hurlement fit revenir en courant son épouse, réveillant au même moment tous ses enfants, excepté Seth à qui il annula le sort. Le chef de la famille White en profita pour filer, dépité. Se jurant qu'il reviendrait quand l'enfant sera un peu plus grand.

Au même moment, la jeune Ophélia avait entendue TOUTE la conversation entre son père et son grand-père. Du haut de ses quatre ans, elle n'avait pas tout compris à ce qu'il se passait. Quand sa mère vint la conduire dans sa chambre, la seule chose qu'elle fit se fut de planter ses yeux, plus proche de la couleur blanche que du bleu de sa mère, dans le miroir quand elles passèrent devant lui.

Et quand elle se décida à les refermer, elle n'eut pas le temps d'apercevoir son reflet fuir son regard.